La chronologie du MCU commence à être relativement vaste, et après un retour aux 90’s avec Captain Marvel, on revient à un passé plus récent, située entre Captain America: Civil War et Avengers : Infinity War. Les événements d’Avengers : Endgame auront coûté la vie à Natasha Romanoff alias Black Widow, mais ce film permet à Scarlett Johansson de réendosser le costume de la super-espionne russe, le temps de nous conter une aventure qui va lever le voile sur son passé, depuis sa tendre enfance jusqu’à la fameuse Chambre Rouge où elle a acquis ses compétences létales…
Un film sur Black Widow était en réflexion depuis très longtemps, mais le succès de Wonder Woman et de Captain Marvel, ainsi que l’émergence du #MeToo, ont fait qu’il est enfin devenu réalité. Est-ce que les éléments pris en compte pour la mise en chantier relèvent uniquement de l’opportunisme? En grande partie certainement, mais passé cela, que vaut cette oeuvre dans l’immensité du MCU?
C’est en avril 1964 que Black Widow apparaît pour la première fois dans les comics Marvel, en tant qu’antagoniste d’Iron Man dans les pages de Tales of Suspense 52. Le fait qu’elle ne dispose pas de super-pouvoirs comme ses futurs homologues Avengers permet de créer des récits davantage centrés sur l’espionnage, ce qui est pratique dans les années 60 avec la rivalité entre les 2 blocs. Dans les films, Natasha a rallié l’Ouest plus libertaire, et se bat pour des causes bien plus justes. Mais dans Black Widow, elle va être rattrapée par son passé, et le film va dérouler des thématiques inattendues comme la famille ou l’esclavagisme… Car la réalité se cachant derrière cette Chambre Rouge est celle d’un despote kidnappant des jeunes filles, pratiquant une sélection odieuse et impitoyable afin d’en garder une poignée qui parviendront à devenir des agents surentraînés. Natasha fait partie de cette élite, mais elle va recroiser le chemin d’une autre Veuve, Yelena. Les retrouvailles vont s’avérer bien tendues, mais elles vont finir par faire équipe.
C’est l’excellente Florence Pugh qui incarne Yelena, elle dont on avait déjà pu apprécier les talents dans Midsommar ou dans l’excellent Une Famille sur le Ring. Elle campe une jeune femme fonceuse et qui aime rentrer dans le tas, et la relation avec Natasha s’avère intéressante, même si on sait pertinemment qu’elles fonctionneront en duo assez rapidement. C’est intéressant de revenir sur les origines du programme fabriquant les Veuves, même si là encore, on sent clairement l’apport féministe du #MeToo, avec un traitement finalement assez simple. Par contre, la violence de certains passages pourra surprendre, violence psychologique ou physique quant aux traitements subis, et on a donc quelques moments plus sombres qu’habituellement dans le MCU. Sans atteindre la noirceur de la traite des blanches comme évoquée dans la série Daredevil, disons que ça ne laisse tout de même pas indifférent.
On pourra toutefois s’interroger sur la pertinence d’embaucher des metteurs en scène venant du cinéma indépendant, pour prendre les rênes d’un blockbuster calibré dans lequel la sensibilité filmique initiale ne se retrouve pas forcément… En d’autres termes, la cinéaste Cate Shortland n’a certainement pas eu les coudées franches comme elle pouvait les avoir eu sur son excellent thriller Berlin Syndrome. « Son » Black Widow est davantage un produit du MCU qu’un film de Cate Shortland, et c’est bien dommage de ne pas retrouver sa patte si particulière. L’atmosphère oppressante de son huis-clos avait de quoi hanter, et Black Widow se regarde simplement comme un bon petit film d’espionnage au sein du MCU. Les exagérations lors de certains passages d’action, les facilités scénaristiques, les passages en mode automatique font que l’on est dans un film Marvel de milieu de gamme, pas excellent, pas mauvais, mais qui se regarde juste sans déplaisir. Surtout au vu des enjeux très limités quant à la suite de cet univers.
Le cas Taskmaster est intéressant à plusieurs titres, mais cela va être très difficile d’en parler sans spoiler. Dison que l’un des meilleurs amis-ennemis de Deadpool opte pour une approche plus modernisée de ses pouvoirs, avec un système électronique permettant d’analyser les capacités de ses adversaires, et qui va l’aider à dupliquer leur façon de se battre. Dans les comics, Anthony Masters possède simplement des réflexes photographiques hors normes, ce qui fait de lui un combattant très redoutable. Mais que Deadpool parvient quand même à mettre à l’amende! ^^
David Harbour est plutôt bon dans le rôle de Red Guardian, ce Super-Soldat incarnant le pendant soviétique de Steve Rogers! Cela donne lieu à quelques moments drôles, même si ça tourne assez rapidement en rond de ce côté quand même. L’aspect familial développé par Eric Pearson, Jac Schaeffer (showrunner de WandaVision) et Ned Benson apporte un éclairage intéressant sur le passé de Natasha, même si son traitement est parfois un peu caricatural, notamment dans certaines gestions de l’humour, marque de fabrique imposée du MCU.
Ca fait plaisir de retrouver au casting des actrices comme Rachel Weisz ou Olga Kurylenko, et le retour du Général Ross incarné par William Hurt s’avère sympathique, lui qui est présent depuis L’Incroyable Hulk et que l’on a revu dans plusieurs films Avengers. Je reviendrai rapidement sur une séquence démontrant avec plus ou moins de subtilité le changement de paradigme s’opérant à Hollywood avec le #MeToo, puisque Natasha se retrouve dans une situation délicate qui est sans conteste un rappel de la pseudo-suprématie masculine dans ce milieu… Une scène dérangeante davantage pour son écho dans le monde réel que pour l’impact dans le récit même.
Tout ça pour dire que ce Black Widow qui est enfin sorti est un film mineur du MCU, qui se regarde sans déplaisir et qui permet à Florence Pugh de prendre place dans cet univers étendu, et on la retrouvera prochainement dans la série Hawkeye! Dossier sur les adaptations Marvel de 1944 à 2099 mis à jour!!! ^^