Juillet de Sang (Jim Mickle, 2014)

Joe R. Lansdale n’a vu pour l’instant qu’une infime part de son oeuvre être transposée au cinéma ou à la télévision; on se souvient du Bubba Ho-Tep de Don Coscarelli, qui en 2002 voyait un Elvis Presley grabataire lutter contre une créature démoniaque dans un hospice! Coscarelli s’est servi d’une autre nouvelle pour son épisode des Masters of Horror intitulé Incident on and off a Mountain Road; l’inconnu Christmas with the Dead est lui aussi tiré d’une nouvelle, à base de zombies cette fois. Juillet de Sang est la première adaptation d’un de ses romans, et Creepers est une anthologie reprenant un de ses récits. The Thicket et Savage Season sont encore 2 projets d’adaptations du génial auteur texan, qui risque bien de trouver la consécration avec un autre projet, celui de la série Hap and Leonard,  qui mettra en scène les personnages les plus populaires de l’auteur! C’est encore Jim Mickle qui s’intéresse à cette transposition, et vu le matériau littéraire brillant de cette série de bouquins, ça devrait pouvoir donner lieu à un show haut de gamme!

Mais en attendant les aventures délirantes du blanc hétéro Hap Collins et du black homo Leonard Pine, qu’est-ce que Jim Mickle nous a concocté avec son Juillet de Sang? Ce bouquin sorti en 1989 est l’un des premiers succès de Lansdale, et l’on sent déjà la veine texane à base de personnages bien du cru. Mais Juillet de Sang, tout en étant sympathique, n’est pas encore l’un des bouquins les plus captivants de l’auteur. Nick Damici, qui a écrit et joué dans plusieurs films de Jim Mickle, a écrit le scénario de cette adaptation avec le réalisateur, qui reste très fidèle au roman.

Quand Richard Dane, un père de famille sans histoire, tue un voleur qui s’est introduit dans sa maison, sa vie va totalement basculer. La police reconnaît le principe de légitime défense, et les habitants de son patelin comprennent qu’il a fait ce qui était nécessaire. Mais Dane va avoir de plus en plus de mal à trouver le sommeil, et lorsqu’il va être confronté au père du voleur décédé, un homme tout juste sorti de prison, sa famille va se retrouver menacée.

Comme d’habitude chez Lansdale, il faut se méfier des apparences, et le récit à l’allure classique ne va pas rester dans les ornières. Les liens entre les personnages vont évoluer, des secrets vont être déterrés, et Richard Dane va se retrouver mêlé à une histoire bien sordide. Ce qui frappe d’emblée dans ce film se déroulant dans l’East Texas de 1989, c’est la capacité de Mickle a recréer les années 80 de manière visuelle! On a une déco kitsch, des bagnoles old school, des vêtements très datés et des coupes de cheveux bien rétros! D’ailleurs, la composition de Michael C. Hall, le fameux serial-killer Dexter, tranche avec son look habituel, puisqu’il revêt la coupe mulet et la petite moustache du péquenaud du coin! Le soin apporté à la recréation des années 80 est très visible, et symptomatique de la précision que Jim Mickle applique à ses films.

Quand on lit ce bouquin de Lansdale, on se dit qu’il manque tout de même la folie et l’humour qui caractérisent certains récits, comme ceux d’Hap and Leonard. Juillet de Sang est un livre sérieux qui va plonger Richard Dane dans un cycle de violence, et Jim Mickle adapte de manière posée et fidèle ce récit. Juillet de Sang est un bon thriller, mais il n’est pas surprenant si on a lu le livre. Mickle déroule le récit initial en soignant la forme, et Michael C. Hall, Nick Damici, Sam Sheppard et Don Johnson jouent leur partition de manière efficace. Eh oui, Don Johnson est de la partie, et il incarne un personnage qui donne un aperçu du côté comique des bouquins de Lansdale! Ce rôle lui va vraiment bien, et le perso du détective haut en couleur Jim Bob, apparu pour la première fois dans Juillet de Sang, réapparaîtra en 1997 dans Bad Chili et en 2001 dans Tsunami mexicain, à chaque fois aux côtés d’Hap et Leonard, tiens!

Richard Dane va découvrir une réalité sordide, aux antipodes de son petit monde tranquille, et il va remettre en question ses principes de tolérance et de pacifisme face à ce qu’il va découvrir. La mort du cambrioleur n’est qu’une première étape dans sa découverte de ce qui peut se cacher de pire dans l’East Texas, et il va faire cette route macabre avec 2 compagnons pas très recommandables, dans le but de protéger sa famille. Le personnage neutre du début va évoluer avec cet apprentissage dans le sang, un thème finalement cher à Mickle! Après son très bon Mulberry St, son sympa Stake Land et son pas terrible We are what we are, le metteur en scène démontre encore une fois son goût des récits étranges et violents, et Michael C. Hall se prête plutôt bien au jeu. Dommage encore une fois que le tout soit trop classique dans le genre. Mais en attendant Hap and Leonard, c’est une bonne manière de découvrir le monde de Lansdale!

 

Publié dans 2010's, Cinéma | Laisser un commentaire

Le clip de la semaine: Moby and Julie Mintz – The only Thing

Le duo Moby et Julie Mintz est à l’origine du très beau morceau concluant le film Third Person de Paul Haggis. Envoûtant et aérien, il démontre que Moby est toujours capable de surprendre! Enjoy! 😉

Publié dans Le clip de la semaine | Laisser un commentaire

Third Person (Paul Haggis, 2013)

Réputé pour son très bon Collision, Paul Haggis poursuit dans la veine du film choral avec ce Third Person très particulier, dans lequel il développe une ambiance douce-amère sans que l’on parvienne à deviner où il va mener l’ensemble de ses personnages. On croirait regarder un film adapté d’un roman, mais c’est simplement la plume de Paul Haggis qui donne cette tonalité typique que l’on retrouve dans son œuvre.

S’il a commencé à écrire pour la TV dans les années 80 avec La Croisière s’amuse ou Arnold et Willy, il est même curieusement à l’origine de la création de Walker, Texas Ranger, pour lequel il a écrit une soixantaine d’épisodes! En 2004 s’opère le tournant Collision, qui est sa première mise en scène ciné, qu’il a bien évidemment écrit. Depuis, il a rencontré Clint Eastwood pour lequel il a écrit le diptyque Mémoires de nos Pères et Lettres d’Iwo Jima, ou encore James Bond pour lequel il a scénarisé Casino Royale et Quantum of Solace.

Paul Haggis aime donc les tranches de vies qui s’entremêlent, et son Third Person va nous présenter toute une galerie de personnages traversant des instants difficiles. On a la jeune femme qui doit se battre pour récupérer la garde de son fils (Mila Kunis, excellente), un homme qui va aider une étrangère dont le fils est retenu par une bande (Adrien Brody, impecc comme d’ab), un écrivain en perte d’inspiration (Liam Neeson, lui aussi très bon), une femme aussi pétillante qu’insaisissable (Olivia Wilde, belle et fatale)… Ajoutez à cela James Franco, Maria Bello et Kim Basinger, et on a une demi-douzaine de destins qui vont plus ou moins s’entrecroiser dans les capitales que sont Paris, Rome et New York.

Liam Neeson entre avec beaucoup d’aisance dans la peau de cet écrivain en perte de vitesse, à la fois fatigué et amusé par cette femme avec qui il entretient une relation plutôt chaotique. Cela donne lieu à des moments bien drôles, mais le doute se réinstalle assez rapidement. Qui est-elle vraiment, et pourquoi entretient-elle cette distance? Le rôle va parfaitement à Olivia Wilde, qui use de sa beauté pour faire chavirer le cœur de l’écrivain avec un mélange d’amour et de cruauté.

Il y a une vraie élégance dans la présentation des personnages, dans le traitement qui leur est insufflé, et on navigue entre des moments intimistes parfois drôles, parfois délicats, parfois difficiles. La scène d’amour entre Adrien Brody et la mystérieuse jeune femme est très belle, le désespoir de la jeune mère qui ne peut plus voir son fils est touchant, le secret de la femme fatale incarnée par Olivia Wilde est très triste… Paul Haggis compose sa symphonie avec une vraie maîtrise qui lui permet de ne pas créer des êtres artificiels, mais de leur donner une consistance permettant de véhiculer des émotions. On est touché par ce qui leur arrive, et on est emporté dans ce rythme lancinant, fait d’un mélange de beauté et d’inéluctabilité.

Third Person est une sorte de poème à la fois grave et universel, un instantané de plusieurs existences qui avancent sans que l’on puisse les stopper, et surtout sans que l’on puisse deviner ce qui va se passer. Paul Haggis ne cède pas à la facilité, et nous offre un film envoûtant et mystérieux, tout en restant dans la lignée de son Collision.  En explorant ces diverses personnalités en quête d’amour, de reconnaissance ou de rédemption, Paul Haggis nous invite à examiner les notions de culpabilité, de pardon et de don de soi à travers un prisme multiple, dans lequel les histoires vont s’enrichir grâce aux autres. Et le film se clôt sur un excellent morceau signé Moby!

Publié dans 2010's, Cinéma | Laisser un commentaire

Les news de la semaine: Rock the Casbah

Après la saga Jason Bourne, se dirigerait-on vers une nouvelle franchise sortie tout droit de l’imaginaire du romancier Robert Ludlum? C’est en tout cas ce que confirme Dwayne Johnson, alias The Rock, qui vient d’annoncer sa participation à The Janson Directive, dans le rôle d’un ancien Navy Seal chargé de protéger un milliardaire. Mais quand l’opération tourne mal et que Paul Janson va être traqué pour un crime qu’il n’a pas commis, il va devoir lutter pour rester en vie et prouver son innocence. Un récit classique de fugitif qui cherche à faire éclater la vérité, espérons que ce soit plus percutant que la saga Bourne, qui mis à part l’excellent premier opus signé Doug Liman, est franchement ennuyeuse… The Rock poursuit son aventure cinématographique avec succès!

 

Si The Rock paraît très crédible en nouveau Jason Bourne, il a également pour projet de remplacer David Hasselhoff dans Alerte à Malibu! Il a en effet signé pour avoir le premier rôle dans l’adaptation de la célèbre série adepte du bikini rouge! Le film sera mis en scène par Sean Anders et John Morris, responsables du scénario du prochain Dumb and Dumber to! On s’attend donc à une comédie plutôt potache, prouvant que Dwayne est capable de faire le grand écart… Entre les films d’action, les thrillers et les comédies, il enchaîne l’air de rien, et reste toujours dynamique!

 

Le projet délirant de la semaine, on le doit à Threshold Entertainment, qui vient d’annoncer via son président Larry Kasanoff son intention de produire un film centré sur l’univers de Tétris! Si l’on peut émettre quelques réserves quant à la viabilité du projet, Kasanoff est sacrément inspiré pour défendre son film: “C’est un film de science-fiction énorme et épique. Ce ne sera pas un film sur un tas de blocs qui descendent du ciel et ne va donner des pieds à des formes géométriques.” (J’ai pas tout compris non plus à cette phrase) Il ajoute : “Les marques sont les nouvelles stars d’Hollywood. Nous avons une histoire derrière ‘Tetris’ qui en fait quelque chose de plus imaginatif. Ce que vous verrez dans Tetris ne sera que la pointe d’un iceberg qui a une signification intergalactique.”  Mais on ne se doutait pas à l’époque qu’un film centré sur des personnages Lego serait aussi efficace, alors pourquoi pas… En attendant, vous pouvez toujours regarder ce faux trailer, ou chercher sur YouTube comment les Suricate interprètent le célèbre jeu de briques!

 

C’est certainement l’une des annonces les moins surprenantes concernant la série Agent Carter, mais il fallait bien officialiser la participation de Dominic Cooper! Il reprendra donc sans surprise le rôle de l’inventeur play-boy Howard Stark, aux côtés de la belle Peggy Carter en ces temps difficiles d’après-seconde guerre.

 

La BA de John Wick a apparemment mit tout le monde d’accord, et l’action movie survolté mené par Keanu Reeves se fend cette semaine d’une belle affiche!

 

Les nouveaux Héros, c’est le premier projet voyant les univers Marvel et Disney fusionner. Annoncé comme un film d’animation totalement hors continuité par rapport au Marvel Cinematic Universe, ce Big Hero 6 (titre original) promet une bonne dose d’humour et d’action, avec quelques scènes bien absurdes! Une curiosité qui devrait valoir le coup d’œil! C’est signé Don Hall (Winnie l’Ourson) et Chris Williams (Volt, Star malgré lui).


 

L’anthologie VHS: Viral se fend d’une nouvelle bande-annonce qui promet un spectacle plutôt démentiel et sanglant, et qui semble lorgner davantage vers le premier volet que le second. C’est tout le mal qu’on lui souhaite!

 

Après Enter Nowhere en 2011, le metteur en scène Jack Heller nous fait découvrir son second film à travers une bande-annonce très engageante. Une petite ville tranquille, un monstre qui rôde dans les bois, un shérif aux aguets, on sent le B movie nostalgique qui bénéficie d’un traitement visuel plutôt soigné, et ce Dark was the Night donne très envie d’en voir plus!

 

Je ne suis pas du tout fan de Christopher Nolan, mais là j’avoue que la BA de son Interstellar a sacrément de la gueule! Ce projet sci-fi apparaît comme véritablement foisonnant au niveau de ses idées, et on peut espérer un spectacle de haute volée aux proportions épiques!

 

Je ne suis pas non plus fan de Clint Eastwood réalisateur, j’ai une nette préférence pour Clint acteur. Mais sa BA d’American Sniper est impressionnante, et le sens du montage très habile. Ce film avec Bradley Cooper dans un contre-emploi salutaire risque d’être très surprenant!

 

Et sinon, la saison 2 d’Agents of S.H.I.E.L.D. tient pour l’instant toutes les promesses non tenues par la première! Les 2 premiers épisodes s’avèrent réellement prenants, avec un vrai sens du rythme et nettement plus d’audace! Pourvu que ça dure!

Publié dans Les news de la semaine | Laisser un commentaire

Le clip de la semaine: The Raid 2: the politician’s son

Si Gareth Evans n’avait pas fait de coupes à son sublime The Raid 2: Berandal, il serait probablement passé d’une durée de 2h30 à 4h! De nombreuses scènes coupées se dévoilent peu à peu, et celle présentée ici démontre encore une fois la maîtrise cinématographique du metteur en scène gallois, avec un plan-séquence magnifique tout en finesse et violence!

 

Publié dans Le clip de la semaine | Laisser un commentaire