American Nightmare 4 : les Origines (Gerard McMurray, 2018)

Pour son 2ème long métrage après Burning Sands en 2017, Gerard McMurray a été invité par le créateur de la franchise American Nightmare à mettre en images les origines du phénomène. James DeMonaco, qui a écrit et réalisé les 3 premiers films de la saga, cède pour la première fois sa place de metteur en scène. Quand on voit le propos du film, on peut comprendre la logique et l’importance de ce passage de relais, puisque le réal blanc a écrit une histoire forte prenant place dans la communauté noire, et un réalisateur black derrière la caméra renforce l’aspect brûlot politique de l’ensemble.

American Nightmare 4 : les Origines est sans conteste le chapitre le plus cinglant envers la classe politique, et son aspect contestataire est violent et fort. DeMonaco a totalement cerné tous les enjeux de ce qui au départ était juste une excellente idée scénaristique, pour en développer toutes les possibilités. Après le huis-clos familial d’American Nightmare, l’ouverture sur les bas-fonds de la ville dans l’excellent American Nightmare 2 : Anarchy et la continuation tranquille en mode virée nocturne d’American Nightmare 3 : Elections, il s’intéresse de manière très frontale à l’idée d’une pseudo-suprématie blanche qui gangrène l’Amérique et qui est un problème on ne peut plus contemporain. L’institution de la Purge se déroule dans un univers futuriste mais non daté, et il est traité avec un très grand réalisme, ce qui fait d’autant plus froid dans le dos.

En prenant place dans un quartier pauvre de Staten Island, le récit va nous intéresser à une poignée de personnages forts et prenants, qui vont chacun réagir à leur manière alors que l’événement est sur le point de démarrer. Y’lan Noel, vu dans la série Insecure, est excellent dans le rôle de Dmitri, un chef de gang bien décidé à protéger son quartier; Lex Scott Davis  (vue dans la série Training Day), est à fleur de peau dans le rôle de Nya, une jeune femme totalement opposée à la Purge; et c’est assez surprenant de croiser Marisa Tomei dans un rôle de scientifique pactisant avec le gouvernement! Alors que l’événement s’apprête à démarrer, chacun essaie de trouver un refuge afin de survivre à cette longue nuit. Mais les événements vont les obliger à sortir dans les rues devenues le terrain de jeu légal de criminels sanguinaires…

Durant ces 12 heures où le crime est légal, les enjeux vont être très différents pour chacun. On assiste au tout premier meurtre de cette vague de purification qui se déroulera par la suite chaque année, et on découvre à quel point les habitants adorent s’entretuer affublés de leurs plus beaux masques! Mais surtout, on accompagne les héros de cette histoire en mode survie, et qui vont devoir prendre les armes afin de sauver leur peau. Gerard McMurray s’appuie très intelligemment sur le script de James DeMonaco pour nous concocter une vision cauchemardesque du fameux Rêve Américain qui se retrouve brisé net avec cette nouvelle institution. Il offre quelques plans bien iconiques soulignant cette chute d’un pays qui ne sait plus comment se relever et qui s’enfonce encore davantage dans les ténèbres, et il développe la dimension symbolique grâce aux masques bien originaux créés par les adeptes de la Purge. Et une idée vraiment efficace est celle des lentilles de contact, qui sont un outil d’enregistrement vidéo mais qui renforce le côté démoniaque de ceux qui les utilisent!  Dmitri, Nya et leurs proches vont tout faire pour que leur quartier survive, et McMurray va nous convier à un récit stressant et très violent. Sa mise en scène parvient à être étouffante par moments, et il se permet même quelques éclats de violence en mode The Raid plutôt bien maîtrisés!

American Nightmare 4 : les Origines sonne juste dans le développement de la politique des Nouveaux Pères Fondateurs, cette branche qui a atteint la Maison-Blanche et qui a ratifié cette Purge; l’opposition entre la population afro-américaine et cette classe politique blanche n’a rien d’exagérée, et est au contraire traitée avec un vrai réalisme, ce qui rend d’autant plus intéressant ce film, qui va au-delà du simple divertissement. Gerard McMurray apporte une vraie puissance à sa mise en scène, et le casting est excellent! American Nightmare 4 : les Origines est sans conteste l’un des meilleurs épisodes, avec American Nightmare 2 : Anarchy! Et on va sagement attendre la diffusion de la prochaine série The Purge dès le 4 septembre 😉

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