Avengers: l’Ere d’Ultron (Joss Whedon, 2015)

3 années se sont déjà écoulées depuis que Joss Whedon a réuni de manière spectaculaire les plus grands héros de la Terre dans Avengers. 3 ans durant lesquels l’univers Marvel a encore étendu ses ramifications, tant au cinéma qu’à la télévision: Iron Man 3, Thor: le Monde des Ténèbres, Captain America: le Soldat de l’Hiver, Marvel: les Agents du S.H.I.E.L.D., Les Gardiens de la Galaxie, Agent Carter, une 2ème saison de Marvel: les Agents du S.H.I.E.L.D., et enfin la nouvelle série Daredevil! Le géant Marvel (ou Disney c’est selon) poursuit la construction d’un édifice spectaculaire en adaptant des pans entiers et complémentaires de tous ces personnages que l’on aime dans les comics, et il le fait avec une vraie volonté de lier chacune des oeuvres à cet immense ensemble!

Joss Whedon avait eu la confiance des pontes de Marvel pour mettre en place ce rêve de fan que constituait Avengers, et pour un metteur en scène dont la seule oeuvre ciné à l’époque constituait un volet destiné à conclure une série télé (Serenity – l’ultime Rébellion prenait la suite de la série Firefly), le créateur de Buffy contre les Vampires, Angel, Firefly avait vraiment réussi son passage au grand écran. Avengers concluait la Phase I avec brio, et offrait une ouverture spectaculaire avec sa scène post-générique qui nous présentait un Thanos impérial!

L’évolution de cet univers, baptisé Marvel Cinematic Universe, a permis l’émergence d’oeuvres aux ambitions diverses et aux atmosphères différentes, et a surtout permis l’émergence de talents plus ou moins marquants. C’est ainsi que durant cette Phase II, les frangins Anthony et Joe Russo, eux aussi issus de la télévision, se sont fait un nom avec Captain America: le Soldat de l’Hiver, à tel point qu’ils succéderont à Joss Whedon pour bâtir Avengers: Infinity War – Part I et Avengers: Infinity War – Part II! Mais le must de cette Phase II est sans conteste le sublime Les Gardiens de la Galaxie, avec lequel James Gunn a démontré que l’on pouvait faire rimer blockbuster avec film d’auteur! Et la série totalement surprenante Daredevil, qui a démontré que la télévision était capable d’offrir un écrin de choix aux personnages Marvel! Ces 2 oeuvres représentent la quintessence du modèle Marvel de ces dernières années, tant dans la qualité formelle que la maîtrise scénaristique. Avec Star-Lord et Matt Murdock, on a assisté à deux adaptations diamétralement opposées en termes d’atmosphère et de tonalité, mais toutes deux représentatives des qualités exemplaires qui existent dans cet univers!

Et quand on est encore marqué par l’impact émotionnel des Gardiens et tout juste sorti ébahi de Hell’s Kitchen, notre regard a forcément évolué lorsqu’on découvre cet Avengers: l’Ere d’Ultron. 3 années ont passé, des évolutions ont secoué le modèle Marvel, et cette guerre contre Ultron semble nous ramener finalement 3 ans en arrière… On assiste à un combat contre un robot surpuissant qui veut détruire le monde, et que les Avengers vont tenter de mettre hors d’état de nuire. Un point de départ classique qui donne envie, surtout avec ce bon vieux Ultron en bad guy. Mais au final, c’est bien cet aspect classique qui va plomber le film, et qui va en faire un blockbuster de plus, sans ce supplément d’âme qui animait Avengers premier du nom… On se retrouve pris dans une succession de scènes de destruction, à l’image de ce combat entre Hulk et Iron Man, qui voit des pans entiers d’une ville détruits sans que les héros ne se remettent en question… De la destruction qui se veut avant tout spectaculaire, mais qui perd de son efficacité par ce manque d’implication… Et Ultron s’avère lui aussi très basique au final, sa seule motivation étant d’éliminer les humains…

On retrouve des personnages qui semblent être restés égaux à ce qu’ils étaient il y a 3 ans, et mis à part quelques ajustements scénaristiques pour simplifier certains faits (Natasha et son pouvoir calmant sur Banner), les héros manquent cruellement de profondeur. Chris Evans fait du Captain America, Tony Stark fait du Robert Downey Jr. ou inversement, on ne sait plus à force, et chacun joue sa partition de la même manière qu’il la jouait dans les films précédents. Du coup, on se retrouve dans un schéma codifié et sans risque au final, et c’est là que c’est réellement dommage. Parce que si la partition est déjà connue, on a du mal à s’émouvoir pour les différents accords, et on aurait préféré avoir quelque chose de plus dissonant mais authentique… En l’état, Avengers: l’Ere d’Ultron est un blockbuster calibré qui n’offre presque aucune surprise…

Le constat est rude, surtout que je partais vraiment du principe que le film allait me plaire… Mais il y a des éléments intéressants toutefois, avec notamment l’ajout de nouveaux personnages. Les jumeaux Maximoff, Wanda et Pietro, apportent du sang neuf bienvenu dans la galerie Marvel, et leurs personnalités ainsi que leurs pouvoirs sont un atout pour le film. La Vision est là aussi un personnage fort, que l’acteur Paul Bettany incarne avec une présence imposante, qui fait du personnage une adaptation très réussie. Mais ces quelques nouveautés ne suffisent pas à rééquilibrer l’ensemble, qui souffre de ce qui faisait paradoxalement sa puissance dans le premier opus, le côté spectaculaire. Ce qui fonctionnait lors de la bataille contre les Chitauris est ici recopié sans la même intensité face aux armées d’Ultron, et on assiste à une sorte de répétition de tous les mécanismes qui avaient été mis en place il y a 3 ans. La machine fonctionne toujours, mais elle ne parvient plus à être aussi captivante… Les interactions entre les personnages sont beaucoup moins prenantes, ce qui est un comble quand on connaît la genèse d’Ultron dans le film, ce qui aurait dû donner lieu à une dramatisation beaucoup plus intensifiée… Mais on reste finalement en-dessous de la ligne rouge, et on reste dans un registre volontairement inoffensif…

Quand on ressent l’enthousiasme débordant d’un James Gunn qui suinte littéralement de chaque plan (et chaque son groovy!) de son chef-d’oeuvre, quand on aborde l’univers street avec une intensité dramatique inégalée comme l’ont fait Drew Goddard et Steven S. DeKnight avec Daredevil, on ne peut s’empêcher de comparer les différences de qualité, et on ressent les manques de manière bien plus incisive. Dans un monde où un metteur en scène de série B horrifique est parvenu à mettre tout le monde d’accord avec sa version déjantée de Star Wars, et où l’origin story d’un justicier aveugle possède une véritable puissance brute, cet Avengers:l’Ere d’Ultron ne parvient malheureusement pas à rivaliser… Même la scène post-générique semble souligner cet état de fait, en cédant là encore au syndrome de répétition… Et c’est sacrément dommage…

 

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