Them saison 1 : Covenant (2021)

Si le titre de cette série anthologique fait immédiatement référence au Us de Jordan Peele, on se dit que l’opportunisme est de mise puisque l’auteur n’a rien à voir avec ce show. Et quand on sait que ça traite des déboires en mode horrifique d’une famille noire comptant 2 enfants, on se dit que là encore, la similitude est presque forcée. Mais après avoir lu une critique enjouée de la chose, je me suis décidé à plonger dans cette première saison intitulée Covenant (qui signifie « engagement »), et j’ai été sacrément bluffé par la création du showrunner Little Marvin! Il s’agit de son premier travail d’écriture, et il fait preuve d’une maturité que de nombreux auteurs ne parviendront pas à atteindre en une carrière! Si j’évoquais des similitudes avec le travail de Jordan Peele, c’est qu’ils partagent une vision horrifique du racisme avec un traitement où l’absurde le dispute au choquant, créant ainsi une atmosphère véritablement déroutante et captivante. On sent que Peele a fait beaucoup de bien au genre en ouvrant une certaine voie dans laquelle d’autres auteurs ont pu s’engouffrer (avec Antebellum notamment), et ce terreau va s’avérer très fertile pour les esprits aiguisés comme celui de Little Marvin.

Nous sommes en 1953, et nous suivons l’emménagement d’Alfred et Livia « Lucky » Emory, qui ont fui une Caroline du Nord très raciste pour tenter leur chance dans un quartier résidentiel de Californie. Le poste d’ingénieur qu’Alfred a obtenu est un moyen inespéré de commencer une nouvelle existence, et le couple arrive avec ses 2 filles à Compton, une banlieue peuplée presque uniquement de Blancs. Autant dire qu l’accueil ne va pas être des plus chaleureux, et un combat âpre se prépare pour faire valoir leurs droits… Le traitement très frontal du racisme est véritablement captivant, avec des événements que l’on pourrait de nos jours penser exagérés, mais qui collent malheureusement parfaitement à la réalité de l’époque (et qui perdurent encore de manière plus ou moins latente de nos jours). On se croirait dans une sorte de Desperate Housewives semi-bourgeois pour Blancs supérieurs, mêlé à un peu de Femmes de Stepford, et le malaise que crée cette soi-disant supériorité est relativement violent. L’actrice Alison Pill (American Horror Story, Devs) est impressionnante de froideur et de rage contenue, dans son rôle de la voisine persuadée de son ascendant sur cette famille de Noirs. Son éloquence et sa passion pour défendre ses convictions et son quartier font froid dans le dos, et elle confère au personnage de Betty une puissance de manipulation très inquiétante.

Deborah Ayorinde (qui jouait dans Luke Cage) campe Lucky Emory avec une grande conviction, et on sent toutes les tensions qu’elle subit et les instincts qu’elle réfrène constamment. Le personnage n’a pas eu l’existence facile, c’est le moins que l’on puisse dire, et un des épisodes s’avère clairement choquant avec un récit difficilement supportable. Mais cela va également démontrer à quel point elle est une survivante, et comment elle peut encore puiser des forces dans cette bataille abjecte. Mais s’il y a bataille contre le voisinage, il y a également un combat qui se joue au sein même de son domicile, avec une présence très inquiétante sous son toit. La manière dont Little Martin traite la thématique du racisme s’avère déjà très impressionnante, et le choix de la doubler avec le thème de la maison hantée permet de complexifier de très belle manière le propos. Ce qui rôde dans les parages est-il réel, où n’est-ce qu’une projection des instincts et des peurs enfouis au plus profond de la famille? En tout cas, cela donne l’occasion de plonger dans des séquences bien stressantes et menées avec très grand soin…

Ashley Thomas (24: Legacy) donne lui aussi une densité très palpable à son personnage, ce père de famille qui va être confronté à différentes menaces et qui va tout faire pour protéger sa famille sur tous les fronts. Il y a des séquences tellement absurdes et pourtant tellement injustes, comme celles qu’il subit au travail, que l’on comprend la rage qui bouillonne de plus en plus en lui. Toujours se taire et subir, courber l’échine afin de conserver son poste, et accepter les humiliations pour subvenir aux besoins de sa famille. L’impartialité est flagrante et les mauvais traitements psychologiques d’une telle évidence, mais c’était simplement la norme dans les années 50… Les crises d’angoisse qu’il ressent sur son lieu de travail sont visuellement très réussies, et démontrent tout ce qui se bouscule sous son crâne oppressé… Et que dire de ce tap dancer grimé, qui semble représenter sa part d’ombre et de révolte? Cet être s’avère vraiment flippant avec sa gestuelle exagérée et sa noirceur profonde, visible dans ses yeux terrifiants… Il offre des scènes à la portée dramatique très réussie, et est sans conteste l’un des personnages les plus flippants du show!

On parlait de Us? Shahadi Wright Joseph y incarnait la fille du couple, et elle incarne également la fille du couple de Them! Elle était déjà impressionnante dans Us, et elle s’avère tout aussi douée dans cette série, avec un rôle moins ambivalent mais clairement pas évident non plus. Avec elle, on va suivre ses problèmes de collégienne qui n’a pas la bonne couleur de peau, et les différents ressentis qui vont la chambouler. Et la jeune actrice Melody Hurd s’avère elle aussi impressionnante dans le rôle de la petite Gracie, avec une capacité à passer de toute mignonne à très flippante, avec les visions qu’elle a… Ca doit être difficile pour une gamine de son âge d’interpréter un tel rôle, mais elle s’en sort vraiment bien!

Them possède une atmosphère résolument intriguante et inquiétante, et parvient à traiter le réel et le fantastique avec la même intensité. Il y a juste un segment qui me parait exagéré concernant la voisine Betty, et qui est peut-être de trop dans la série. Mais l’ensemble s’avère très captivant et on est happé par cette vision sans concession du racisme normalisé des années 50… Le travail des metteurs en scène est remarquable (ils sont 5, dont Ti West, réal de The Innkeepers et d’un segment de V/H/S), et ils s’harmonisent parfaitement pour créer un climat très malaisant dans ce quartier tout propret digne de Bree Van De Kamp… Le rejet viscéral de la fille aînée par ses camarades de classe est violent, heureusement elle fera une rencontre qui pourrait bien l’aider à surmonter tout cela… La petite Gracie voit une vilaine dame lui rendre visite de temps à autre, et ce personnage est bien flippant… L’utilisation de la musique est excellente lors des différentes séquences, et contribue à modifier radicalement l’ambiance en une fraction de seconde, et participe activement à certains passages bien décalés.

Them est une très belle réussite, d’une densité impressionnante et qui offre un regard très intéressant sur la condition sociale déplorable de la population noire à cette époque…

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Les news de la semaine : Mon Ami Joe

Snake Eyes : G.I. Joe Origins vient se rappeler à nous, maintenant que sa campagne promo peut enfin reprendre alors que la situation sanitaire semble s’améliorer. Le film de Robert Schwenke nous lâche une affiche et quelques photos, permettant de définir la tonalité de cette origin story consacrée au ninja Snake Eyes. Le rôle-titre sera interprété par Henry Golding, vu dans Crazy Rich Asians et The Gentlemen, et on assistera à ses débuts avant qu’il rejoigne l’organisation G.I. Joe. On pourra compter sur les présences d’Andrew Koji (Storm Shadow), Iko Uwais (Hard Master) ou encore Samara Weaving (Scarlett) pour élever le niveau d’action! Espérons que ce soit nettement meilleur que le récent Mortal Kombat… Et concernant l’affiche du film, c’est toujours aussi rageant de voir à quel point les producteurs n’en ont rien à foutre du mythe du masque, comme c’est le cas sur toutes les affiches de films Marvel d’ailleurs… Il n’y a que Deadpool qui n’a pas les chevilles qui enflent assez pour exiger qu’on voit la tronche de Ryan sur les affiches! ^^ Sortie le 18 août.

 

Une nouvelle affiche pour la série Loki, qui débutera le 11 juin!

 

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Le clip de la semaine : Breakin’ 2 : Electric Boogaloo : Dancing on the Ceiling

Je vous parlais il y a pile une semaine de l’excellent Break Street 84, avec les danseurs hip-hop Adolfo Quinones et Michael Chambers, et j’évoquais assez rapidement la suite nommée Breakin’ 2 : Electric Boogaloo avec le même duo (ou trio plutôt, puisque Lucinda Dickey est également dans les 2 films). Dans cette séquelle nettement inférieure, une scène vaut pourtant le coup d’oeil, et je l’avais partagé dans l’article de la semaine dernière, mais elle mérite d’apparaître dans Le Clip de la Semaine! ^^ Il s’agit d’une séquence visuellement dingue, tournée d’une manière très particulière! Je vous invite à la regarder avant de lire les explications 😉


 

C’est bon? Alors ça claque non? Ca date de 1984 et Michael Chambers y défie les lois de la gravité avec classe! En fait, le principe de cette scène est la même qu’une autre issue d’un film de genre très différent, Les Griffes de la Nuit, sorti la même année! Il s’agit d’une chambre rotative (celle utilisée pour le film de Wes Craven), avec les éléments de décor collés au sol, sur les murs et au plafond, et si on a l’impression que Michael Chambers grimpe aux murs, c’est en fait la pièce qui bouge, ce qui fait que le danseur est toujours au sol! Mais l’illusion est géniale, et ça donne une séquence véritablement magique!

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L’Année des Méduses (Christopher Frank, 1984)

Christopher Frank est un écrivain, scénariste et metteur en scène français d’origine britannique (il est né en Angleterre), qui a connu un certain succès dans les années 80, avec notamment ses propres adaptations de roman que sont Josépha et L’Année des Méduses. En tant que réalisateur, il ne livrera que 5 longs métrages, mais aura par contre eu une carrière de scénariste plus longue, en travaillant notamment sur Le Mouton enragé de Michel Deville, Les Passagers de Serge Leroy, La Dérobade de Daniel Duval ou encore Pour la Peau d’un Flic d’Alain Delon. En 1982, il obtenait le César du meilleur scénario pour Une étrange Affaire de Pierre Granier-Deferre, et en 1983, le César de la meilleure première oeuvre lui fut décerné pour son film Josépha.

En découvrant L’Année des Méduses, on comprend aisément l’impact que Christopher Frank a pu avoir sur le cinéma français, car il possède un vrai talent pour dépeindre la complexité des rapports et de la psyché humaine. Chris, une ado d’une famille aisée, se trouve comme chaque année sur la Côte d’Azur avec sa mère, et va multiplier les rencontres sur la plage. Sous son insouciance de jeune femme en devenir, se cache un tempérament bien plus vénéneux, et la jeune fille va se complaire dans des jeux de destruction en jouant avec les sentiments des autres, et principalement les hommes. Depuis l’âge de 16 ans, Chris est tout à fait consciente de l’emprise qu’elle peut avoir sur les hommes, et ne se prive pas d’en user, notamment avec un ami de ses parents. On découvre une jeune femme qui va rapidement affiner sa maîtrise d’un outil redoutable, la séduction.

Valérie Kaprisky, alors âgée de 22 ans, venait de tourner La Femme publique d’Andrzej Zulawski, avec un rôle déjà sulfureux, et ces choix de carrière vont l’imposer comme une icone sensuelle tout en l’enfermant pendant un temps dans ce style de rôles. Sur le tournage de L’Année des Méduses, elle est la seule à défendre son personnage, que tout le monde voit comme un monstre, et elle va exacerber tout le cynisme de Chris, entrant de plus en plus profondément dans la peau du personnage, ce qui aura pour effet de créer une atmosphère relativement tendue avec les autres acteurs. Elle ne laisse clairement pas indifférent, et offre une prestation réellement impressionnante, passant de l’ado tourmentée au machiavélisme en une fraction de seconde! Le pauvre Vic, l’ami quinquagénaire des parents, va en faire les frais… Jacques Perrin interprète avec beaucoup de conviction ce personnage totalement enivré par la jeune femme, conscient de se faire manipuler mais incapable de s’avouer qu’elle puisse être aussi calculatrice.

La relation avec sa mère Claude est également très intéressante, car elle oscille constamment entre affection et rivalité, et les moments de complicité laissent rapidement place à des instants plus tendus. Caroline Cellier a obtenu le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son interprétation de Claude, et elle s’avère très subtile en incarnant cette femme sentant qu’elle risque d’arriver en fin de course dans les jeux de séduction… Voir sa fille Chris s’émanciper peu à peu va évidemment lui rappeler l’approche de sa propre quarantaine… Bernard Giraudeau quant à lui incarne efficacement le genre de type qui traîne sur les plages pour draguer tout ce qui bouge, avec une suffisance et un manque d’estime pour les femmes assez impressionnant. Il est bien conscient de tout ce qui se trame sur ces plages, refuge pour une classe aisée en perte de repères, et très souvent en manque affectif. Il profite des failles de cette population, en les exploitant pour ses propres besoins et en faisant le mac pour certains hommes riches.

Christopher Frank appose une atmosphère très travaillée sur ce long métrage, qui commence comme un film de plage classique pour l’époque, mais qui ne va clairement pas rester en surface, et qui va explorer en profondeur la psychologie de cette classe aisée en quête d’émotions. Ce qui choque de prime abord, c’est une certaine aura libertaire dans les années 80, avec la plupart des femmes se baladant seins nus, ce qui de nos jours a presque disparu. Il y a une réelle sensualité dans la manière de filmer de Frank, qui ne verse pas dans l’érotisme, mais qui s’en rapproche à certains moments. On sent des envies de provocation de la part de Chris, qui vont être mêlées à des frustrations, et elle va passer par des phases de rage contenue et de froideur calme exprimées de manière impressionnante par Valérie Kaprisky. Cette séquence où elle plonge dans l’eau toute énervée, avec la musique de Nina Hagen par-dessus, possède une vraie puissance, et le regard noir de l’actrice est assez glaçant. Valérie Kaprisky apporte une véritable intensité au personnage de Chris, intensité qui va osciller entre le chaud et le froid de manière permanente, et elle va entraîner plusieurs personnes dans ses filets…

L’Année des Méduses s’avère impressionnant dans son traitement de la sensualité et des rapports de force entre les hommes et les femmes, le tout mené par une actrice au tempérament explosif qui fait de Chris un personnage de Lolita sacrément vénéneux!!!

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Les news de la semaine : Wakanda forever

Kevin Feige a apporté plusieurs précisions cette semaine, à commencer par les titres des suites de Black Panther et de Captain Marvel. Il faudra maintenant les appeler officiellement Black Panther : Wakanda Forever et The Marvels! Le premier titre est clairement un hommage au regretté Chadwick Boseman, et traitera de l’héritage de T’Challa. Le second est un Captain Marvel au pluriel, puisque Carol Danvers sera accompagnée par Monica Rambeau alias Photon, et par Miss Marvel, dont la série est actuellement en tournage! D’ailleurs voici un aperçu d’Iman Vellani dans le costume! Black Panther : Wakanda Forever est attendu en salles le 8 juillet 2022, et The Marvels le 11 novembre 2022.

On a également des précisions sur les dates de sortie de 2 autres films : Ant-Man and the Wasp : Quantumania est calé au 17 février 2023, et Guardians of the Galaxy Vol. 3 au 5 mai de la même année.

 

 

 

 

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