Tomb Raider (Roar Uthaug, 2018)

17 ans déjà depuis Lara Croft: Tomb Raider de Simon West (2001), et 15 depuis Lara Croft Tomb Raider: le Berceau de la Vie de Jan de Bont (2003)! Un reboot vidéoludique plus tard, et voilà que Square Enix nous balance un Tomb Raider nouvelle génération en s’appuyant sur la version moderne des jeux. C’est le Norvégien Roar Uthaug qui est aux manettes, et la Suédoise Alicia Vikander a pour mission de faire oublier l’Américaine Angelina Jolie dans le rôle emblématique de la belle et téméraire aventurière!

Je m’étais arrêté aux 3 Tomb Raider à l’époque sur Playstation, donc je ne connais pas du tout les nouvelles aventures de la demoiselle. Il n’y aura donc dans cette critique aucune comparaison avec les derniers jeux, désolé pour les gamers! Roar Uthaug est connu pour son film horrifique Cold Prey (2006) qui a un peu vieilli depuis, et pour son film catastrophe The Wave en 2015. Alicia Vikander quant à elle est surtout connu pour participer à des films d’auteur tels que Royal Affair, Anna Karenine, le très bon Ex Machina ou Danish Girl, même si elle se permet de temps à autre quelques récréations comme Agents très spéciaux: Code U.N.C.L.E. ou Jason Bourne, ce qui annonçait déjà une certaine propension à des rôles plus physiques. Et d’entrée de jeu, la réussite de ce Tomb Raider 2018 est clairement son incarnation de Lara Croft, tout en réalisme, action et émotion. Alicia Vikander confère au personnage une vraie sensibilité et une belle force, et s’avère bien plus captivante dans le rôle que ne l’était Angelina Jolie aux débuts des années 2000.

Sa souffrance face à la disparition de son père (incarné par Dominic West dans des flashbacks) est sincère, et le scénario va découler naturellement de ce sentiment d’attachement d’une fille pour son père. Lara a du grandir sans la présence protectrice de cet homme, et elle est à la fois forte et écorchée, ce qui donne une belle dimension au personnage. On va faire connaissance avec une jeune femme qui ne lâche jamais le morceau, et qui semble constamment marcher avec à ses côtés l’esprit de son père. Il y a une certaine filiation avec la relation de Ned Stark et ses filles dans Game of Thrones finalement, une sorte de puissance émotive sincère qui ajoute de la crédibilité au récit. La construction des personnages ne va pas s’arrêter là, parce qu’elle va rencontrer un bad guy bien tordu en la personne de Mathias Vogel, incarné par l’excellent Walton Goggins. L’acteur de The Shield, Sons of Anarchy et Justified impose sa présence bien déviante en dirigeant une opération destinée à trouver une relique perdue, n’hésitant pas à tuer des hommes de sang-froid s’il le faut. Et il y a une vraie tension quand il met quelqu’un en joue, Roar Uthaug nous montrant qu’on n’est pas là pour rigoler…

La jeune Lara qui s’enthousiasmait à l’idée de vivre des aventures dans une île perdue va vite déchanter, et c’est dans l’aspect réaliste que Tomb Raider fonctionne. Lara va être blessée à plusieurs reprises, elle se mange des coups bien sévères, et on ressent presque sa douleur. L’accent est mis sur l’humanité du personnage, déréalisant totalement l’aspect mythique et invulnérable des jeux vidéos. Elle va apprendre à la dure à devenir une aventurière, et c’est à un véritable rite initiatique que l’on est convié. Les combats au corps à corps sont traités avec réalisme eux aussi, et ils n’ont rien de glorieux. Il y a au contraire un aspect dramatique important, et on atteint même un certain instinct primal lors d’un combat. Lara lutte pour sa survie, elle ne le fait pas du tout de manière cool et décontractée, et c’est justement cette absence d’héroïsme qui en fait un personnage fort.

Paradoxalement, c’est dans la phase qui ressemble le plus aux jeux vidéos que la tension va baisser. A partir du moment où elle pénètre dans l’immense tombeau où se trouve la relique, on a l’impression de passer en pilotage automatique et de laisser à la surface toute la fluidité et le réalisme précédemment mis en place. La rupture est assez nette, et le film s’abandonne alors au cahier des charges de l’adaptation simple. Quelques énigmes, quelques pièges mortels, une lutte pour la relique, on se retrouve dans un schéma hyper-classique et qui d’un coup nous fait ressortir un peu du film… Non pas que ce soit mauvais, mais c’est tellement convenu et cela manque tellement d’emphase à ce moment-là… Comme si les personnages perdaient leur personnalité à l’intérieur de ces murs, alors qu’ils étaient franchement intéressant auparavant…

Roar Uthaug nous livre des séquences bien prenantes avec l’arrivée sur l’île, des moments bien vertigineux où Lara risque sa vie, mais les séquences dans le tombeau pêchent par leur manque de profondeur… Cela n’empêche pas ce Tomb Raider d’être sympathique, mais il le fait passer de très bon divertissement à un film d’aventures classique, ce qui est bien dommage au vu des efforts déployés au préalable… Mais Alicia Vikander convainc totalement dans le rôle, et on espère que si le film marche au box-office, la suite sera plus percutante! En l’état, c’est un film agréable qui a le mérite de remettre au goût du jour ce personnage cher aux gamers!

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