Focus : WWE : McMahon et Trump, la Tag Team du moment?

Vince McMahon, le président de la World Wrestling Entertainment, n’était certainement pas décidé à abandonner son navire en pleine tempête, et il a usé de toutes les armes dont il avait à disposition. Il faut dire qu’il doit encore avoir sacrément en travers de la gorge l’annulation de Wrestlemania à Tampa en Floride il y a quelques semaines, qui devait rassembler 70 000 spectateurs !!! Un manque à gagner énorme, et la version édulcorée de Wrestlemania en mode intimiste au Performance Center, c’était surtout pour garder la face. Le monde est frappé de plein fouet par une épidémie, mais Vince veut continuer comme si de rien n’était. Et quand on demande à tout le monde de stopper, comme c’est le cas pour tous les événements sportifs, musicaux et autres, il entend bien continuer à rester actif!

Si le siège de la WWE est situé à Stamford dans le Connecticut, le Performance Center, qui est l’école professionnelle de la fédération, est quant à lui basé à Orlando en Floride. Et dans l’histoire politique américaine, la Floride a souvent été un enjeu majeur, non? Eh bien ça aura encore été le cas ici : c’est le 1er avril 2020 que le gouverneur Ron DeSantis décide de la fermeture des services non essentiels, et pourtant la WWE continue à proposer des shows chaque semaine… McMahon a opté pour enregistrer ses shows au Performance Center, comme ça a été le cas pour l’édition 2020 de Wrestlemania. Le 9 avril, le gouverneur précise que les services essentiels incluent « tous les employés d’un sport professionnel et d’une production d’audience nationale, incluant athlètes, participants, équipes de productions, équipes dirigeantes, médias et autres personnels essentiels à la tenue de tels événements, et ce uniquement si le lieu où ils se déroulent est fermé au grand public ». (Source : Ouest-France) On arrête donc le football américain, le basket, et on laisse ouvert les hôpitaux, les supermarchés, et la WWE !!!

Il faut dire que le coût de l’annulation de Wrestlemania se chiffre en millions pour la ville d’Orlando et l’état de Floride. L’annulation s’est faite à peine quelques jours seulement avant l’événement, et ça a dû être un cauchemar de réorganiser l’ensemble…  C’est ce même 9 avril (coïncidence?? ^^) que Linda McMahon, la femme de Vince, fait un joli don de 18,5 millions de dollars au groupe de soutien de Donald Trump en Floride, qui vise bien évidemment une réélection de leur big boss (Linda a été membre de l’administration Trump, et avait déjà soutenu le futur président à coups de millions de dollars). La Floride étant très importante dans chaque élection, cette offrande doit faire du bien, et elle tombe à point nommé pour faire pencher la balance dans le bon sens pour Vince. Du coup, le 10 avril, il annonce que les directs vont reprendre dans chaque branche de la WWE… Le Million Dollar Man n’aurait pas fait mieux! Et on apprend également la nomination de Vince au sein d’un comité visant à préparer la reprise économique une fois le virus passé. C’est Donald lui-même qui a choisi Vince, bien évidemment 🙂 (Source : Catch-Newz) Tiens, je vous mets une vidéo qui vous montrera que McMahon et Trump, ça date pas d’hier ^^

Si l’empire perdure, il semble toutefois bien décidé à éviter des pertes trop sèches, et a entamé un sévère processus de dégraissage… Une quarantaine d’employés a été licenciée depuis mercredi, et la vague va se poursuivre dans les jours à venir. La liste est déjà longue (voir cet article de Catch au Quotidien), et la soudaineté de l’annonce a de quoi surprendre. La plupart des talents en question étaient vraiment peu présents à l’écran, mais c’est quand même dur d’en arriver à ces extrémités… Ce n’est pas ce pauvre Drake Maverick qui dira le contraire, et même s’il est loin d’être un catcheur emblématique, sa réaction s’avère très émouvante.

Si l’avenir est très lumineux pour Vince McMahon, il est nettement moins serein pour les employés, et la situation doit être bien stressante en coulisses… Affaire à suivre.

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Le(s) clip(s) de la semaine : Short horror

J’ai découvert hier soir sur l’excellent site Creapills, une poignée de courts métrages horrifiques bien stressants! L’utilisation des technologies modernes est excellente, et ouvre sur des idées bien créatives! Je vous présente ici les 3 courts qui m’ont plu le plus, et je vous invite à aller en voir davantage si ça vous intéresse! Ils ont fait 2 sélections : les courts de moins de 5 minutes à voir ici, et ceux de moins de 3 minutes, à découvrir là. Et franchement, le fait d’aller direct dans le vif du sujet, ça fonctionne clairement à fond !!! Bons frissons à vous 😉

 

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Trois Jours et une Vie (Nicolas Boukhrief, 2019)

Nicolas Boukhrief fait partie de ces réalisateurs n’ayant pas la reconnaissance publique qu’ils méritent, et il reste dans l’ombre de confrères moins talentueux mais qui font davantage dans la facilité. Le cinéma de Boukhrief est un art qui laisse des marques, qui se veut complexe et captivant, et qui résonne durablement. Il avait marqué un grand coup en 2004 avec Le Convoyeur, et encore en 2015 avec son fameux Made in France qui n’a pas eu la possibilité de sortir en salles. Nicolas Boukhrief fait dans le cinéma qui perturbe, le choc intimiste qui ravage. Et son Trois Jours et une Vie est de cette même veine…

J’avais tenté La Confession, mais je n’avais pas accroché, et Trois Jours et une Vie est l’occasion de renouer avec le metteur en scène. Nous sommes en 1999, dans un village des Ardennes belges. En ce matin de Noël, tous les habitants sont réunis sur la place de la mairie à la demande de la gendarmerie : une battue est organisée afin de retrouver un garçon disparu depuis 2 jours. Le village est en émoi, et on va revenir en arrière pour découvrir l’origine de ce tragique événement. Pierre Lemaitre adapte lui-même son roman homonyme, aidé par Perrine Margaine.

Nicolas Boukhrief n’a pas son pareil pour nous immerger dans des atmosphères pesantes, et son talent est toujours intact! Il nous emmène dans ce village paumé et ravagé par un drame, nous faisant côtoyer les différents habitants qui tentent de faire face à cet événement. Il y a une réelle intensité dans le jeu des acteurs, et avoir des pointures comme Sandrine Bonnaire, Charles Berling ou Philippe Torreton, ça aide évidemment à donner corps à ces personnages complexes et pris dans la tourmente. Outre ces grands acteurs, le jeune Jeremy Senez livre lui aussi une interprétation impressionnante, alors qu’il s’agit de son tout premier rôle! Pablo Pauly, qui était déjà excellent dans le magnifique Patients, est dans un autre registre tout aussi viscéral! Boukhrief peut aisément s’appuyer sur son casting pour créer un microcosme psychologiquement riche et très crédible, nous plongeant de manière frontale dans les affres qui agitent cette population. L’atmosphère est véritablement pesante, et la tension qui règne va perdurer…

Trois Jours et une Vie impressionne par son implacabilité, sa résonance profonde et son désespoir austère. Je ne me rappelle pas avoir vu un film « de terroir » aussi captivant et perturbant, et j’en suis difficilement ressorti, le film me poursuivant encore dans la soirée. Je ne vais évidemment pas vous raconter ce qui s’y passe, mais c’est un film difficile et dont l’atmosphère âpre ne parlera pas forcément à tous. Mais cet aspect réaliste est quasiment hypnotique, et fait partie de cette mise en scène implacable servie par Boukhrief. Il va analyser froidement les événements et ses conséquences, comme il les décortique dans chacune de ses oeuvres. Cette « froideur réaliste » est en quelque sorte sa marque de fabrique, mais n’a rien d’artificiel et pose bien au contraire les bases d’un cinéma-vérité marquant à souhait. Boukhrief pose aussi un contexte social intéressant, avec les problèmes sous-jacents d’emplois liés au lieu, et la justesse des problématiques est quasi-documentaire.

Sa manière de filmer la nature, avec ces bois sauvages alentours, la brume environnante, place immédiatement les personnages dans leur environnement, et achève le mélange psycho-naturaliste de l’ensemble. Trois Jours et une Vie est une oeuvre viscérale, de celle qu’on ne peut pas revoir rapidement, mais qui s’inscrit dans le cerveau de manière durable.

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Les news de la semaine : La Blonde contre-attaque

Le cas Atomic Blonde 2 n’a rien à voir avec la situation sanitaire actuelle, puisque la séquelle de l’excellent Atomic Blonde était déjà envisagée sur une plateforme de streaming depuis l’an dernier. Charlize Theron débarquera donc directement dans votre salon pour redistribuer des mandales, et on apprend cette semaine que c’est Netflix qui a acquis les droits de la franchise. On ne sait pas si David Leitch assurera toujours la mise en scène, mais on espère que ce Jason Bourne féminin assure mieux sa pérennité que son homologue masculin!

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Am Stram Gram (M.J. Arlidge, 2014)

M.J. Arlidge (M. pour Matthew) est un romancier, scénariste et producteur anglais, qui a oeuvré sur plusieurs séries télé britanniques, dont la plus connue est Affaires non classées. Il entame en 2014 le cycle littéraire consacré à l’inspectrice Helen Grace et son équipe de Southampton, et l’auteur s’avère très prolifique, puisqu’il rédige en moyenne 2 livres par an! Am Stram Gram est le 1er bouquin centré sur Helen, et il sera suivi par 7 autres romans et 2 novellas (livres dont la longueur se situe entre la nouvelle et le roman).

Les héroïnes féminines ont la côte en ce moment, et ce n’est pas l’enquêtrice norvégienne Sarah Geringën qui dira le contraire! Helen Grace est nettement plus bourrine que son homologue venue du froid, et si elle se pare elle aussi d’une mystérieuse culpabilité, elle la traite de manière plus violente avec des méthodes SM lui laissant des marques bien durables. Helen est une femme qui doit se maintenir à flot sans jamais laisser transparaître le moindre signe de faiblesse, et elle excelle dans cet art de mener ses troupes à la manière d’un roc inébranlable.

Quand on lit les 4ème de couverture de tous ces bouquins policiers, on se rend compte que le point de départ est toujours similaire : un cadavre retrouvé témoignant d’une mort atroce et mystérieuse, un ou une flic tourmenté résolu à mener l’enquête quoi qu’il en coûte, des zones d’ombre et une culpabilité latente dans la vie de ce flic. A chaque fois, on entame un récit qui semble déjà vu (ou plutôt lu ^^), et pourtant on y replonge avec plaisir. Car à chaque fois, chaque auteur va travailler ses personnages à sa façon, nous amenant à nous attacher à chaque personnalité, et surtout à chaque faille qui nous renvoie finalement aux nôtres. C’est toujours ainsi que l’on procède schématiquement, que ce soit dans les livres, les films ou les séries : on va s’intéresser aux brisures des personnages, et on ne va pas pouvoir s’empêcher de s’approprier les persos, car ils nous parlent de manière intime.

Ce premier roman de cette série est également le tout premier roman de M.J. Arlidge, et il parvient à nous intéresser à une enquête bien spéciale. Car si on a évidemment les cadavres qui s’enchaînent, on a la particularité d’avoir des survivants qui viennent témoigner de leur calvaire! En effet, le meurtrier procède d’une manière bien vicieuse, en capturant 2 personnes en même temps, en les isolant dans un lieu dont ils ne peuvent pas s’échapper, et en leur proposant un jeu bien morbide : tuer ou être tué. Et bien évidemment, le survivant sort totalement détruit de cette épreuve, même s’il reste physiquement en vie…

Am Stram Gram va dérouler un récit bien glauque en dévoilant des scènes de survie sacrément trash, ce qui va permettre de souligner toute l’urgence de cette enquête. Les flics jouent constamment contre la montre tandis que le meurtrier perpétue ses crimes en manipulant ses victimes de la plus horrible des manières. Ce n’est jamais le meurtrier lui-même qui appuie sur la gâchette, mais il force les victimes à effectuer des choix impossibles. L’impact psychologique est énorme, et Arlidge nous confronte frontalement aux ravages de cette méthode fondamentalement destructrice. L’inspectrice Helen Grace va devoir puiser dans toutes ses réserves afin de parvenir à comprendre la logique du tueur, et elle aura besoin de l’aide de l’ensemble de son équipe, dont les personnages sont là aussi traités avec soin.

Ce roman est bien retors et Arlidge a le don de nous mener dans la bataille sans nous laisser le temps de souffler, avec des chapitres très courts et une analyse intelligente de son enquête, doublée d’une progression bien riche. Le seul reproche qu’on pourra lui faire, c’est sur la divulgation tardive de l’identité du tueur. Ce n’est pas le timing en lui-même qui pose problème, car au final dans un roman policier c’est très souvent dans les dernières pages que l’on dévoile qui est le bad guy. Mais selon l’identité de ce tueur-là, des pistes ont été volontairement mises de côté pour le besoin littéraire, ce qui donne un léger aspect factice. Cela n’ôte en rien la qualité bien prenante de ce roman, que j’ai dévoré en quelques jours. Mais en même temps, si cette piste avait été évoquée plus tôt, l’identité aurait été dévoilée bien trop tôt également. Bref, cela n’empêche pas Am Stram Gram d’être une belle réussite, qui n’atteint certes pas la perfection du Cri ou de Complot, mais qui dans un genre plus linéaire fonctionne très bien!

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