Les Griffes de la Nuit (Wes Craven, 1984)

Après les sagas Vendredi 13 et Halloween, il est temps de décortiquer la série d’un autre boogeyman mythique des 80’s, Freddy Krueger! Le cousin germain de Wolverine s’est-il assagi avec le temps, ou possède-t-il la même force qu’à l’époque bénie des VHS? Vous saurez tout durant les 2 prochaines semaines!

Les Griffes de la Nuit aura marqué une génération de cinéphiles avec ce concept d’une simplicité et d’une originalité diaboliques: si tu t’endors, tu meurs! A partir de ce postulat de départ, Wes Craven va écrire un récit centré sur l’éternelle bande d’adolescents à l’aube de leur vie sentimentale et sexuelle, et toujours incompris par leurs parents. Il va utiliser cette trame ultra-classique au premier degré, en s’attachant à nous faire comprendre ce que ces jeunes ressentent. Et il va faire exploser ce schéma narratif grâce à une mise en scène véritablement inventive, plongeant dans le monde des rêves pour y puiser des séquences de cauchemars totalement novatrices et percutantes!

La grande force de ce film réside dans l’ambiance que Craven parvient à installer, et ce dès la scène d’ouverture, qui voit la jeune Tina perdue dans un décor froid et métallique, poursuivie par une voix caverneuse et une apparition cauchemardesque. Craven soigne extrêmement bien son image et parvient à nous plonger littéralement dans un cauchemar qui apparaît comme finalement universel. Cet aspect sombrement onirique renvoie aux contes les plus noirs de notre enfance, et Craven parvient à faire ressurgir de vieilles peurs enfantines… Sans toutefois atteindre la plastique et l’ambiance délicieusement crépusculaires de Paperhouse, il offre une vision très réaliste de la dimension des cauchemars, et nous invite à un voyage mortel…

Freddy Krueger est une figure mythique du cinéma horrifique, reconnaissable entre tous grâce à ses lames de rasoir et son pull-over rouge et vert! Plusieurs éléments ont contribué à son succès, et le premier est très certainement la nature même du personnage, qui tue ses victimes dans leurs rêves! En agissant sur cette dimension dans laquelle l’être humain n’a pas vraiment de contrôle, il règne sur les songes et apparaît comme un prédateur ultime. La seconde particularité est évidemment l’interprétation bien vicelarde de Robert Englund, aidé par un maquillage du plus bel effet signé Kathryn Fenton, avec ces fameuses brûlures sur le visage… Robert Englund laisse sous-entendre une idée qui sera exploitée dans le remake de 2010, à savoir que Freddy est un pédophile (c’est d’ailleurs la seule idée valable dans ce film totalement débile qui fait aussi peur qu’un épisode des Bratz! Je dis ça, j’ai jamais vu les Bratz en fait…). Le troisième aspect qui peut expliquer le succès du film est la personnification surréaliste d’un mal finalement bien plus concret qu’on aimerait le croire…

Freddy est en fait la représentation du Mal poisseux qui ronge les rues, à savoir le violeur, le pédophile et le meurtrier psychopathe. Là où Jason et Myers ne tuent que par instinct et par habitude (Myers veut éteindre sa lignée, et Voorhees s’en prend à tout le monde de manière mécanique), Freddy prend du plaisir à effrayer les jolies jeunes filles et à les massacrer! Il correspond au serial killer n’ayant aucun respect pour ses victimes, et il s’éclate à perpétrer ses atrocités! Krueger est la personnification parfaite du psychopathe bien réel, transformé en mythe démoniaque à travers une saga aux relents inconsciemment cathartiques!

S’il prend du plaisir à tuer, il faut bien avouer que le spectateur prend du plaisir à voir ces massacres! Wes Craven crée des séquences véritablement ingénieuses qui marquent durablement les esprits. Il multiplie les scènes mythiques pour au final réaliser un film à la puissance horrifique assumée, qu’il ne saupoudre pas de second degré. La boucherie en lévitation avec le corps de cette jeune fille qui se traîne sur tout le plafond de la chambre est sacrément marquante, et cette main surgissant entre les cuisses d’une autre jeune fille dans son bain est un plan vraiment saisissant! Craven a créé des images chocs qu’il nourrit par une mise en scène vraiment audacieuse, et il va jusqu’au bout de ses idées en offrant un spectacle bien gore qui va ravager le quartier d’Elm Street! Le basculement du monde réel au monde onirique est très travaillé, et permet d’instaurer une ambiance délétère qui ne se dément pas. Craven réussit à donner corps aux cauchemars, et on y entre avec un plaisir évident, accompagné par la musique entêtante de Charles Bernstein et la comptine si connue sur Freddy qui ouvre et qui clôt le film…

Johnny Depp va en faire les frais, lui qui joue dans son tout premier film! Un rôle pas forcément très glorifiant, mais auquel il donne une certaine densité… Sinon on retrouve avec grand plaisir John Saxon, qui d’Opération Dragon à Une Nuit en Enfer, en passant par Black Christmas 1ère version, a promené sa gueule si reconnaissable avec classe dans le cinéma américain et italien. Heather Langenkamp est l’héroïne du film, et elle ne connaîtra pas véritablement de moment de gloire après ce rôle… N’est pas Jamie Lee qui veut!

Liens vers les autres films:

La Revanche de Freddy

Freddy 3- les Griffes du Cauchemar

Le Cauchemar de Freddy

Freddy 5: l’Enfant du Cauchemar

La Fin de Freddy- l’ultime Cauchemar

Freddy sort de la Nuit

Freddy contre Jason

 

 

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