En 2011, The Raid avait créé la sensation au Festival de Toronto dès sa première diffusion, et était devenu dès lors le film le plus attendu de l’année. L’uppercut signé par le Gallois Gareth Evans était exceptionnel, et témoignait d’une maîtrise hors-pair qui permettait à son film de devenir instantanément culte! Dès lors, l’annonce d’une suite a immédiatement enthousiasmé les fans, et le film se faisait attendre à coup de photos promotionnelles et de teasers bien hargneux. Sa diffusion au Festival de Sundance a connu un succès similaire à la découverte du premier opus, et The Raid 2: Berandal est lui aussi devenu une sortie ultra-attendue. Après avoir été programmé pour avril 2014, le film s’est retrouvé mystérieusement repoussé de manière tardive, sans qu’aucune raison soit invoquée. L’attente a été longue pour découvrir ce nouvel effort de Gareth Evans, et sa 3ème collaboration avec l’acteur Iko Uwais depuis Merantau.
The Raid 2: Berandal débute juste après la fin de l’assaut du premier film, et voit Rama être récupéré par un groupe de policiers, dont le chef lui propose d’intégrer son unité. Après avoir tout d’abord refusé, Rama va rejoindre ce groupe d’intervention très spécial, et sa mission d’infiltration va le conduire en prison, où il devra s’allier avec le fils d’un parrain de la mafia indonésienne. D’entrée de jeu, Gareth Evans va créer une tension bien palpable et mettre ses enjeux en place, d’une manière très claire et précise, et en déroulant une mise en scène fluide et vraiment belle. The Raid 2: Berandal suit le premier film en poursuivant le récit avec une même vision et le même esprit jusqu’au-boutiste.
Là où The Raid était une pépite de violence concentrée en 1h40, Gareth Evans a pris ses aises et déroule sa suite sur 2h30! Il a revu ses ambitions à la hausse, en créant toute une galerie de personnages de mafieux et en mettant sur pied un film d’infiltration qui n’a rien de classique. Rama va devenir un homme de main pour le puissant Bangun, le père d’Uco, l’homme que Rama a aidé en prison. Dès lors, le film va prendre les atours d’une chronique mafieuse avec tensions entre familles rivales, dissensions entre le parrain en place et le successeur qui aimerait accélérer les manoeuvres, ou encore avec les trahisons internes. Gareth Evans réussit haut la main son pari d’extérioriser le concept de The Raid (le premier film se déroulait quasi-exclusivement à l’intérieur d’un l’immeuble) et parvient à écrire et réaliser une suite bénéficiant de la même ambiance tendue et violente, comme si le film avait été tourné dans la foulée du premier et non pas 3 ans après!
Iko Uwais retrouve le personnage fort de Rama, qui va être encore plus malmené dans cet opus, puisqu’au lieu de quelques heures, c’est en années qu’il devra compter son implication dans cette affaire. Uwais va à nouveau incarner ce flic incorruptible ultra-doué en arts martiaux (le silat plus précisément), et sa collaboration avec le metteur en scène gallois est à nouveau un pur plaisir! Les deux hommes vont multiplier les scènes carrément cultes, qui sont des flambées de violence extrême au rythme incroyable! La première scène, celle qui se déroule dans les toilettes et qui était visible dans le tout premier trailer, met la barre très haut et démontre toute la maîtrise cinématographique d’Evans et tout le talent physique d’Uwais. On retrouve l’ultra-violence sèche de The Raid, et c’est un véritable plaisir de ressentir à nouveau cette tension et cet impact toujours aussi surprenants!
On se rappelle du Mad Dog du premier opus, et on a la chance de retrouver son interprète dans un autre rôle! L’énorme Yayan Ruhian, qui était encore plus impressionnant qu’Iko Uwais dans The Raid, joue donc un autre personnage et est aussi de la partie dans cette suite. Il a droit à ses quelques scènes de bravoure où il démontre toute sa vivacité, même si son combat de fin de The Raid reste inégalé! Gareth Evans convie également deux nouveaux personnages bien typés, Hammer Girl et Baseball Bat Man! Comme leur nom l’indique, ils possèdent des outils particuliers pour venir à bout de leurs adversaires, et Evans s’amuse avec ces originalités pour nous concocter des séquences impressionnantes! Julie Estelle joue du marteau comme personne, et Very Tri Yulisman est radical avec sa batte! Ces deux personnages complémentaires apportent une touche très old school mais sont véritablement dangereux!
The Raid 2: Berandal va dérouler une histoire beaucoup plus ambitieuse, avec cette infiltration dans la mafia indonésienne, et les 2h30 du métrage ne sont pas de trop pour suivre les différentes étapes de Rama au sein de l’organisation criminelle. Evans écrit avec beaucoup de soin ce scénario très immersif, qui va offrir des aspects très iconiques à ses différents personnages. Sa mise en scène va suivre cette dramatisation et va s’avérer tout simplement sublime dans les moments calmes comme dans les moments de violence. Gareth Evans possède un regard incisif et original qui fait de cette suite un vrai film à part entière, et une extension plus que remarquable du premier film. Les scènes calmes jouent avec un étirement temporel que l’on retrouve dans certains westerns (à la manière d’un Tonino Valerii et d’un Sergio Leone dans Mon Nom est Personne par exemple) et bénéficient d’un soin visuel hors norme, et les scènes de violence ont ‘un impact hallucinant et sont traitées avec un rythme et une maîtrise scénique tout simplement exceptionnels! Les séquences cultes se multiplient, et on entendra encore longtemps parler de la scène boueuse dans la cour de prison, de la poursuite automobile, du combat de fin incroyable, etc…
Quelques reproches avaient été fait à Gareth Evans pour son approche moins ramassée, mais il a eu l’intelligence et le courage de ne pas faire un remake de son premier film! Son approche mafieuse est très captivante et permet de faire évoluer la saga de manière très intelligente, et il parvient à combiner tout ce qui faisait l’essence du premier avec ces aspects nouveaux, pour nous offrir un film résolument novateur et abouti, qui est une extension parfaite d’un premier film déjà parfait! Une pure tuerie donc comme le premier, complètement généreux dans son ultra-violence exacerbée, traversé par des personnages aux caractères bien trempés et prêts à tout pour mener à bien leur mission! Rama, Prakoso, Bangun, Uco, Hammer Girl, Baseball Bat Man et les autres sont tous excellents, et il faut rendre hommage aussi à tous les figurants qui subissent les chorégraphies juste démentielles signées Yayan Ruhian et Iko Uwais! Il n’y a maintenant plus qu’à attendre The Raid 3 pour que la saga soit enfin complète! Mais en l’état, elle est déjà tout bonnement incroyable!