Hidden (Jack Sholder, 1987)

Classique du cinéma fantastique 80’s, Hidden n’a pas pris une ride et assume très bien ses 25 ans! 3ème film de Jack Sholder après Dément et La Revanche de Feddy, Hidden a 6 ans d’avance sur Aux Frontières du Réel (je l’appellerai jamais X-Files, question de nostalgie!) puisqu’il propose un scénario que n’aurait certainement pas renié Chris Carter (d’ailleurs il y a quelques épisodes similaires au film de Sholder). Le principe de base est simple: un extraterrestre prend possession d’un corps humain, et lorsque ce corps est usé, il en change. Difficile du coup pour les flics lancés à sa poursuite de le tuer…

La scène d’intro m’avait hypnotisée quand j’étais ado, avec ce tueur implacable au volant de sa Ferrari qui écoute un groupe de metal à fond, poursuivi par les flics à travers les rues de la ville. La réalisation de Sholder confère une aura toute particulière à cette scène, lui donnant un aspect violent, tendu et avec un soupçon d’humour très noir! Le résultat est une séquence vraiment excellente où le génial Chris Mulkey, éternel second rôle qui mériterait davantage de reconnaissance, est terrible dans ce rôle de tueur froid et implacable. La scène de la fusillade de la banque est radicale, et démontre toute la puissance visuelle de Sholder.

On retrouve Kyle MacLachlan dans un rôle similaire à celui qu’il tiendra dans la mythique série Twin Peaks, à savoir celui d’un agent du FBI assez étrange… Sa collaboration avec le très bon Michael Nouri qui joue un flic local va donner un bon rythme au film, lui conférant par endroits des airs de buddy movie un peu spécial… Et en plus, on y aperçoit furtivement Danny Trejo dont il s’agit du 3ème film! Forcément il joue un bad guy mexicain…

L’ambiance qu’a réussi à instaurer Jack Sholder dans ce film fait toute la différence, puisque partant d’un postulat on ne peut plus simple, il réussit à mettre sur pied un film emblématique du genre pour les années 80. Son utilisation des espaces urbains, son atmosphère nocturne, les boîtes de nuit louches et les commissariats mal famés donnent un relief tout particulier à ce film, qui dépeint à la fois une invasion extraterrestre et qui est également une plongée dans le quotidien de 2 flics.

Le principe de l’alien qui emprunte des corps va donner lieu à des scènes bien marquantes, comme avec ce cinquantenaire violent qui se ballade avec une radio sur l’épaule ou cette stripteaseuse adepte des armes à feu. Sholder utilise chaque incarnation du tueur pour créer des images où se mêlent l’humour et la violence, comme dans la scène où le cinquantenaire décide qu’il veut absolument la Ferrari qu’un gars vient d’acheter… Ah oui, parce que si l’alien est belliqueux, il faut savoir qu’il cherche avant tout à s’amuser, et qu’il est adepte des belles voitures et de la musique bien rock. Il aime bien aussi l’argent, d’où les nombreux braquages. Et il accèderait bien aussi à la présidence tiens… En gros, les 2 flics incarnés par MacLachlan et Nouri ont affaire à un gros fêtard qui n’a aucune limite et qui s’amuse aussi à tuer tous ceux qui sont sur son chemin!

L’excellente qualité de la musique de Michael Convertino est aussi à souligner, lui qui par ses tonalités métalliques rend l’ambiance encore plus stressante, et qui s’accorde parfaitement avec la mise en scène immersive de Sholder. Il y a un soupçon d’atmosphère à la Terminator dans les découvertes progressives et les enjeux, Kyle MacLachlan en sachant bien plus qu’il ne voudrait le dire à son coéquipier… Ce jeu permanent entre celui qui sait et celui qui doute donne là encore une saveur particulière au film, avec cette tension entre les 2 flics qui risque par moments d’être explosive.

Hidden est donc un classique indémodable s’appuyant sur des personnages forts et une mise en scène très aboutie, au service d’une histoire très simple et pourtant captivante.