In Fear (Jeremy Lovering, 2013)

Après avoir oeuvré une vingtaine d’années à la télévision britannique, le metteur en scène Jeremy Lovering se lance dans le long métrage avec ce récit très étrange d’un couple à la recherche d’un hôtel qu’il ne trouve jamais. Tom et Lucy sont deux jeunes partis pour un festival de musique en Irlande, mais qui vont se perdre dans un chemin labyrinthique en cours de route… Avec un sujet aussi épuré et 2 personnages principaux, on pouvait craindre un film d’auteur horrifique dans lequel il ne se passe rien, un peu à la Coherence tiens… Mais Lovering fait preuve d’une redoutable efficacité dans sa gestion dramatique et son montage, pour créer une peur insidieuse de plus en plus intense.

Sa mise en scène s’avère très intelligente, et il va utiliser une certaine vision de film d’auteur pour instiller une véritable angoisse. Les gros plans sur les visages à travers la vitre, les plans rapprochés avec le vent qui souffle dans les cheveux, etc. On est dans une thématique très film d’auteur, mais qui va être mise au service d’une vraie peur tenace. Le choix des cadrages souvent bancals renvoie là encore à un certain réalisme d’auteur, et ces décalages rajoutent finalement à l’intensité que Lovering souhaite donner à son film, avec ces zones où semble se cacher quelque chose.

La menace est tapie sur la route, dans la forêt que traverse la voiture, et elle se rapproche constamment. Jeremy Lovering propose une manière innovante de créer la peur, et même s’il n’évite pas un ou deux jump scares, sa maîtrise de l’angoisse s’avère réellement impressionnante. Le coup des cheveux par exemple est d’une simplicité et d’une efficacité absolues, et il va poursuivre son métrage dans ce sens à la fois réaliste et innovant. Il va jouer sur la déroute et la peur de ses personnages, qui vont parfois être victimes de leur imagination, et qui vont également de manière très soudaine se retrouver pris au piège. Il y a de véritables montées d’adrénaline dans cet excellent film, qui joue en même temps sur des angoisses enfantines, comme la peur du noir, de la forêt, et celle de se perdre.

On ressent le froid, le vent, l’obscurité dans lesquels évoluent Tom et Lucy, et on ressent l’atmosphère radicale de ce coin paumé irlandais. L’environnement apparaît de plus en plus hostile, et la nature elle-même semble vouloir empêcher le couple de retrouver sa route. Le chemin qui se rétrécit de plus en plus avec les branches qui frappent la voiture, un arbre qui tombe, ce chemin qui les ramène toujours au même endroit… Il y a une sorte de personnification de la forêt elle-même à un niveau sous-jacent, qui de simple environnement devient une menace latente. Qu’est-ce qui se passe dans cet endroit, et pourquoi tout en suivant les panneaux, n’arrivent-ils pas à cet hôtel?

Iain De Caestecker et Alice Englert sont excellents dans leurs rôles, le premier jouant Tom avec un mélange de gentillesse et de colère rentrée, la seconde avec une personnalité vive et sensible. Iain De Caestecker est un peu plus décoincé que son personnage de Leo Fitz dans Agents of S.H.I.E.L.D., mais on sent la frustration de Tom lorsqu’il commence à avoir peur. Il n’a rien d’un héros, et il n’aime pas montrer à Lucy qu’il commence à flipper. A ses côtés, elle ne le cache pas, même si elle tente de trouver des solutions à ce qui leur arrive. La psychologie des personnages est très bien traitée (le scénario est de Lovering lui-même), et avec la menace qui rôde au-dehors, il faut tenir compte aussi des tensions que Tom et Lucy vont créer entre eux de manière plus ou moins consciente.

Jeremy Lovering va encore utiliser une visualisation de la terreur très intelligente, avec ses plans où apparaît une menace immobile, par exemple lorsque Lucy voit quelque chose derrière Tom qui est à l’extérieur de la voiture. En jouant sur la mise en scène et la temporalité, Lovering nous fait vraiment flipper, et son In Fear mérite finalement bien son nom! Il parvient à réaliser un film totalement angoissant en plongeant ce couple en pleine nature, incapable de comprendre ce qui lui arrive dans ce lieu inhospitalier. Jeremy Lovering démonte les mécanismes de la peur, et son film est une très belle découverte dans le genre!

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Les news de la semaine: True Blood

Après une 1ère saison époustouflante, même si elle s’essoufflait légèrement sur la fin, la série True Detective s’est rapidement vue reconduire pour une seconde salve. Exit les personnages géniaux incarnés par Matthew McConaughey et Woody Harrelson, on part dans une toute autre direction avec une nouvelle histoire. Si les rumeurs sont allées bon train ces derniers temps quant au casting, on apprend aujourd’hui de source certaine la participation d’un acteur. C’est en effet Colin Farrell lui-même qui a déclaré participer à la saison 2 du show de Nic Pizzolatto, et on attend avec impatience les 8 épisodes de ce nouveau récit!

 

Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, on apprend un peu plus tard cette semaine que Vince Vaughn lui aussi est officialisé! Ca va être plutôt intéressant de le découvrir dans un rôle à contre-emploi, lui qui est un habitué des comédies! On en apprend également davantage sur l’intrigue, qui suivra trois policiers californiens ainsi qu’un homme d’affaires sans scrupules. Colin Farrell incarnera Ray Velcoro, un détective mal dans sa peau et rongé par l’alcool, et Vaughn jouera Frank Semyon, l’homme d’affaires spécialisé dans les transactions louches. Le tournage ne va pas tarder à démarrer, et la diffusion est prévue pour début de l’année prochaine!

 

Et comme c’est vraiment la semaine True Detective, on apprend vendredi que Rachel McAdams (Red Eye – sous haute Pression, Je te promets – the Vow) est elle aussi confirmée dans la série! Elle ne devrait pas trop dépareiller aux côtés de Colin Farrell, puisqu’elle interprétera une shérif qui a également des problèmes d’addiction. Bon, ben ça promet d’être assez joyeux tout ça! C’est Justin Lin (Fast & furious 3, 4, 5 et surtout 6!) qui est aux commandes des 2 premiers épisodes.

 

Des nouvelles d’X-Men: Apocalypse, avec l’officialisation de Bryan Singer aux commandes du blockbuster! Ses tristes déboires judiciaires semblent terminés, même si l’on ne saura jamais le fin mot de l’histoire… Quoi qu’il en soit, il revient sur le devant de la scène et s’occupe de la pré-production de ce gros morceau de la Fox, qui verra les retours du Professeur X,de Magneto, de Wolverine,de Mystique et du Fauve. De nouvelles têtes apparaîtront bien sûr, puisqu’on découvrira des versions djeun’s de Cyclope, Jean Grey et Tornade! Bon, j’espère simplement que le film sera un peu plus percutant, et qu’ils laissera davantage de place au génial Vif-Argent!!!

 

Un thriller technologique sous la direction de Michael Mann, avec Thor en vedette, ça vous dit? C’est le programme de Blackhat et ça semble plutôt prometteur au vu de cette première bande-annonce.

 

Alors que le projet de film basé sur le personnage vient à peine d’être enfin relancé, Marvel semble avoir de funestes projets pour Deadpool. En effet, David Gabriel, le directeur des ventes du groupe, a annoncé: « En parlant de mort, nous sommes justement en train de parler de la mort d’un personnage en mars, dans le numéro 250 d’un personnage avec le mot Dead dans son nom. À vous de trouver. » L’énigme semble plutôt limpide, et si la branche comics décide de faire passer Wade de vie à trépas, ce serait donc en mars 2015, si l’on cumule l’ensemble des séries estampillées Deadpool pour arriver à un chiffre de 250. La stratégie commerciale est-elle de créer un effet d’attente, avant de ressortir le personnage en même temps que le film? Ou alors, et là c’est plus vicieux, est-ce une tentative de Marvel de saboter le projet de la Fox, en faisant disparaître des radars le personnage pendant un temps? On peut se poser la question, quand Marvel décide surtout de « tuer » les persos qu’elle n’a pas dans son catalogue ciné, comme Wolverine prochainement…

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Les Inflitrés (Martin Scorsese, 2006)

Je ne suis pas franchement un fan de Martin Scorsese, son Shutter Island m’a ennuyé, j’ai zappé rapidement son Gangs of New York, et il faudrait que je revois Taxi Driver. J’avais trouvé sympa Les Affranchis sinon. Bref, tout ça pour dire que j’ai été sacrément bluffé dimanche soir devant ma télé, ne sachant pas trop quoi regarder, en tombant sur Les Infiltrés. Je n’avais pas accroché au film hong-kongais original, Infernal Affairs (Andrew LauAlan Mak, 2002), et je ne voyais pas l’intérêt d’en faire un remake. Mais Martin Scorsese s’est totalement approprié le récit initial pour en faire une sorte de classique dynamité par une approche très peu conventionnelle.

On a en gros le récit de 2 infiltrés, l’un truand devenu agent de police, et l’autre qui est un flic engagé par un parrain local. Un récit d’un classicisme absolu, mais que Scorsese va mener avec un sens de la dramaturgie impressionnant et un rythme effréné durant 2h30. C’est simple, il n’y a pas un seul temps mort dans ce film, et on navigue entre les divers personnages à la manière d’un roman de James Ellroy (en moins bordélique quand même!).

Et en guise de personnages, le casting est assez démentiel pour donner vie à ce quartier irlandais de Boston. Jack Nicholson se fait très plaisir dans le rôle psychotique de Frank Costello, qui règne d’une main de fer sur les environs et qui est de plus en plus border-line (un euphémisme pour Nicholson!). En plaçant Colin Sullivan (Matt Damon) au sein de la police de Boston, il va avoir un allié de choix chez ses ennemis. Dans le même temps, Billy, un jeune flic (Leonardo DiCaprio), va infiltrer le gang de Costello. De chaque côté de la loi, on va avoir un indic qui va saboter le groupe dans lequel il travaille. Leonardo Dicaprio est comme d’habitude impressionnant dans le rôle tourmenté et à vif de Billy, et Matt Damon est étonnant dans ce contre-emploi de bad guy. Le trio d’acteurs mène le film avec brio, et il est secondé par des rôles annexes tout aussi solides. Mark Wahlberg est génial dans le rôle de Dignam, un flic gueulard et vulgaire qui s’en prend à presque tout le monde. Martin Sheen joue le flic chargé de mettre en place l’opération d’infiltration, et cet acteur légendaire (le Capitaine Willard dans Apocalypse now, c’est lui!) est toujours aussi bon. Ray Winstone campe un très bon French, un des hommes de main bien violent de Costello. Rajoutez à cela Alec Baldwin en flic, et Vera Farmiga pour la caution féminine de toute beauté, et vous obtenez un superbe casting qui s’est totalement impliqué dans cette œuvre.

Le plus impressionnant dans ce film est la maîtrise totale du rythme dont faire preuve Scorsese, qui nous balance d’entrée de jeu dans un tourbillon de violence et d’affaires louches, et qui ne faiblit jamais! Scorsese exploite le très bon scénario de William Moynahan (repris de celui d’Alan Mak et Felix Chong sur Infernal Affairs) avec une aisance et une décontraction qui font de ces Infiltrés un classique instantané du polar américain! On sent constamment l’amour du genre et les références aux policiers classiques des années 70, 80 et 90, mais Scorsese va plus loin que le simple hommage, et crée des personnages forts de flics et de bad guys.

La tension permanente qui habite ce film passe d’un personnage à l’autre, et on suit cette enquête palpitante et stressante avec beaucoup d’attention. Entre les scènes de violence, les moments d’humour et les instants d’émotion, Les Inflitrés est un très bon polar! Martin Scorsese aime les histoires de mafieux, et ces Infiltrés n’ont rien à envier aux films qu’il faisait il y a 35 ans!

 

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Le clip de la semaine: Spawn: the Recall

Avec ce The Recall, le Français Michael Paris nous balance sa vision du comics Spawn qui s’avère véritablement impressionnante! Tant au niveau des effets visuels que de sa mise en scène de toute beauté, ce fan-film fait preuve d’une redoutable efficacité, et l’atmosphère macabre est sacrément bien travaillée! Enjoy! 😉

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Deadpool 8: Deadpool contre le S.H.I.E.L.D. (1/2)

Gerry Duggan et Brian Posehn ont définitivement refait de la série mensuelle Deadpool un must, ce qui n’était pas arrivé depuis l’excellente fin de run de Daniel Way courant de juillet à décembre 2012! Ce Deadpool 8 est tout aussi captivant que les 2 numéros précédents, et le rythme trouvé par les 2 auteurs, ainsi que les thématiques mises en avant, permettent à ce personnage souvent trop caricaturé de gagner en intensité et en présence.

La fin de l’arc Le Bon, la Brute et le Truand témoigne de tout le talent des auteurs, qui atteignent une gravité extrêmement rare dans les pages de la série. Qu’il s’agisse des réminiscences du passé à l’Arme X ou du présent tragique dans lequel est plongé Wade, Duggan et Posehn ne relâchent pas la pression et déroulent un récit qui peut être déroutant de par sa nature très sombre. Il est en effet très rare de découvrir un Wade aussi implacable et torturé, et c’est une facette très intéressante que l’on explore dans cet arc.

Le trio formé avec Wolverine et Captain America permet à Wade de ne pas sombrer totalement, mais on assiste à quelques moments poignants et à une vengeance totalement méritée. Le dessin de Declan Shalvey se pose parfaitement sur ce récit radical et tortueux, et Wade apparaît comme capable de nous surprendre encore!

Après toute cette noirceur, on revient à des aventures plus légères et fun, avec les 2 premiers épisodes de Deadpool contre le S.H.I.E.L.D. Duggan et Posehn n’abandonnent pas pour autant l’exploration de la psyché de Wade, et le début du premier épisode nous plonge dans le cerveau très étrange du mercenaire, en la compagnie de l’agent Preston, qui est toujours coincée dans la tête de Wade, et du Docteur Strange, qui tente de déterminer par quel moyen il pourrait la sortir de là. Les personnages peuplant la tête de Wade sont plutôt drôles, et ses représentations mentales feraient le bonheur de Freud!

Mais dans le monde réel, la menace rôde, et elle prend la forme d’un agent du S.H.I.E.L.D. ripou, qui apprend que Preston est vivante, et qui décide de l’éliminer une bonne fois pour toute. Mais comme Preston est logée dans le corps de Deadpool, il va donc mettre la tête du mercenaire à prix! Et pour 10 millions, ça se bouscule assez rapidement pour accepter le contrat! On va donc assister à des confrontations savoureuses entre Wade et plusieurs super-vilains, Crossbones en tête! Leur affrontement est un régal de politesse et d’humour, et les 2 auteurs parviennent encore une fois à nous servir un récit très dynamique et très drôle! Les retrouvailles avec Pete Pot de Colle alias le Piégeur sont savoureuses, et le combat avec Batroc aussi court qu’hilarant!

Mais qui dit S.H.I.E.L.D. dit agents du S.H.I.E.L.D., et avec la notoriété qu’il a depuis Iron Man, Iron Man 2, Thor, Avengers et Agents of S.H.I.E.L.D., Phil Coulson est un bel exemple de transfert de média, puisqu’il est passé du cinéma au comics! Deadpool va donc rencontrer le légendaire Phil, ce qui est plutôt un bon timing, puisque la saison 2 de la série reprend demain soir! Et pour info, l’acteur Clarg Gregg a joué dans 2 épisodes de la série The Shield en 2004…

Bref, tout ça pour dire que ce Deadpool 8 est encore un excellent numéro, et que les épisodes à venir devraient permettre de conserver ce niveau!

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