Ari Aster fait partie de cette nouvelle vague d’auteurs dits « horrifiques » apportant un vernis auteurisant à leurs oeuvres, à la manière d’un Jordan Peele notamment. Après un Hérédité qui avait laissé pas mal de spectateurs sur le bord de la route tandis que les critiques s’extasiaient, voici que son nouvel opus sort en salle. Cette fois-ci, l’action se déroule dans une communauté reculée de Suède durant des festivités païennes où tous les hôtes sont toujours souriants et heureux…
On se rend rapidement compte qu’Ari Aster use de thématiques similaires à Hérédité, comme le deuil par exemple, et il le traite encore une fois avec une belle approche. L’entame du film est plutôt prenante, et on découvre une Florence Pugh qui confirme tout le bien que l’on pense d’elle. Je l’ai découverte dans l’excellent et surprenant Une Famille sur le Ring où elle jouait la catcheuse Paige, et elle va encore une fois s’investir totalement dans son rôle, qui est cette fois psychologiquement difficile. Son personnage, Dani, va partir pour un voyage en Suède avec son petit ami et des amis à lui, et ils vont découvrir un village reculé où vont démarrer des festivités qui n’ont lieu qu’une fois tous les 90 ans. On entre avec eux dans un univers idyllique où tout est lumineux, où tous les gens sont d’une gentillesse absolue et où tout semble parfait. Dans ce milieu hippie/secte, les festivités vont durer 9 jours, et les Américains vont découvrir que ces rites cachent quelque chose…
Ari Aster s’inscrit dans la veine du film de secte avec une approche sensitive particulière, comme il nous l’avait déjà prouvé avec son film précédent. Le soin apporté à la mise en scène est tout aussi intéressant, et il nous offre quelques plans assez dingues, comme ce basculement de caméra sur la route lors de l’arrivée des Américains. Il sait utiliser ses cadrages pour magnifier les lieux où les rendre étouffants, et sa technique fonctionne bien. On va entrer dans cette communauté tels des novices, et on va la découvrir en même temps que les protagonistes, qui vont passer de la liesse à l’incompréhension, jusqu’à aller vers des ressentis plus dramatiques. Encore une fois, c’est Florence Pugh qui donne le ton émotionnel du film, grâce à son jeu très immersif et à son personnage torturé. Autour d’elle, Jack Reynor campe le petit copain paumé, et William Jackson Harper et Will Poulter jouent ses potes. On sent un décalage entre les Américains un peu lourdauds et la sensibilité exacerbée des Suédois, et les différences culturelles vont se creuser davantage.
Malheureusement le film ne prend pas aux tripes comme on aurait pu penser qu’il allait le faire au vu de la bande-annonce, et s’il y a quelques moments intenses, l’ensemble est davantage pictural que viscéral. On reste un peu en retrait par rapport aux événements, tout en appréciant la belle tenue du film. Ari Aster et son équipe ont créé une fête païenne qui tient la route et qui renvoie forcément au Wicker Man de Robin Hardy. La précision des rites, l’aspect graphique des danses, le sérieux du cérémoniel, la qualité des costumes… Il a pris soin de composer un ensemble réaliste et intéressant, mais on aurait vraiment apprécié avoir une tension moins contemplative et plus percutante. Midsommar reste un cauchemar éthéré qui fonctionne, mais qui ne bouscule pas assez, et il offre quelques redondances avec Hérédité, notamment dans le traitement de la nudité. Mais il parvient tout de même à maintenir l’intérêt durant les presque 2h30 de film, ce qui est déjà pas si mal!