Une Famille sur le Ring (Stephen Merchant, 2019)

Le film sportif est un genre à part entière aux Etats-Unis, avec des oeuvres traitant du football américain (L’Esprit d’Equipe, Le plus beau des Combats), du base-ball (Le Meilleur, Rêve de Champion) ou de la boxe notamment (Rocky, La Rage au Ventre), et dans lesquels sont mises en exergue les notions de sacrifices et d’espoir inhérentes à ce qui apparaît presque comme une seconde religion. Le domaine du catch quant à lui est traité de manière plus confidentielle, très probablement à cause de son statut de spectacle, mais il n’en demande pas pour autant moins de sacrifices. Quelques longs métrages ont abordé les coulisses de cette industrie, comme The Wrestler, Deux Filles au Tapis, ou encore Cadence de Combat ^^

Enseigne prédominante aux USA et à travers le monde, la WWE (anciennement WWF) a révélé des figures incontournables comme Hulk Hogan, Shawn Michaels, The Rock, l’Undertaker et s’est imposée comme la plus importante compagnie dédiée à ce sport-spectacle, sous l’égide de la dynastie McMahon. Niveau cinéma, les films produits par la WWE sont assez chauvinistes et basiques en général, de The Marine avec John Cena à The Marine 6 : close Quarters avec The Miz, Shawn Michaels et Becky Lynch, ou de 12 Rounds avec John Cena à 12 Rounds 3 : Lockdown avec Dean Ambrose. Du coup, un biopic consacré à une de leur propre star produit par eux-même, ça sentait bon l’auto-promo à un moindre coût… Et comme Paige n’est pas non plus la figure la plus connue de la WWE, il n’y avait pas forcément de quoi attirer les foules…

Et pourtant, Une Famille sur le Ring est une vraie belle surprise, de celle qui vous touche sans que l’on s’y attende, et qui va bien au-delà de ce que l’on pensait trouver dans cette oeuvre! Loin d’être une simple publicité pour la WWE, le film se permet au contraire quelques piques bien réalistes à l’encontre de la compagnie de Stamford, et va démontrer que l’envers du décor n’est pas forcément toujours reluisant. On évite donc les clichés trop lisses en mettant l’accent sur le côté impitoyable de ce monde, dans lequel seule une poignée parvient à se hisser au sommet, tandis que de très nombreux talents sont laissés au bord de la route. Vince Vaughn incarne à merveille la figure du coach intransigeant et souvent cruel, mais avant tout réaliste et pragmatique. Il est un élément essentiel que l’on retrouve dans tous les domaines sportifs, cette sorte de conscience permanente destinée à pousser au maximum les apprentis, afin qu’ils donnent tout pour se dépasser!!!

Il va donc tenter de tirer le meilleur de tous ses élèves, et notamment la jeune Paige, incarnée par une excellente Florence Pugh! Saraya Knight est une jeune femme issue d’un milieu modeste, entraînée au catch avec son frère par ses parents, qui ont une petite fédération locale destinée à promouvoir des galas sportifs. Ce sont Nick Frost (Shaun of the Dead) et Lena Headey (Cersei dans Game of Thrones) qui incarnent les parents, et on va atterrir dans une famille sacrément frappée! Ricky et Julia n’ont de cesse d’envoyer des vidéos à la WWE, afin que leur fils Zak puisse enfin faire carrière aux Etats-Unis, et un jour, cela s’avère payant, puisque Zak et Saraya ont l’opportunité de passer un casting! Mais le résultat va être inattendu et tragique à la fois, puisque Zak est évincé, tandis que Saraya gagne son billet pour les USA…

Là où on attendait un film à la gloire de la WWE, on se retrouve face à une vraie comédie sociale british, et le traitement de cette histoire est vraiment captivant! Les Knight vivent de leur passion et sont considérés comme des gens à côté de la plaque, mais ils ont une vraie cohésion familiale et font le maximum pour s’entraider. Il y a un mélange d’humour bien absurde et d’émotions sincères qui confèrent au film une aura que l’on ne soupçonnait pas, et on se retrouve happé par cette histoire d’ascension sportive, qui retrace en plus le vrai parcours de Paige! On aurait pu se contenter d’un biopic sur elle, mais le metteur en scène Stephen Merchant choisit de montrer également la violente désillusion de son frère Zak en parallèle… Là où la jeune femme débarque dans un monde empli d’espoirs, lui va sombrer dans une dépression intense… Il y a des scènes très fortes dans lesquels le simple effacement d’un sourire fait froid dans le dos, tant on ressent à quel point son rêve à lui s’est brisé… L’acteur Jack Lowden est d’une justesse exemplaire et offre un contrepoint très dramatique à la figure montante de Paige.

Florence Pugh quant à elle met toute son énergie pour incarner la catcheuse anglaise, parvenant à capter ce qui fait son originalité et sa personnalité, et on va suivre toutes les étapes de son ascension. Des entraînements très difficiles aux préparations mentales, des cours de workout aux cours d’expression orale, on va apprendre avec elle comment les coachs créent des personnages et permettent aux catcheurs de donner la pleine mesure de leurs talents. Et surtout, c’est le premier film qui traite de la NXT, le centre de formation qui est devenu la brand la plus intéressante de la WWE! C’est à la NXT que Paige va faire ses débuts, et ce tremplin va la mener à Smackdown Live pour une première prestation qui sera déterminante dans sa carrière!

Une Famille sur le Ring va vous faire marrer et va vous toucher sincèrement, dans un mélange émotionnel inespéré qui devrait ravir même ceux qui n’apprécient pas particulièrement le catch! La caution bankable de The Rock est franchement fun, et on va croiser quelques figures connues qui s’amusent à faire des caméos. Ce film est une très belle surprise et un très bon moment!!!

Publié dans 2010's, Cinéma | Laisser un commentaire

Le clip de la semaine : Mess up your DNA – Boom Boom

Ils viennent tout droit de Karlsruhe, et ils nous balancent un son rock bien percutant depuis 2013! Je vous invite vraiment à découvrir les Allemands de Mess up your DNA, ça envoie vraiment bien! Florian Schweizer, Philipp Whilelm et Christoph « Filou » Wilhelm font dans les sonorités bien lourdes comme il faut, et ça fait bien plaisir!!!

Publié dans Le clip de la semaine | Laisser un commentaire

Brightburn : l’Enfant du Mal (David Yarovesky, 2019)

Sur le papier, on a une séduisante idée consistant à reprendre la trame de départ du mythe de Superman, en le détournant astucieusement afin de créer une variation maléfique de Kal-El! Le concept est génial et fleure bon la série B bien explosive et bad-ass, et quand on voit le nom de James Gunn associé au métrage, on ne peut qu’être excité par le projet! Rédigé par Brian Gunn (un des frangins de James Gunn) et Mark Gunn (un cousin de James et Brian), le scénario va narrer les aventures de Brandon, un jeune garçon de 12 ans qui va se découvrir des aptitudes assez particulières et dévastatrices. Et il va y prendre goût le bougre…

Brian et Mark bossent en binôme depuis quelques années, et on leur doit notamment le scénario de Voyage au Centre de la Terre 2 : l’Ile mystérieuse. Ils n’en ont pas fini avec la saga, puisqu’ils sont attachés à l’écriture de Journey 3 : from the Earth to the Moon. Et en parallèle, ils développent également une série Starsky & Hutch! Le metteur en scène David Yarovesky a à son actif l’excellent clip Guardians of the Galaxy : Inferno, et on sent une cohésion entre tout ce petit monde gravitant autour du producteur James Gunn. Esprit comics, passion de la série B, attrait pour les figures décalées… Il n’en fallait pas moins pour s’intéresser à cette variation maléfique sur le thème du surhomme!

Le problème, c’est que le résultat s’avère très convenu, sans jamais prendre de réels risques narratifs, et sans véritable emphase graphique également. On va suivre le récit de Brandon, un ado solitaire typique, choyé par ses parents adoptifs qui sont très (trop?) cool, et on va assister à l’apparition de ses pouvoirs qui vont lui donner une très grande confiance en lui, au détriment des gens autour… La thématique de la puberté est abordée, mais de manière bien trop succincte, même si elle offre un dialogue marrant entre le père et le fils. C’est là que l’on sent la véritable limite du scénario, dans ces simples évocations qui ne vont pas creuser davantage les psychologies des personnages. On aurait aimé en savoir plus sur ce que Brandon ressent avec ces pouvoirs grisants et mortels, mais le choix d’opter pour un point de vue survival va simplement le banaliser comme figure du mal à laquelle il faut échapper. Il y avait une opportunité énorme de jouer sur les émotions paradoxales qui bouillonnent en lui, qui plus est à cet âge difficile de la puberté, pour créer un long métrage déviant et explosif qui aurait pulvérisé les codes du film super-héroïque! En l’état, on va assister à une relecture certes sanglante et violente du mythe de Kal-El, mais qui au final reste sur des rails trop mainstream.

Jackson A. Dunn (qui faisait une apparition en tant que Scott Lang âgé de 12 ans dans Avengers : Endgame!) joue vraiment bien le gamin froid et imperturbable, mais c’est le personnage lui-même qui reste bloqué dans cette vision trop statique. On aurait apprécié ressentir toute la puissance qu’il déverse, et toute la joie malsaine qu’il ressent à l’idée de détruire tout ce qu’il peut! Le film reste vraiment trop sage par rapport à cela, et c’est réellement dommage! Il faut dire aussi que la psychologie des personnages n’aide pas, avec des réactions très souvent à côté de la plaque… Le père et la mère qui sont sidérés par les actes de leur fils, mais qui ne se décident pas à avertir les autorités malgré la gravité de la situation… Et des dialogues sans trop de saveur malheureusement… Brightburn : l’Enfant du Mal sonne comme une promesse non tenue, celle d’un spectacle bien jouissif qui manque le tir, et il reste une enveloppe pas forcément moche, mais dénuée de consistance…

Il y a également pas mal d’incohérences dans la gestion des attaques de Brandon, qui ne correspondent pas à ce que l’on attend d’un gamin énervé. Quand on sait qu’il est capable de péter la main de gosses de son âge suite à une impulsion de rage, il est difficile de croire qu’il va à l’opposé avoir une stratégie différente lors de ses attaques. En fait, les Gunn ont simplement voulu mettre sur pied un slasher en y intégrant les figures habituelles du genre, avec un moment d’attente avant l’attaque, puis à nouveau un moment de calme avant le second assaut, etc… Si cela peut fonctionner dans les films d’horreur traditionnels, il y a quand même ici un sacré problème de réalisme, puisqu’on parle d’un gamin de 12 ans au caractère impulsif. Bref, tout ça pour dire que même si certaines séquences sont plutôt bien traitées visuellement, elles perdent toutefois en impact à cause de ce choix illogique. On avait la possibilité d’assister à un vrai film de super complètement cramé, on a au final qu’un énième slasher pas forcément convaincant.

Et quand on nous promet un film dévastateur avec un gamin qui veut, je cite, « prendre le monde », et qu’il se cantonne juste à son petit quartier, on se dit qu’il faudrait qu’il commence à voir plus grand, non? Brightburn : l’Enfant du Mal est donc une déception, qui malgré 2-3 belles saillies gores, ne parvient pas à convaincre, et apparaît comme une tentative vaine de donner une autre dimension aux super-héros. Pour cela, on va attendre le 26 juillet et The Boys, enfin une proposition vraiment bad-ass dans le genre???

 

Publié dans 2010's, Cinéma | Laisser un commentaire

Les news de la semaine : Zen Spidey

 

 

Bon, plus que 4 petits jours avant de découvrir ce fameux Spider-Man : far from Home!!! On patientera avec une photo nous présentant Zendaya et Tom Holland, ainsi que 3 affiches, dont 2 avec le bocal de Mystério!!! ^^

 

Publié dans Les news de la semaine | Laisser un commentaire

Dark saison 2 (2019)

Après une première saison tout simplement parfaite, on peut enfin découvrir la suite du show signé Baran Bo Odar et Jantje Friese! Après 10 épisodes l’an passé, la série allemande nous livre une seconde salve constituée cette fois de 8 chapitres. Va-t-on enfin avoir le fin mot de tout cette histoire qui donne le tournis?

Dès les premières images, on retrouve les sensations familières de cette série, constituée d’éléments très sombres et d’un espoir diffus. L’atmosphère est lourde, chargée de mystères et d’une dimension prophétique, les personnages devant tous composer avec des croyances ébranlées. Pas de doute, on est bien à Winden, la ville qui va cristalliser les mensonges et les secrets de nombreux personnages, dans la continuité de la saison précédente. Le bémol cette année, c’est que l’effet de surprise a bien évidemment disparu, mais que l’on sent clairement l’aspect répétitif du show allemand. Là où l’atmosphère pesante accompagnait davantage les tracés des personnages, on sent cette année une certaine distinction entre les deux. On sent la belle construction de l’ambiance d’une part, et le jeu d’écriture de l’autre, mais le tout est moins imperceptiblement lié. Il y a des moments plus distanciés, qui étaient absents de la saison 1.

La construction des dialogues et les relations entre les personnages possèdent toujours cet intérêt lié à la prophétie, mais on sent que certains moments sont plus poseurs, là où en saison 1 tout apparaissait nettement plus instinctivement. Jantje Friese va poursuivre la descente dans le mal qui ronge la ville, et qui a des impacts sur différentes époques. Jonas va encore une fois voyager dans le temps, et la complexité des différentes imbrications n’est certainement pas simplifiée cette année! Encore une fois, on retrouve cette densité impressionnante dans la gestion de l’écriture, simplement cela découle parfois de manière plus artificielle. Il y a des personnages clairement ennuyeux, comme Claudia Tiedemann et son frère Egon, et ce quelles que soient les époques… Encore une fois, il faut s’accrocher pour comprendre qui est qui et quelles sont les relations entre chacun, et j’ai l’impression que ça devient de plus en plus difficile! ^^

La figure de Noah est aussi traitée de manière plus symbolique, et il perd un peu de sa force de caractère je trouve. Et un peu comme pour John Wick Parabellum qui se perd dans les explications concernant la Table, les révélations sur Sic Mundus ne sont pas forcément toutes utiles. La résolution de certains mystères ôte le charme qui était justement dû à ce mystère… Mais les auteurs ont voulu apporter une logique et parviennent à donner un sens à ces différents voyages, qui mènent tous ces personnages dans un maelström temporel étourdissant! Louis Hofmann apporte une belle évolution à son personnage, et il est accompagné par un casting majoritairement bon. Baran Bo Odar, qui avait mis en scène les 10 épisodes de la première saison, n’en réalise qu’un cette année, et cède sa place sur les 7 autres. Le ressenti différent de cette saison viendrait-il de cette distanciation également? Graphiquement, la série reste très belle, et on ne s’ennuie pas en la regardant. On a envie de comprendre tous les tenants et aboutissants de ces dispositifs temporels, simplement, on est happé moins profondément que lors de la saison 1, qui était véritablement parfaite!

Dark fait donc un retour intéressant, mais moins captivant. Cela est également dû aux nombreuses scènes de dialogues qui prennent le pas sur l’atmosphère elle-même…

Publié dans Série | Laisser un commentaire