Découverte YT : Feldup

2 jours auparavant, je vous ai parlé de l’excellente chaîne YouTube de Kane Pixels, en mentionnant que cette découverte avait été due à un autre YouTuber nommé Feldup. Il est donc légitime que je vous en dise davantage sur ce personnage étonnant et au savoir encyclopédique. Feldup est spécialisé dans la branche horrifique et macabre d’internet. Kane Pixels et Feldup partagent la même spécificité, puisque Kane a commencé ses tournages à l’âge de 13 ans, tandis que Feldup a démarré à 12 ans! Il est réputé pour ses épisodes dénommés Findings, dans lesquels il va explorer l’histoire sombre de YouTube et du net en général, en tentant d’expliquer les dérives de cet outil mais également en analysant l’immensité des territoires créatifs de la Toile.

Je vais mettre en avant 2 sortes de vidéos aujourd’hui, en commençant par son triptyque encore inachevé L’Iceberg de YouTube, dans lequel il va partir du sommet du média avec ses vidéos les plus connues dans le domaine du suspense et de l’horreur, pour aller explorer les méandres de plus en plus creepy de cette machinerie… Feldup nous a pour l’instant livré 2 épisodes réellement passionnants en tenant le rôle d’archiviste de cet univers si particulier et intangible, et c’est un réel plaisir de le suivre vers ces abysses insondables… On va y croiser des figures tragiques comme Marina Joyce ou Elisa Lam, mais on va également avoir quelques brefs instants de respiration avec des sujets soudainement plus légers. Avant de replonger plus avant dans ces eaux profondes et froides…

Le travail de documentation réalisé par Feldup est impressionnant, puisqu’il parvient à compiler tout un pan de notre culture moderne, pour jeter les bases d’un travail sociologique précieux en nous mettant constamment face à ce que nous faisons de cet outil de communication. La passivité de l’écran de télévision n’a plus lieu d’être aujourd’hui, et nous avons le moyen d’être très actif en réagissant à la fois au contenu des vidéos elles-mêmes, mais également dans les fils de discussion avec les autres internautes. Feldup va régulièrement traiter de ces dérives versant parfois dans le très glauque, et on assiste d’une certaine manière à une analyse comportementale poussée, visant à déterminer comment l’anonymat du net enclenche certains comportements déviants. C’est assez remarquable de se trouver face à une étude de ce type, même si ça bouscule quand même par moments… D’ailleurs une connection via son compte YT est nécessaire pour accéder à la seconde vidéo.

Je souhaitais ensuite partager avec vous ses 2 explorations des backrooms, qui étaient le sujet de la vidéo dédiée à Kane Pixels publiée il y a 2 jours. C’est grâce à la première que j’ai découvert la chaîne de l’Américain, et je vous conseille de la regarder avant de plonger dans l’univers de Kane, car Feldup va apporter un éclairage des plus aboutis en mettant pas mal d’images des courts de Kane Pixels. Il va pouvoir théoriser l’ensemble du travail monumental de Kane, lequel glisse des images subliminales ou des bribes de documents corporate pour augmenter la densité de son propre univers des backrooms. Le résultat est fantastique dans tous les sens du terme, et Feldup apparaît comme un déchiffreur hors pair pour tenter de donner sens au contenu de la chaîne du jeune Américain. Ses analyses procèdent par touches prudentes et sont d’une finesse exemplaire, permettant de jauger le génie avec lequel Kane Pixels développe sa superbe série.

La dernière vidéo est la première exploration des backrooms par Feldup, et permet de bien cerner ce qu’englobe ce concept vertigineux, dont les bords sont comme l’univers : flous, méconnus et probablement en expansion constante! Quand on voit d’où est parti toute cette mythologie, c’est là que l’on se rend compte du pouvoir du net et de sa capacité à fédérer des communautés de geeks et de nerds prêts à tout pour étendre un univers dès lors qu’il apparaît comme plein de potentialités. Et comme vous n’allez pas tarder à vous en rendre compte, les backrooms ont un potentiel quasi-illimité! Je vous laisse sans plus attendre commencer votre exploration, en espérant que vous reviendrez sains et saufs de ces 2 explorations proposées aujourd’hui! 🙂

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Découverte YT : Kane Pixels

La plateforme YouTube, à l’image de notre société moderne, est le carrefour où viennent se croiser et s’entremêler et une multitude foisonnante de cultures et de sensibilités, permettant des horizons de création (horizones de créatione comme dirait l’autre ^^) démontrant davantage de libertés que les médias traditionnels. Alors que le cinéma peine à nous offrir des oeuvres sortant du lot, de nombreux artistes utilisent la souplesse de cette plateforme pour nous offrir des divertissements bien moins consensuels et aux possibilités souvent plus complexes. Dans le tas, on a forcément des vidéos déclinant les recettes cinématographiques simplistes, mais si on prend le temps de fouiner (ou que l’on se laisse influencer par les excellents fouineurs comme Feldup!), on a alors la possibilité de s’aventurer dans des contrées rarement explorées, et possédant des qualités intrinsèques impressionnantes! Je vous parlerai forcément plus en détail de Feldup dans un prochain article, mais comme il m’a permis de découvrir ce génie qu’est Kane Pixels, je vais entamer cette nouvelle rubrique par l’exploration de l’univers hyper-créatif de ce gamin de 17 ans!!!

Sa première vidéo sur sa chaîne date de 2018, alors qu’il n’avait que 13 ans !!! Elle se nomme Sandwich, et voit … un gamin se faire voler son sandwich par un autre gamin… C’est ce qu’on appelle des débuts timides ^^ Mais quand on voit le bon en avant que Kane va effectuer avec l’élaboration de ses autres vidéos, c’est juste incroyable de se dire qu’il est parti de là ! ^^ Un peu comme le Grand JD avec son Homme-Caca remarque… Bref, tout ça pour dire que dès l’âge de 14 ans, il a fait preuve d’une maturité impressionnante en mettant en scène un court inspiré de l’univers de Portal 2, sans tomber dans le piège de la copie ou de la re-création basique. Corpus Schizophrenic – A Portal 2 Short Film démontre un talent indéniable, Kane usant d’une narration exigeante et d’un sens aigu dans la création d’atmosphère, avec notamment la gestion impressionnante du mixage et le travail sur le son en général. Il faut dire qu’il compose souvent lui-même ses scores, et le résultat est assez bluffant!


 

Avec It’s nicer Here, il nous offre une plongée troublante dans le quotidien d’un génie informatique (qu’il joue lui-même histoire de bien troubler davantage les pistes) ayant créé un univers virtuel lui permettant de s’évader, et en ces temps d’outils Méta, le concept s’avère très pertinent et visionnaire. Ce court date de 2020 et pose des bases inquiétantes saupoudrées d’une certaine dose de tristesse, et l’ensemble fait preuve d’une maîtrise assez impressionnante. Kane Parsons avait donc 15 ans lorsqu’il a créé ce court…


 

Je vous laisserai découvrir par vous-même la richesse de sa très jeune oeuvre en allant directement sur sa page, et vous y découvrirez notamment ses travaux inspirés de L’Attaque des Titans, mais je souhaitais surtout vous faire découvrir ses créations les plus récentes, une sorte de série YouTube entamée avec The Backrooms (Found Footage). On sent ici que toutes les heures, semaines et années de travail précédentes ont trouvé une sorte d’aboutissement dans ce qui apparaît comme une proposition horrifique résolument moderne et intelligente, qui va sublimer le principe des backrooms.

Les backrooms (littéralement arrière-salles) sont une déclinaison des vidéos d’horreur utilisant les nouvelles technologies, partant d’un postulat très simple : un individu tombe dans une sorte d’interstice entre les réalités, et se retrouve coincé dans une succession de pièces toutes plus étranges les unes que les autres. On va errer dans des corridors aseptisés et interminables, croisant de temps en temps des éléments du quotidien apparaissant totalement déplacés ici, et l’ambiance pesante va à chaque fois s’accentuer davantage… Le concept est d’une simplicité déroutante, et les possibilités créatives s’avèrent quant à elles infinies… On va nager en plein concept quasi-surréaliste, si ce n’est que l’individu tombé dans ces backrooms a vraiment juste envie d’en sortir vivant… On pourrait comparer cela au film Cube de Vincenzo Natali, qui est une sorte de précurseur des backrooms, même si l’origine exacte du terme date très précisément du 14 mai 2019. C’est lors d’une discussion sur internet qu’apparaît une photo, lorsqu’un internaute demandait aux gens de partager des images perturbantes. Une personne a posté la photo suivante, ce qui n’a pas tardé à enclencher une réaction en chaîne comme seul internet est capable de le faire ^^

C’était parti pour des creepypasta en mode longs couloirs jaunes avec tubes de néon, et Kane Pixels en a fait une série composée pour le moment de 13 épisodes de durée variable, et qui représente une sorte de trip assez incroyable, parce qu’on se laisse glisser dans cette distorsion de la réalité avec un vrai plaisir et une véritable envie de découvrir ce qui s’y trame! On a l’impression d’effectuer une plongée à la fois dans un monde inconnu mais également dans les méandres de notre propre cerveau, avec une double lecture très riche et complexe, doublée d’une visualisation horrifique du plus bel effet! A 17 ans, Kane Pixels est sans conteste l’un des créateurs de vidéos les plus innovants en activité, et après avoir vu ce premier épisode, vous devriez logiquement avoir envie de poursuivre l’aventure 🙂


 

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She-Hulk : Avocate saison 1 (2022)

Enfin! Enfin je suis arrivé au bout de cette série à la fois courte et (inter)minable ! 9 semaines à s’ingérer ces 30 minutes relativement indigestes, mis à part quelques éléments à sauver dans les 2 derniers épisodes, on en reparlera… Miss Hulk pour ceux qui n’ont rien suivi depuis le début, c’est la cousine de Bruce Banner alias Hulk. Suite à un accident de voiture, du sang de Bruce se retrouve dans l’organisme de Jennifer Walters, qui développera alors quelques pouvoirs similaires à ceux du géant vert. Sauf qu’au lieu d’aller tout fracasser, elle va se contenter de faire (mal) son travail d’avocate, ce qui va nous donner un show en mode Ally McBeal pas drôle et pas très intéressant juridiquement parlant.

Après les mémorables Moon Knight et Miss Marvel, Marvel Studios poursuit son entreprise de démolition du MCU en intégrant donc Jennifer Walters à leur ensemble super-héroïque, et en ayant une fois encore une approche tout sauf super-héroïque. Dire que l’on s’emmerde devant cette série comme sur les précédentes citées plus haut va dans la logique de ce que nous propose le studio, comme s’il souhaitait repousser les limites des spectateurs à chaque nouvelle création. Il est loin le temps de l’excitation face aux premiers films Avengers, au début de la création de cet univers partagé…

Tout d’abord, à l’annonce du casting, tout le monde s’extasiait du choix de Tatiana Maslany suite à sa prestation dans la série Orphan Black. Je ne l’ai pas vue, et je ne peux donc pas comparer, mais je la trouve inexistante dans le rôle de Fiona Walters… Elle ne lui confère aucun charisme et le personnage ne fait que subir sans quasiment jamais remettre en question ce qu’elle se prend dans la tronche. Le premier épisode est un calvaire avec cette lutte permanente entre Bruce et elle, lui qui veut absolument qu’elle parvienne à contrôler ses pouvoirs et qui ne peut pas comprendre qu’elle ne vit pas du tout la même situation que lui. Malgré son intellect supérieur, Bruce se la joue sale con et masculiniste toxique en gros ^^ Et c’est à partir de là qu’on comprend le concept de la série, qui va se plaire à jouer un pauvre féminisme ridicule au lieu de creuser un peu pour chercher un scénario valable…

On va directement revenir sur les quelques rares éléments qui ont fonctionné, et je spoilerai sans problème, vu le niveau global de la série il n’y a pas de mal à divulgâcher. Celui qui sauve l’épisode 8 s’appelle Matt Murdock, alias Daredevil !!! Après pas mal de teasing, il apparaît enfin et permet vraiment de rehausser l’intérêt de la série la majeure partie de cet épisode. Le costume est nouveau en mélangeant les couleurs des différentes tenues de DD, et on sent même une certaine propension à la violence en mode Netflix, ça fait plaisir! Même si évidemment ça reste du Disney et qu’on y saupoudre pas mal d’humour histoire de rester tout public. Charlie Cox reprend avec plaisir ce rôle emblématique, et le plaisir est partagé par les spectateurs, le retour du héros de Hell’s Kitchen étant clairement le meilleur élément de ce show. Malgré le passage obligé de la fin qui est presque forcé…

Dans ce même épisode, on a droit à l’introduction d’un bad guy emblématique, j’ai nommé L’Homme-Grenouille ! Et ça fait plaisir de voir un crétin costumé prendre vie de cette manière ^^ D’ailleurs il y a quelques apparitions bien absurdes comme El Aguila ou le Porc-Epic, qui selon l’humeur apparaîtront comme rébarbatives ou drôles ^^ Et dans le dernier épisode, on a un vrai cassage de 4ème Mur qui est effectué de manière étonnamment belle graphiquement, avec une mise en abyme s’octroyant même le droit d’approcher un certain KEVIN… Et la trouvaille renvoyant à Portal est bien absurde et ironique! On a majoritairement eu droit à 2-3 instants de lucidité lors des 2 derniers épisodes, pour une série qui a passé le reste de son temps à s’enliser dans un marasme sans nom, en nous proposant des « aventures » totalement déconnectées pour les fans… A force de vouloir à chaque fois faire une série différente pour plaire à un nouveau public, Marvel Studios brûle de plus en plus son potentiel et devient une parodie de ce qu’il nous offrait au début… Et ce n’est pas Thor : Love and Thunder qui nous dira le contraire…

J’oubliais la prestation de Tim Roth en Emil Blonsky, qui là encore peut varier selon les humeurs… Mais globalement, son rôle de gourou feng-shui apporte quelques instants drôles, même s’ils sont souvent trop étirés. Mais on a tellement de potentiel inexploité ou pire, mal exploité, comme Titania qui est plus que ridicule, que l’on a réellement l’impression que le staff rédige son scénario au jour le jour, à la manière d’un Vince McMahon réécrivant le show 1h avant le direct… Comment peut-on espérer avoir un produit de qualité si on a constamment l’impression d’assister à de l’improvisation totale? Je m’étais spoilé l’apparition de Mister Immortal, et j’ai rarement vu une adaptation aussi débile et peu respectueuse d’un personnage… L’entreprise de déconstruction dont je parlais plus haut? On est en plein dedans!

Bref, je ne vais pas m’étendre sur les histoires habituelles de twerk et enfoncer des portes ouvertes, mais She-Hulk : Avocate est un énième produit sans âme issu des studios Marvel, et heureusement que Daredevil a pointé le bout de ses cornes car sinon de très nombreux spectateurs auraient déjà abandonné dès le début. On va espérer que Black Panther : Wakanda Forever relèvera enfin le niveau, et que ce soit surtout au cinéma et non pas sur Disney +

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Werewolf by Night (Michael Giacchino, 2022)

Michael Giacchino est un compositeur reconnu ayant démarré dans le domaine du jeu vidéo avec Gargoyles en 1995, qui sera notamment suivi de Medal of Honor en 1999 ou Call of Duty en 2003. Il a parallèlement entamé une carrière au cinéma avec Legal Deceit en 1997, dans lequel apparaissait un tout jeune et encore inconnu Jeffrey Dean Morgan. La frontière est devenue de plus en plus floue entre les 2 domaines, puisqu’il a participé au film d’animation Les Indestructibles en 2004, tout en gérant la musique du jeu vidéo The Incredibles la même année. Il oeuvrera par la suite sur Mission: Impossible III, tâtera de la télévision avec les séries Alias et Lost – les Disparus, reviendra au cinéma pour Ratatouille, Cloverfield, Speed Racer, Star Trek… Le musicien s’est avéré très prolifique, et on peut citer dans ses dernières prestations : Thor : Love and Thunder, Buzz l’Eclair, Jurassic World : le Monde d’Après, The Batman, Spider-Man : No Way Home… Giacchino est un incontournable dans le domaine du blockbuster, et il a osé prendre un risque en changeant de casquette le temps d’un téléfilm!

Il assure en effet la mise en scène de ce programme spécial intitulé Werewolf by Night, même s’il avait déjà auparavant fourbi ses armes sur un court métrage en 2018, Monster Challenge, ou encore sur un épisode de la série Star Trek : Short Treks. Cette fois-ci, il sort de la confidentialité de ces « petits » projets, puisqu’il va être davantage exposé en s’attaquant à la veine macabre de l’univers Marvel. Le risque reste mesuré dans le sens où (pour l’instant) ce téléfilm est un one-shot, mais cela permet à Giacchino d’approfondir sa courte expérience et de peaufiner son travail sans avoir trop de pression sur les épaules. Et entre 2 épisodes de la catastrophique série She-Hulk : Avocate, ça fait du bien de se dépayser un peu dans le domaine des monstres!

Werewolf by Night est une des nombreuses figures nées dans des années 70 qui s’émancipaient du Comics Code Authority, et qui offraient aux lecteurs des histoires plus sombres et sanglantes. On a assisté aux naissances de Dracula, du Monstre de Frankenstein, et bien sûr du Loup-Garou, qui a donc droit à son adaptation aujourd’hui! L’évocation de la plupart de ses noms renvoie à un certain âge d’or des studios Universal, qui produisit les fameux Universal Monsters de 1931 à 1951. C’est là que l’on a pu découvrir le Dracula de Bela Lugosi, le monstre de Frankenstein de Boris Karloff, ou encore le Loup-Garou de Lon Chaney Jr. Ces Universal Monsters sont certes datés, mais ils possèdent encore une belle patine en offrant une vision nostalgique de ce que produisait le 7ème art à l’époque, avec des moyens certes limités mais faisant preuve de belles inventivités.

Michael Giacchino va s’approprier la thématique du lycanthrope en rendant hommage à ce pan si particulier du cinéma, et il va pour cela user d’une esthétique similaire avec un très beau noir et blanc, dans lequel il va explorer des jeux d’ombres avec beaucoup de tact. On a réellement l’impression de se retrouver projeté dans une vieille bobine des années 1930 ou 1940! Le concept est totalement géré par Giacchino qui crée une petite ambiance rétro réussie, et qui ressuscite tranquillement un genre tombé en désuétude depuis belle lurette! On pensera forcément aux 3 premiers épisodes de WandaVision, qui s’attaquaient eux aux années 50, mais je vous rassure, c’est nettement plus digeste dans Werewolf by Night! La réalisation se concentre sur ces aspects d’antan jusque dans les moindres détails, avec notamment les ovales blancs apparaissant furtivement sur le bord de l’image pour signifier qu’on arrivait au bout de la pellicule, ou encore avec l’utilisation d’un caractère granuleux au départ.

On a droit à l’excellent Gael García Bernal dans le rôle-titre, qui opte pour une approche relativement feutrée du personnage, mais qui lui confère toutefois une certaine stature. L’acteur mexicain doit composer avec les impératifs du mastodonte Disney, et il s’en sort agréablement, et on espère bien le revoir par la suite dans d’autres productions. A ses côtés, Laura Donnelly (Outlander) incarne… Elsa Bloodstone, la fameuse chasseuse de monstres de l’univers Marvel! Si physiquement, elle n’est pas très proche de son homologue papier, elle possède une certaine personnalité qui la rapproche par moment de la vraie Elsa (que vous pouvez découvrir par ici) ^^

Ce téléfilm va jouer la carte de l’hommage par de nombreux biais, et le premier est certainement le plus visible, celui du décalque des Chasses du Comte Zaroff (1932). Alors que le patriarche de la famille Bloodstone a rendu l’âme, une chasse est organisée afin que la relique qu’il avait en sa possession, la Pierre de Sang, soit remise au vainqueur. Il va pour cela falloir tuer un monstre sur lequel sera placée la pierre, ce qui l’affaiblira mais le rendra plus agressif. Je ne vous dévoilerai pas l’identité du monstre en question, les fans de Marvel auront plaisir à le revoir, lui qui avait déjà bénéficié d’une obscure adaptation en 2005 (je vous laisse vérifier par ici pour ceux qui ont envie de chercher ^^) ! Les chasseurs se rendent au manoir Bloodstone et vont entamer la chasse rituelle, qui se déroulera dans un labyrinthe qui sent bon le décor de studio, et dans lequel Michael Giacchino va se faire plaisir à composer de beaux plans pendant que ses protagonistes jouent à cache-cache. Cette partie est certainement la plus réussie du téléfilm, avec un sens du suspense à l’ancienne qui fonctionne, quelques trouvailles scénaristiques intéressantes et un caractère relativement ludique pour l’ensemble.

La transformation de Jack (Jack Russell de son vrai nom, oui c’est vrai ^^) va être repoussée pendant un moment, mais lorsqu’elle interviendra, on aura encore une fois droit à une visualisation très 30’s-40’s, et une fois encore, Giacchino fait preuve d’une belle aisance dans sa recréation de ces mythes d’antan. Il sait comment créer de la tension et montrer un événement de manière non frontale, et sa façon de jouer avec les ombres devant une Elsa apeurée est caractéristique des effets visuels de l’époque, tout en donnant une certaine consistance au récit. Et paradoxalement, c’est davantage une fois la transformation effectuée que l’atmosphère retombe légèrement, même si on a droit à quelques beaux plans de combats par moments, dont un que ne renierait pas Daredevil ^^ le personnage du Loup-Garou est moins intéressant que celui de Jack, et l’aspect Jekyll et Hyde est juste effleuré le temps de cet épisode. On pourra avoir un peu de réserve sur la séquence de fin, qui est typique du too much made in Marvel, qui ne peut s’empêcher de verser dans la comédie… Mais ça me fait bien plaisir d’avoir pu revoir ce monstre dont je tairais le nom, et qui entre désormais dans le MCU! Gael Garcia Bernal et Michael Giacchino nous ont livré un programme spécial qui remplit son office, en proposant un récit intéressant et des idées de mise en scène qui fonctionnent, et en ces temps où se succèdent Moon Knight, Miss Marvel, Thor : Love and Thunder et Miss Hulk: Avocate, ça fait quand même beaucoup de bien de se prendre un peu de qualité sous la rétine !

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Sans Filtre (Ruben Östlund, 2022)

Entrer dans le cercle très restreint des double Palme d’Or, pour Ruben Östlund, c’est chose faite cette année, 5 ans après avoir remporté la célèbre récompense avec The Square. Le metteur en scène suédois est réputé pour sa vision subversive de nôtre monde si superficiel, et il s’en est encore donné à coeur joie dans ce Sans Filtre découpé en 3 parties distinctes réparties sur pas moins de 2h30. Un film-fleuve se déroulant en pleine mer, encore un comble de l’absurde?

On commence par une séquence presque surréaliste dans le milieu de la mode, avec une poignée d’hommes venus auditionner et faisant partie intégrante d’une satire de cet univers si factice. On sent d’entrée de jeu un vrai rythme, une patte bien réelle de la part d’un auteur chevronné, et un sens du dialogue qui fait mouche (accessoirement, Östlund a également rédigé son film ^^). La vision originale et caustique du réalisateur permet de créer une atmosphère forte et de donner vie à de vrais personnages, pourtant engoncés dans leurs apparences de couple. Yaya et Carl sont 2 jeunes vivant grâce aux réseaux sociaux et au travail d’influenceuse de Yaya, et ils se retrouvent en pleine croisière sur un yacht de luxe à se photographier régulièrement pour Insta.

Mais avant d’embarquer sur le navire, on va découvrir un certain dysfonctionnement dans ce couple qui ne sait pas véritablement s’il en est un. On est face à 2 jeunes vivant dans une sorte d’illusion flashy, et la mise en scène d’Östlund apporte une vision à la fois sarcastique et tendue, parvenant à rendre très crédible et très intéressante la moindre séquence de dialogue. La preuve avec la scène dans le taxi et ce jeu de passe de caméra, qui démontre toute l’aisance du réal dans l’élaboration de son film. Ca change tellement des clichés habituels et du rythme effréné auquel on est malheureusement trop habitué! Ca fait du bien de se calmer un peu et de creuser la complexité des rapports via des dialogues prenant et une vraie capacité à leur donner corps.

Après cette première partie nous dévoilant le couple, on va passer la seconde avec le yacht, qui va nous ouvrir à d’autres protagonistes ayant eux aussi bénéficié d’une approche bien caustique d’Östlund. On va croiser des petits vieux tout mignons, un homme tout timide, un couple de Russes un peu barge, et de nombreux autres passagers ou membres d’équipage. Östlund va nous gratifier de séquences bien hilarantes sur fond de lutte des classes, et le jeu des supériorités sociales est filmé avec une simplicité confondante. Le jeu des apparences quant à lui va se poursuivre de manière encore plus prononcée dans cette partie, qui est sans conteste la plus drôle. On assiste à des instants très surréalistes tout en étant traversés d’instants fugaces touchants, mais le maître-mot de l’auteur est la désacralisation des conventions sociales, qu’il va dynamiter avec un savoir-faire exemplaire! Tout le vernis du gotha va se craqueler très rapidement avec quelques remises à niveau bienvenues lors d’une soirée un peu mouvementée, et c’est un plaisir d’assister à ce petit jeu de massacre des conventions!

Là encore, la mise en scène au cordeau et paradoxalement très libre d’Östlund apporte une véritable fraîcheur dans ces moments totalement absurdes, et on est pris dans un engrenage qui fait vraiment du bien à force de maltraiter ses protagonistes! Au passage, Woody Harrelson se fait une nouvelle fois plaisir dans un rôle légèrement barré, et c’est toujours très agréable de le voir composer une personnalité atypique! Östlund maîtrise totalement sa narration et parvient à créer des instants où la tension et l’humour se mêlent habilement, et il emballe cette partie avec un soin rare.

La 3ème partie quant à elle va s’avérer moins percutante malheureusement. Même si elle reste intéressante, elle va accuser une vraie baisse de régime par rapport à la qualité de ce qui nous a été proposé dans les parties précédentes, et c’est dommage de ne pas être parvenu à conserver la même audace et le même engouement. Les instants sont moins travaillés et s’étirent davantage, en proposant un humour moins percutant également. Le jeu de l’inversion des strates sociales n’est pas inintéressant, mais va mener à un aspect assez rapidement caricatural. En l’état, et grâce aux très bons acteurs, cela fonctionne encore, mais on sent que les ficelles sont un peu plus grosses…

La regrettée Charlbi Dean (Black Lightning) apportait une touche de glamour et de sophistication dans ce récit déconstruisant la vanité des apparences, et elle pouvait compter sur Harris Dickinson (The King’s Man : première Mission) pour lui offrir un pendant masculin pourtant plus à même de questionner leur condition. On a toute une floppée de très bons acteurs à tous les niveaux du navire, et je vous laisserai le soin de les découvrir ^^ Sans Filtre est une expérience étrange et plaisante à découvrir, même si la Palme d’Or n’était pas forcément requise selon moi… La baisse de rythme prouve à quel point Ruben Östlund est capable de maîtriser son matériau, et c’est dommage qu’il ait levé le pied sur le dernier acte… Mais en l’état, Sans Filtre reste une proposition différente du tout-venant hollywoodien, et rien que pour ça, il mérite le coup d’oeil ^^

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