Le clip de la semaine : The Last of Us : All gone

Le sublime jeu vidéo The Last of Us aura donné d’exquis cauchemars à des millions de joueurs à travers le monde, et son aura ne va pas se démentir avec la prochaine adaptation en série qui devrait pointer le bout de son nez début 2023. En attendant de découvrir Joel et Ellie en chair et en os sous les traits de Pedro Pascal (The Mandalorian) et Bella Ramsey (Game of Thrones), on va s’arrêter sur un court métrage français révélé il y a peu de temps, et qui surprend par sa tonalité très proche des jeux et par la qualité de ses effets visuels. The Last of Us : All gone fait partie de cette catégorie de fan films tournés avec un véritable amour pour l’oeuvre originelle, et on sent une implication exemplaire à tous les niveaux de production.

On doit ce projet au metteur en scène Alexandre Delol, issu de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, qui s’est entouré d’une solide équipe pour mettre en place un récit se déroulant dans l’univers des jeux vidéos. Il ne retranscrit pas les aventures de Joel et Ellie, mais va s’attacher à 2 autres personnages nommés Nathan et Sam, qui recréent toutefois la symbolique de la relation des jeux vidéo. Nathan est interprété par le Youtubeur Edward Ez’, connu pour ses vidéos à base de rétro-gaming, qui semble s’être totalement imprégné de l’urgence de ce monde post-apocalyptique. A ses côtés, la jeune Amdi Kane joue une sorte de variation d’Ellie avec beaucoup de tact et de véracité.

Ce qui va également achever de nous convaincre, c’est le très fort réalisme de l’ensemble avec une atmosphère se rapprochant réellement des jeux, et un travail exemplaire sur les SFX. La caractérisation de certains ennemis est franchement bluffante, tant au niveau visuel que sonore, et on ressent un vrai stress en suivant le duo! La photographie rend elle aussi un bel hommage aux jeux de Naughty Dog, et ce The Last of Us : All gone est une très belle découverte que je vous invite à partager!

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Smile (Parker Finn, 2022)

Après avoir écrit, produit et réalisé 2 courts métrages, Parker Finn s’attaque à l’aventure du long en gérant l’écriture et la mise en scène de cet énigmatique Smile. Derrière ce sourire diabolique, se cache un film à concept comme on en voit régulièrement atteindre les écrans, et qui masque sous sa proposition en apparence novatrice un déroulement et des situations pourtant déjà vues de bien nombreuses fois… On pense à Destination Finale ou à Dans le Noir par exemple, qui participèrent eux aussi à leur période à un sursaut d’intérêt pour le genre horrifique, et comme souvent, on a un habillage pas antipathique pour un résultat malheureusement banal…

Sosie Bacon (oui, la fille de Kevin Bacon et de Kyra Sedgwick) incarne Rose Cotter, une psychiatre travaillant dans un hôpital et enchaînant les journées à un rythme infernal. Lorsqu’elle reçoit en consultation une jeune femme terrorisée, elle va tenter de la rassurer mais les choses vont très mal tourner, puisque la jeune femme va s’ôter la vie de manière atroce, tout en arborant un large sourire en regardant Rose. A partir de ce moment, des événements étranges vont arriver dans la vie de Rose, et son entourage va se demander si elle n’est pas surmenée et si elle ne commencerait pas à perdre pied. Le principe de la victime que personne ne croie est un grand classique également dans le film d’horreur, et les dialogues à ce sujet sont assez ennuyeux dans Smile, avec un côté même absurde lorsque Rose tente de convaincre tout le monde qu’elle n’est pas folle. La justesse psychologique n’est certainement pas la composante la plus aboutie du film, donc on va se contenter des moments horrifiques.

Il faut dire qu’il y a quelques séquences qui font leur petit effet, avec notamment des visualisations bien cauchemardesques. Mais dans l’ensemble, on reste quand même sur le jump scare tout ce qu’il y a de plus classique et de plus facile, et Smile n’est qu’un énième film nous balançant des tronches dégueu surgissant d’un coup du noir ou nous faisant le coup de la séquence qui en fait ne s’est pas déroulée. Il n’y a rien de plus nase que ce concept selon moi, et il faudra vraiment un jour que les producteurs et metteurs en scène arrêtent avec ça… Bref, tout ça pour dire qu’on est bien loin de la beauté des compositions bien flippantes de James Watkins avec La Dame en Noir, qui possède une intelligence sensitive bien supérieure à la majorité des films du genre. Utiliser une caméra de manière aussi calme et fluide pour faire monter la tension, c’est tout un art, et malheureusement il est très peu répandu dans le cinéma contemporain…

Sosie Bacon joue très bien la femme qui est à 2 doigts de péter les plombs, et on sent une réelle implication émotionnelle dans le rôle. Mais avec un scénario aussi simpliste et une accumulation de séquences déjà vus des centaines de fois, et parfois en mieux, on n’arrive pas à adhérer à l’ensemble plus longtemps que quelques minutes par-ci par-là. J’avais envie de souligner la séquence de la visite en prison, car l’acteur Rob Morgan (Turk Barrett dans toutes les séries Marvel de chez Netflix) est vraiment intense dans son rôle. On a ensuite quelques passages qui font monter le tensiomètre, mais il n’y a pas de quoi non plus affoler le palpitant, surtout quand ça sent quand même pas mal le réchauffé… Il y aurait également un parallèle intéressant à faire un bon livre de Stephen King, mais si je vous dit lequel je vous spoile ^^ Mais là encore, au niveau du scénario, ça n’est pas non plus très novateur au final. Reste le coup du sourire, pourquoi pas, ça donne lieu à quelques images dérangeantes, on va s’en contenter.

Sinon c’est fou comme dans les films d’horreur, tout le monde vit dans le noir même en plein jour! Il n’y a pas un personnage qui fasse exception, et chez tout le monde, on a l’impression qu’on attend la mort, même quand les gens sont en repos. Je ne sais pas, quand je suis chez moi et que je ne bosse pas, je mets de la musique, je laisse les volets ouverts, je laisse entrer un peu de lumière quoi ^^ Restent quelques jolis plans aériens et une musique bien stressante signée Cristobal Tapia de Veer.

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La news de l’année !!!

Eh bien eh bien eh bien, Ryan Reynolds et Kevin Feige nous auront fait patienter, mais l’intégration du personnage de Deadpool dans le MCU vient de passer un cap décisif, avec une annonce assez incroyable! Reynolds s’est fendu d’une vidéo bien absurde comme à son habitude pour nous dévoiler cette surprise, et je vous invite à la regarder avant de poursuivre l’article ^^

 

C’est bon, c’est fait ? Et voilà, il aura fallu attendre que Ryan soit enfin dans la place pour que la rencontre légendaire ait lieu !!! Hugh Jackman accepte de rempiler une dernière (avant-dernière, avant-avant-dernière?) fois dans la peau de Wolverine, et le logo du film en dit long sur la nature des relations entre les 2 héros! Franchement, je ne m’y attendais pas du tout et j’avoue être sacrément hypé par le projet, qui bénéficie même d’une date de sortie pour l’occasion : ce sera le 6 septembre 2024, soit le 4 septembre 2024 en France. Il y a encore un bout de chemin à parcourir, mais la news est terrible !!! 🙂

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Woke the Line

Cela fait un moment que je me pose la question de la pertinence d’écrire un tel article, surtout que le thème est très mainstream et traité environ 40 fois par jour sur l’ensemble des médias disponibles. Mais ça n’arrêtait pas de me trotter dans la tête, avec une réelle envie de tenter d’analyser de manière personnelle ce qui s’apparente à une véritable révolution de pensée. Et comme je trouve qu’écrire permet d’ordonner et de synthétiser ses propres idées, je vais tenter l’essai ^^ D’ailleurs, ça peut constituer une suite à un article rédigé il y a 2 ans et qui se trouve juste ici ^^

Cela fait un bon moment également que je publie moins de critiques, et ce n’est pas non plus un hasard. Si la production cinématographique a été chamboulée par l’épidémie et les multiples reports liés, ainsi que par une pénurie de sorties intéressantes en salles, un autre phénomène décrit un peu partout affecte lui aussi la qualité des oeuvres. Sans le nommer tout de suite, je vais vous donner un premier exemple marquant, provenant tout d’abord du petit écran. Prenez Jeu d’Enfant de Tom Holland, et les suites ayant constitué la saga Chucky. On était en 1988, et on avait droit à un film horrifique sur un tueur en série piégé dans le corps d’une poupée, qui utilisait cette nouvelle forme pour perpétrer ses massacres, sans aucune empathie pour les gens qui l’entouraient. Charles Lee Ray était un vrai psychopathe, sociopathe et tous les trucs négatifs en -pathe. Prenez maintenant la série Chucky de 2021, reprenant le même concept du tueur enfermé dans la poupée Brave Gars. Comme nous sommes dans les années 2020, le psychopathe-sociopathe-multi-pathe va aller à l’encontre de tout ce que le perso était auparavant, en venant défendre le jeune ado artiste torturé Jake, dont l’homosexualité non avouée est une cause de véritable malaise avec son père qui ne supporte pas cette idée. Voilà, en lieu et place d’un bon pop-corn movie relaxant, on a droit à une poupée politisée et idéologisée, qui va donner lieu à un premier épisode ennuyeux à mourir (je n’ai pas réussi à en regarder davantage), et aux antipodes de ce qu’on attend de ce bon vieux Charles Lee Ray. C’est un point de départ très évocateur du détournement des icones culturelles, sacrifiées sur l’autel du politiquement correct et du progressisme, communément connu sous la dénomination de wokisme.

Pour bien cerner l’importance du champ d’action du mouvement, on va se tourner du côté du cinéma en commençant avec l’une des figures les plus emblématiques du flegmatisme et de la cool attitude, James Bond lui-même. Depuis 1962 et James Bond 007 contre Dr. No, Sean Connery et les acteurs suivants ont véhiculé l’image d’un séducteur invétéré parvenant toujours à survivre à ses missions. Evidemment, un tel personnage est proscrit dans le paysage cinématographique contemporain, qui se devait d’émasculer ce bon vieux James afin de le rendre plus moderne, entendez plus amoindri. Exit le tombeur de ces dames, il devra se contenter d’une Léa Seydoux pleurnicharde avant un chant du cygne héroïque. Et si ce Mourir peut attendre est aussi plat qu’un encéphalogramme en bout de course, il offre une symbolique très précieuse sur les enjeux de notre époque. Après avoir mis un terme aux cabotinages de notre héros, puisque la collection féminine n’est plus de mise en 2021, les producteurs ont décidé de tuer l’homme blanc cisgenre, parce que c’est finalement très bien vu actuellement. Et quand une icone ayant traversé 7 décennies se fait détruire à la fois moralement et physiquement, on se rend bien compte que sous couvert de modernité et de progressisme, on est désormais prêt à tuer tout ce qui est différent, et par extension intolérant. Mais on tue dans un souci de tolérance bien évidemment. Et on peut bien évidemment également parler de la tentative de donner le matricule 007 à une femme qui va aussi cocher la case black, avec une Lashana Lynch qui manque cruellement de charisme… C’est toujours sympa de tenter le girl power avec des sabots aussi gros…

Ce constat de destruction des franchises et des icones populaires se poursuit allègrement, et provient d’une politisation systémique des oeuvres, qui sont quasiment  toutes passées en mode woke depuis maintenant plusieurs années. Le problème de cet acharnement à nous bombarder de tolérance à tout bout de champ, c’est que cela crée paradoxalement de l’intolérance vis-à-vis des personnes qui n’en ont juste rien à foutre… Quand on prend un La Revanche des Crevettes Pailletées qui traite de l’homosexualité et des LGBT avec humour et sincérité, sans verser dans le wokisme, on a paradoxalement des oeuvres faites pour passer un maximum de messages de manière très appuyée. Si on prend Jurassic World : le Monde d’Après, quel est le sens de cette ligne de dialogue entre Kayla et Owen, lorsqu’elle lui dit qu’il doit bien l’aimer cette Claire, et qu’elle rajoute qu’elle aussi aime bien les rousses? On a une Black qui affiche son homosexualité, et ça semble augmenter immédiatement sa cool attitude. Ca ne sert strictement à rien dans le récit, mais ça permet de cocher des cases, dans un film qui va en cocher un maximum. On a un autre personnage qui est Black et qui semble du mauvais côté, mais bien évidemment on va apprendre qu’il est infiltré et que c’est en fait un good guy. Pareil pour l’Asiatique qui a bossé avec les méchants, il s’amendera en créant un antidote au problème provoqué. Et sinon on a aussi la femme qui a accouché sans avoir eu besoin de procréer, niveau émancipation on est pas mal et ça en met un coup à ces vilains messieurs accros au sexe ^^ Jurassic World : le Monde d’Après s’appelle Jurassic World : Dominion en VO, et c’est drôle puisque le sous-texte évoque la reprise du pouvoir des femmes ^^ Sous ses allures de film de SF familial, on a une propagande qui fonctionne à plein régime et qui ne cherche pas à prôner l’égalitarisme, mais un renversement des valeurs en mettant en avant un maximum de minorités. Et c’est là qu’apparaît le paradoxe le plus absurde de ce wokisme, puisque sous couvert d’émancipation et de liberté, il va intensifier l’utilisation de cases pour y placer tout le monde.

Lorsqu’on voit ces différents schémas volontairement martelés à intervalles réguliers, on ne peut pas se dire qu’il s’agit juste de mettre en place des personnages diversifiés pour donner de la richesse au film, mais cela apparaît simplement comme du placement produit à long terme. Dans de nombreuses oeuvres contemporaines, vous allez retrouver ces mêmes schémas, et l’appui mis sur des minorités de manière trop artificielles. Au contraire, quand vous prenez un très bon film comme Antebellum ou une très bonne série comme Them, vous obtenez alors un traitement des minorités qui a du sens, qui balance des émotions fortes et qui offre une complexité dans le traitement scénaristique. On est bien loin du wokisme qui gangrène Hollywood et le monde, et on peut alors apprécier une réflexion intelligente sur l’intolérance et le sentiment de supériorité de certains blancs. Lorsque c’est fait avec une vision non politisée mais avec les tripes, ça a une autre valeur que ces films et séries sans supplément d’âme pullulant sur nos écrans…

On va bien évidemment évoquer le cas Marvel, qui est simplement en train de tuer ses personnages sans le moindre regret. On peut évoquer Les Eternels qui se targuait de nous livrer le premier baiser homosexuel, comme si cette bise-pop entre 2 personnages secondaires allait insuffler un élan au récit… Quel est l’intérêt d’évoquer la sexualité des héros et héroïnes, si ça n’a aucune incidence sur l’histoire? Si cela est fait, c’est que l’intérêt est purement politique, et permet de poser là quelques traces de progressisme. Et malgré les wokeries qu’on a dû imposer à Chloé Zhao, elle est heureusement tout de même parvenue à nous livrer un très bon film! Ce sont vraiment les 4 dernières oeuvres du MCU qui semblent vouloir totalement enterrer ses personnages… Le cas Moon Knight est assez incroyable, puisque mis à part les rares moments où le personnage porte le costume, on serait incapable de dire qu’il s’agit d’une adaptation du comics. En même temps, Steven Grant est une sorte de pendant marvellien de Bruce Wayne, donc difficile en ces temps d’inclusion de parler d’un riche homme blanc cisgenre… Du coup on va en faire un neuneu british de classe moyenne d’origine guatémaltèque (grâce à Oscar Isaac), et ça passe quand même beaucoup mieux en ces temps de tolérance exponentielle!

On a ensuite Miss Marvel, série dans laquelle il ne se passe absolument rien mais qui est forcément géniale puisqu’elle parle de la première super-héroïne musulmane. J’adore le personnage en comics, mais je ne l’ai pas reconnue non plus dans la série, qui est une purge absolue. On peut également évoquer Thor : Love and Thunder, qui est un horrible brouillon de l’arc Mighty Thor ôtant toute la trame émotionnelle qui allait avec le perso! On a une Thor féminine comme dans les comics de Jason Aaron, la grandeur et l’attrait en moins. Quand les producteurs se disent qu’il suffit de filer un marteau à cette pauvre Natalie Portman pour que ça le fasse, ils auraient mieux fait de demander à ce bon vieux Jason de leur filer un coup de main sur le script.

Aaah on en arrive à She-Hulk : Avocate! Comme il me reste encore une poignée d’épisodes à subir, la critique n’est pas encore prête, mais je pense qu’elle sera à la hauteur de ce truc écrit avec 2 pieds gauche et qui détruit littéralement tout sur son passage, mais pas de la manière dont on le pensait. Quand on veut prôner le féminisme à tout va et qu’on souligne ça avec une scène post-générique de twerk, quel est le sens du message? On insiste sur le fait de mettre les femmes au pouvoir sans mettre en avant leur physique, mais on se concentre les toutes dernières secondes sur le postérieur de Miss Hulk… C’est ce que j’appellerai communément un message à double sens, ou simplement une (encore) erreur d’écriture. She-Hulk : Avocate est sans doute la quintessence de tout ce mouvement féministe-LGBT qui devrait surtout apprendre à écrire afin de pouvoir faire passer des idées intelligemment. En l’état, c’est un immense ratage de niveau cosmique qui démontre clairement le virage que prend le MCU.

Quand Marvel a choisi Samuel L. Jackson pour incarner Nick Fury, ça m’a franchement plu parce que je savais qu’il avait le caractère qui allait avec le personnage. Et puis comme le Nick Fury de la ligne Ultimate était inspiré par l’acteur lui-même, ça permettait de boucler la boucle méta avec classe! Mais pour incarner un personnage, il faut que son essence même soit respectée, et que l’on retrouve les qualités de ce héros ou de cette héroïne. C’est pour cela que Moon Knight, Miss Marvel ou Miss Hulk : Avocate sont de vastes blagues et s’apparentent davantage à des détournements qu’à des adaptations. On sent que les producteurs ont juste voulu utiliser des personnages connus pour véhiculer des idées « novatrices », mais qu’ils ne connaissent (ou ne respectent) aucunement ce que le personnage est dans ses cases de comics. On ne parle pas ici d’un problème de couleur de peau, mais vraiment d’une absence de lien entre les 2 versions de chaque personnage. Qui est capable de voir le héros sombre de Doug Moench et Don Perlin dans ce show complètement débile?? J’adore Oscar Isaac en plus, et ça souligne bien à quel point le problème vient de l’écriture qui a totalement annihilé le personnage de base.

On est dans une époque où à partir du moment où on va axer une oeuvre sur un représentant d’une minorité, on n’a surtout pas le droit de critiquer la qualité du travail. Mais que Miss Marvel soit une telle daube n’a rien à voir avec le fait que l’héroïne est musulmane. C’est simplement que l’actrice Iman Vellani est mauvaise, que le traitement social est nase, et qu’il n’y a rien de super-héroïque dans une série pourtant centrée sur une super-héroïne. On a l’impression qu’à partir du moment où on traite d’une minorité, on a plus besoin de bosser son scénario ou son acting, parce qu’avec la tolérance des gens, il faut de toute façon qu’ils aiment. Raisonnement très absurde mais qui donne droit à des séries et des films de plus en plus insipides… Je me rappelle  d’une époque où Queer as Folk sortait en Angleterre et offrait des histoires intéressantes sans avoir besoin de verser dans la revendication à outrance, tandis qu’aujourd’hui la moindre milli-seconde estampillée LGBT est disséquée sur les réseaux sociaux. Comme cette bise-pop inutile dans Les Eternels

J’ai envie de retrouver des récits complexes et des acteurs choisis pour leur talent et non pour leur appartenance à telle ou telle communauté. J’ai envie de vibrer à nouveau avec des récits qui me prennent aux tripes, et pas avec des messages lourdingues disséminés dans chaque oeuvre juste pour rappeler qu’être tolérant c’est super. Je préfère 1000 fois un Pasquale Festa Campanile proposant La Proie de l’Autostop en 1977 à un remake de Chucky avec un tueur en série prônant la tolérance… A un moment il va tout de même falloir être cohérent, et ne pas retourner tous les personnages… Je pense qu’on est dans une ère de tolérance telle, qu’un Ruggero Deodato se ferait enfermer s’il osait sortir La Maison au Fond du Parc… Il y avait certainement davantage de liberté d’expression dans les années 70 qu’à notre époque soit-disant évoluée, et on sent clairement que ce politiquement correct affecte tout. On va bien voir comment cela va évoluer, mais j’avoue ne pas être très confiant…

 

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Don’t worry Darling (Olivia Wilde, 2022)

Si l’actrice Olivia Wilde est surtout connue pour sa participation à la série Dr House, elle s’est également tourné vers la mise en scène à partir de 2019 avec Booksmart, et revient aujourd’hui avec son second long, l’énigmatique Don’t worry Darling. Si Booksmart jouait la carte de la comédie sociale en suivant 2 étudiantes, Wilde bifurque avec son nouvel opus, qui va prendre des atours de thriller bien tendu. On sent une certaine maîtrise dans le propos et dans sa visualisation, et on se laisse embarquer avec plaisir dans cette quête de la perfection.

Le mythe de la communauté parfaite est un thème récurrent dans la littérature ou au cinéma, et Olivia Wilde apporte sa pierre à cet édifice de manière intéressante, avec une proposition de thriller certes pas inoubliable, mais qui parvient à jouer habilement avec le spectateur. Dans cette évocation de l’existence d’une classe sociale privilégiée durant les années 1950, Florence Pugh confirme une fois encore l’étendue de son talent, dans un rôle qui lui permet de puiser dans une belle gamme d’émotions. Alice est en couple avec Jack Chambers, et ils habitent dans une ville perdue en plein désert, sorte de havre de paix niché dans un recoin inhospitalier. Jack, comme tous les hommes de cette ville, travaille dans une entreprise sur un projet secret, et Alice, à l’instar des autres femmes, n’a aucune connaissance de la nature de son travail.

Mais la vie paisible et festive dans cette ville lui convient, et Olivia Wilde recrée avec beaucoup de soin le quotidien d’une femme des 50’s. Sous la lumière permanente du soleil, vivent des femmes épanouies et des hommes bien décidés à mener leur tâche à bien. Mais ce cadre idyllique semble masquer une réalité bien plus inquiétante, et lorsqu’une des résidentes commence à craquer, Alice va voir ce beau vernis s’effriter peu à peu, et va devoir répondre aux questions surgissant alors. Si on a effectivement déjà croisé ce type de récit à plusieurs reprises, Olivia Wilde se l’approprie avec conviction et use d’une mise en scène efficace pour nous plonger de plus en plus dans ce rêve américain qui s’étiole.

La visualisation du départ des hommes le matin est presque parodique, et démontre le cadre entièrement contrôlé dans lequel vivent ces couples. Wilde parvient à faire naître de la tension à partir de séquences pourtant basiques, comme lorsque Alice nettoie ses vitres. La réalisatrice nous fait vivre les sensations d’étouffement qui l’étreignent à plusieurs reprises, et le travail sur le son participe lui aussi activement à la création de cette tension. On sent le gouffre s’ouvrant de plus en plus sous les pieds d’Alice, et on se demande comment elle va pouvoir trouver les réponses aux éléments inquiétants venant perturber son quotidien millimétré.

Autour de l’excellente Florence Pugh, on a un Harry Styles lui aussi très bon dans le rôle du jeune mari motivé à réussir sa carrière, et un Chris Pine sachant jouer avec son égo dans le rôle de celui qui dirige la communauté. Olivia Wilde s’est octroyée le rôle d’une des amies d’Alice, et tout ce beau petit monde se retrouve sous un soleil écrasant, dans cette petite ville qui veut être le meilleur endroit pour vivre. L’aspect superficiel sera montré à plusieurs reprises, comme lors de cette scène où Alice cuisine tranquillement, et c’est justement la vision de ce vernis de bonheur s’effritant qui donne son sens à ce film. Les conventions sociales, la soif du pouvoir, l’envie de sécurité font que ces couples se sont retrouvé dans ce lieu isolé du reste du monde, dans un pacte silencieux dont les enjeux ne sont pas connus de tous.

Olivia Wilde emprunte à plusieurs oeuvres littéraires ou cinématographiques que je ne peux pas citer sous peine d’indiquer la direction du film, mais elle les utilise de manière efficace et intelligente, pour nous offrir un Don’t worry Darling qui est une proposition sympathique et maîtrisée.

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