
Avant-dernier film d’une Phase V entamée en 2023 avec l’atroce Ant-Man et la Guêpe: Quantumania, Captain America : Brave New World renoue avec une veine de thriller politique et militaire que l’on n’avait plus aperçue depuis l’excellent Captain America : Le Soldat de l’Hiver, et après le ratage quasi-intégral de la série Falcon et le Soldat de l’Hiver, il fallait à tout prix redonner une certaine noblesse au bouclier et à son porteur. C’est chose faite aujourd’hui, avec un film qui ne se laisse pas ensevelir sous l’humour et qui n’a pas pour volonté d’aller dans le spectaculaire outrancier. Et mine de rien, le ressenti est plutôt agréable, avec un trio de scénaristes (Rob Edwards/Malcolm Spellman/Dalan Musson) qui brosse une intrigue relativement recentrée, parvenant en plus à créer des liens avec des éléments auparavant laissées à l’abandon, dont notamment un gros morceau jusque-là injustement inexpliqué ^^

Il y a une belle aisance dans l’écriture qui renoue avec des éléments d’un passé parfois très lointain, et les auteurs poursuivent la seule intrigue intéressante de la série Falcon et le Soldat de l’Hiver, à savoir l’histoire d’Isaiah Bradley. L’acteur Carl Lumbly reprend donc son rôle avec conviction et une certaine émotion, et même si on aurait apprécié d’en savoir davantage sur son passé (avec quelques flashbacks qui auraient été bienvenus), son personnage est là tel une tranche d’Histoire qui ne veut pas se laisser oublier. Son lien avec Sam Wilson est l’une des sources de la motivation de ce dernier à enfiler chaque jour le costume étoilé, et là où on avait un Falcon peu sûr de lui et sans grand relief dans la série, on retrouve un Captain America accompli gérant le symbole qu’il incarne en apportant sa propre personnalité, et avec une certaine propension à la violence qui peut surprendre par rapport à un Steve Rogers!

On se rappelle la présence de Robert Redford dans Captain America : le Soldat de l’Hiver, dans un rôle secondaire qui n’aura pas été trop marquant, même si sa présence faisait tout de même plaisir. Mais Harrison Ford a quant à lui droit à un rôle bien plus important et également plus impactant, puisqu’il incarne le général Thaddeus Ross qui devient Président des Etats-Unis, et qui accessoirement devient… Enfin bon vous avez certainement tous vu la bande-annonce ^^ Je ne m’attendais pas à une présence à l’écran aussi importante pour l’éternel interprète d’Indiana Jones, et ça fait vraiment plaisir qu’il ne soit pas cantonné à un rôle secondaire. Les scénaristes jouent sur l’ambivalence du personnage, qui souhaite racheter son comportement après avoir poursuivi Hulk durant des décennies, et on se demande s’il est sincère ou non.

Danny Ramirez s’avère plutôt bon en sidekick de Captain, avec une petite réf sympa aux Captain America et Bucky des comics, et s’il apporte une touche de légèreté aux aventures de Cap, son duo avec Sam fonctionne. Giancarlo Esposito hérite d’un nouveau rôle de bad guy comme il a l’habitude d’en livrer à la douzaine, et là encore, c’est toujours un plaisir de le croiser, même si son Gus Fringe reste indétrônable! Et même si à priori, c’est son ajout tardif au casting qui a empêché Seth Rollins de voir ses scènes à l’écran! Dommage, j’aurais bien aimé voir ce que le catcheur aurait pu donner en tant que méchant dans la Société du Serpent! On retrouve un personnage tout droit revenu de L’Incroyable Hulk de Louis Leterrier, et dont on avait plus de nouvelles depuis 17 ans donc! Là encore, son absence est bien justifiée par les scénaristes, et même si son design s’éloigne de son alter-ego des comics, son plan machiavélique offre un film plutôt divertissant et réussi!

Le metteur en scène du très bon (et mal-aimé) The Cloverfield Paradox nous livre donc un 4ème volet bien enlevé de la franchise, qui gagne en crédibilité en axant ses enjeux sur un mode géopolitique et militaire. La séquence de combat aérien et naval s’avère très prenante avec une belle lisibilité, permettant de bien mesurer les impacts potentiels des actes des 2 camps. On est à 2 doigts de frôler un grave incident dont les répercussions seraient catastrophiques pour le monde, et c’est une fois encore l’Amérique qui s’interpose! ^^ Mais au-delà du cliché, l’ensemble fonctionne vraiment et on se prend au jeu proposé par le mystérieux commanditaire pour liguer les nations les unes contre les autres. Et bien sûr, on attend l’émergence de ce nouveau Hulk, et qu’est-ce que ça fait du bien de retrouver un personnage Gamma qui écraaaaaase! Parce que c’est bien sympa mais le Bruce Banner en mode victime dans She-Hulk : Avocate, non merci… Le design de ce Hulk Rouge s’avère très convaincant et renoue avec la bestialité du Géant de Jade, même si on aurait aimé en voir tout de même un peu plus.

Julius Onah fait un très bon travail avec ce qui est certes un film de commande, mais dans lequel il parvient à insuffler un certain souffle en nous gratifiant de séquences d’action bien mieux élaborées que dans la série centrée sur Falcon, et la veine de thriller militaire redonne du dynamisme à un MCU qui en a besoin.
