Les news de la semaine : Ennio, mort d’une icône

Impossible de résumer l’immense carrière du prodige Ennio Morricone, dont la passion pour la musique faisait partie de l’ADN familial. Son père Mario était un trompettiste adepte du jazz, et a mené le jeune Ennio dès ses jeunes années vers le domaine musical. A la fois compositeur, chef d’orchestre ou « simplement » musicien, Ennio Morricone est réputée pour sa musique absolue, qui marquera durablement les salles de concerts avec ses innovations.

S’il est un chef d’orchestre réputé, ce sont pourtant ses compositions pour le cinéma qui le hisseront au panthéon des artistes emblématiques! Il commence dans l’anonymat avec Morte di un Amico en 1960, Mission ultra-secrète en 1961, Elle est terrible en 1962… Des partitions méconnues pour des films depuis longtemps oubliés. Mais il assure un rythme effréné, composant des bandes originales pour 5 films par an, parfois 8, parfois 11 !!! C’est en 1964 qu’il va sortir de l’anonymat. Il est alors appelé par un jeune metteur en scène avec qui il était à l’école primaire, un certain Sergio Leone. Celui-ci a besoin de l’artiste pour mettre en musique les images de son premier western : le film s’intitulera Pour une Poignée de Dollars, Leone le signera du pseudo Bob Robertson, et Morricone se cachera derrière l’alias de Dan Salvio. Le film est un succès, tant dans sa composition graphique que dans sa partition musicale, et le duo est alors très en vue. Un début des plus prometteurs, qui marquera à jamais le cinéma italien.

Morricone retrouvera Leone pour Et pour quelques Dollars de plus, Le Bon, la Brute et le Truand, Il était une Fois dans l’Ouest, Il était une Fois… la Révolution et Il était une Fois en Amérique, soit la quasi-totalité de l’oeuvre du maître Leone (il manque juste son tout premier film, Le Colosse de Rhodes)! Si les deux artistes sont indissociables, Morricone oeuvrera également pour de très nombreux metteurs en scène de premier plan, tels Lucio Fulci (I Maniaci), John Huston (La Bible), Sergio Sollima (Colorado, La Cité de la Violence), Mario Bava (Danger : Diabolik!), Henri Verneuil (Le Clan des Siciliens, Le Casse, Peur sur la Ville), Dario Argento (L’Oiseau au Plumage de Cristal, Le Chat à neuf Queues, 4 Mouches de Velours gris), Tonino Valerii (Mon Nom est Personne), Pasquale Festa Campanile (La Proie de l’Autostop), Terrence Malick (Les Moissons du Ciel), John Carpenter (The Thing), Brian De Palma (Les Incorruptibles, Mission to Mars), et la liste est bien loin d’être exhaustive!!!

L’artiste incontournable a participé à plus de 500 films, téléfilms et séries, et les adeptes se font un réel plaisir en recherchant ses oeuvres inestimables! Il a obtenu un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2007, ce qui est un minimum pour le personnage! Sur (seulement!) 6 nominations pour l’Oscar de la meilleure musique de film, il n’en empochera qu’un, en 2017, pour Les huit Salopards de Quentin Tarantino. Ennio Morricone est né le 10 novembre 1928 à Rome, et il décèdera le 6 juillet dans la capitale, à l’âge de 91 ans, après avoir révolutionné la musique et, par extension, le cinéma!

 

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Le clip de la semaine : Propellerheads feat : Miss Shirley Bassey – History repeating

Propellerheads aura fait un passage éclair sur la scène électro britannique, et on leur doit un seul et unique album, mais qui aura définitivement marqué le genre !!! Decksandrumsandrocknroll est sorti en 1998, et possède ce côté intemporel lui permettant d’être d’une efficacité toujours dingue plus de 20 ans après!!! Un must composé de partitions très élaborées, dont une sublime reprise du thème de James Bond avec On her Majesty’s Secret Service!

Je vous laisse (re)découvrir le très bon History repeating, sur lequel ils ont invités Shirley Bassey, légende britannique qui avait notamment interprété les chansons de Goldfinger, Les Diamants sont éternels et Moonraker!

 

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Summer of 84 (François Simard, Anouk Whissell, Yoann-Karl Whissel, 2018)

La pénurie de sorties américaines laisse la place vacante pour pas mal d’oeuvres produites antérieurement et qui n’avaient pas eu l’occasion de s’afficher sur grand écran. C’était le cas pour l’excellent I see you, ça va également être l’occasion de découvrir l’oppressant Exit (Cutterhead dans sa version originale), et actuellement c’est au tour de Summer of 84, un film qui a déjà 2 ans, de percer sur la (grande) toile.

François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell font partie du collectif RKKS, composé d’adeptes de séries B à l’ancienne qui nous ont pondu pas mal de courts métrages très référentiels, notamment avec les fausses bande-annonce de leur saga Ninja Eliminator! Je vous avais même montré l’excellent 4ème opus, signé par un excellent metteur en scène français, Mathieu Berthon (à voir dans ce dossier consacré au réal!). Ils ont même réalisé un long métrage en mode Mad Max djeun’s avec Michael Ironside dedans, Turbo Kid!

Ils adorent les films d’horreur, les années 80, et il fallait bien qu’un jour ils nous réalisent un thriller bien ancré dans leur époque fétiche! C’est chose faite avec ce Summer of 84, qui va suivre les aventures de 4 ados se lançant dans une enquête des plus dangereuses! L’esprit Goonies est activé, et le quatuor va se mettre à surveiller un de leur voisin de quartier, qu’ils soupçonnent d’être le tueur en série agissant dans le coin! C’est le jeune Davey qui est persuadé de la culpabilité de monsieur Mackey, et ses potes le suivent afin d’en avoir le coeur net. Se rajoute une petite bluette avec la voisine ado, et on obtient la recette d’un petit film sympathique qui lorgne également sur l’esprit Strangers Things très en vogue en ce moment.

Ici, pas de surnaturel, mais une reconstitution des 80’s faite avec soin, tant dans les BMX, les T-shirts Bad Religion ou MTV, les coupes de cheveux, les intérieurs de maison… Les 3 metteurs en scène ont tout fait pour que l’immersion soit totale, et on plonge donc dans le passé de manière efficace. Le ton adopté oscille entre nostalgie ado et quelques séquences stressantes, lorsqu’ils se rapprochent un peu trop du voisin lors de leur surveillance. On se retrouve dans un film qui utilise les codes de l’enquête policière en mode adolescent, avec la tonalité humoristique qui en découle, mais qui garde un certain sérieux également. Une sorte de Stand by me dans lequel le but est aussi de retrouver un cadavre, mais surtout de démasquer un tueur.

Les jeunes acteurs se prennent bien au jeu et participent activement à cette recréation d’un pan des 80’s, et Rich Sommer (GLOW) laisse bien planer le doute quant à l’implication ou non de Mackey. Le résultat est une réminiscence old school qui fonctionne, même si on se serait attendu à un film encore plus immersif. On reste dans un contenu habituel au niveau des personnages, qui sont certes bien fait, mais qui ne se démarquent pas spécialement de tous ces films horreur/thriller en mode ado. Ils sont tout aussi bons que leurs homologues dans Ca par exemple. Je m’attendais donc à une oeuvre plus captivante, même si la fin s’avère surprenante dans son changement de tonalité. C’est certainement l’élément le plus intéressant du film, et le reste se regarde tranquillement avec un peu de nostalgie pour ces années si lointaines ^^

 

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Surtensions (Olivier Norek, 2016)

Avant Entre deux Mondes puis Surface, et après Code 93 et Territoires, Olivier Norek nous livre le 3ème volume des aventures du Capitaine Coste avec Surtensions, qui se permet pas mal de libertés narratives! En effet, après une intro plaçant Victor Coste dans une situation désespérée, on l’oublie carrément durant 70 pages, le temps de développer des chapitres se concentrant sur différents prisonniers coexistants dans la prison de Marveil. On se retrouve pris dans l’atmosphère étouffante du monde carcéral, avec comme point de départ un événement choquant, qui va durablement marquer un gardien fraîchement recruté. La réalité des prisons n’a rien de tendre, et on va en faire le constat sur plusieurs chapitres très immersifs et bien stressants…

On va découvrir un frêle braqueur qui n’a que peu de chances de survie dans cet environnement sauvage, son compagnon de cellule intimidant surnommé Machine, un homme enfermé pour le meurtre de sa femme répondant au surnom de Scalpel, un empoisonneur dénommé Cuistot… Mais quand le récit va encore se focaliser sur un homme de main serbe, un pédophile, ainsi qu’un gang de braqueurs prenant en otage une famille, on est dans l’incapacité de comprendre quels liens vont unir tous ces personnages. Et comme ça ne suffit pas à l’esprit affûté de Norek, il nous rajoute un jeune trafiquant de banlieue et ses compères, qui ont kidnappé un jeune homme contre une demande de rançon. Alors que ses précédents bouquins suivaient une ligne directive plutôt claire, Olivier Norek se plaît à complètement nous balader dans ce Surtensions à l’intrigue très élaborée!

Il est impossible de saisir les tenants et aboutissants de ce roman, qui va prendre beaucoup de temps à se livrer au lecteur, et c’est un vrai plaisir de plonger dans un récit aussi complexe! Norek est toujours aussi direct dans son écriture, et nous livre le quotidien d’une équipe de flics de la brigade criminelle avec un mélange de réalisme de terrain et de maîtrise psychologique qui fonctionne très bien ensemble. Il est très proche de ses personnages, dont il va développer les aspects psychologiques par petites touches très efficaces, notamment dans la relation entre Coste et Léa Marquant, la médecin-légiste. Norek manie avec tout autant de précision la romance difficile entre les deux personnages, que l’opération très tendue de home invasion par des braqueurs. Son expérience initiale de flic est capitale dans la réussite de ce nouveau bouquin, qui nous place face à des réalités de terrain extrêmement tendues…

La vision du monde carcéral est terrible, avec des détenus abandonnés à des prédateurs sans pitié, et quand on n’est pas taillé pour tenir dans cette jungle de béton, le résultat est désastreux… Norek nous balance des scènes franchement hard, mais dans lesquels il n’oublie jamais la dimension émotionnelle, ce qui les rend encore plus difficile… Surtensions est une nouvelle réussite pour l’auteur de polars, qui est devenu incontournable en une poignée d’années et de romans!

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China Girl (Abel Ferrara, 1987)

En 1987, Abel Ferrara n’a pas encore atteint la renommée qu’il obtiendra avec The King of New York, Bad Lieutenant ou Body Snatchers, l’Invasion continue. Pour l’instant, il a mis en scène une poignée de courts, un film pornographique (9 Lives of a wet Pussy), un film horrifique amateur complètement raté (Driller Killer), qui va pourtant être remarqué par William Friedkin, lequel lui offre un budget plus élevé pour réaliser L’Ange de la Vengeance, une des oeuvres les plus viscérales dans le domaine du rape & revenge. Il enchaîne avec New York, 2 Heures du Matin, quelques épisodes de séries télé (dont Deux Flics à Miami), et nous livre donc en 1987 l’une de ses oeuvres les plus accessibles avec China Girl, transposition de Roméo et Juliette à la frontière de Little Italy et Chinatown, en plein New York.

Ferrara a très souvent filmé la ville qui lui est chère et dans laquelle il a grandi, lui qui est originaire du Bronx. Il s’est la plupart du temps intéressé aux gens du peuple, dont il raconte le quotidien difficile teinté d’espoirs et de désillusions. Ferrara peut être vu comme un héritier en mode plus trash des Coppola, Scorsese et autre De Palma, dont il partage une certaine vision hiérarchisée des clans. Dans China Girl, il va traiter de la rivalité entre les Italiens et les Chinois, en plaçant au centre de cet échiquier dangereux un couple d’adolescents amoureux. Lui est d’origine italienne, elle est Chinoise, et leur rapprochement va être vu d’un très mauvais oeil par leurs communautés respectives. Ferrara va traiter du racisme ambiant avec un prisme plus complexe que ce que l’on pouvait attendre, car il va mettre en lumière les collusions permettant aux rivaux de maintenir un certain équilibre commercial.

Il s’agit du tout premier rôle pour Richard Panebianco, que l’on recroisera par la suite très peu du côté d’Hollywood. Il participera à 1 épisode de la série Vendredi 13, apparaîtra dans Né un 4 Juillet, Cadillac Man, mais sa carrière ne décollera jamais vraiment. Le constat est similaire pour Sari Chang, qui recroisera la route de Ferrara dans The King of New York, mais qui disparaîtra assez rapidement des écrans. Les deux acteurs jouent le jeune couple déchiré par leurs différences, mais assez amoureux pour prendre le risque de se voir. Ils sont plutôt convaincants, et sont aidés par quelques acteurs secondaires qui auront eux un peu plus de chance dans leur carrière. On a croisé James Russo dans Il était une Fois en Amérique, Le Flic de Beverly Hills, Cotton Club, Les Anges de la Nuit, et il est encore très actif aujourd’hui, avec plus d’une dizaine de films actuellement en post-production.

Vous connaissez forcément David Caruso, le Horatio Caine des 232 épisodes des Experts : Miami! Il était tout jeune et bien énervé à l’époque, et un peu plus combatif que dans Rambo! ^^ Abel Ferrara peut compter sur cette jeune garde pour donner vie à un récit prenant, qui cède parfois à certains clichés de l’époque, mais on sent une vraie patte dans la mise en scène et un certain souffle new-yorkais sur l’ensemble. Ferrara sait comment gérer des affrontements et des poursuites entre gangs, et sa vision donne un bel élan nostalgique à l’ensemble. Il y a par exemple davantage de tension que dans le surestimé Les Guerriers de la Nuit de Walter Hill lors des oppositions entre clans. On sent également un attrait certain pour le fonctionnement et les strates du pouvoir, qu’il va décortiquer du côté italien mais également chinois. Face à la haine se déversant dans la rue et maintenue par les jeunes, les aînés tentent de conserver le calme sur leurs différents territoires, avec des ententes laissant de côté le racisme.

C’est finalement cette vacuité de la haine de l’autre qui est mise en avant, puisqu’elle dessert à la fois les individualités mêmes en stigmatisant la différence, mais les collectivités également en mettant à mal les accords tacites et en créant de l’insécurité dans les rues. Abel Ferrara nous dépeint une histoire d’amour à la fois simple et tragique, de celles qui sont impossibles tant les différences culturelles et l’intolérance sont ancrées. Mais Tony et Tye s’aimeront coûte que coûte, au détriment de leurs proches, alors qu’une escalade de violence va baigner les rues de sang. On retrouve des thématiques essentielles chez Ferrara, qu’il traite avec un sens davantage grand public, afin de toucher une portion plus grande de la population, et le résultat est un beau film jouant la partition Roméo et Juliette avec classe. Cette plongée dans les 80’s fait du bien, et on se retrouve dans un film typique de ces années, bénéficiant d’une mise en scène habile et d’un contexte fort.

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