
Auréolé d’un franc succès après sa diffusion au festival South by Southwest en mars de cette année, Good Boy de Ben Leonberg sillonne d’autres festivals internationaux avant d’être diffusé en salles à partir du 3 octobre aux Etats-Unis. La plateforme Shadowz acquiert les droits de distribution sur le territoire français, et a même droit à une sortie limitée en salle sur 2 jours au mois d’octobre avant la diffusion en streaming (un peu à la manière de Godzilla Minus One).

La proposition de Good Boy s’avère très pertinente et son succès est largement mérité, au sein d’une industrie majoritairement sclérosée qui ne sait plus comment proposer des projets intéressants. Dans le domaine horrifique, pour un surprenant Destination Finale : Bloodlines, on a tellement de The Monkey, Les Evanouis, Dangerous Animals ou In a Violent Nature (ce dernier étant pourtant le meilleur succès des firmes distribuant Good Boy aux US)… Voir débarquer un film de l’envergure de Good Boy est une vraie bouffée d’air frais permettant de renouveller le concept de ghost story.

Le personnage principal du film est Indy, un retriever de la Nouvelle-Ecosse qui n’est autre que le fidèle compagnon du réalisateur. Ce dernier a étalé le tournage du film sur près de 400 jours en l’espace de 3 ans pour donner vie à ce film de maison hantée très particulier, qui se vit au niveau du chien lui-même. On ne distingue quasi jamais les visages des personnages humains, qui sont relégués au second plan dans ce film maniant très intelligemment son concept. On ne se trouve pas dans un Baxter débitant ses dialogues à la Philippe Nahon, mais dans un film se concentrant uniquement sur les aspects sensitifs pour créer une atmosphère très travaillée et angoissante.

Ben Leonberg assure lui-même la photographie de son film et nous plonge dans un décor inquiétant, avec cette vieille bâtisse perdue dans les bois qui appartenait au grand-père de Todd, le personnage qui est le maître d’Indy dans le film. D’ailleurs pour l’anecdote, si c’est Shane Jensen qui est crédité pour le rôle, il ne lui a en fait que prêté sa voix, puisque c’est Ben Leonberg qui joue aux côtés de son chien. Les figures humaines étant à peine esquissées, il n’y avait pas besoin d’avoir un véritable acteur, et le tournage était bien plus facile entre le réal et son chien. Il faut bien comprendre que ce tournage a été effectué de manière totalement artisanale, puisque seuls étaient présents le réalisateur, sa femme Kari Fisher (qui joue de manière vaporeuse Vera) et Indy.
![Film] Good Boy, de Ben Leonberg (2025) - Dark Side Reviews](https://www.darksidereviews.com/wp-content/uploads/2025/10/goodboy_23.jpg)
A l’image de son tournage étalé sur plusieurs années, Good Boy prend le temps de créer son ambiance et de développer son récit, ce qui s’avère finalement paradoxal pour un film d’une durée d’1h13! Chaque séquence fait sens et a son utilité dans ce processus créatif qui nous met face à une histoire de hantise étrange et originale, et en ce sens, on appréciera le travail de Ben Leonberg tout comme on a apprécié celui de Steven Soderbergh sur Presence. Lorsque un metteur en scène est motivé par une idée qu’il va suivre jusqu’au bout et qui lui permet de se démarquer du tout-venant horrifique, ça fait tellement plaisir de plonger dans une oeuvre différente!
![Ben Leonberg's “Good Boy” takes the horror tropes you know and revitalizes them via a new context that's unpredictable and terrifying. [SXSW] – Elements of Madness](https://i0.wp.com/elementsofmadness.com/wp-content/uploads/2025/03/Good-Boy-Indy-in-front-of-TV.png?fit=800%2C400&ssl=1)
Voir des apparitions spectrales du point de vue d’un chien donne une autre dimension à ce type de phénomènes, ces animaux étant réceptifs à d’autres niveaux que les humains. On se trouve ici face à des sensations instinctives primitives, qui ne viennent pas être perturbées par des problèmes d’interprétation humaines, et on va peu à peu se laisser envahir par cette ghost story qui sait comment jouer avec le stress du spectateur. Ben Leonberg ne joue heureusement pas la carte des jump scares mais mise réellement sur la création d’une atmosphère angoissante grâce à une mise en scène très mobile et fluide et à des choix d’éclairage très bien pensés. Les balades d’Indy à travers les couloirs et les pièces de cette grande maison vont créer un sentiment de malaise progressif, avec ces formes étranges jouant dans les recoins… La progression de ce malaise est vraiment très bien dosée par le réalisateur, et sa manière de traiter de la thématique de la mort possède une très belle force macabre.

L’attachement d’Indy à son maître va être l’élément fondamental de ce film, puisque le chien va vouloir à tout prix l’aider face à cette menace insisieuse tapie dans les ombres de la maison. Le fait d’avoir un personnage principal qui est un animal ne déroute du coup absolument pas, mais permet d’atteindre un autre degré dans la compréhension de certains phénomènes, et à ce titre, Good Boy est une excellente façon de réinterpréter le concept de ghost story! Ben Leonberg nous livre une oeuvre qui impressionne par sa maturité et sa retenue, ne se perdant pas dans les effets visuels faciles mais qui leur préfère une approche très sensitive. Le travail sur le son est à ce titre très intéressant lui aussi, avec là encore des perceptions différentes entre l’homme et l’animal qui justifient des réactions différentes. Et on terminera sur la musique signée Sam Boase-Miller, qui s’intègre parfaitement dans ces couloirs flippants!
