Resident Evil : Vendetta (Takanori Tsujimoto, 2017)

Je ne m’étais jamais intéressé aux films d’animation issus de l’univers Resident Evil, et la claque a été d’autant plus grande à la vision de ce Resident Evil : Vendetta! La licence de jeux de Capcom est forte de 12 titres principaux (+ de nombreux annexes), il y a eu 6 films live, et 3 films d’animation, en attendant une prochaine série animée! La franchise est loin d’être enterrée, et quand on voit la qualité de ce film sorti il y a 3 ans, on espère bien qu’elle va perdurer un moment!

Resident Evil est une création japonaise, et même si les films avec Milla Jovovich sont américains, les longs métrages d’animation restent une propriété nippone, et c’est tant mieux! Takanori Tsujimoto a travaillé sur plusieurs films live ainsi que des séries dans l’univers super-héroïque japonais, avec des personnages comme Ultraman. Ses films Hard Revenge Milly : bloody Battle ou Red Tears – Kôrui soulignent un certain penchant pour l’action et la violence. Ca tombe bien, c’est le credo des Resident Evil, les zombies en plus!

Les films live sont totalement déconnectés de la saga vidéoludique, tandis que les films d’animation constituent des chapitres intermédiaires aux jeux. Après Resident Evil : Degeneration en 2008 et Resident Evil : Damnation en 2012 (tous 2 réalisés par Makoto Kamiya), Resident Evil : Vendetta prend place après les événements du jeu Resident Evil 6. On y retrouve des personnages emblématiques de la saga, avec Chris Redfield et Rebecca Chambers, déjà présents aux origines dans le tout premier jeu Resident Evil, ainsi que Leon S. Kennedy, un des personnages principaux de Resident Evil 2. L’intro avec Leon donne déjà le ton bien mature de cette adaptation, en soulignant au passage une mise en scène très soignée!

Visuellement, on assiste à un film d’action sacrément réussi et qui parvient à rivaliser avec de très nombreux blockbusters live! Takanori Tsujimoto insuffle une très belle énergie à son oeuvre, grâce à un travail très élaboré au niveau du montage et des angles de caméra. Cette vivacité et ce talent permettent d’utiliser pleinement les ressources de ses personnages, mais aussi des lieux qu’ils traversent. L’ouverture du film avec ce manoir ressemblant comme 2 gouttes d’eau à celui de Resident Evil est géniale, car le metteur en scène parvient à restituer l’esprit du jeu vidéo, tout en nous offrant des innovations bienvenues. Le coup de la voiture radiocommandée, bordel ça fait son petit effet en matière de suspense! On entame donc ce film sous les meilleurs auspices, avec une réelle maîtrise de la tension, et ça fait bien plaisir de flipper un peu!

On va ensuite davantage se diriger vers un film d’action, avec le BSAA qui a remplacé les S.T.A.R.S. de l’époque. Le souci du détail quant à la manipulation des flingues, les plans serrés soulignant la capacité léthale de l’arsenal, vont dans le sens d’un film qui va aller à l’essentiel, et qui compte le faire bien! Là encore, on retrouve certains échos aux jeux vidéo, qui mettaient aussi en avant l’aspect militaire de cet univers. Takanori Tsujimoto se fait plaisir, et va offrir quelques véhicules sympas à ses troupes, permettant notamment de mettre sur pied une poursuite assez dingue sur une autoroute! Leon est un peu un rockeur solitaire, et il se permet quelques péripéties assez dingues avec sa moto ^^ On passera sur le réalisme de la situation, mais encore une fois, Tsujimoto insuffle un rythme ébouriffant et une très belle énergie à l’ensemble, et cette scène s’avère être un beau moment de bravoure!

Des séquences de ce type, il va nous en offrir à intervalles réguliers, et ça fait un bien fou de voir un film qui se permet d’innover dans les séquences de combats! Ceux au corps-à-corps sont d’une rapidité impressionnante, et le tout est chorégraphié avec une réelle beauté! Il y a juste un moment qui fait franchement retomber le caractère réaliste, avec un gunfight dans lequel on se demande comment aucun des protagonistes ne touche l’autre… Mais c’est rapidement oublié quand on voit la qualité artistique de cette danse de la mort… Resident Evil : Vendetta est un vrai film d’action qui enterre beaucoup de réalisations live, et je ne peux que vous conseiller d’y jeter un oeil!

Le travail sur les expressions faciales des personnages est lui aussi impressionnant, avec un réalisme profond jusque dans le regard des protagonistes. La fluidité des mouvements fonctionne autant pour les personnages que pour les véhicules, et on sent que Takanori Tsujimoto a été très inspiré pour l’élaboration de cette oeuvre. L’existence tragique du bad guy, son mélange de folie et de tristesse, en font une personnalité forte et d’une certaine façon captivante. La scène à l’origine de sa tragédie est d’ailleurs assez hallucinante! Il y a une volonté de créer des personnages complexes et se nourrissant de leurs failles, et ce n’est pas pour rien que les héros balancent une référence à Breaking Bad à un moment! On est dans de l’animation aboutie et pour adultes, pas dans du Disney ^^ La qualité apportée au design des créatures va évidemment renforcer cet aspect ^^

L’attention portée aux environnements est également à souligner, avec un vrai souci du détail permettant de s’immerger totalement dans les lieux traversés. Les visions d’apocalypse avec ces hordes d’infectés fonctionnent à merveille, et on ressent la propagation du virus de manière à la fois globale, mais aussi avec une vision très intimiste. Ce basculement de points de vue permet de réellement appréhender la portée destructrice du virus, et l’importance de la poche de résistance représentée par Redfield et son équipe. Tsujimoto sait comment manier l’émotion à travers un simple regard, et il gère totalement les enjeux dramatiques de son film.

Resident Evil : Vendetta est une excellente surprise, s’insérant parfaitement dans l’univers des jeux vidéo, et donne bien envie de voir si la série animée Netflix sera à la hauteur! Quand on sait que c’est le même studio, Quebico, qui est en charge de cette nouvelle adaptation, ça augure du très bon!!!

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Les news de la semaine : Disney + de biff

Bob Chapek fait du ski avec ses actionnaires

La restructuration annoncée cette semaine dans l’empire Disney a de quoi, au mieux, faire grincer des dents, au pire, faire craindre un avenir plutôt sombre pour l’industrie du cinéma… Le choix de privilégier les sorties sur Disney+, avec la mise en place de structures permettant la création de productions exclusives à la plateforme (et aux autres plateformes de la firme), au détriment des sorties au cinéma, a été bien entamé par le succès de Mulan en VOD. Le dernier Pixar en date, Soul, qui devait sortir sur grand écran, a lui aussi été délocalisé sur Disney +, et le CEO de la firme, Bob Chapek, a été très clair sur sa volonté de donner le maximum pour que les actionnaires ramassent un max de biff. Au détriment de toute une industrie donc… Je pensais rédiger un article sur le sujet, et puis je suis tombé sur une vidéo d’Ecran Large qui en parlait très bien, détaillant toutes les implications et répercussions de cette restructuration en mode Etoile de la Mort. Si le sujet vous intéresse, je vous conseille fortement de mater ça…

Bob Chapek après la raclette de l’après-ski

 

On reste chez Disney, mais plus précisément dans la catégorie Marvel, avec une annonce assez étonnante : le désaveu de l’actrice Tatiana Maslany, qui un mois après que son nom ait été associé à celui de Miss Hulk, dément l’information! Une situation assez étrange, qu’elle n’aurait pas manquer de rectifier plus tôt en toute logique… Pourquoi ce délai aussi long? Surtout que Mark Ruffalo lui-même lui avait souhaité la bienvenue dans la famille du MCU… Est-ce un énième coup promo? On se souvient du démenti de Jason Momoa à l’époque, qui certifiait ne pas avoir été embauché pour jouer Aquaman… Si on s’en tient donc seulement aux faits, ce démenti de l’actrice indique de sacrées failles dans les scoops balancés par les sites… Evidemment j’ai moi aussi relayé cette info… Bon, plus qu’à attendre des éclaircissements sur ce drôle de casting…

Miss qui(n) ??

 

Le report de la semaine? C’est Peninsula de Sang-ho Yeon, qui devait sortir ce 21 octobre, et qui a été repoussé au 16 décembre en raison du couvre-feu instauré dans certaines grandes métropoles, qui priverait logiquement le film de ses séances les plus lucratives, celles de 20h et 22h. C’est clair qu’aller voir un film d’horreur à 10h du mat avec les mioches, c’est moyen…

L’annulation de report de la semaine? C’est Peninsula, qui reprend finalement sa date initiale du 21 octobre. Etrange rebondissement pour le film de zombies sud-coréen! Le distributeur ARP Sélection explique ce revirement de situation : « Suite aux nombreuses réunions interprofessionnelles consécutives à l’annonce du couvre-feu, et par solidarité avec l’ensemble de la filière cinéma, ARP a décidé de maintenir la sortie de Peninsula au mercredi 21 octobre. » C’est très sobre, c’est direct, et ça démontre un très bel esprit de la part du distributeur, un très grand bravo !!! C’est avec ce genre de mentalité que le secteur du 7ème art pourra continuer à évoluer, et certainement pas avec des Chapek…

On y va? Pas?? On y va!!!

 

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The good Criminal (Mark Williams, 2020)

Entre Non-Stop, Balade entre les Tombes, Night Run, The Passenger, Sang froid… Il semble que Liam Neeson soit éternellement coincé dans les décalques de Taken, et qu’il soit continuellement obligé de savater du bad guy à longueur de filmographie. The good Criminal est une énième variante d’un Liam Neeson, qui est devenu en quelques années une sorte de marque de fabrique pour thrillers plus ou moins nerveux, rendant ainsi hommage à ces bonnes vieilles figures d’antan tels Mel Gibson ou Clint Eastwood.

On est donc en terrain balisé avec The good Criminal, dans lequel Neeson incarne Tom, un braqueur de banques bien décidé à se ranger après avoir rencontré la femme de sa vie. Mais ses nouvelles résolutions vont être mises à mal avec la cupidité de deux agents du FBI, qui comptent profiter des aveux de Tom pour lui subtiliser l’argent dérobé toutes ces années. La situation va rapidement dégénérer, et Tom va se retrouver en mauvaise posture, et dans l’obligation de réagir fortement afin de prouver son innocence.

Le producteur Mark Williams (Mr Wolff, Ozark) en est à sa deuxième tentative en tant que metteur en scène après Last Call avec Gerard Butler, et on ne peut pas dire qu’il ait une vision singulière. Il se contente d’emballer le tout correctement, sans y ajouter de véritable personnalité, mais ça fonctionne simplement le temps du récit. Récit qu’il a rédigé à 4 mains avec Steve Allrich, et qui lui non plus ne s’avère pas transcendant. Ils se contentent de créer des personnages qui vont être utiles au développement de l’intrigue, sans leur donner trop d’épaisseur. Mais grâce aux acteurs, cette absence de complexité passe encore, et on va suivre l’histoire avec un certain intérêt. Il faut dire que depuis qu’on le voit tatanner des tronches, on aime bien cette figure vengeresse de Liam Neeson, alors même quand il le fait en mode plus pépère, on parvient tout de même à apprécier. Neeson parvient à être touchant avec un point de départ qui peut flirter avec le ridicule, avec cette histoire de rédemption pour les beaux yeux d’une femme. Mais l’alchimie entre lui et Kate Walsh fait que l’on accepte d’y croire. Kate Walsh (Grey’s Anatomy) apporte une sorte de douceur et de vitalité à cette femme divorcée qui ne croyait plus un jour rencontrer quelqu’un à qui faire confiance…

A 68 ans passés, Liam Neeson doit bien composer avec son âge et ne peut plus avoir la fougue d’un Bryan Mills (le personnage des Taken), et compose donc différemment pour se sortir de cette situation périlleuse. Même s’il se retrouve à un moment face à Jai Courtney en combat au corps-à-corps, et qu’on peut difficilement croire que Courtney ne parvienne pas à le rétamer, on va laisser le bénéfice du doute à papy Neeson qui semble encore en forme. Mais le film va majoritairement éviter les confrontations trop physiques, et va mettre en avant ses talents hérités de son passé de démineur. On se retrouve donc dans un film policier dans lequel le mode action n’est pas des plus vifs, et qui va davantage s’appuyer sur une intrigue dans laquelle les deux agents du FBI (Jai Courtney et Anthony Ramos) vont se retrouver de plus en plus coincés par leurs actions. On est plus proche d’un The Foreigner que d’un Taken, avec une certaine retenue au niveau de l’action.

Mais ça reste toutefois intéressant, et même si le thème du flic corruptible a été vu des centaines de fois (au hasard, dans Manhattan Lockdown en début d’année), le film déroule sa partition connue avec certes peu d’originalité, mais avec soin. Ca fait bien plaisir de retrouver ce bon vieux Robert Patrick, qui ne peut évidemment plus courir aussi vite qu’à l’époque du T-1000… Et le personnage incarné par Jeffrey Donovan apporte une touche absurde bienvenue. The good Criminal (qui n’est même pas le titre original, puisque c’est Honest Thief… Cette manie de faire des titres français en Anglais est totalement débile…) est un film policier qui ne brillera pas par son originalité, mais qui peut compter sur le capital sympathie de ses acteurs pour tout de même capter l’attention des spectateurs.

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Relic (Natalie Erika James, 2020)

1er long métrage de la touche-à-tout Natalie Erika James (elle a déjà travaillé en tant que monteuse, costumière, a bossé sur l’éclairage ou encore sur le son), Relic s’inscrit dans une veine horrifique moderne touchant au tissu social, et dont les répercussions sont plus diffuses que directes. On pense assez rapidement au Mister Babadook de Jennifer Kent, bien que Relic n’égale pas sa portée sensorielle et horrifique. On pense dans une autre mesure aux oeuvres d’Ari Aster, comme Hérédité ou Midsommar, qui se parent d’une tension graphique et de problématiques sociales apportant un éclairage particulier.

Natalie Erika James va avancer par touches moins brillantes d’une certaine manière, dans le sens où elle ne va pas composer des cadres ressemblant à des tableaux comme Ari Aster, mais va s’intéresser à une réalité plus organique. Ari Aster traite aussi de l’organique, mais de manière plus picturale. James quant à elle, va filmer avec une autre approche sensorielle, dans une volonté de serrer au plus près la réalité du quotidien de ses personnages. C’est en cela aussi que l’on peut la rapprocher de Jennifer Kent. Serait-ce dû à une sensibilité australienne? ^^

Lorsqu’elle apprend que sa mère Edna ne donne plus de signes de vie, Kay va se rendre avec sa fille Sam dans la demeure familiale afin de comprendre ce qui a pu se passer et surtout retrouver la vieille femme. Natalie Erika James pose dès le départ une atmosphère pesante, lestée par une menace sourde se diffusant autour d’Edna. L’actrice Robyn Nevin (qui jouait dans Matrix reloaded et Matrix Revolutions) impose une présence inquiétante par un jeu corporel très habité, et va jouer cette femme perdue dans sa grande demeure avec talent. A ses côtés, Emily Mortimer (Match Point) joue Kay, apportant une belle sensibilité à cette femme qui hésite sur la conduite à tenir vis-à-vis des errements de sa mère. Doit-elle la placer en maison de retraite? Est-elle capable de la prendre en charge elle-même? On ressent les difficultés intimes face à cette situation, qui est traitée sans jugement mais simplement par le prisme d’une réalité quotidienne. Bella Heathcote (The Neon Demon) va jouer Sam, la fille de Kay, qui entre en conflit avec sa mère sur les décisions à prendre vis-à-vis d’Edna.

Natalie Erika James va faire coexister ces 3 générations de femmes, dont les rapports vont évoluer au gré de la situation. On sent une distance entre Kay et sa mère, tandis qu’Edna et sa petite-fille ont une complicité plus évidente. Mais cet ensemble fragile va être amené à se transformer au fur et à mesure, à cause notamment des pertes de mémoire d’Edna. Si Relic s’inscrit bien dans le genre horrifique, c’est un film qui traite également de la vieillesse, s’attachant à visualiser la corruption des chairs et la dissolution de l’esprit par le temps qui passe. On sent une volonté de filmer l’inéluctabilité de la mort, et le traitement flirtant avec le fantastique va permettre à la réalisatrice de donner une portée très symbolique à son film. L’utilisation des bougies par Edna matérialise avec subtilité ce qui se déroule, et l’exploration de cette maison va s’apparenter à un voyage dans la psyché d’Edna.

Natalie Erika James va se concentrer sur d’infimes détails qui vont peu à peu prendre de l’ampleur, tels ces coups portés dans les cloisons ou ces ombres passant sous la porte. Ce plan sur le plastique qui semble littéralement respirer confère une portée organique à certains objets, et place le spectateur dans une sensation de malaise diffus, car on ne sait pas si l’explication peut être rationnelle ou inquiétante. La réalisatrice va durant l’ensemble du film opter pour cette approche très sensitive, et éviter toute forme de jump scare, ce qui est très appréciable. Sans être terrifiant, Relic maintient une tension intéressante tout du long, et pose un regard triste et inquiétant sur le temps qui passe.

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Le clip de la semaine : Refused – Blood Red

Vous reprendrez bien un peu de punk hardcore suédois? C’est tout le programme que propose Refused, quatuor militant et révolutionnaire très engagé dans les causes sociales. Leur line-up a beaucoup évolué avec le temps, et ce Blood Red issu de leur album War Music de 2019 atteste toujours de leur fougue et de leur combat pour le peuple. Un son bien enragé qui secoue les oreilles!

 

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