Warrior (Gavin O’Connor, 2011)

Je m’attendais à un film surestimé à la Fighter, et je ne pensais pas être happé à ce point par Warrior! Pourtant, Gavin O’Connor avait réalisé juste avant le très bon Le Prix de la Loyauté, qui soulignait déjà sa capacité à élaborer des ambiances imposantes. Warrior va encore plus loin dans l’intensité dramatique, en sublimant les excellentes prestations de ses interprètes grâce à une approche intimiste captivante que l’on n’attendait certainement pas dans un film centré sur le MMA!

Tom Hardy est tout simplement magistral dans le rôle du torturé Tommy Conlon: les rancoeurs, le poids du passé, la fuite en avant, tout se joue dans son regard alors qu’il évite au maximum de communiquer. Et lorsqu’il le fait, comme lors de ses relations tendues avec son père, c’est en étant brutal et tranchant. Dès lors, il se sert de son corps massif pour tenter de se sortir de cette situation sans issue. On avait déjà pu s’apercevoir de son excellente condition physique dans l’horrible Bronson de Nicolas Winding Refn, et il reste toujours aussi massif dans Warrior, laissant éclater sa colère contenue lors de combats aussi brefs que violents.

Face à lui, on a l’impression de voir la face lumineuse de la pièce, avec son frère Brendan, interprété par l’excellent Joel Edgerton. Enseignant de physique dans un petit lycée tranquille, une vie de famille avec 2 enfants… Mais l’argent manque, et il va renouer avec les combats afin de gagner ce dont il a besoin. Brendan est moins imposant, moins impressionnant, mais tout aussi coriace que son frangin.

En regardant un film sur le MMA (arts martiaux mixtes), on s’attend à un spectacle bourrin au scénario pas forcément très développé. Celui de Warrior, qui est co-écrit par O’Connor, possède une subtilité vraiment rare dans ce genre, et il nous immerge dans un récit familial avec une aisance et une finesse véritablement surprenantes! Warrior est avant tout l’histoire de deux frères et de leur père, dont les interactions difficiles vont conduire à ce fameux tournoi de MMA qu’est Sparta. D’ailleurs il faut souligner aussi l’excellente prestation de Nick Nolte, qui a pris un sacré coup de vieux, mais qui est toujours aussi doué!

Gavin O’Connor n’oublie pas pour autant de filmer des séquences de combats vraiment prenantes, et il donne une vision de ce sport réellement puissante, tant dans sa mise en scène frontale que dans sa dimension dramatique. La tension et la violence de la cage sont retranscrites avec une grande force, et l’on suit les combats de Tommy et Brendan en retenant son souffle. O’Connor axe ses combats sur un réalisme cru, et parvient ainsi à faire le lien avec les éléments dramatiques du scénario. Sa vision de ce sport respecte l’honneur que l’on peut trouver dans ce qui apparaît avant tout de l’extérieur comme une entreprise de démolition pure et simple, et il intègre ses personnages dans ce contexte brutal avec une simplicité confondante!

O’Connor est parvenu à concilier la nature intimiste d’un drame familial avec la sécheresse d’un film d’arts martiaux, en développant des personnages magnifiques. Warrior est une très grande réussite!

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