Après 2 saisons parfaites sous la supervision de Gareth Evans et Matt Flannery, on a donc bien droit à une 3ème salve pour raconter la guerre des gangs moderne sévissant à Londres. La particularité de cette saison est l’absence d’Evans et de Flannery qui ont créé la personnalité de ce show, avec l’emphase mise sur l’esthétique des combats et sur les tensions des rapports humains. Les 2 premiers épisodes de cette suite font clairement ressentir cette absence, avec des concessions stylistiques et scénaristiques qui laissent à penser qu’on risque d’avoir un produit un peu plus calibré et mainstream. Je pense notamment à ce gunfight dans l’enceinte du parc d’attraction qui offre des passages légèrement artificiels.
Mais heureusement, la suite va permettre de se rapprocher davantage de la tenue des 2 saisons précédentes, sans toutefois parvenir à tenir le rythme sur la durée, mais en l’état, cette saison 3 parvient à être assez divertissante et maîtrisée pour poursuivre efficacement le travail d’Evans et de Flannery. On retrouve avec plaisir Sope Dirisu, Joe Cole, Michelle Fairley, Lucian Msamati, Brian Vernel et tous les autres, dans cette continuation qui a pour point de départ un choix des plus étranges, puisque Elliot Carter a opté pour un virage relativement radical! Sope Dirisu est toujours aussi intense dans sa manière d’interpréter Elliot, et on ressent une fois encore toute cette rage rentrée qui explose soudainement, et ça fait très plaisir de retrouver ce personnage.
A ses côtés, on retrouve une Michelle Fairley qui maîtrise totalement son rôle de Marian Wallace, la matriarche qui a pris du galon au fil des saisons, et les relations tumultueuses avec ses fils Sean et Billy donnent lieu à des moments bien intenses. On sent que les auteurs de cette saison ont la chance de pouvoir s’appuyer sur d’excellents enjeux mis en place les années précédentes, et sur des acteurs qui ont beaucoup dû aider à rendre palpable les tensions entre tous ces personnages. On sent l’absence des Gareth Evans, Corin Hardy et autre Xavier Gens pour la mise en place millimétrée et étouffante au niveau de la mise en scène, mais les réalisateurs de cette saison font tout pour tenter d’être dignes de leurs aînés, et on reconnaîtra la qualité de leurs efforts. On n’est certes pas au niveau des saisons 1 et 2, mais on sent toute la ferveur et l’envie de perpétuer ce show avec envie, pour qu’au final, on passe un très bon moment avec cette saison 3.
Vous vous rappelez de cet épisode incroyable de la saison 2 centré sur Lale, qui était un morceau de bravoure d’une puissance rarement atteinte? Eh bien l’actrice Narges Rashidi se donne une fois encore totalement dans ce qui est clairement le meilleur épisode de cette saison 3, avec ce jeu du chat et de la souris rappelant furieusement celui qu’elle avait vécu dans la saison 2. L’intensité de l’actrice est exceptionnelle, et elle dégage une force et une rage rares! Dans le registre des excellentes surprises, il faut également signaler le nouveau personnage très mystérieux en mode ninja furtif, incarné par un Andrew Koji très impressionnant. L’acteur a été vu dans Peaky Blinders, Snake Eyes, Bullet Train ou encore dans Warrior, et il possède une présence très forte qui en fait immédiatement l’un des personnages les plus intéressants de cette saison.
Orli Shuka est lui aussi toujours intense dans le rôle de Luan, et ça fait très plaisir de le retrouver. Le niveau du casting reste très bon dans son ensemble, et permet vraiment de donner corps aux multiples intrigues venant secouer Londres. On sent une volonté d’aller vers le spectaculaire par moments, qui dénote un peu par rapport aux saisons précédentes, et on ressent aussi une approche davantage axée sur les multiples révélations dans le scénario, qui parfois égratigne un peu l’aspect réaliste, mais dans l’ensemble cela fonctionne quand même très bien. La qualité des 2 premières saisons était telle que cette saison, tout aussi intense qu’elle soit, est tout de même moins bien maîtrisée, mais elle constitue un spectacle qui est sans conteste au-dessus de la moyenne des productions habituelles. C’est juste que comparé à la perfection de ce que nous ont livré Evans et Flannery, c’est difficile de rivaliser et d’atteindre le même niveau de dingue!
Cette saison 3 est donc de très belle facture, avec des combats et des intrigues très bien menés, et qui devrait encore surprendre les fans de la série par certains de ces choix radicaux!
