On se rappelle avec plaisir du précédent Mission : Impossible – Fallout, sorti dans le monde d’avant (2018), et la comparaison va du coup être rude à avaler à la vue de ce 7ème opus, qui perd progressivement tous les ingrédients agréables de la saga (qui a vraiment démarré avec Mission :Impossible III). Ethan Hunt se voit une énième fois proposer une mission qu’il a poliment le droit de décliner, avec récupération d’un McGuffin et accessoirement sauvetage de la planète. Une journée comme les autres pour l’agent Hunt et son équipe.
Ca commence pourtant de manière sympathique, avec des vilains militaires russes à l’accent bien parodique, et une séquence plutôt agréable dans le cadre d’un aéroport, où Christopher McQuarrie gère tout ce beau petit monde de manière fluide, en mettant en scène les fameux tours de passe-passe pour récupérer l’objet tant convoité, la mystérieuse clé en 2 parties. On se croirait par moment dans Insaisissables… Mais si cette séquence fonctionne, c’est parce que c’est la première du film, qui sera par la suite inlassablement répétée en apposant des variations afin de donner l’illusion du mouvement au spectateur : on va inclure une poursuite en voiture, un voyage en train, et ainsi en profiter pour multiplier les décors : on passe du désert à la montagne ensoleillée, en passant par les canaux de Venise et le Colisée… Le cahier des charges du parfait James Bond movie est respecté, il faut offrir des paysages différents aux spectateurs, ainsi que des poursuites à pied et avec divers véhicules, et inclure 2-3 combats au corps-à-corps pour faire bonne mesure.
Comme le sentiment d’être sur un chemin des plus balisés est très prégnant, il est normal que les personnages soient également ultra-lisses, alors qu’ils possédaient une certaine texture dans les opus précédents. Ici, Luther et Benji ne fonctionnent même pas en tant que comic relief, et on sent que les scénaristes ne s’en servent que parce qu’ils n’ont pas pensé à les tuer précédemment… Même Ethan est plus fantomatique qu’à son habitude, et Tom Cruise ne parvient plus à apporter tout son charisme au personnage… On suit donc ce (très/trop long) film (2h43, c’est presque devenu la norme hollywoodienne) avec de plus en plus de difficulté, et avec de plus en plus de détachement par rapport à une intrigue lors de laquelle le suspense s’étiole de scène en scène. On sait pertinemment quand tel personnage va mourir, et lesquels ne mourront jamais quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent. Mention spéciale au plagiat de la sublime scène d’ouverture d’Uncharted 2 : Among Thieves, à laquelle on ne peut cesser de penser à chaque instant! Le travail de Neil Druckmann est tellement au-dessus de celui de McQuarrie!
La fameuse scène à moto teasée en long, en large et travers, interprétée par Tom Cruise himself, avait de quoi donner envie, mais quand on voit qu’elle dure à peine 15 secondes, on se demande si ça valait le coup d’en faire tout un plat… Même s’il s’agit du seul moment vraiment prenant du film avec cette notion de vertige et de danger. Mais tout ça pour un truc qui dure le temps de cligner 2 fois des yeux… Pour la petite histoire, cette scène aura nécessité 15 mois de préparation et 536 sauts en mode entraînement à Tom Cruise…
Et sinon, niveau casting, ça fait plaisir de revoir Haylee Atwell, la fameuse Agent Carter, qui est une des actrices qui s’en sort le mieux dans ce film. La Française Pom Klementieff joue la bad girl, elle qui incarne habituellement Mantis chez Les Gardiens de la Galaxie. Le grand méchant incarné par Esai Morales est caricatural à mort, et on a droit à des séquences de grand n’importe quoi pour justifier un semblant d’émotion, comme ce duel à l’épée et au couteau idéalement situé sur un pont, ce qui donne un très joli cadre tellement réaliste pour une mise à mort… Les aberrations sont nombreuses dans ce film, comme les moments où l’action effectuée se fait in extremis avant un impact mortel, et ça fatigue très vite je vous assure… Et sérieusement, ce combat sur le train??? Il n’y a aucun suspense dans ce film, et la portée dramatique ne fonctionne pas, et McQuarrie a perdu de sa motivation et de son inspiration, avec une mise en scène bien plate… En même temps, à chaque séquence, on se dit bordel, c’était quand même vachement mieux foutu dans John Wick : Chapitre 4 !!!