Les news de la semaine : Un Jour sans Fin

A l’heure où les projecteurs de cinéma restent désespérément éteints (après que les exploitants aient quand même bien préparé la réouverture, mais pour rien…), est-il franchement raisonnable de se fier à un quelconque agenda de sorties? Les dates étant à chaque fois incertaines, seuls les reports en eux-mêmes s’avèrent éloquents pour décrire la situation compliquée de ce moment qui s’éternise…

Vous vous rappelez de Mourir peut attendre? Un film d’espionnage censé sortir en avril 2020? Puis en novembre de la même année? Et puis le 2 avril 2021, soit 1 an après la date initialement prévue? Eh bien il passe cette fois au 8 octobre 2021. Pour le moment… Et comme il avait été précurseur l’an passé, le film de Cary Fukunaga risque bien de voir de nombreuses autres oeuvres lui emboîter le pas dans cet exercice de chaises musicales…

C’est déjà le cas pour Morbius (octobre 2020, puis mars 2021, puis octobre 2021), qui pour éviter la concurrence de Mourir peut attendre, doit à nouveau modifier ses plans, pour espérer une lointaine sortie calée au 21 janvier 2022. Rien de tel pour souhaiter une bonne année. Mais Sony en profite pour faire bouger tout son catalogue, avec notamment S.O.S. Fantômes : l’Héritage (11 novembre 2021) et Uncharted (11 février 2022). Tout en en profitant au passage pour vendre leur film d’animation Déconnectés à Netflix. Disney commence également à rebouger ses pions de son côté, avec l’annonce d’un énième décalage pour The King’s Man : première Mission, qui est pour l’instant annoncé à la nouvelle date du 20 août 2021.

On attend des jours plus heureux. Pas certains qu’ils arrivent en 2021… Alors pour quand même dérider l’atmosphère, Daniel Craig s’est fendu d’une parodie bien fun au Saturday Night Live! ^^

 

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Detroit : Become Human (2018)

Nous sommes en 2038. Les avancées technologiques ont vu l’émergence d’androïdes fabriqués par l’entreprise CyberLife, qui sont rapidement devenus des outils régulièrement utilisés dans le quotidien. Vous allez incarner 3 androïdes à différents moments de leur vie, qui vont être confrontés à des problèmes particuliers allant jusqu’à remettre en cause le bien-fondé de leur programmation. Dans cette ville futuriste de Detroit, il se pourrait bien que ces êtres de plastique deviennent humains…

 

Ce jeu développé par Quantic Dream bénéficie d’un système de narration très développé, qui va nous permettre d’effectuer de multiples choix influençant fortement le cours du récit. Il y a de nombreuses possibilités, et chaque action aura des conséquences directes pour la suite. Ce concept est certainement l’un des aspects les plus prenants du jeu, dans lequel les 3 récits des personnages vont évoluer peu à peu en se croisant par moments. Il y a une grande intelligence dans l’élaboration de ce titre, et on est très rapidement happé par l’atmosphère et l’intrigue. Derrière Detroit : Become Human se cache David Cage, de son vrai nom David De Gruttola, qui est originaire de Mulhouse! Il est la tête pensante de Quantic Dream, qu’il crée avec 5 amis en 1997, ce qui lui permet enfin de monter son jeu The Nomad Soul, qui avait été auparavant refusé par plusieurs éditeurs. C’est le début d’une aventure qui dure encore aujourd’hui, et qui a permis de créer d’autres titres comme Fahrenheit, Heavy Rain et Beyond : Two Souls. Au fil des années, Cage et son équipe ont développé un système de jeu qui s’est peu à peu affiné, et qui a atteint un potentiel impressionnant avec Detroit : Become Human!

La thématique de la dualité humain-androïde n’est certes pas neuve, et on pense forcément au sublime Blade Runner de Ridley Scott, ou encore à Alien – le 8ème Passager, de… Ridley Scott! A une époque, le metteur en scène se plaisait à interroger ce qui caractérise un être vivant, en se demandant pourquoi un individu composé de circuits électroniques ne pourrait-il pas développer une conscience à la manière d’un être purement biologique? Pourquoi seuls les humains rêveraient-ils de moutons…? Le combat DeckardBatty est clairement celui de 2 civilisations, celle des humains et celle des Réplicants, les seconds étant considérés comme largement inférieurs par les premiers. Ce sont de simples machines, et non pas des êtres à part entière, doués d’émotions et de sentiments. Mais cet état de fait va-t-il devoir être reconsidéré? C’est cette formidable thématique qui est au centre de Detroit : Become Human, Cage et son équipe apportant leur vision de cet affrontement entre 2 peuples qui semblent voués à ne pas se comprendre, et destinés à se faire la guerre…

La découverte de cet univers riche et foisonnant permet d’entrer immédiatement dans ce jeu captivant, et on va commencer par un mélange de séquences très variées qui vont nous familiariser avec les commandes de jeu. On va découvrir Markus, un androïde de maison chargé d’aider son maître Carl, un vieil homme en fauteuil roulant et peintre renommé; Kara, une androïde domestique elle aussi, qui s’occupe d’un homme et de sa fille vivant dans un quartier pauvre; et Connor, mandaté par la société CyberLife pour accompagner l’inspecteur Hank Anderson dans une enquête concernant des Déviants, des androïdes ayant perpétré des actes répréhensibles. Chaque personnage va avoir sa propre sensibilité, ses propres tiraillements intérieurs, ses propres aspirations… Mais vont-ils pouvoir se libérer de leurs obligations pour pouvoir vivre la vie qu’ils osent à peine rêver? C’est ce schéma passionnant qui va être au centre de Detroit : Become Human, et on va enchaîner les heures de jeu très rapidement tant l’addiction est forte!

D’habitude, on prend un flingue et on dézingue à tout va, ou on entame des course-poursuites en voiture, ou on va explorer des contrées inconnues au bout du monde! Ici, on peut passer la serpillère, faire la vaisselle, sortir les poubelles ou encore ranger un atelier! ^^ Vous croyez pourtant que ça va être ennuyeux? Pas du tout, car on se retrouve dans un univers des plus réalistes, ce qui va considérablement augmenter notre empathie pour ces personnages! On va donc devoir assumer les tâches quotidiennes des androïdes dans un premier temps, afin de découvrir leur environnement et les rapports qu’ils maintiennent avec leurs propriétaires. Markus est respecté par le vieux peintre, Kara est traitée comme une moins que rien par le père de la pauvre Alice, qui est elle-même victime de la violence de cet homme instable. Et Connor va devoir faire face à un inspecteur qui déteste les androïdes… Chacun va avoir son parcours de vie, et va être obligé de lutter à sa manière…

On va plonger dans un univers palpitant à la fois futuriste et marqué par certains classiques, comme les séquences policières avec Hank et Connor qui renvoient à pas mal de polars américains! L’enquête dans le club de strip-tease, l’arrivée en pleine nuit dans une maison où a eu lieu un crime… La solitude de Hank et son côté râleur, accentué par ses altercations verbales avec son supérieur, renforcent encore ce côté très hollywoodien! (Bon, c’est pas Slaaaaaaater, mais quand même! ^^). On va découvrir un monde où après avoir été traités avec mépris, les androïdes vont commencer à être craints par les humains… Et cette montée de la suspicion va entraîner des réactions très violentes envers les robots… La haine et la peur vont engendrer un conflit majeur, car c’est bien connu, la différence fait peur alors qu’elle devrait surtout être une source de curiosité… Et que dire de l’ouverture du jeu sur cette prise d’otage, qui nous met direct dans le bain? Le stress est à son comble, Connor doit agir très rapidement pour tenter de sauver la victime en allant jouer le négociateur! Les phases d’enquête préliminaires, avec les analyses du lieu, s’avèrent excellentes, et on va devoir recueillir des indices afin d’optimiser notre manière de parler au preneur d’otage, afin de maximiser les chances qu’il relâche sa victime! On va suivre la jauge de stress du preneur d’otage, et on va tout faire pour qu’il se calme et qu’il accepte de se rendre! Et cette séquence sublime de marche pacifique, qui aura lieu plus tard dans le jeu? J’en ai eu des frissons, et ce n’est pas le seul moment qui m’en a donné! Et cette séquence digne des plus sombres films de SF, dans cette décharge pour robots évoquant les charniers de la Seconde Guerre? Il y a de réelles émotions qui se diffusent à travers les diverses séquences de ce jeu, et on en ressort vraiment secoué…

La relation de confiance instaurée entre Carl et Markus est très belle, le vieil homme considérant son employé comme un être vivant à part entière. Il va l’encourager à exprimer ses sens, ses émotions, et à s’interroger sur sa propre existence. Leurs dialogues vont s’avérer enrichissants et on se retrouve dans une oeuvre à la beauté complexe, qui va bien plus loin que le jeu vidéo lambda pour proposer une percée philosophique réellement captivante! Et pour encore renforcer la beauté du procédé, le rôle de Carl est dévolu à Lance Henriksen, qui jouait l’androïde Bishop dans Alien : le Retour !!! L’hommage est sublime, car le grand Lance incarne donc un personnage virtuel qui dans le récit est humain, alors qu’en tant qu’acteur, il jouait un robot à l’apparence humaine! ^^ Ce renversement fait partie de la beauté de la trame narrative, et vient renforcer la richesse métaphysique du titre signé Cage!

Tout au long du jeu, on va devoir prendre des décisions qui vont questionner notre nature profonde, et c’est paradoxalement en incarnant des androïdes que l’on va découvrir l’humanité qui peut se cacher dans un jeu vidéo! On a souvent le choix entre une solution pacifique ou agressive, et selon sa sensibilité ou son audace, on va opter pour l’une ou l’autre. Il est aisé de tuer sans remord dans un jeu vidéo, alors pourquoi est-ce qu’on hésite quand un individu nous demande de flinguer un robot à l’apparence humaine? La neutralité et la banalité de cet acte, perpétré d’innombrables fois dans des décennies de gaming, est remise en question à travers différents dilemmes, et à travers des choix multiples qui vont durablement nous marquer. Detroit : Become Human est comme une somme de tout ce qui a déjà été fait, et qui se permet de reconsidérer cet ensemble de potentiels en osant nous demander si cette impunité est bien légitime, et dans quelle mesure s’arroge-t-on le droit de considérer ce qui est vivant et ce qui ne l’est pas? Si on poussait le concept à son paroxysme, on pourrait même se demander si Markus, Kara et Connor sont, dans l’espace-temps impalpable de ce jeu, tout aussi vivants que vous et moi dans notre espace-temps? La mise en abyme est vertigineuse et ouvre des possibilités insoupçonnées, tout en nous questionnant nous-mêmes sur notre propre identité et mortalité. Aaaah, ça change de Candy Crush et Crash Bandicoot hein??? ^^

Les séquences sont tournées en motion capture, avec de vrais acteurs prêtant donc leurs traits aux personnages et agissant devant une caméra tout en étant bardés de capteurs (je vous avais mis un extrait de making-of dans l’article consacré à Uncharted 4 : A Thief’s End, si vous voulez découvrir le procédé). On a donc ce bon vieux Lance qui joue Carl, mais on a également Jesse Williams, le beau gosse de Grey’s Anatomy, qui joue Markus, avec un talent indéniable en lui conférant une humanité troublante. Ce bon vieux Clancy Brown, briscard d’Hollywood avec un palmarès impressionnant (de Highlander à Promising Young Woman, en passant par Randonnée pour un Tueur, Moonwalker, Simetierre 2, Les Evadés et tant d’autres!) incarne Hank, l’inspecteur bourru qui va devoir se coltiner un androïde dans son enquête. On va alors être en mode buddy movie à l’ancienne, avec le duo de flics improbable qui ne peut pas se sentir. Face à lui, Bryan Dechart (c’est pas loin de Deckard, tiens…) campe un Connor très procédurier dont l’assurance va être mise à rude épreuve lors de son enquête. Et Valorie Curry apporte toute sa sensibilité à Kara, qui va vouloir protéger à tout prix la petite Alice des griffes de son père.

Markus, Kara et Connor vont chacun façonner leur chemin, qui va mener à une opposition de plus en plus ouverte entre humains et androïdes. Markus va devenir un leader malgré lui, Kara va devenir une survivante, et Connor va osciller entre sa fonction première et une certaine propension à aller contre son programme… Chacun va puiser en lui des ressources insoupçonnées, qui vont être le germe d’une prise de conscience et par là même de la création d’une existence personnelle pure, et donc d’une humanité consciente. On assiste donc à travers ce titre à l’émergence d’une nouvelle espèce, fabriquée par les humains, et qui devient autonome tout en revendiquant ses droits. Cette thématique sociale renvoie avec force à l’oppression des Blancs sur les Noirs, et ce parallèle est traité avec beaucoup de subtilité et de profondeur, jusque dans les moindres détails, comme les emplacements réservés aux androïdes dans les bus… Detroit : Become Human va également traiter des violences faites aux femmes et aux enfants à travers plusieurs personnages, et quand on a des humains qui frappent des androïdes de type féminin, c’est simplement parce qu’ils ne voient en ces robots que de simples objets. Exactement comme un homme violent peut percevoir sa femme pourtant bien humaine? Les questionnements sont forts, et Detroit : Become Human va loin pour nous interroger sur notre société, nos travers, nos espoirs et nos désillusions. Et le désir de vivre des androïdes va nous renvoyer à la simplicité même que devrait représenter notre propre existence, en s’éloignant de tout ce qui nous déshumanise…

Les machines seront-elles la perte de l’humanité? Sarah Connor dirait bien que oui, mais Connor et ses semblables nous poussent à adopter un autre point de vue, et à tenter de faire coexister 2 peuples pas si différents que cela… Je vous invite fortement à découvrir cet excellent jeu, qui vous remuera les neurones avec une aisance impressionnante, et qui vous marquera durablement même après l’avoir terminé! Et pour ne rien gâcher, il est graphiquement superbe, avec un réalisme bluffant et des environnements réellement immersifs!

 

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The Empty Man (David Prior, 2020)

Je connaissais surtout la veine caustique du scénariste de comics Cullen Bunn, avec ses innombrables mini-séries consacrées à Deadpool (Deadpool Assassin, Deadpool massacre Deadpool, Deadpool vs Carnage…), et même s’il se permettait quelques exactions bien sanglantes, je ne me doutais pas qu’il s’engouffrerait un jour dans une tendance réellement horrifique! C’est le cas avec son comics The Empty Man publié chez Boom! Studios et dessiné par Vanesa R. Del Rey, dans lequel plusieurs ados se mettent à disparaître mystérieusement. Un ex-flic va commencer à enquêter, et va découvrir des ramifications terrifiantes à cette affaire…

Il s’agit du premier long métrage de David Prior, qui écrit lui-même l’adaptation du comics, et qui donne vie à un vrai chef-d’oeuvre horrifique! De cette intro bien stressante à un final très surprenant, on suit ce film sans décrocher une seule seconde, tant il est maîtrisé de bout en bout. En général, les films d’horreur sont relativement courts, aux alentours d’1h30, mais celui-ci se permet de développer son récit sur 2h17! Ce détail démontre déjà une certaine volonté de creuser davantage que le film de genre lambda… Et pour que la mythologie complexe de l’Empty Man prenne tout son sens, on avait bien besoin de tout ce temps!

Le récit que va nous conter Prior (et Bunn aussi donc!) va suivre l’ancien flic James Lasombra, qui commence à enquêter sur la disparition d’Amanda, la fille d’une amie à lui. La dernière fois qu’il l’a vue, elle tenait des propos étranges et inquiétants, et il va remonter la piste avec une de ses amies qui lui raconte la légende urbaine de l’Empty Man, que l’on invoque en soufflant dans une bouteille lorsque on se trouve sur un pont… Une caractéristique qui en fait un boogeyman typique, à l’instar d’un Slender Man, ou d’un Candyman dont il faut répéter le nom 5 fois devant la glace. Ce choix permet d’ancrer immédiatement le film dans un processus classique avec les lycéens qui jouent à se faire peur et qui vont être rattrapés par la réalité du mythe, et David Prior met en place des séquences baignant dans une magnifique atmosphère. Son film se suffirait en tant que slasher à la Scream, mais il va aller bien au-delà en développant son récit avec une force insoupçonnée!

Il faut dire que l’introduction a de quoi perturber par rapport à la trame principale, et cela met déjà en place toute la complexité du propos et de cette légende de l’Empty Man. La séquence d’ouverture, qui est nettement plus longue qu’une intro classique, démontre à quel point David Prior gère les codes horrifiques, et fait office de mise en bouche des plus délectables! La façon dont est gérée la tension, le lent basculement vers l’irréversible, et la caractérisation de personnages intéressants, permettent de s’immiscer immédiatement dans une histoire forte qui va nous secouer. La mise en scène impressionne, avec cette tension sous-jacente et ces détails anormaux. C’est également cette anormalité dans le quotidien que Prior exploitera pour démontrer l’emprise progressive  de l’Empty Man. La fluidité de sa caméra permet de donner vie à des environnements à l’atmosphère lourde et inquiétante, et on se balade dans cette petite ville pas si tranquille que ça avec un vrai plaisir, tant les plans sont travaillés. On pourrait rapprocher la composition de ce film de l’excellent thriller I see you, dans lequel le metteur en scène Adam Randall possède une acuité visuelle et narrative comparables.

James Badge Dale (Iron Man 3, World War Z, The Walk : rêver plus haut, Donnybrook) s’avère excellent dans le rôle de Lasombra, avec une profondeur bienvenue dans la psychologie de son personnage. D’un côté, il semble totalement maîtriser chaque élément de son existence, et de l’autre, il est tiraillé par un passé douloureux, et ce mélange est savamment dosé, et surtout joué avec une justesse exemplaire. James Badge Dale donne vie à un héros bien plus intéressant que la moyenne dans ce genre de production, et on va voir au fur et à mesure de son enquête que cette écriture s’avère très intelligente. Rien que la façon dont il interroge l’amie d’Amanda est bien plus précise et optimale que ce qu’on a l’habitude de voir, et qui en général se perd davantage dans les poncifs. Sasha Frolova donne une consistance assez éthérée à Amanda, et on la sent bien border-line… L’actrice vue dans Red Sparrow ou Les Filles du Docteur March joue avec beaucoup de tact cette ado déphasée… Et de toute façon, à partir du moment où vous avez Owen Teague dans un film, vous savez que ça ne peut pas bien se passer ^^ L’acteur n’a qu’un rôle secondaire ici, mais il a déjà une carrière bien remplie, avec Ca, Black Mirror (l’épisode Arkangel), Ca : Chapitre 2, Le Fléau, mais surtout le magnifique I see you que j’évoquais plus haut, dans lequel il nous livre l’une de ses prestations les plus impressionnantes de sa jeune carrière.

La densité narrative de The Empty Man permet d’aller bien plus loin qu’un slasher classique, et David Prior va explorer des thématiques bien diverses que l’on voit souvent dans les films horrifiques, mais pas toutes ensembles! C’est dans cet entremêlement que le film impressionne, car il ne fait aucun faux pas et parvient à maintenir un équilibre parfait! La mise en scène bien intuitive de Prior ne fait qu’ajouter à la solidité de l’ensemble, et on se retrouve face à un film qui va bien perturber nos sens aiguisés par des décennies de films de genre! Comme quoi, il est toujours possible d’innover, et The Empty Man en est une preuve sublime et irréfutable! La construction de ses séquences est parfaite, comme lorsque James se réveille en pleine nuit en entendant des bruits, ou lors de la mise à mort très graphique dans le sauna! Prior parvient même à jouer sur une certaine sensualité qu’il mêle irrémédiablement à la mort…

The Empty Man n’a pas eu la chance de sortir en salles l’année dernière, mais je vous invite vraiment à lui donner sa chance!

 

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Le clip de la semaine : Daniel Radcliffe raps

Je vous avais déjà parlé du fameux Alphabet Aerobics de Blackalicious, vous vous rappelez? C’était là! ^^ Eh bien ce sacré Daniel Radcliffe a eu l’audace de le reprendre en 2014 lors de son passage chez Jimmy Kimmel, et le résultat est impressionnant!

 

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Breakdown – Point de Rupture (Jonathan Mostow, 1997)

Après avoir mis en scène l’obscur Beverly Hills Bodysnatchers en 1989, Jonathan Mostow attend quasiment 10 ans avant de revenir au cinéma, avec ce très bon Breakdown – Point de Rupture, un thriller en forme de road-movie donnant lieu à une tension palpable et à quelques scènes d’action bien enlevées! Mostow réalisera ensuite U-571, mais aussi Terminator 3 : le Soulèvement des Machines, et Clones avec Bruce Willis.

Juste après Ultime Décision et Los Angeles 2013, Kurt Russell apprécie toujours le cinéma d’action, et il campe Jeff Taylor, un homme sans histoires traversant les Etats-Unis avec sa femme, en direction d’une nouvelle vie. Mais leur voiture tombe en panne sur une route déserte, et un routier se propose de les emmener au relais le plus proche. Jeff choisit de rester à la voiture qui contient toutes leurs affaires, et sa femme Amy part avec le routier pour appeler une dépanneuse. Quand Jeff parvient à faire redémarrer le véhicule, il se rend au relais pour se rendre compte que personne n’y a vu sa femme ni le routier… La panique commence à monter, et il craint qu’Amy se soit fait kidnapper…

Jonathan Mostow signe un thriller très réussi, dans lequel un individu lambda va devoir puiser dans des ressources insoupçonnées afin de s’en sortir. Jeff va devoir comprendre ce qui est arrivé à Amy, et va se retrouver dans des situations bien tendues, notamment face à la police qui ne le croit pas. Mostow a rédigé le script du film avec Sam Montgomery (scénariste et producteur sur quelques épisodes de 24 Heures Chrono), et la paire rédige un récit prenant en mode parano, avec une incompréhension totale de la part de Jeff, perdu dans une situation qui le dépasse. Il pense retrouver le chauffeur du camion, qui lui certifie ne jamais avoir vu sa femme, et il se retrouve bien seul sur cette route désertique avec ce tragique mystère. Mais Jeff ne va pas lâcher, et va tenter de remonter la piste pour retrouver Amy.

Mostow gère très bien son thriller en plein soleil, et rend forcément hommage au téléfilm Duel de Steven Spielberg, avec cette recherche du mystérieux camion qui a emmené Amy. On est en plein arrière-pays, avec un soleil de plomb, et Jeff est totalement perdu face aux événements. Mais un indice va le pousser sur une route secondaire, et il va enfin comprendre de quoi il retourne… Victime d’un plan machiavélique, il va devoir tout faire pour survivre et sauver sa femme, et on va assister à des séquences bien stressantes et très réalistes! Jeff n’a rien d’un surhomme, et doit constamment composer avec l’angoisse qui l’étreint, et est souvent à 2 doigts de craquer. Ce parti-pris d’offrir un personnage en proie au stress augmente forcément la tension de l’ensemble, et Mostow va balader son pauvre héros dont la peur va peu à peu se transformer en rage. C’est cette métamorphose progressive du citadin sans relief vers une figure plus viscérale qui rend également le film très intéressant, et Kurt Russell donne corps à une transformation crédible.

Jonathan Mostow nous gratifie de séquences de poursuite très bien menées, et dont les impacts s’avèrent bien violents. La scène de fin vaut franchement le détour, avec cette attitude revancharde qui renvoie à un besoin de justice primaire finalement légitime au vu de la situation! Breakdown – Point de Rupture est un film qui s’est fait oublier au fil du temps, et dont il est bon d’enlever un peu la poussière du désert! 😉

 

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