La trilogie explosive de Laurent Obertone s’achève ici, avec un 3ème volume qui part encore explorer des profondeurs supplémentaires et qui achève de donner une vision très réaliste de ce que donnerait un mode post-apocalyptique made in France! Cet article contiendra quelques spoils donc si vous n’avez pas lu les précédents, je vous invite à ne pas lire la suite! ^^
Guerilla 1 – Le Jour où tout s’embrasa racontait les 3 journées d’émeutes ayant fait suite à la tragique descente dans la cité de la Courneuve; Guerilla 2 – Le Temps des Barbares narrait les 24 journées suivantes, qui voyait une France éteinte, avec des systèmes de communication out, plus de médias, plus d’électricité, donc plus de chauffage, et un retour à la bestialité humaine… Quand le vernis social éclate, la bête sommeillant en chacun ne tarde pas à surgir… Laurent Obertone rédige un 3ème tome poussant l’analyse sociologique à un haut degré, en nous racontant le présent d’une multitude de personnages pris dans cette tourmente et gérant la situation avec plus ou moins de succès. Victor Escard est parvenu à se hisser à la tête du pays et l’auteur va nous montrer comment procéder à la reconstruction de la république, mise en branle par un personnage d’un cynisme et d’une cruauté n’ayant rien à envier aux barbares précédents. Dans cet ultime volume, il va explorer les rouages abjects de la politique, engoncée dans l’idéologie et la bien-pensance, qui n’est qu’un moyen d’asseoir son pouvoir de manière légitime. La figure d’Escard est typique de bon nombre de politicards, mais au moins on sait ce qu’il pense en agissant de la sorte.
On retrouve une autre bête, Vincent Gite, homme perdu qui s’est retrouvé dans ce combat contre les arcanes du pouvoir. Gite n’a plus rien à perdre et sait que son heure est bientôt venue, mais il va lutter avec autant plus d’acharnement pour mettre un terme aux agissements d’un gouvernement corrompu et qui n’en a que faire de sa population. Après avoir patienté durant l’hiver pour que ses ouailles reviennent dans son giron en pleurnichant, Escard s’auto-proclame maître de la France grâce au soutien des médias, et met en branle un plan de reprise dans lequel il va apparaître comme le sauveur de la civilisation. Alors que le gouvernement précédent et les autres avant lui avaient précipité la nation dans le gouffre, il compte lui aussi profiter de son accession pour se servir du peuple et tirer la démocratie vers le bas, en usant de la peur habituelle…
Guerilla 3 – Le dernier Combat s’avère passionnant de par la façon dont il dévoile les rouages politiques et le jeu des alliances, tout en démontrant le fonctionnement mesquin et vicieux des médias. Pas une nouveauté en soi, mais c’est intéressant de suivre cette approche à travers ces différents prismes, et ce volume traite de manière imparable de la soif de pouvoir à tous les niveaux. On a notamment les Vigilants, ces escouades admiratives du nouveau président, qui vont faire office de brigades sociales très répressives, manipulant la population en jouant sur les notions de bien-vivre ensemble pour faire culpabiliser les récalcitrants. Laurent Obertone démonte point par point cette gauche clamant détenir la Vérité et ne supportant pas que l’on puisse simplement demander le débat.
On va retrouver le colonel et la petite fille qu’il a sauvé, qui vont encore traverser pas mal de péripéties, dont une rencontre avec Gite qui va encore faire évoluer le cours de leurs histoires respectives. Il y a une force de caractère se dégageant de ce dernier personnage, qui fait que l’on suit son parcours même en étant pas totalement d’accord avec ses actions. Vincent Gite navigue clairement dans des zones très grises, et il agit lui aussi à la manière des terroristes ayant ravagé la France dans les tomes précédents. Obertone questionne les notions d’intérêt supérieur au nom desquels agissent les personnages, et il est intéressant d’effectuer ce parallèle avec les tueurs islamistes.
Obertone signe une trilogie massive et addictive, offrant un regard très sombre et très vif sur ce que donnerait une guerre civile en France, et le résultat fait froid dans le dos avec cette dose de réalisme corroborée par une actualité faisant pencher la balance dans le sens de l’auteur… Les fameux « délestages » et non coupures électriques craints cet hiver donnent une saveur particulière à la lecture de ces romans ^^ Quand le propos est appuyé par une plume aussi efficace, avec de manière constante une sorte d’amertume et de poésie sombre, cela donne une tonalité très forte et imprime durablement les esprits!