Ca (Andy Muschietti, 2017)

Stephen King a été mon auteur préféré durant de longues années de mon enfance et de mon adolescence, et j’avais dévoré tous ses bouquins à l’époque, et probablement regardé toutes les adaptations cinématographiques ou télévisuelles de ses oeuvres: Carrie au Bal du Diable de Brian De Palma évidemment, Shining (que j’ai revu récemment et qui a pris un sacré coup de vieux), Vengeance diabolique, Le Cobaye, Cujo, Running Man… La liste est évidemment très longue, mais King fait clairement partie de ces auteurs qui ont bercé mon adolescence et à qui je repense avec un soupçon de nostalgie!

J’avais bien sûr vu le téléfilm Ca de Tommy Lee Wallace de 1990, que j’avais trouvé bon, même si j’ai tenté de le revoir sans succès ces derniers temps… Il a lui aussi pris un sacré coup de vieux, et le rythme 90’s n’est plus très engageant… Du coup, un dépoussiérage du mythe de Grippe-Sou était approprié, et ce remake signé par l’auteur de Mama était très attendu! Le metteur en scène Andrès Muschietti (qui en a profité pour américaniser son prénom) relevait un sacré défi en s’engageant sur ce film, surtout qu’il est intervenu après les désaccords entre Cary Fukunaga et le studio. Fukunaga est connu pour son travail sur la saison 1 de True Detective, dont il a réalisé la totalité des épisodes, et autant dire que son implication sur Ca était une excellente nouvelle! Mais les fameuses « divergences artistiques » auront eu raison de cette version que nous ne verrons donc jamais…

C’est donc l’Argentin Muschietti qui a repris la frégate, et quand on a découvert la première bande-annonce signant le retour de Grippe-Sou, il y avait de quoi être très confiant! Le film bénéficie d’une approche visuelle très travaillée, et on sent que Muschietti a voulu en faire une sorte de conte macabre initiatique, en respectant les personnages enfantins du fameux Club des Ratés. On retrouve donc les 7 personnages que sont Bill Denbrough, Ben Hanscom, Beverly Marsh, Richie Tozier, Mike Hanlon, Eddie Kaspbrak et Stanley Uris, joués par de jeunes acteurs qui s’avèrent plutôt bons dans l’ensemble, en créant des liens intéressants entre eux. Jaeden Lieberher, qui incarnait le petit garçon très particulier du très bon Midnight Special, s’avère touchant une fois encore dans ce film. Sophia Lillis campe la belle du groupe, qui va éveiller pas mal de sentiments chez tous ces ados! Finn Wolfhard est un transfuge direct de Stranger Things, la série horrifique 80’s qui a cartonné, et il se retrouve donc en terrain connu, Ca se déroulant lui aussi à cette période. Et sinon, Wyatt Oleff est quand même celui qui a joué Peter Quill jeune dans Les Gardiens de la Galaxie et Les Gardiens de la Galaxie 2, rien que ça! 😉

C’est le Suédois Bill Skarsgard qui a eu la lourde tâche d’interpréter Grippe-Sou, et l’acteur vu récemment dans l’excellent Atomic Blonde s’en sort plutôt bien. Au niveau du casting, l’ensemble est assez cohérent, mais c’est dans sa vision globale que Ca reste en retrait de ce qu’il aurait pu (et du) être. Auréolé d’un succès impressionnant avec sa sortie aux Etats-Unis, puisqu’il bat tous les records pour un film d’horreur classé R, on s’attendait à un vrai film de trouille comme il y en a finalement peu. Le résultat est un beau film d’horreur, mais qui ne révolutionnera certainement pas le genre avec son approche très classique et purement graphique. Andy Muschietti a préféré mettre l’accent sur le travail de mise en scène que sur une approche frontale de l’horreur, et on se retrouve donc dans un film certes bon, mais qui ne va pas au bout de son concept diabolique. On aurait aimé flipper vraiment avec le Club des Ratés, mais même s’il parvient à emballer des scènes intéressantes, il n’y a pas d’images véritablement marquantes, contrairement à ce que laissait supposer la bande-annonce.

Ca fait partie de ces films d’horreur privilégiant l’aspect visuel à la complexité du récit, et même si l’on ressent un certain respect dans l’approche du monde de l’enfance, Muschietti aurait pu là aussi aller plus loin dans son propos. Dans le genre, Alexandre Aja est vraiment meilleur avec les séquences enfantines de son Horns, qui possèdent une plus grande puissance évocatrice. C’est cet impact émotionnel immédiat qui manque à Ca, et qui fait que le résultat, bien que correct, n’est pas à la hauteur des exigences que l’on pouvait en avoir. On va donc suivre ce récit sans s’ennuyer, mais sans réellement être surpris ou envahi par l’émotion. Après le très surestimé Get out, voilà un nouvel exemple de film qui cartonne mais qui ne mérite pas autant d’éloges…

Cela ne veut bien sûr pas dire que Ca est mauvais, et il reste agréable à suivre, mais la vision finalement trop classique de Muschietti et la linéarité du scénario font que l’on regrette le départ de Cary Fukunaga du projet, lui qui parvenait dans True Detective à conjuguer puissances visuelle et émotionnelle avec un talent fou! Ca est un film d’horreur correct mais trop classique pour susciter un enthousiasme débordant… On lui préférera une autre adaptation récente du King, La Tour sombre, qui même si elle prend de nombreuses libertés avec l’oeuvre originelle, s’avère plus prenante!

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