La Tour sombre (Nikolaj Arcel, 2017)

Stephen King est probablement l’un des écrivains ayant vu le plus grand nombre de ses oeuvres adaptées, soit au cinéma, soit à la télévision. Son cycle de La Tour sombre a certainement donné bien des migraines à de nombreux producteurs, et le film qui sort aujourd’hui est presque un miracle tant le projet était devenu une véritable arlésienne. Cela fait au moins 10 ans que des tentatives ont lieu afin de porter à l’écran cette oeuvre-fleuve, constituée de 8 romans, rédigés sur une période de 40 ans! Le premier livre, le sublime La Tour sombre – le Pistolero, est paru en 1981, et le dernier, La Tour sombre – la Clé des Vents, date de 2012!

Le monde fantastique décrit par Stephen King est tellement dense, qu’il était difficile de penser qu’une adaptation soit finalement possible. Je n’ai pas lu la totalité de la saga, mais uniquement les 3 premiers tomes, car je trouvais que le style s’essoufflait au fur et à mesure… Mais le 1er bouquin est pour moi un chef-d’oeuvre absolu, d’une poésie pessimiste et d’une beauté si triste… La prose du King était pour moi à son apogée, et ce volume très court est à mes yeux simplement parfait! Il y a toujours un mélange complexe d’excitation et d’angoisse à l’idée de voir adapté un livre qui nous a vraiment touché, et l’annonce qu’un film allait enfin voir le jour a fait resurgir ces sentiments antagonistes. Le projet a peu a peu pris forme, et avec l’annonce de Matthew McConaughey et Idris Elba dans les rôles principaux, il a tout de suite pris davantage d’envergure.

La Tour sombre narre l’histoire de Jake Chambers, un jeune new-yorkais en proie à des cauchemars récurrents dans lesquels il voit la lutte d’un Pistolero et de l’Homme en Noir, 2 individus que tout oppose et qui se combattent depuis des décennies. « L’Homme en Noir fuyait à travers le désert et le Pistolero le poursuivait. » C’est sur cette toute première phrase que cette saga littéraire commence, et elle résume la lutte ancestrale entre le Bien et le Mal, avec comme point central la fameuse Tour sombre, élément primordial de l’univers, garantissant l’équilibre entre tous les mondes. L’Homme en Noir cherche à la détruire, et le Pistolero tente de la protéger… Jake va se retrouver embarqué dans une aventure grandiose à travers des contrées sauvages et hostiles, dans cette quête de la Tour…

Si le premier bouquin est très court, la durée de ce film est toutefois surprenante, puisqu’il ne dure qu’1h35! Il faut voir ici une volonté de la part de la production de tâter le terrain quant à la réception du public, afin de déterminer s’il est prêt à entrer dans cet univers si particulier. Ce premier film fait donc office d’introduction, mais il respecte toutefois le récit originel et parvient à adapter tout ce matériau littéraire de manière efficace et concise! Le pari n’était certainement pas gagné d’avance, mais La Tour sombre s’avère être un très bon film, sacrifiant parfois à un certain réalisme, mais fidèle à la trame du King, même si l’on ne retrouve pas la poésie sublime qui habitait le premier tome. Le Danois Nikolaj Arcel parvient à mettre sur pied un film qui tient la route vis-à-vis des blockbusters actuels, tout en puisant dans la richesse narrative de l’oeuvre de Stephen King. Accompagné d’Akiva Goldsman, Jeff Pinker et Anders Thomas Jensen, il a rédigé un script prenant et sans temps mort, qui nous permet d’entrer dans cette quête avec intérêt!

Tom Taylor est un jeune acteur inconnu, qui n’a a son actif qu’une apparition dans un autre film ainsi que dans 4 séries, et il s’avère très bon dans le rôle difficile de Jake. Idris Elba est un acteur chevronné qui rend bien hommage à Roland Deschain, le fameux Pistolero, et Matthew McConaughey est un choix plus qu’évident pour camper l’Homme en Noir! Il en fait un personnage aussi implacable qu’inquiétant, et surtout très pressé d’arriver à ses fins! On n’a clairement pas un bad guy qui prend son temps pour expliquer ses plans, mais qui va droit à l’essentiel afin de les concrétiser! La qualité des acteurs permet de faire passer les quelques approximations scénaristiques, afin que l’ensemble tienne de manière très cohérente au final.

On plonge avec plaisir dans cet univers aux frontières de la fantasy, du western et de l’horreur, Nikolaj Arcel menant son travail avec un très grand soin. L’oeuvre est visuellement très intéressante, et on sent toutes les possibilités restantes dans l’exploration de ce vaste monde. La Tour sombre est une très belle introduction à ce monde et à ce croisement des univers, et on espère que le film rencontrera assez de succès pour que l’on puisse y replonger un jour!

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