John Wick Parabellum (Chad Stahelski, 2019)

Initiée en 2014, la saga John Wick est passée de statut d’outsider à actioner de premier plan, permettant par la même occasion un retour en grâce à un Keanu Reeves qui était alors en perte de vitesse. Budgetté à 20 millions de dollars, John Wick avait rapporté 88 millions, tandis que sa suite, dotée d’une enveloppe 2 fois supérieure, avait quant à elle ramenée 171 millions de billets verts. La bonne petite surprise du 1er film se transformait donc bel et bien en franchise avec laquelle il fallait désormais compter!

C’est ainsi qu’un John Wick Parabellum voyait le jour, se plaçant comme indispensable au vu de la fin juste dingue de John Wick 2! Si le second chapitre était loin d’être aussi abouti que le 1er film, il restait néanmoins intéressant, mais c’est surtout dans son ouverture finale qu’il offrait son plus bel atout. Cet effet d’annonce devrait permettre d’attirer pas mal de spectateurs, sur un principe finalement similaire à ce qui était déjà proposé à l’époque dans Matrix Reloaded et annonçant Matrix Revolutions, ou dans un genre plus récent avec un Avengers : Infinity War annonçant la couleur pour un Avengers : Endgame. Le principe d’une fin de film ne terminant pas l’histoire est à la fois frustrant et intriguant, donnant tout simplement envie de se précipiter en salle pour voir la tournure que prendront les événements!

La fin de John Wick 2 marquait donc l’excommunication du personnage, après qu’il ait tué l’un de ses ennemis dans l’enceinte de l’hôtel Continental, brisant ainsi la règle de neutralité existant en ce lieu. Le directeur Winston (Ian McShane) lui laisse un délai d’une heure avant de décréter cette excommunication, qui lorsqu’elle prendra effet, verra un contrat de 14 millions de dollars être mis en place pour la mort de John Wick! Autant dire que toutes les fines gâchettes entreront dans la partie pour honorer ce contrat, et John Wick va se retrouver bien seul face à la horde de tueurs lâchés à ses trousses! Une promesse de série B sacrément badass et un potentiel de destruction bien massive!

John Wick Parabellum (« parabellum » signifie « prépare la guerre », et vient de l’expression « qui veut la paix, prépare la guerre ») va donc nous conter la guerre rangée entre Wick et l’ensemble de ses ennemis, avec une entame véritablement impressionnante! Le film démarre alors qu’il reste une demi-heure à John avant que le contrat soit ouvert, mais les hostilités vont rapidement démarrer pour lui. La scène de la bibliothèque est juste dingue, et prouve de manière étonnante que la littérature peut tuer!!! La suite avec la scène dans l’armurerie est encore plus impressionnante, avec des innovations dans les séquences de combat juste exceptionnelles, et une violence d’une cruauté quasi-insoutenable par moment!!! John Wick Parabellum commence très fort, et on se dit alors qu’on tient le film qui pourrait supplanter John Wick 1er du nom dans le coeur des fans!

Mais voilà qu’arrive l’Adjudicatrice… Un personnage qui va rapidement devenir très irritant, et qui représente la Table, les gens au-dessus de tout qui dirigent le Continental, et qui interviennent par son biais afin de remettre de l’ordre après le chaos initié par John. Cette Adjudicatrice va donc représenter une forme de pouvoir, et sa suffisance ainsi que ses dialogues vont vite plomber les quelques séquences où elle apparaît… Alors que le rythme initial était juste dingue, ses interventions vont à chaque fois ralentir ce rythme. On va découvrir peu à peu le fonctionnement de l’organisation, ce qui est finalement logique en soi, mais pas franchement nécessaire au vu de la note d’intention du film, qui s’annonçait comme un pur produit de série B jouissif à mort! Après les 3 séquences énormes du début du film, on va donc faire retomber la tension avec des digressions sur la Table et sur le Continental, et on sent que la saga prend une route plus bankable avec le besoin de faire apparaître quelques personnages secondaires comme dans les James Bond.

On va donc avoir droit au passage de Sir Bronn de la Nera, puisque Jerome Flynn est devenu un acteur en vue depuis Game of Thrones. Il va jouer un bad guy intermédiaire sans intérêt, une sorte de pseudo-méchant à la James Bond justement qui aime s’écouter parler. son monologue sur l’origine du mot « assassin » n’a strictement aucun intérêt, et on sent que le travail sur les dialogues n’est certainement pas des plus aboutis… Pareil pour Saïd Taghmaoui, qui va également justifier sa présence en incarnant un bad guy important, mais sans grande aura. On a l’impression d’avoir du placement d’acteurs à intervalles réguliers, comme pour donner une légitimité à la saga en indiquant qu’elle grandit… Mais tout cela est bien artificiel au final…

Et entre 2 scènes de dialogues fades, on a quelques morceaux de bravoure comme cette séquence marocaine, où Keanu Reeves fait équipe avec une Halle Berry survoltée, avec l’utilisation de chiens de combat comme on en avait jamais vu jusqu’alors! La séquence est énorme et fait partie des meilleurs moments du film! On a droit à une scène de combat au sabres à moto, « volée » au film The Villainess de Byung-gil Jung. Celle du film sud-coréen reste toutefois supérieure dans sa mise en scène, n’en déplaise à Chad Stahelski. Mais la réalisation de Stahelski a plutôt bien évolué en mode solo depuis John Wick 2 (le 1er film était mis en scène par lui-même et David Leitch). Il nous offre quelques très belles séquences, et d’autres qui vont un peu se perdre dans une volonté d’action à outrance, comme la scène finale qui n’en finit plus de péter des vitres… On oscille entre des séquences dans lesquelles on sent les impacts violents et le réalisme des coups portés, et d’autres où on se concentre plus sur les chorégraphies, avec un impact amoindri… Mais John Wick Parabellum reste très généreux dans ses propositions en terme d’action, et il est surtout dommage de devoir se farcir des plages de joutes verbales bien pauvres qui assurent l’entre-deux…

Une autre déception notable : le fait de reléguer Cecep Arif Rahman et Yayan Ruhian au 3ème plan, alors que ce sont 2 artistes martiaux juste incroyables! On se rappelle tous de la scène de la cuisine de The Raid 2 pour le 1er, et on se rappelle du rôle de Chien Fou et du rôle de Prakoso pour le second, respectivement dans The Raid et The Raid 2! Les 2 Indonésiens sont des figures incontournables dans le domaine de l’action, et leur combat ne rend pas justice à leurs qualités martiales hors normes. Yayan Ruhian dans la scène finale de The Raid, c’était quand même un sacré bordel!!! Il faut dire que la mise en scène de Gareth Evans était bien ultime sur les 2 volets, et offrait une puissance jusque-là jamais égalée en terme d’action!

Ce John Wick Parabellum est donc une belle proposition, mais qui reste entachée par cette envie de jouer à quelque chose de supérieur à ce qu’est la saga, au lieu de pleinement se concentrer sur ses atouts majeurs, à savoir de l’action qui claque!!! La figure même de John Wick en pâtit, puisque on s’éloigne du personnage de Baba Yaga, le Croquemitaine, et qui donnait une aura de malade à Keanu Reeves dans le 1er volet!!! C’est dommage de ne plus jouer sur cet aspect mythique du héros, et de simplement le cantonner à ce rôle d’ange déchu après son excommunication. Mais cela n’empêchera pas de passer un bon moment et de s’en prendre plein les yeux lors de pas mal de séquences d’action, qu’il s’agisse de corps-à-corps, de combats à l’arme blanche, au sabre ou aux armes à feu de toutes catégories!

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