American Nightmare 2: Anarchy (James DeMonaco, 2014)

Succès surprise de 2013, American Nightmare bénéficiait d’un concept choc qui ne demandait qu’à être décliné encore une fois! C’est donc sans attendre que le réal James DeMonaco a enchaîné sur une séquelle qui a bénéficié de davantage de moyens, et qui a troqué le schéma du huis-clos pour une descente infernale dans les rues de Los Angeles! Le premier film mettait intelligemment en place des éléments forts qui offraient un regard percutant sur la nature de l’Homme, et ce second opus est une extension qui va poursuivre la visite des tréfonds de l’âme humaine de manière très radicale…

American Nightmare a permis à James DeMonaco de se faire un nom avec un thriller bien tendu qui voyait un père de famille faire tout son possible pour sauver ses proches alors que sa maison est assiégée. Cette fois, la figure paternelle est toujours présente, mais au lieu de subir les événements, elle va les provoquer. James DeMonaco est encore plus à l’aise avec cette suite, qui est une représentation apocalyptique et cathartique du Mal sommeillant en chaque individu. Il va développer la mythologie de la Purge de manière impressionnante, et ce qui n’était qu’entr’aperçu dans le premier film est montré avec beaucoup de générosité par un DeMonaco bien décidé à développer toute sa maîtrise et ses connaissances des séries B bien bourrins d’antan!

La balade à laquelle il nous convie est très animée, et des relents de Mad Max, Les Guerriers de la Nuit, Doomsday et une poignée de vigilante nous tombent dessus régulièrement, avec la figure ultime et si évidente qui se cache derrière le personnage de Frank Grillo: le Punisher! L’homme sans nom a beau ne pas porter de crâne sur son T-shirt, la filiation avec l’anti-héros Marvel est très claire, et James DeMonaco va utiliser l’essence vengeresse du personnage pour en faire une figure emblématique de son long métrage. Porté par un Frank Grillo véritablement excellent et qui se pose encore une fois comme un acteur très impressionnant, cette suite va voir son personnage tourmenté  hanter les rues à la recherche d’un assouvissement, d’un accomplissement mortel qui pourra le délivrer des affres dans lesquelles il vit quotidiennement. Cet homme au bord de la rupture n’a qu’une seule idée en tête, et il ne compte pas se laisser arrêter…

JamesDeMonaco se fait véritablement plaisir en plantant le décor apocalyptique et les personnages qui traînent dans les rues lors de cette Purge annuelle, et on va assister à des représentations très diverses du Mal qui se tapit dans la société: des psychopathes, des assassins, des bourgeois en quête de sensation, des voleurs… On va croiser une faune très variée tout au long du film, qui est construit avec beaucoup d’intelligence en permettant d’en apprendre davantage sur cette nuit hors norme qui voit le crime devenir légal.

Durant 12 heures, le vol, le meurtre, l’utilisation d’armes à feu sont autorisés aux Etats-Unis, et les services sociaux comme les hôpitaux et les commissariats sont tout simplement suspendus! Bienvenue dans l’Amérique de 2023, qui voit en cette Purge un moyen de ramener le chômage sous la barre des 5% et de presque éradiquer les actes criminels le reste de l’année. En permettant aux citoyens de laisser sortir leurs plus bas instincts une fois par an, les Etats-Unis sont devenus l’un des pays civilisés les plus sûrs… Mais sous cette apparence simpliste se cache d’autres enjeux pour le gouvernement, et la poignée de citoyens qui vont se trouver dans la rue en cette nuit maudite vont découvrir de sombres agissements…

American Nightmare 2: Anarchy pourrait fonctionner comme un pamphlet anti-bourgeoisie, mais il ne se contente pas de taper sur les riches car tout le monde en prend pour son grade! Les riches et leurs Chasses du Comte Zaroff, les pauvres qui choisissent la violence pour que cette nuit les sorte de leur frustration, et le gouvernement qui gère tout ça en y trouvant forcément bien plus de bénéfices que ce qu’ils veulent bien dire… American Nightmare 2: Anarchy se pose comme une représentation exacerbée des manipulations qui peuvent exister entre les classes sociales, et des compromis grâce auxquels on pense pouvoir se soustraire à notre propre condition… Mais il est avant tout une vision de la lutte entre le Bien et le Mal, ou le Bien n’a pas vraiment intérêt à être trop tendre s’il veut survivre…

American Nightmare 2: Anarchy est une pure réussite, qui va très loin dans son propos et qui bénéficie d’une tension et d’une mise en scène de très grande qualité. La vision du gang grimé est sacrément iconique, et renvoie clairement aux Guerriers de la Nuit de Walter Hill. Les immenses camions noirs qui sillonnent la ville, la bagnole du héros que ne renierait pas Mad Max, les gunfights bien violentes font de ce film une excellente série B qui rentre dans le vif du sujet sans se poser de question, et qui nous plonge dans l’obscurité dégueulasse des rues d’une Los Angeles qui a vendu son âme au Diable

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