Depuis 2011, le metteur en scène Ari Aster a réalisé 7 courts métrages, et Hérédité est sa première oeuvre pour le grand écran. Précédée d’une réputation plus que flatteuse outre-Atlantique (c’est devenu la norme pour une sortie de film horrifique), cette proposition est encore une fois en-dessous des attentes, mais reste néanmoins réussie et intéressante. Il faut dire que des « meilleurs films d’horreur de la décennie », on nous en balance tous les 6 mois environ, et ça devient vraiment n’importe quoi… Entre Dans le Noir, Get out, It comes at Night, Ca, on a toujours l’impression qu’on va enfin tomber sur LE film qui va révolutionner le genre, et on se retrouve toujours devant un produit sympa mais qui n’a rien de transcendant… Ca en est devenu tel que la méfiance s’est installée naturellement à chaque fois que des critiques trop dithyrambiques fusaient. Cet Hérédité n’échappe pas à cette médiatisation surfaite, et c’est bien dommage, car cela amoindrit dans un sens ses véritables qualités.
Il faut dire qu’Ari Aster use d’une mise en scène très travaillée et qui permet de s’immerger pleinement dans ce récit étrange et étouffant. Hérédité met directement dans l’ambiance avec un enterrement qui a des répercussions sur l’ensemble d’une petite famille. Toni Collette endosse un rôle difficile et prouve encore une fois sa valeur, elle que l’on n’avait pas l’habitude de voir dans ce genre de films. Elle joue une mère tentant de gérer sa cellule familiale, mais qui a du mal à cause de plusieurs éléments. Gabriel Byrne lui ne sert absolument à rien dans le film, il joue un homme totalement effacé et franchement, le film aurait tout aussi bien pu se passer dans une famille mono-parentale… C’est le premier rôle de Milly Shapiro, qui s’avère elle très intense et bien flippante, jouant une gamine très perturbée et solitaire. Alex Wolff (vu dans Jumanji: bienvenue dans la Jungle) joue le fils, qui est en pleine adolescence avec toutes les perturbations que cela peut engendrer.
Hérédité est un film traitant du deuil et des différentes manière de l’encaisser, et Ari Aster gère plutôt bien ce propos. Les tensions familiales sont traitées avec soin et on se retrouve pris dans une sorte d’étau où l’amour et la haine fonctionnent de concert. Cette partie psychologique est correctement menée, avec une belle gradation dans la tension. C’est d’ailleurs cette tension permanente qui permet au film de garder son intérêt, car alliée à une belle mise en scène, elle permet de suivre ce récit sans ennui. Là où on pourra laisser des spectateurs sur le carreau, c’est que l’argument horrifique n’est pas des plus percutants. Là où certains s’extasiaient en hurlant qu’on avait trouvé L’Exorciste moderne, j’avoue me demander s’ils ont vu le même film… Mais là encore, je pense qu’il s’agit avant tout d’une volonté de créer le buzz, ce qui me paraît finalement bien plus malsain que l’ambiance du film…
Hérédité recèle des moments horrifiques, mais il est davantage un thriller psychologique, centré sur l’implosion d’une famille suite à des événements tragiques. Pris comme tel, on plonge dans ce récit sombre avec intérêt, mais la volonté d’en faire plus que ce qu’il est nuit à la réception de l’oeuvre. Ari Aster parvient à conserver une tension durant tout le film, et se permet quelques moments angoissant bienvenus. Mais le trip film d’auteur rebutera certainement de nombreux spectateurs, qui resteront de marbre face à la lenteur du récit. De mon côté, j’ai apprécié cette proposition à l’ambiance malsaine, même si je m’attendais évidemment à mieux au vu des louanges allouées à ce film. Finalement, je crois que mon dernier vrai bon flip horrifique, ça reste Mister Babadook de Jennifer Kent (c’était en 2014…) Ah non j’oubliais The Visit en 2015! Mais bon, ça fait loin quand même…