American Nightmare 5 : sans Limites (Everardo Gout, 2021)

5 épisodes en même pas 10 ans, on peut dire que la franchise de James DeMonaco et Jason Blum fonctionne à plein régime depuis 2013, et si le metteur en scène des 3 premiers films a depuis cédé sa place pour se contenter de s’occuper du script et de la prod, on poursuit activement l’exploration d’une Amérique ravagée par son culte du sang et de sa pureté… James DeMonaco avait surpris son monde avec American Nightmare, sympathique home invasion qui mettait en avant la dégénérescence d’une poignée d’individus avec un concept aussi simple qu’attractif : une fois par année et durant 12 heures, tous les crimes deviennent légaux, le temps de laisser libre cours à ses pulsions les plus sombres, afin de revenir dans de bonnes dispositions une fois qu’on est bien soulagé! Ce sont les Nouveaux Pères Fondateurs de l’Amérique qui ont mis ce sympathique concept en place, et au fil des épisodes, on va l’explorer selon des points de vues différents et variés.

Le meilleur reste certainement American Nightmare 2 : Anarchy, avec un excellent Frank Grillo en mode Punisher, qui va éradiquer les bas-fonds de la racaille qui la gangrène. American Nightmare 3 : Elections se focalisait davantage sur l’aspect politique de cette fameuse Purge, et American Nightmare 4 : les Origines apportait un éclairage très intéressant avec l’impact sur les minorités. Cet épisode était déjà dirigé par un autre metteur en scène, Gerard McMurray, et le dernier opus en date est réalisé par Everardo Gout, dont il s’agit du second film. Le réal mexicain a notamment participé à 2 épisodes de la sublime série Banshee, et se retrouve à la tête d’un film qui va traiter du racisme dont sont victimes les immigrés mexicains aux Etats-Unis.

Le principe est en soi très intéressant et forcément d’actualité en cette ère post-Trump qui conserve de nombreux stigmates, à commencer par ce Mur de la Honte moderne. Le film va se focaliser sur une poignée de personnages, avec principalement un couple mexicain qui va tenter de survivre à cette nouvelle Purge. Là encore, on a un principe intéressant puisque les 12 heures de la Purge annuelle vont se terminer très rapidement. Mais un mouvement très bien organisé à travers le pays a décidé qu’elle devait être perpétuelle, et va donc continuer le nettoyage des rues au-delà des 12 heures… Bienvenue dans le monde de la Purge Eternelle

Si sur le papier, le fait de raconter les affres d’un couple mexicain en se basant sur une réalité difficile sévissant aux USA est intéressante, on navigue malheureusement entre caricature et sincérité, et on perd peu à peu l’intérêt de ce récit, qui mise quand même finalement trop sur l’opportunisme… Il y a quelques rares faits à retenir, avec notamment un personnage qui va contre-balancer le manichéisme de l’ensemble, mais cet opus est sans conteste le plus faible de la saga. Les scènes d’action sont montées en mode brouillon, et dans le genre film insurrectionnel, je ne peux que vous conseiller l’excellent Bushwick avec Dave Bautista, qui est clairement plus captivant! L’affiche de cet American Nightmare 5 : sans Limites est franchement belle, et nous promettait une nouvelle salve de masques et de déguisements bien flippants, et bien il n’y aura franchement pas grand-chose à se mettre sous la dent de ce côté-là, le réal se rappelant de temps à autre que ça fait partie de la saga mais décidant de se limiter au strict minimum. Et d’ailleurs, on ne verra jamais l’image de ce cow-boy grimé sur son cheval durant tout le film…

Petite surprise, on retrouve Cassidy Freeman, qui était excellente dans la série Longmire, pour un rôle ici purement anecdotique… Si le principe de cette nouvelle Purge est attractif, les intentions derrière ce film sont trop opportunistes et la mise en place trop fainéante pour emporter l’adhésion. On se consolera en regardant de nouveau l’épisode 2! ^^

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Les news de la semaine : Captain Carter

La série d’animation What If…? démarrera dès mercredi prochain, le 11 août, et on a droit cette semaine à une très belle affiche mettant en vedette Sharon Carter en tant que Captain Britain! Le principe de cette série sera de se demander ce qui se serait passé si tel événement s’était déroulé différemment dans l’univers Marvel, et donc pour le 1er épisode, ce sera : et si Sharon Carter avait reçu le sérum du Super-Soldat à la place de Steve Rogers? Cette série reprendra ce concept datant d’il y a bien longtemps dans les comics, puisqu’apparu dès 1977, et les 9 épisodes permettront d’explorer des univers alternatifs que l’on espère captivants!

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Blood Red Sky (Peter Thorwarth, 2021)

J’avais vu passer ce film sans vraiment m’y intéresser, me disant qu’il s’agissait d’un énième décalque horrifique comme on en voit pleuvoir des dizaines chaque semaine en VOD. Puis en lisant quelques critiques plutôt positives, j’ai décidé de réviser mon jugement hâtif et de tenter l’expérience de ce film germano-américain, mis en scène par le réalisateur allemand Peter Thorwarth. Il est connu pour avoir co-rédigé le script de La Vague, et a si j’ose dire surfé sur la vague en co-créant la série Nous, la Vague… Mais il ne faudrait pas le limiter à cela, car si ses 5 longs métrages précédents ne sont pas connus, ce Blood Red Sky possède pourtant de solides qualités et offre une approche originale d’un thème horrifique pourtant souvent galvaudé…

L’entrée en matière propose une séquence militaire qui mine de rien va placer une belle petite tension, et qui fait preuve d’une belle solidité dans sa construction. On comprend que quelque chose de très étrange se passe avec le vol de cet avion, et le mystère est doublé d’un certain stress plutôt bien maîtrisé. Et on va ensuite découvrir peu à peu ce qui s’est déroulé dans ce vol transatlantique… Peter Thorwarth a fait équipe au scénario avec Stefan Holtz, avec qui il avait déjà travaillé en 1999 sur son 1er long, Bang Boom Bang – ein todsicheres Ding, et la paire a également rédigé Nicht mein Tag et Der letzte Bulle, également mis en scène par Thorwarth. Ils se connaissent depuis longtemps et ont l’habitude de travailler ensemble, et ça se ressent agréablement dans l’élaboration de l’intrigue.

Je ne vous dirai vraiment pas grand-chose sur ce film, car l’effet de surprise peut être très sympathique, donc je me contenterai de vous dire que l’atmosphère de ce huis-clos aérien est traitée avec beaucoup de soin, et que la caméra de Thorwarth ne paraît à aucun moment coincée dans un environnement trop cloisonné. Il gère l’espace de manière très agréable et offre un rendu énergique à ce récit étrange. Le film n’est certes pas exempt de quelques longueurs, mais l’ensemble est assez bien travaillé pour que l’on soit pris dans cette tension et que l’on souhaite connaître le dénouement de cette histoire! Il faut dire que les acteurs sont eux aussi très impliqués, à commencer par une Peri Baumeister qui semble être une déclinaison germanique de Noomi Rapace! L’actrice, qui a notamment joué dans les séries The last Kingdom ou dans Skylines, développe un jeu qui va allier sensibilité et instinct, dans une tentative de survie primale finalement très crédible. A ses côtés, le jeune Carl Anton Koch est impressionnant du haut de ses 12 ans, car il parvient à simuler des émotions bien difficiles à son jeune âge! Il est un élément essentiel dans la réussite de ce film, et il gère parfaitement son rôle d’Elias.

On a un casting composé d’acteurs peu connus, avec toutefois un certain Dominic Purcell en guise de guest-star. Si ce nom ne vous dit rien, vous connaissez probablement Lincoln Burrows, le personnage qu’il incarnait dans Prison Break! ^^ Il s’avère plutôt bon dans un rôle de bad guy, et on découvre des acteurs et des personnages intéressants dans ce film. Alexander Scheer campe un individu totalement imprévisible, Kais Setti joue un passager attentif et bienveillant, et le reste du casting fonctionne bien également. J’omets volontairement d’apporter trop de précisions sur les personnages, histoire de ne pas gâcher des éléments de surprise! ^^ Mais Holtz et Thorwarth gèrent avec un grand soin l’écriture de ce récit, en traitant notamment d’idées préconçues de manière très intelligente. Ils parviennent à créer quelques moments bien intenses, grâce encore une fois à de bons acteurs même dans les rôles secondaires.

Sans trop en dévoiler, Blood Red Sky est un film de suspense oscillant vers l’horreur, et il va moderniser un thème classique avec une belle approche, et je vous invite donc à laisser une chance à ce film germano-américain qui vaut bien mieux que ce qu’on pouvait croire au départ!

 

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Le clip de la semaine : Gesaffelstein – Pursuit

Sous le nom de scène allemand Gesaffelstein se cache en fait un musicien français nommé Mike Lévy, qui depuis son premier maxi en 2008, nous livre des albums aux tonalités dark electro captivantes! Ce morceau Pursuit est en plus agrémenté d’un très beau clip signé Fleur et Manu, à l’ambiance très étrange et visuellement impressionnant!

 

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Kandisha (Alexandre Bustillo, Julien Maury, 2020)

Cela fait maintenant 14 ans que les metteurs en scène Alexandre Bustillo et Julien Maury travaillent ensemble, nous livrant 6 longs métrages et un court (un segment de The ABCs of Death 2). Ils ont émergé avec leur première oeuvre A l’Intérieur en 2007, et ont enchaîné avec le très bon Livide en 2011, puis Aux Yeux des Vivants en 2014, un Leatherface à priori massacré par les producteurs en 2017 (j’ai tenu 10 minutes il me semble), ce Kandisha donc, datant de 2020, et The Deep House sorti il y a 2 mois. Maury et Bustillo sont 2 artisans du cinéma de genre français, et ils poursuivent leur exploration du cinéma horrifique en se penchant cette fois sur une légende marocaine, celle d’Aïsha Kandisha

L’histoire de ce démon féminin remonte à l’époque de la colonisation portugaise du Maroc, et Aïsha Kandisha représente l’opposition du peuple face à l’oppresseur. On ne sait pas vraiment si le personnage se base sur des faits historiques, mais le mythe va dévoiler une sorte de démon pouvant changer d’apparence, passant de femme sensuelle à géante perchée sur des pattes de bouc. Maury et Bustillo vont donc développer un récit centré sur cette figure populaire dans le folklore marocain, au même titre que les Djinns, et vont incorporer cette légende du 16ème siècle à la société contemporaine.

Le plan aérien ouvrant le film promet d’emblée une très belle ambiance, et le fait de situer l’action dans une banlieue française s’avère déjà original. On a souvent le droit à des thrillers dans ce genre de décors (souvent très bons d’ailleurs, comme les excellents Les Misérables ou Caïd), mais c’est très rare de voir un film d’horreur situé dans des barres d’immeubles. Et ce qui est très appréciable, c’est qu’on ne tombe pas dans une caricature simpliste, mais que Maury et Bustillo vont prendre le temps d’écrire des personnages très intéressants. Le trio féminin apporte beaucoup d’authenticité à cette histoire d’amitié, et quand on a des daubes US comme The Craft – les nouvelles Sorcières, on se dit que ça fait du bien de chercher un peu de sensibilité dans le cinéma français…

Mathilde La Musse, Suzy Bemba et Samarcande Saadi sont 3 jeunes actrices entamant à peine leur carrière (il s’agit de leur premier film pour Suzy et Samarcande), et elles nous plongent directement dans leur quotidien au sein de cette cité, grâce à une complicité qui semble réelle et une vraie fraîcheur dans leur jeu. Elle sont entourées par des acteurs secondaires apportant la même approche réaliste, et on plonge avec plaisir dans ce récit inquiétant avec l’émergence de cette figure légendaire au sein de cette cité…

Bustillo et Maury apposent un regard original sur le lieu, et nous offrent des plans très immersifs dont l’impact pictural fonctionne vraiment bien. La manière dont ils filment ces barres d’immeubles permet de créer une atmosphère palpable, et on est agréablement pris dans cette histoire qui va aller crescendo et qui va se transformer en une sorte de slasher urbain… Je disais que c’était très rare de voir des films d’horreur en mode ghetto, mais on ne peut évidemment pas oublier le mythique Candyman de Bernard Rose. Bustillo et Maury y font bien sûr référence, à travers le personnage incarné par Suzy Bemba, et cette filiation est traitée avec une belle subtilité. Kandisha n’a pas la prétention de venir chatouiller les plate-bandes de Daniel Robitaille, mais il offre une autre vision au genre et permet de prouver une fois encore qu’il est possible de sortir des polars urbains pour visiter ces quartiers d’une autre manière.

On sent que le budget n’a pas été aussi conséquent que sur leurs prods US, pourtant le résultat est bien meilleur! Il y a quelques effets visuels un peu cheap, comme la scène du feu, par contre le reste fonctionne vraiment bien et offre son lot de séquences choc. Celle de la douche notamment s’avère bien gore… Kandisha va donc raconter le combat de 3 copines contre cette figure maléfique qui ne s’attaque qu’aux hommes. Amélie, Bintou et Morjana vont tout tenter pour sauver leurs proches, que ce démon vient traquer au fil des nuits. Kandisha est davantage un film d’atmosphère qu’un véritable film d’horreur, malgré quelques scènes bien crades. Mais on appréciera surtout la capacité à créer une ambiance inquiétante, comme c’était déjà le cas dans le très bon Livide, et c’est ce style de cinéma de genre français qui fait plaisir à découvrir! S’il n’est pas exempt de quelques petits défauts, Kandisha est assez sincère pour emporter l’adhésion, et les 3 actrices sont assez douées pour nous embarquer avec elles dans ce combat mortel!

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