Brightburn : l’Enfant du Mal (David Yarovesky, 2019)

Sur le papier, on a une séduisante idée consistant à reprendre la trame de départ du mythe de Superman, en le détournant astucieusement afin de créer une variation maléfique de Kal-El! Le concept est génial et fleure bon la série B bien explosive et bad-ass, et quand on voit le nom de James Gunn associé au métrage, on ne peut qu’être excité par le projet! Rédigé par Brian Gunn (un des frangins de James Gunn) et Mark Gunn (un cousin de James et Brian), le scénario va narrer les aventures de Brandon, un jeune garçon de 12 ans qui va se découvrir des aptitudes assez particulières et dévastatrices. Et il va y prendre goût le bougre…

Brian et Mark bossent en binôme depuis quelques années, et on leur doit notamment le scénario de Voyage au Centre de la Terre 2 : l’Ile mystérieuse. Ils n’en ont pas fini avec la saga, puisqu’ils sont attachés à l’écriture de Journey 3 : from the Earth to the Moon. Et en parallèle, ils développent également une série Starsky & Hutch! Le metteur en scène David Yarovesky a à son actif l’excellent clip Guardians of the Galaxy : Inferno, et on sent une cohésion entre tout ce petit monde gravitant autour du producteur James Gunn. Esprit comics, passion de la série B, attrait pour les figures décalées… Il n’en fallait pas moins pour s’intéresser à cette variation maléfique sur le thème du surhomme!

Le problème, c’est que le résultat s’avère très convenu, sans jamais prendre de réels risques narratifs, et sans véritable emphase graphique également. On va suivre le récit de Brandon, un ado solitaire typique, choyé par ses parents adoptifs qui sont très (trop?) cool, et on va assister à l’apparition de ses pouvoirs qui vont lui donner une très grande confiance en lui, au détriment des gens autour… La thématique de la puberté est abordée, mais de manière bien trop succincte, même si elle offre un dialogue marrant entre le père et le fils. C’est là que l’on sent la véritable limite du scénario, dans ces simples évocations qui ne vont pas creuser davantage les psychologies des personnages. On aurait aimé en savoir plus sur ce que Brandon ressent avec ces pouvoirs grisants et mortels, mais le choix d’opter pour un point de vue survival va simplement le banaliser comme figure du mal à laquelle il faut échapper. Il y avait une opportunité énorme de jouer sur les émotions paradoxales qui bouillonnent en lui, qui plus est à cet âge difficile de la puberté, pour créer un long métrage déviant et explosif qui aurait pulvérisé les codes du film super-héroïque! En l’état, on va assister à une relecture certes sanglante et violente du mythe de Kal-El, mais qui au final reste sur des rails trop mainstream.

Jackson A. Dunn (qui faisait une apparition en tant que Scott Lang âgé de 12 ans dans Avengers : Endgame!) joue vraiment bien le gamin froid et imperturbable, mais c’est le personnage lui-même qui reste bloqué dans cette vision trop statique. On aurait apprécié ressentir toute la puissance qu’il déverse, et toute la joie malsaine qu’il ressent à l’idée de détruire tout ce qu’il peut! Le film reste vraiment trop sage par rapport à cela, et c’est réellement dommage! Il faut dire aussi que la psychologie des personnages n’aide pas, avec des réactions très souvent à côté de la plaque… Le père et la mère qui sont sidérés par les actes de leur fils, mais qui ne se décident pas à avertir les autorités malgré la gravité de la situation… Et des dialogues sans trop de saveur malheureusement… Brightburn : l’Enfant du Mal sonne comme une promesse non tenue, celle d’un spectacle bien jouissif qui manque le tir, et il reste une enveloppe pas forcément moche, mais dénuée de consistance…

Il y a également pas mal d’incohérences dans la gestion des attaques de Brandon, qui ne correspondent pas à ce que l’on attend d’un gamin énervé. Quand on sait qu’il est capable de péter la main de gosses de son âge suite à une impulsion de rage, il est difficile de croire qu’il va à l’opposé avoir une stratégie différente lors de ses attaques. En fait, les Gunn ont simplement voulu mettre sur pied un slasher en y intégrant les figures habituelles du genre, avec un moment d’attente avant l’attaque, puis à nouveau un moment de calme avant le second assaut, etc… Si cela peut fonctionner dans les films d’horreur traditionnels, il y a quand même ici un sacré problème de réalisme, puisqu’on parle d’un gamin de 12 ans au caractère impulsif. Bref, tout ça pour dire que même si certaines séquences sont plutôt bien traitées visuellement, elles perdent toutefois en impact à cause de ce choix illogique. On avait la possibilité d’assister à un vrai film de super complètement cramé, on a au final qu’un énième slasher pas forcément convaincant.

Et quand on nous promet un film dévastateur avec un gamin qui veut, je cite, « prendre le monde », et qu’il se cantonne juste à son petit quartier, on se dit qu’il faudrait qu’il commence à voir plus grand, non? Brightburn : l’Enfant du Mal est donc une déception, qui malgré 2-3 belles saillies gores, ne parvient pas à convaincre, et apparaît comme une tentative vaine de donner une autre dimension aux super-héros. Pour cela, on va attendre le 26 juillet et The Boys, enfin une proposition vraiment bad-ass dans le genre???

 

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