Sorti il y a 2 semaines en DVD, One Shot fait partie de cette longue liste de DTV anonymes qui pourraient se perdre dans la masse. Pourtant, le film de James Nunn (qui à une lettre prêt, aurait pu réaliser Les Gardiens de la Galaxie) mérite clairement que l’on s’attarde dessus, car il propose une plongée très immersive dans une mission à haut risque pour une unité de Navy Seals. Menés par l’excellent Scott Adkins (qui mériterait lui aussi d’atteindre plus souvent les écrans de cinéma), ces 5 hommes ont pour objectif d’accompagner une analyste chargée de récupérer un prisonnier sur une île-prison. Evidemment, tout ne vas pas se passer comme prévu, et l’ambiance va rapidement dégénérer…
Ca fait franchement plaisir de retrouver Scott Adkins, que l’on est habitué à retrouver dans diverses productions d’action et qui offre systématiquement une approche très réaliste en terme de combats. On sent nettement son expérience dans le domaine des arts martiaux, qu’il a commencé à pratiquer dès l’âge de 10 ans. Judo, taekwondo, kickboxing (dont il obtient une ceinture noire à 19 ans)… Mais il ne s’arrête pas là, et va perfectionner son art en s’initiant à la capoeira, au krav maga, au jeet kune do, au ju-jitsu, au karaté, au muay-thaï, au MMA, ainsi qu’au wushu. Et il a encore trouvé le temps de faire quelques entraînements de gymnastique! ^^ Adkins est un artiste martial très complet, et on le voit dans l’aisance avec laquelle il donne vie à des combats très brutaux et très réalistes!
Le principe de One Shot est simple : tout le film est un plan-séquence allant de l’arrivée des soldats en hélicoptère jusqu’à la résolution de cette attaque sur l’île. Le parti-pris à de quoi susciter une réelle curiosité, et même s’il s’agit d’un faux plan-séquence (je ne sais pas combien il y a eu de coupes, mais les raccords sont impeccables!), on est happé par le sentiment d’urgence conféré par ce procédé! Le film va donc en réalité additionner plusieurs plan-séquence, mais le travail titanesque demandé par le metteur en scène est déjà assez casse-tête pour que l’exploit soit souligné. Dès l’arrivée de l’hélico sur l’île, on admire la fluidité des cadrages et l’aisance des mouvements de caméra, qui vont permettre de s’immiscer immédiatement dans ce récit prenant. James Nunn gère admirablement l’ensemble de ses comédiens, dont les interactions sont brillamment chronométrées. Il y a toujours quelque chose de très ludique à suivre un plan-séquence, et je pense que le plaisir pour le spectateur doit être égal à celui de l’acteur, qui peut vraiment rester dans son rôle de manière durable.
Si le procédé est très attractif, le scénario va nous emmener dans une direction tendue, avec le débarquement dans cette prison ressemblant furieusement à Guantanamo. Mêmes combinaisons oranges et traitements similaires pour les prisonniers, on débarque ici dans une atmosphère pas franchement joyeuse, et un autre intérêt du film réside dans une absence de manichéisme qui fait du bien. On voit un traitement franchement hard pour les prisonniers, mais on ne va pas prendre de parti, juste souligner à la fois la cruauté et l’intérêt que peut représenter un tel endroit. Ca rejoint les fameux questionnements chers à Jack Bauer : la torture est-elle acceptable si elle permet de sauver une ville ou un pays? James Nunn ne va pas donner de leçon de morale, ni dans un sens ni dans l’autre, mais il va nous présenter une réalité très crue que l’on préfère généralement occulter. Cet aspect-là mérite lui aussi le détour dans ce film, car il va offrir une certaine complexité à plusieurs personnages.
J’ai également pensé à Marion Cotillard dans ce film, parce qu’on se moque souvent d’elle pour sa fameuse scène de mort dans The Dark Knight rises. Eh bien ici, impossible de se moquer tant certaines morts sont choquantes ou réellement émouvantes. C’est assez impressionnant de voir la justesse de ce type de séquence dans un film destiné juste à sortir en DVD… On a un récit reposant sur une trame très simple, qui est la survie d’un groupe de soldats et des gens qu’ils protègent, face à une attaque par des terroristes sur un terrain militaire. Et là encore, le réalisateur va nous plonger au coeur du terrorisme islamiste, en nous montrant quelques procédés spécifiques… La séquence où un des soldats ennemis est choisi pour aller se faire exploser fait franchement froid dans le dos, et l’acteur roumain Andrei Maniata (dont il s’agit du premier rôle) est lui aussi vraiment bon.
Il y a une précision réellement impressionnante dans le dispositif mis en place par Nunn, qui participe pleinement à la tension permanente de ce film. On a pas le temps de souffler puisque tous les événements se déroulent en temps réel, et le fait de ne pas déterminer les de plans de coupe augmente réellement l’intensité. On se retrouve plongé dans un film d’action qui emprunte beaucoup au jeu vidéo (Call of Duty peut-être? ^^) et qui est traité avec un intérêt sincère. Trop souvent, ce type de production est mis en scène par-dessus la jambe, juste pour potentiellement engranger un peu de dollars, mais avec James Nunn, on sent une véritable passion dans la mise en scène, et une vraie volonté d’offrir un spectacle décoiffant. On pourra comparer son travail à celui de John Hyams (Universal Soldier : Régénération et Universal Soldier : le Jour du Jugement, avec tiens, Scott Adkins!), ou encore à celui de Cary Murnion et Jonathan Milott sur Bushwick, voire à celui du Français Hugo König dans le film horrifique Night Shot. Sans oublier bien évidemment Gareth Evans avec ses plan-séquences de The Raid et The Raid 2, impossible de ne pas le citer! En tout cas, ça fait un bien fou de se prendre un film d’une telle ampleur dans la tronche, quand parallèlement le cinéma ne nous donne quasiment que des produits hyper calibrés et de plus en plus interchangeables…