Secret Wars 1: La Fin des Temps

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Quand on sait que Jonathan Hickman a placé ses pions depuis Avengers 1 en 2013, on commence à avoir une idée de l’ampleur de la structure architecturale proposée par ce scénariste tout simplement exceptionnel! Après son run remarqué sur Fantastic Four, il s’est donc vu proposer la série dédiée aux plus grands héros de la Terre, et a rapidement partagé son temps de travail en écrivant également New Avengers. Cette double emprise sur l’univers Avengers lui a donc permis de semer des graines qui allaient éclore très longtemps après, et le travail titanesque qu’il a effectué démontre bien l’ambition impressionnante et le talent dévastateur du bonhomme! Secret Wars est l’accomplissement de son oeuvre chez Marvel, dont j’avais eu un infime aperçu dans les pages du mensuel Avengers. Le traitement était tellement génial et original, que je n’ai pas pu résister, et j’ai donc plongé dans cet énième crossover qui n’a rien en commun avec tout ce qu’on a pu lire jusqu’à présent!

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Hickman nous balance un récit qui aurait du mal à être encore plus osé ou inventif, et il le fait avec une maîtrise totale de sa narration. Je pense que même les plus grands auteurs de SF pourraient reconnaître son talent, et qu’il n’a rien à envier à Asimov, Bradbury ou Ballard. Je le vois volontiers comme un écrivain à l’imagination démesurée, qui s’est plu à dévoiler ses idées dans le domaine commercial du comic, plutôt que dans l’écriture d’un roman. A la lecture de Secret Wars, je ne vois pas comment on pourrait ne pas adhérer aux bouleversements qu’il est en train de mettre en place, et qui vont purement et simplement remodeler l’univers Marvel de référence. A tel point, que celui que l’on appelait depuis 1983 l’Univers 616 (et qui désigne donc la Terre où se déroule les aventures des super-héros depuis 1961) disparaît pour donner naissance au Battleword, patchwork de multiples réalités imbriquées en un monde.

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Le point de départ de cette aventure cataclysmique est la volonté de Marvel de dépoussiérer son univers, et de se dégager des contraintes de la fameuse continuité qui lui pèse depuis 1961 et la toute première aventure des 4 Fantastiques. En gros, comme tout les super-héros évoluent dans le même monde, et que les univers parallèles développés ont touché de près ou de loin cet Univers 616, il y a toujours eu des interactions entre tous les personnages, ce qui est un casse-tête sans nom pour les scripts de la Maison des Idées! L’idée était de faire une sorte de tabula rasa, sans pour autant effectuer un reboot. C’est là qu’est intervenu Hickman, en rédigeant un script tout simplement lumineux et démentiel, qui permettait d’aller dans le sens voulu par Marvel. Et surtout, en parvenant à captiver le lecteur à chaque case!

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Ce premier numéro (sur 5) commence par Secret Wars, Prologue, qui permet à ceux qui n’ont pas lu Avengers et New Avengers de comprendre les tenants et aboutissants apocalyptiques de l’event. On commence de manière plutôt drôle avec Valeria Richards (la fille de Mister Fantastic et l’Invisible) qui est tout de même en train de nous expliquer que c’est la fin du monde! Hickman nous fait un résumé limpide des événements s’étant déroulé ces 3 dernières années, et met en place l’affrontement entre l’Univers 616 et l’Univers Ultimate! Puis on entre dans le vif du sujet avec Secret Wars 1, qu’Esad Ribic entame avec un sens visuel de toute beauté. L’atmosphère oppressante et cataclysmique des séries Avengers et New Avengers est toujours présente, et Jonathan Hickman poursuit son scénario gigantesque avec la même précision et la même intensité. Et ce qui est d’autant plus remarquable, c’est qu’il parvient à lier avec une aisance déconcertante les actions de dizaines de héros dans ce monde en train de mourir! Et il se permet même de clôturer cet épisode sur 2 pages pleines noires, avec juste quelques mots… C’est osé et magistral, tant la dimension qu’il donne à son récit est parfaite!


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Secret Wars 2 nous emmène sur Battleword, alors que plusieurs années semblent être passées depuis l’ultime affrontement entre les deux univers. On découvre le Corps des Thor, destiné à faire régner la justice sur ce nouveau monde, dirigé par le Dieu Fatalis. Hickman nous fait entrer dans un monde aux codes moyenâgeux, avec des barons régnant sur différents territoires. Il y a là encore un travail d’écriture exemplaire, le lecteur étant dérouté par ces événements, puisqu’il n’a pas toutes les clés pour comprendre comment il fonctionne et depuis quand il est en place. C’est encore une marque de respect pour le lecteur selon moi, qui doit travailler pour tenter de faire le lien avec les événements précédents. On n’est pas dans du comic formaté où tout est expliqué et prémâché, mais dans du comic haut-de-gamme élaboré et captivant!

Tout est donc en place pour découvrir ce monde divisé en 41 parties, qui seront également approfondies dans toutes les autres revues mensuelles Marvel! En fait, il ne reste que Secret Wars pour les 5 mois à venir! Et j’ai vraiment hâte de lire la suite!!!

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Les news de la semaine: Southland Tales

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Une nouvelle anthologie horrifique débarquera prochainement, et elle a de la gueule! Southbound nous est livré par des habitués du genre, qui se prêtent encore une fois au jeu du film à sketches avec une motivation certaine! Roxanne Benjamin a produit V/H/S, V/H/S/ 2 (dans lequel elle a aussi joué) et V/H/S Viral. David Bruckner a réalisé The Signal et un segment de V/H/S, Patrick Horvath a mis en scène The Devil’s Pact, et le collectif Radio Silence a aussi oeuvré sur V/H/S. Des mecs et une nana qui connaissent leur boulot donc, et vu l’ambiance que dégage cette bande-annonce, ça sent vraiment très bon!!!


 

Après une excellente 1ère saison, on sentait vraiment l’envie de donner une suite aux aventures de Jessica Jones. C’est donc officiellement le cas depuis cette semaine, avec l’annonce faite par Ted Sarandos de Netflix, rapidement appuyée par Marvel. Une très bonne nouvelle pour Krysten Ritter, qui pourra donc rendosser le blouson de cuir de l’héroïne badass! On ne sait par contre pas quand se fera ce retour, et donc s’il aura lieu avant ou après The Defenders, la série qui mettra en scène l’ensemble des héros urbains dévoilés par Netflix!

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Des news de l’entente Fox/Marvel qui est en train de se tisser en douce par le biais de coproductions télévisées, avec tout d’abord la mise en stand-by d’Hellfire, série annoncée il y a quelques semaines. Ce choix intervient alors que le staff de producteurs est transféré sur le reboot de 24 Heures Chrono, projet qui vient de se concrétiser. Rien n’est abandonné pour la série centrée sur le Club des Damnés, mais elle est repoussée à une date indéterminée.

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Concernant Legion, un pilote vient d’être commandé, et on tablerait sur une série en 10 épisodes. Le show centré sur David Heller, le fils de Charles Xavier, aura une certaine particularité, puisqu’il ne se déroulera pas dans l’univers X-Men classique. En effet, le producteur John Landgraf a précisé que l’action prendra place dans un monde où l’existence des mutants au sein de la population est encore secrète, et où seul le gouvernement est au courant. Il n’est donc clairement pas possible de lier Legion à l’univers X cinématographique, et Landgraf explique donc posément qu’il s’agit d’un univers parallèle. En même temps, avec les sauts temporels d’X-Men: Days of future Past, Bryan Singer a commencé à habituer le public aux dimensions alternatives!

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Deadpool a encore fait des siennes… Non content d’avoir visé un classement R aux Etats-Unis afin de ravir les fans en conservant toute la violence et l’irrévérence qui fait le charme du personnage, le studio Fox a quand même dû sévèrement grincer des dents en apprenant qu’il ferait purement et simplement l’impasse sur le marché chinois! Les autorités ont en effet mis en cause le langage, la violence et la nudité exacerbés du film, pour interdire son exploitation dans le pays! Et quand on sait la manne que représente le public chinois, on se dit qu’il y a énormément de billets verts à perdre! Mais la Fox peut au moins se targuer de rester fidèle au personnage contre vents et marées, et cette nouvelle a finalement encore de quoi rassurer les fans!!! J-18!!!

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Body Snatchers, l’Invasion continue (Abel Ferrara, 1993)

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Body Snatchers, l’Invasion continue est un film totalement ancré dans son époque, nous offrant un récit et un caractère visuel calqués sur la mythique série X-Files: aux Frontières du Réel, apparue elle aussi en 1993. Le film d’Abel Ferrara pourrait être une extension du show de Chris Carter, tant les thèmes et le traitement sons similaires. Au début des années 90, les extraterrestres avaient la côte, et ce sont sans aucun doute possible Mulder et Scully qui ont relancé cet engouement!

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Body Snatchers, l’Invasion continue est la 3ème adaptation du roman de Jack Finney L’invasion des Profanateurs, paru en 1955. Il fait suite à L’Invasion des Profanateurs de Sépulture (Don Siegel, 1956), L’Invasion des Profanateurs (Philip Kaufman, 1978), et sera suivi par Invasion d’Oliver Hirschbiegel et James McTeigue (ce dernier n’étant pas crédité au générique, mais ayant mis en scène les reshoots demandés par le studio, qui n’était pas satisfait par le travail d’Hirschbiegel). Si le titre français indique que le film est une suite à celui de Philip Kaufman, aucun élément narratifs ne fait le lien avec, et cette version est donc au final un nouveau film indépendant des autres.

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Abel Ferrara vient de livrer 2 de ses films les plus reconnus, King of New York en 1990, et le bien trash Bad Lieutenant en 1992. Le voir arriver sur un projet d’adaptation littéraire change la donne, mais il embarque avec lui Nicholas St John, son scénariste fétiche avec qui il bossait depuis son premier court métrage en 1971, et qui l’a suivi jusqu’à Nos Funérailles en 1996. On trouve aussi à l’écriture Larry Cohen et Stuart Gordon, le premier étant le scénariste de la trilogie Maniac Cop, et le metteur en scène du très bon Meurtres sous Contrôle; le second ayant réalisé Re-Animator. Des scénaristes oeuvrant dans le genre depuis un bon bout de temps, et dont l’expérience est profitable pour que le film ait un impact fort!

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Ferrara utilise une mise en scène qui lui est moins personnelle, et se fond en quelque sorte dans la tendance SF du moment, dont il gère pourtant très efficacement les codes. De nombreuses scènes renvoient aux belles heures d’X-Files: aux Frontières du Réel, avec notamment ces éclairages si caractéristiques, avec ces spots puissants derrière des volets pas totalement fermés, et apportant une lumière striée dans une pièce plongée dans la pénombre. C’est une vision résolument 90’s, qui contribue efficacement à l’atmosphère tendue souhaitée par le réalisateur. Les scènes où les doubles extraterrestres pointent du doigt les humains en poussant leur hurlement guttural sont là encore très caractéristique, et offrent des éléments graphiquement forts.

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Quand la jeune Marti Malone (Gabrielle Anwar, alors en pleine ascension après avoir donné la réplique à Al Pacino dans Le Temps d’un Week-End), débarque avec sa famille recomposée dans une base militaire pour quelques mois, afin que son père puisse effectuer des tests sur les produits chimiques utilisés par les militaires, elle va rapidement se rendre compte que quelque chose cloche avec les gens. C’est même son petit frère qui va s’en rendre compte en premier, avec notamment cette scène là encore très forte où tous les enfants dessinent à la garderie. Abel Ferrara instille une menace latente mais persistante dans chaque recoin de cette base, et l’oppression va se faire de plus en plus palpable.

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L’invasion extraterrestre se fait en silence, par la réappropriation des traits physiques des individus, dont les corps sont ensuite détruits. La substitution se fait en masse, et profite du sommeil des victimes. Le parallèle avec Les Griffes de la Nuit est à ce titre très marqué, le boogeyman du chef’d’oeuvre de Wes Craven ne pouvant atteindre ses victimes que dans leur sommeil lui aussi. Mais l’hommage est également flagrant avec la scène du bain, où Marti se fait agresser par un extraterrestre. Il y a visuellement de belles similitudes, et une tension tout aussi réussie!

Ca fait très plaisir aussi de retrouver Forest Withaker, dans un rôle de paranoïaque qu’il gère très efficacement, et Meg Tilly est vraiment flippante! Abel Ferrara met en scène une adaptation très réussie du bouquin de Jack Finney, et ce qui constitue pour lui une sorte de film de commande s’avère très prenant!

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Le clip de la semaine: OK Go – This too shall pass

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Les membres d’OK Go sont originaires de Chicago et Washington, et ont en commun un sens artistique très développé. Musicalement, leur son n’est pas des plus novateurs, mais ils proposent un rock teinté de pop plutôt sympathique. C’est en fait surtout à travers leurs vidéos réellement barges qu’ils parviennent à captiver l’attention. J’ai choisi celle de This too shall pass, morceau issu de leur album Of the blue Color of the Sky sorti en 2010, mais j’aurai pu prendre n’importe quel autre de leur clip, tant chacun est d’une inventivité dingue et d’une précision hallucinante! Les mecs d’OK Go doivent s’arracher les cheveux à chacun de leur tournage, mais leur travail et celui du staff derrière eux est assez incroyable! Je vous laisse découvrir ce clip, qui devrait vous convaincre de jeter un oeil à tous leurs autres morceaux! 😉 Et une fois encore, merci à Freaky BabyDoll pour cette découverte! 🙂

 

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The wrong Mans saison 1 (2013)

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Les séries anglaises possèdent une identité immédiatement reconnaissable, se caractérisant par une vision très incisive de la société. Le traitement peut différer, avec d’un côté du spectre télévisuel un humour ravageur à la Misfits, et de l’autre une approche bigbrotherienne sans concession à la Black Mirror. Entre ces 2 extrêmes se situent de très nombreuses séries qui tentent avec plus ou moins de succès d’offrir une richesse comparable. Et c’est souvent sans prévenir qu’elles vous explosent à la gueule…

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The wrong Mans est sortie de nulle part, sa production étant déjà achevée depuis 2014, et je n’en avais jamais entendu parler auparavant. Mathew Baynton et James Corden sont 2 acteurs-scénaristes ayant oeuvré sur beaucoup de productions télévisées, avec une expérience ciné plus solide pour Corden (il a notamment joué dans New York Melody et Into the Woods: promenons-nous dans les Bois). Leur association sur The wrong Mans, dont ils vont partager l’affiche et le scénario, va s’avérer tout simplement démentielle, et ce show dont quasiment personne n’a entendu parler est sans conteste l’une des plus belles trouvailles de ces 10 dernières années!

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Tout commence par un accident de voiture auquel a assisté Sam (Mathew Baynton), et par la découverte sur les lieux du drame d’un téléphone. Quand celui-ci sonne et que Sam décroche, c’est le début d’une aventure bien déjantée, à laquelle Phil (James Corden) va participer de manière très active. Alors que Sam pense raisonnablement que toute cette histoire sent très mauvais, c’est Phil qui va insister pour poursuivre, et bien évidemment, tout va partir en vrille de manière monumentale! Quand on a pas l’étoffe de héros mais que l’on se jette dans une situation où le danger rôde à chaque coin de rue, et où on risque sa peau de manière permanente, ça génère des situations sacrément originales! Sam et Phil sont deux employés de bureau typiques, à la vie lisse et sans surprise, et l’aventure à laquelle ils prennent part va leur faire vivre des émotions extrêmement fortes et des situations tendues à mort!

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Baynton et Corden manient l’humour avec un savoir-faire éprouvé, et leur scénario regorge de moments mythiques et de dialogues cultes! The wrong Mans est un modèle d’écriture, qui va nous offrir un rythme et un humour d’une rare efficacité, faisant de ces 2 losers des personnages juste géniaux! Les voir se débattre dans des situations qui les dépassent totalement, mais en essayant toujours de reprendre le contrôle, qui leur échappe quasi-immédiatement à chaque fois, c’est juste excellent! On sent un véritable amour pour les geeks (le jeu où il faut retrouver de quel film provient tel dialogue est juste génial!), et The wrong Mans est une ode aux losers qui osent affronter des situations totalement incontrôlables, et qui ne lâchent pas l’affaire!

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Alors quand en plus on a un casting aux petits oignons, avec des acteurs capables de créer des personnages secondaires tout aussi géniaux que les principaux (et on va en croiser une bonne vingtaine!), et qu’on a un metteur en scène, Jim Field Smith, inventif et totalement dévoué à ses personnages, on obtient une série immédiatement culte!!! Et sachant que la saison 1 est composée de 6 épisodes de 29 minutes environ, et la saison 2 de 4 épisodes, vous n’avez aucune excuse pour passer à côté de cette pure merveille!!!

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