Balle perdue (Guillaume Pierret, 2020)

Les thrillers à la française, ça sent souvent le copié-collé à l’américaine sans la saveur originale, et c’est ce que je craignais en découvrant ce Balle perdue, 1er long métrage de Guillaume Pierret. Mais on est finalement loin d’une énième bessonerie, et passé un temps d’acclimatation et l’acceptation d’un manque de charisme pour certains personnages, le film prend de l’ampleur et brode autour d’un récit simple pour nous donner une version du film de genre à la française qui s’avère bien plus nourrie que ce que l’on pensait au départ!

On doit à Guillaume Pierret un court métrage et une poignée de sketchs pour Golden Moustache, et c’est donc avec Netflix qu’il fait ses premiers pas dans le long. Il s’entoure d’un casting intéressant avec Alban Lenoir, Nicolas Duvauchelle, Pascale Arbillot et Ramzy Bedia. C’est plutôt étonnant de voir Ramzy dans ce registre… C’est clairement Alban Lenoir qui ressort du lot, avec un rôle brut dans lequel il s’investit à fond mentalement et physiquement! Si cette histoire de repris de justice à qui on donne une seconde chance est classique sur le papier, c’est surtout dans le traitement qu’en fait Guillaume Pierret que résident les belles saillies qui vont étonner le spectateur. On part d’un récit simple qui va être agrémenté d’un habillage visuel très intéressant, et on va monter en puissance tranquillement, au gré de séquences qui dénotent littéralement dans le paysage cinématographique français!

La scène du commissariat est celle qui va nous démontrer que Pierret n’est pas là pour enfiler des perles, mais qu’il est bien capable d’apposer une signature caractéristique. On assiste à un combat d’autant plus percutant que l’on ne s’attendait pas à ça, et Alban Lenoir paye de sa personne pour donner un réalisme confondant à l’ensemble, aidé par des partenaires de baston qui eux non plus ne lésinent pas sur les efforts! On n’est peut-être pas dans The Raid, mais Pierret maximise à fond les impacts de cette séquence, grâce à des chorégraphies innovantes et une mise en scène épurée et fluide qui rend hommage au travail des acteurs-cascadeurs! C’est tellement rare d’assister à ce genre de scène dans un film français, et il surpasse largement une quantité de films ricains également! Pierret est très attentif à l’impact optimal des coups portés, et le résultat est franchement bon!

On va de temps à autre retomber dans des ornières un peu plus artificielles, notamment dans l’avancée de l’intrigue, mais il y a régulièrement des séquences qui vont nous faire croire que le film de genre à la française est possible! Guillaume Pierret nous livre notamment une scène franchement mémorable se déroulant sur l’autoroute, bénéficiant d’une vraie inventivité et là encore, d’un impact bien violent et percutant! Sa gestion de l’espace et de la vitesse est impressionnante, et cette scène est une pièce maîtresse de son film, avec encore une fois une maîtrise totale de l’impact et un sens graphique qui frappe fort!

Balle perdue est une très belle proposition dans le paysage cinématographique français, qui n’échappe donc pas à certaines scories, mais qui s’avère étonnant dans sa maîtrise visuelle, permettant de se hisser au-dessus des standards du genre. Guillaume Pierret, un nom à suivre!!!

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Les news de la semaine : Schlager Parade

Le Kinepolis Mulhouse a entamé la rénovation de son parking en novembre dernier, et a décidé de redonner un coup de fraîcheur à ses murs en mode street art, grâce à l’incontournable Orlinda Lavergne! C’est l’artiste Oakoak qui nous a gratifié de la 1ère oeuvre, avec un Milhouse graffeur en herbe qui vous surprendra à la sortie du parking!

La suite avait été retardée, mais le chantier va reprendre de plus belle le samedi 4 juillet, avec l’invasion des lieux par le Schlager Club, collectif mulhousien aguerri aux ravalements de façades! Initialement, une bande de potes passionnés de graff qui ont eu l’idée de créer une association en 2014 afin de partager leurs ressources et leurs idées, les amenant à un beau développement! On les voit notamment au Mulhouse Art Fair, au Art3f et dans pas mal de structures locales, DMC notamment!

Aux dernières nouvelles, ils devraient être 7 à venir égayer les murs le samedi 4 juillet dans l’après-midi, et leurs inspirations multiples vont certainement donner lieu à de très belles créations!!! Ils ont carte blanche et vont se balader sur plusieurs étages, afin d’apposer leurs marques et faire rêver ceux qui y passeront! Vous êtes les bienvenus pour suivre l’évolution des graffitis qu’ils vont nous concocter et qu’ils ont gardé secrets pour l’instant! En attendant, je vous invite à aller checker leur boulot sur leurs différentes pages, et on attend avec impatience l’arrivée de Niack One, Kean, Sven, Yrak Fernand Kayser, Djé One et Edouard Blum!

 

Kean
« Périscope »
195x116cm
Acrylic on linen

 

La suite est nettement moins réjouissante, puisqu’on apprenait cette semaine la disparition de Patrick Poivey, à l’âge de 72 ans. Si son nom ne vous dit rien, vous le connaissiez pourtant très bien, puisque vous avez dû l’entendre tellement de fois… S’il a commencé en tant qu’acteur au théâtre dans les années 70 et au cinéma au début des années 80, il a entamé une carrière parallèle dès les années 70, en se lançant dans le doublage de films. Il commence avec Panique à Needle Park (1971), dans lequel il fait la voix française d’Al Pacino. Dès le début, il côtoie les stars… Et ce ne sera que le début d’une carrière immense!!!

Il doublera par la suite le tout jeune Mel Gibson (Tim, 1979), Dennis Quaid (Les Dents de la Mer 3, 1983), Matt Dillon (Le Kid de la Plage, 1984), Brad Dourif (Dune, 1984)… Mais c’est la série Clair de Lune en 1985 qui va le rendre indissociable d’un tout jeune acteur, un certain Bruce Willis !!! Dès lors, il doublera la quasi-intégralité des oeuvres du fameux John McClane, de Meurtre à Hollywood en 1988 à Survivre en 2020, soit quasiment 5 décennies de fidélité !!! Son timbre si caractéristique est certainement la voix la plus connue dans le domaine du doublage de films, et pour les enfants des années 80, c’est une immense perte… On aura vécu sans le savoir une proximité qui aura duré des années, puisque quand on regardait tous ces actioners et policiers qui passaient à la télé, on les regardait bien sûr en VF, avant de devenir des puristes de la VO! 😉

Et si Patrick Poivey est indissociable de Bruce Willis, il l’est également de bien d’autres acteurs emblématiques : James Belushi du Proviseur (1987) à Happy New Year (2011), Tom Cruise de Top Gun (1986) à Austin Powers dans Goldmember (2002), Don Johnson de Dead Bang (1988) à Section 99 (2017), Mickey Rourke de Rusty James (1983) à Domino (2005), mais aussi Bill Murray, Michael Biehn, Kevin Costner, Terence Hill, ou encore Kyle MacLachlan dans Twin Peaks! C’est une carrière monumentale qu’il laisse derrière lui, un héritage nous rappelant à quel point le doublage est un art, dans lequel il était passé maître depuis des décennies…

 

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Les news de la semaine : Le temps est compté

Je vous en parlais encore tout récemment, les dates de sortie de Tenet et Mulan, les premiers gros films post-confinement, étaient à prendre avec les précautions d’usage. Ce sera donc le cas pour Tenet, qui voit sa sortie repoussée et qui n’occupe donc plus la place qu’il partageait avec Mulan, à savoir le 22 juillet. Mais le report n’est pas dramatique, puisqu’il est seulement de 2 semaines, avec une sortie calée au 31 juillet aux Etats-Unis (les films sortent le vendredi chez eux). On n’a pas encore la nouvelle date française, mais en toute logique, ça devrait être le mercredi qui suit, soit le 5 août.

Wonder Woman 1984 se voit lui aussi repoussé, mais accuse un délai bien plus long : il passe du 14 août au 2 octobre. Et Warner continue sur sa lancée en décalant un 3ème film, Godzilla vs Kong. Prévu à la mi-novembre, il sortira le 21 mai 2021, qui était initialement prévu pour The Matrix 4! Le film de Lana Wachowski prend quasiment un an dans la face, avec la nouvelle date du 1er avril 2022!Bien entendu, ces nouvelles dates peuvent encore être amenées à changer… A suivre donc!

 

 

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L’InterWade : Mathilde Godard – Kine Pravda

 

Talking Wade : Bonjour Mathilde, merci de m’accorder cette interview qui sera très intéressante pour les spectateurs impatients de revenir se faire une toile au Kinepolis! Tout d’abord, pouvez-vous nous éclairer sur votre parcours avant votre arrivée au cinéma? Et depuis quand êtes-vous à la direction du Kinepolis Mulhouse?

Mathilde Godard : Bonjour Talking Wade ! Je suis arrivée chez Kinepolis en avril 2015 comme directrice du complexe de Mulhouse. Auparavant, je travaillais dans un tout autre domaine, celui de la distribution automatique, en temps que responsable de secteur en région parisienne. Et avant cela, j’ai été directrice adjointe d’un McDonald’s sur Paris. Je me suis tournée vers le cinéma car c’est l’une de mes passions, ayant fait sept ans d’art dramatique au conservatoire. Pendant des années, j’avais aussi pour habitude d’aller presque tous les jours au cinéma, voir un, deux, trois films… Mais je dois avouer que depuis que j’ai ma fille, je n’ai plus beaucoup de temps pour cela !

Effectivement, sacré rythme !!!

On va rapidement aborder l’essentiel, c’est-à-dire la reprise post-Covid. Les masques seront-ils obligatoires pour accéder au cinéma? Y aura-t-il du gel hydroalcoolique à disposition à l’entrée, comme c’est le cas dans certaines grandes surfaces?

Tout comme les autres lieux publics, les cinémas devront suivre certaines règles afin de respecter toutes les mesures d’hygiène et les gestes barrières, que ce soit pour nos spectateurs, mais également pour notre personnel.
Du gel hydroalcoolique sera bien sûr à disposition à plusieurs endroits du complexe, les masques seront obligatoires dans le shop (pour les personnes de 12 ans et +) et fortement conseillés dans le reste du complexe, notamment en salle bien sûr, et nous travaillons sur la mise en place d’un cheminement spécifique pour notre clientèle afin de limiter les croisements.

 

Faudra-t-il privilégier le paiement par internet? Sera-t-il possible de régler en espèces? Les automates seront-ils disponibles?

Il sera toujours possible de régler en espèces, mais le paiement par carte, avec surtout le sans contact (plafonné à 50 euros depuis le 11 mai 2020), reste à privilégier, tout comme le paiement par internet ou sur nos bornes automatiques, qui seront accessibles.

Comment se fera l’accès aux salles ? Y aura-t-il des aménagements dans le shop ? Des produits seront-ils absents à cause du risque sanitaire ?

Comme je l’ai dit précédemment, il y aura un cheminement spécifique, que l’on souhaite le plus simple possible pour nos spectateurs, avec un sens unique entre les entrées et les sorties dans le complexe.
Un cheminement sera également mis en place dans le shop sur ce même principe, et certains produits seront en effet absents, principalement les produits en libre service. Toutefois, nous travaillons sur des solutions alternatives afin de compléter notre offre.

Avant la fermeture due au confinement, la direction nationale avait décrété un taux de remplissage maximal de 50 personnes par salle. Qu’en est-il de la configuration lors de cette reprise?

A la réouverture, la capacité de nos salles sera réduite à 50%, et les fauteuils de part et d’autre d’un siège réservé seront automatiquement bloqués à la vente pour respecter la distanciation sociale.

 

Y aura-t-il également des horaires spécifiques?

Durant une première phase qui ira du 22 juin au 15 juillet, les premières séances débuteront à 17h30, et les dernières à 21h. Sauf le samedi où nous rajouterons des séances à 22h30.

Quelles sont les dernières informations concernant la programmation? Allez-vous privilégier des rétrospectives? Certains distributeurs sont-ils prêts à tenter de sortir leurs films dès la reprise du 22 juin? Tenet et Mulan, qui sont parmi les les plus attendus, sont-ils par exemple toujours maintenus au 22 juillet?

Là encore, la programmation est en cours de finalisation, et nous proposerons des films qui étaient à l’affiche avant le confinement ainsi que quelques belles rétrospectives, choisies par les spectateurs lors d’un sondage effectué sur la page www.kinepolis.fr (les séances rétrospectives seront au tarif de 6,50 euros). Et nous aurons également quelques sorties intéressantes lors de cette reprise! Je vous invite à découvrir la liste des films visibles le 22 juin en fin d’interview! Concernant Tenet et Mulan, des ajustements peuvent malheureusement encore repousser leur sortie, il faudra tenir compte de l’évolution du Covid aux Etats-Unis.
Quelle est la durée de prolongation des tickets Voucher ou des Kinecard déjà en possession des clients avant le confinement?

La date de validité des vouchers et Kinecards a été prolongée jusqu’au 31 octobre 2020.

Vous attendez-vous à une reprise timide? Comment quantifiez-vous le nombre de spectateurs qui reviendraient dès le 22 juin?

Il faut en effet s’attendre à une reprise prudente pendant les premières semaines, mais nous sommes heureux d’être à quelques jours de pouvoir enfin retrouver nos spectateurs. Nous sommes dans une phase de redémarrage du site qui implique notre équipe de manière intense, mais le tout se fait dans une bonne humeur que l’on a hâte de communiquer à notre public! Nous pensons accueillir 25% de notre clientèle prévisionnelle sur juillet, mais cela nous permettra de vous accueillir de manière optimale!

Quelles sont les films sur lesquels vous comptez le plus pour que les gens reprennent le chemin vers les salles du Kinepolis?

Nous comptons beaucoup sur Mulan et Tenet, qui sortent normalement fin juillet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelles sont vos attentes cinématographiques personnelles?

Je ne vais pas être très originale… Tenet forcément !

Pareil pour moi, il m’intrigue vraiment ce Nolan… Bon, j’ai entendu que vous aviez dévoré pas mal de romans durant cette étrange période de confinement! Combien finalement ? ^^ Et quels ont été vos coups de cœur ?

J’ai arrêté de compter ! Une petite vingtaine. Pour mon coup de cœur, certainement un des derniers romans de Michael Connelly « En attendant le jour ». Je me suis également replongée dans la saga Harry Potter que j’ai lue avec ma fille. J’ai redécouvert cet univers avec les yeux d’une enfant ; c’était passionnant.

Et niveau séries, vous vous êtes attaqué à quoi?

Je vais vous décevoir, je ne regarde que très peu de séries. Je rattrape toutefois mon retard en commençant à regarder La Casa de Papel.

Un grand merci à vous pour ces informations et ces éclaircissements, qui seront bien utiles pour la reprise! On croise les doigts pour un bon démarrage! 🙂

 

Merci à vous de nous dévoiler les films qui seront à l’affiche du Kinepolis Mulhouse dès le 22 juin, sachant qu’il peut encore y avoir quelques légères modifications. Et je vous rajoute un lien vers l’agenda de sorties d’Allociné, qui est très complet pour les semaines à venir!

 

Une Sirène à Paris

La bonne Epouse

L’Appel de la Forêt

Bad Boys for Life

Filles de Joie

The Grand Budapest Hotel

Invisible Man

Nous, les Chiens

En Avant

Bohemian Rhapsody

Spider-Man : New Generation

Joker

The Hunt

I see you

The Demon inside

OSS 117 : Le Caire, Nid d’Espions

Le grand Bain

Spider-Man : Far from Home

De Gaulle

 

Et sinon, comme vous pouvez le voir avec la programmation du Kinepolis Mulhouse, je vous recommande 3 films : le génial thriller Invisible Man, pour ceux qui ne l’ont pas encore vu! La reprise de l’excellent film d’animation Spider-Man : New Generation! Et un film que je ne pensais pas voir sur les écrans, le très stressant I see you, une de mes plus belles découvertes cette année! 3 films qui méritent d’être vus sur grand écran ! 😉

 

 

 

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A Night of Horror : Nightmare Radio (2019)

Je vous le disais encore tout récemment, le court métrage est un excellent format dans le domaine horrifique, et cette nouvelle anthologie rassemble quelques belles pépites dans le genre! Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec cette histoire de DJ narrant des récits morbides, et le concept m’a forcément fait penser au génial Pontypool! On va toutefois naviguer dans des eaux bien différentes, et surtout multiples, avec un assemblage de courts venant de différents continents. Au total, 10 histoires macabres aux tonalités diverses, avec parmi elles d’excellentes découvertes!

On va commencer par le plus bancal, à savoir le récit central sur ce DJ qui est uniquement là pour faire le lien entre chaque histoire. Le schéma est quelque peu artificiel, mais on sent une sorte d’hommage au narrateur des Contes de la Crypte en quelque sorte. C’est le 1er rôle au cinéma pour James Wright, dans le rôle de Rod Wilson, notre hôte pour cette nuit bien particulière. A Night of Horror : Nightmare Radio est donc construit à partir de courts métrages pré-existants, qui ont tous une certaine cohérence dans leur volonté de faire peur, en laissant de côté les jump scares pour proposer des séquences autrement plus stressantes! Ce sont les Argentins Nicolás Onetti et Luciano Onietti qui ont eu l’idée de collecter ces courts, tout en réalisant le segment principal avec le DJ.

On commence par In the dark dark Woods…, un court américain de 2017 narrant un conte bien diabolique. Dans une sombre forêt demeurait une femme à l’âme encore plus sombre, qui décida d’avoir une descendance en prenant l’apparence d’une belle jeune femme. Jason Bognacki nous livre une oeuvre de 4 minutes qui baigne dans une atmosphère malsaine, et qui s’avère plastiquement très réussi. La caractérisation de cette femme-démon est vraiment réussie, et sa condition la rend d’autant plus difficile à appréhender. Bognacki parvient à jouer de manière très intéressante avec ce concept, et son court est une très belle entrée en matière, avec son air de conte qu’on se raconterait autour d’un feu de camp…

Direction l’Australie ensuite, avec Post Mortem Mary (2017) signé Joshua Long, prenant place en 1840. On va suivre une mère de famille spécialisée dans les portraits de gens décédés, secondée par sa fille à qui elle apprend le métier. Elles arrivent dans une ferme pour photographier une jeune fille morte, et devant l’hystérie de la pauvre mère, la photographe va devoir laisser sa fille se charger d’effectuer le portrait. Joshua Long nous livre un court bien stressant et très beau visuellement, dans lequel la jeune Stella Charrington impressionne par sa justesse, pour ce qui est son tout premier rôle! Elle se prend vraiment au jeu et nous entraîne dans son travail bien macabre, qui renvoie à une tradition bien ancrée pendant longtemps, avec ce concept de photo mortuaire… Un second court très réussi pour cette anthologie!

On passe ensuite au canadien A little off the Top (2012) d’Adam O’Brien, qui suit un coiffeur légèrement déjanté dans un monologue destiné à expliquer à sa cliente (et à nous indirectement) comment il procède. C’est probablement le court le moins prenant, car il n’y a pas du tout d’effet de surprise quant à la situation. Mais il y a tout de même une certaine tension qui permet de passer un moment « agréable ». Le côté absurde quant à lui fait évidemment baisser la tension, mais place ce court dans la catégorie humour noir.

L’Espagnol Sergio Morcillo vient tout de suite faire remonter le trouillomètre avec Gotas (2017), narrant les terribles maux de ventre d’une jeune ballerine, incarnée par l’excellente Marina Romero. L’atmosphère maladive est très bien rendue, et il y a un soin impressionnant apporté à la mise en scène, avec notamment des jeux sur la temporalité amenés avec une très belle fluidité. L’aspect métaphorique de ces maux de ventre est excellent, et on assiste à un trauma bien violent pour cette jeune femme qui doit en quelque sorte lutter contre un démon intérieur. Ce court est une très belle proposition, à la fois innovante et viscérale, dont le sens évolue avec une gradation exemplaire. Une excellente découverte!

The Dissapearance of Willie Bingham (2015) nous vient lui aussi d’Australie, et Matthew Richards nous dévoile une variante bien malsaine à la peine de mort. Willie Bingham est un individu condamné pour le viol et le meurtre d’une femme, et qui va se retrouver dans une telle situation, que l’on aurait même pitié de lui… Matthew Richards nous questionne sur les notions de justice et de vengeance, sans prendre parti mais en nous démontrant jusqu’où la haine et la perte peuvent amener. Il y a un humour très noir qui se greffe sur ce récit, mais la sensation principale est clairement le malaise. Kevin Dee entre dans la peau de Willie Bingham avec beaucoup d’intensité, et confère à ce personnage que l’on aimerait détester une sorte d’humanité qui fait que l’on est bien paumé face à ce qui lui arrive, et c’est toute l’intelligence de ce court!

The Smiling Man (2015) est un court américain dû à A.J. Briones, un spécialiste des effets visuels ayant travaillé sur pas mal de blockbusters comme Avatar, Iron Man 2, La Planète des Singes : l’Affrontement, Star Wars : Episode VII – le Réveil de la Force… Il se concentre sur une séquence unique, qui voit une gamine descendre des marches pour se rendre dans la cuisine en suivant des ballons flottant dans l’escalier. Le ballon rouge fait immédiatement penser à Ca, et l’ambiance est dès le départ bien tendue. La petite fille va se retrouver face à une créature cauchemardesque, qui va agir tel un artiste de cirque bien macabre. Il y a une belle inventivité dans la mise en scène (avec notamment ce plan vu de haut juste avant que la gamine découvre la créature), et on sent que Briones s’est totalement investi pour nous faire bien flipper. Le résultat est dérangeant et beau à la fois!

On retourne en Espagne avec Into the Mud de Pablo S. Pastor, belle variation sur un thème peu abordé au cinéma. Ca commence avec une jeune femme nue en pleine forêt, et on penche du coup pour une histoire à la Jenifer de Dario Argento, son segment des fameux Masters of Horror. Mais l’approche de Pastor va être différente, et il va habilement jouer avec cette ambiance I spit on your Grave, aidé par l’actrice principale María Forqué qui vit cette traque avec intensité! Le schéma en lui-même est classique, mais la fin est fun, et Pastor prend soin de sa mise en scène. 

Vicious (2015) est sans conteste la pépite de cette anthologie, et on la doit à l’Anglais Oliver Park. Ce récit d’une jeune femme rentrant chez elle un soir et découvrant que sa porte d’entrée a été fracturée, est d’une simplicité absolue dans son concept, mais Oliver Park en fait un petit chef-d’oeuvre diablement horrifique! C’est simple, c’est certainement l’un des meilleurs courts métrages qu’il m’ait été donné de voir, et il contient une séquence qui est probablement l’une des plus flippantes que j’ai subi!!! J’étais vraiment pas bien en le regardant bordel, et ça fait tellement du bien de voir que l’on peut encore avoir peur devant une oeuvre de fiction! Merci Oliver Park !!! ^^ Rachel Winters nous entraîne dans cette nuit cauchemardesque à souhait, et l’aisance avec laquelle Park parvient à nous faire stresser est impressionnante! Il joue avec les degrés de tension en l’élevant et l’abaissant en connaissant le moment opportun à la seconde près, et il y a un talent fou à parvenir à ce résultat! Et il gère parfaitement sa géométrie de l’espace pour offrir les meilleurs angles (et donc les plus flippants!) de vue! Je ne vous en dévoilerai pas davantage sur celui-ci, il faut juste le vivre! 😉

Je ne m’attendais vraiment pas à grand-chose, et j’ai été carrément happé par ces diverses propositions, qui démontrent s’il était besoin d’une excellente vitalité du cinéma de genre dans le format court! Je vous invite vivement à mater ces travaux, qui vont du sympathique au génial!!!

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