Blade (Stephen Norrington, 1998)

Il y a un temps pas si lointain ou le cinéma et la télévision n’étaient pas envahis par les super-héros… Avant le succès du Marvel Cinematic Universe et ses recettes astronomiques, c’est du côté de la Fox que l’on tentait de faire quelque chose avec ces personnages à super-pouvoirs. Le X-Men de Bryan Singer a véritablement initié la franchise super-héroïque en 2000, avec le succès qu’on lui connaît et les nombreuses séquelles qui ont suivi. Et pourtant, c’est New Line (qui avait été rachetée par Warner en 1996) qui a véritablement enclenché le processus… En confiant les rênes de Blade à Stephen Norrington, elle allait amorcer une véritable ère de changement dans le domaine cinématographique!

L’année 1998 voit David Hasselhoff perdre un oeil pour les besoins du téléfilm Nick Fury, et on ne peut pas dire que l’engouement pour les transpositions de comics est né à ce moment-là… Avant cela, en 1997, on avait une obscure série Night Man, ou encore le téléfilm Génération X (1996), un Fantastic Four qui n’a jamais eu le droit de sortir sur grand écran, ou un Captain America déjà rétro lors de sa sortie en 1990 (Pour plus de détails, vous pouvez jeter un oeil au dossier Des comics à l’écran: les adaptations Marvel de 1944 à 2019)… Les super-héros étaient alors considérés comme de simples produits sans relief, qu’on sortait des cases sans grande conviction… Mais la vision derrière Blade est nettement plus sérieuse, et on sent qu’il y a une vraie volonté de jouer correctement avec ce matériau de base. Il n’est donc pas étonnant de retrouver David S. Goyer au script, lui qui deviendra clairement une figure importante de ce type d’adaptations, puisqu’on lui devra Batman begins, The Dark Knight: le Chevalier noir, The Dark Knight rises, Ghost Rider 2: l’Esprit de Vengeance, Man of Steel, Batman v Superman: l’Aube de la Justice (bon, il a aussi écrit Nick Fury en 1996…)…

Les 90’s sont très bien exploitées par Wesley Snipes qui nous livre Passager 57, Soleil levant, Demolition Man, Money Train… Avec la bénédiction de Goyer, il raflera le rôle de Blade au nez de Denzel Washington et Lawrence Fishburne, et campe un diurnambule tout ce qu’il y a de plus crédible. Le personnage créé par Marv Wolfman et Gene Colan en 1973 a évidemment été modernisé, et l’aspect blaxploitation de l’époque a été mis de côté (tout comme ça a été le cas avec Luke Cage). Mais en tablant sur du R-rated, New Line s’est donné les moyens de créer un film solide sur un justicier bad-ass, et mine de rien, en le revoyant 20 ans plus tard, on se rend compte que la portée de ce Blade est finalement importante. La scène de la boîte de nuit est encore sacrément efficace, et Stephen Norrington s’est bien appliqué pour nous offrir quelques moments bien graphiques! La prédominance des couleurs blanche, noire et rouge donne une certaine stylisation à son film, qui n’en oublie pas pour autant d’être efficace sur le plan physique. Norrington nous livre des plans que ne renierait pas James Cameron, et on a de temps à autre l’impression d’être dans un Terminator, ce qui est plutôt un gage de qualité! Et l’aspect très sombre et violent renvoie irrémédiablement à un esprit urbain proche du Punisher!

On a droit à un film d’action bien bourrin qui va passer du combat aux flingues à un duel au sabre, en n’oubliant pas l’affrontement à mains nues. Là encore, Norrington fait preuve d’une belle efficacité dans la visualisation de ces combats, dont la violence ressort de manière bien graphique également. Mais le film pose quelques questions intéressantes sur le personnage principal, individu mi-homme mi-vampire qui doit lutter constamment contre sa propre soif de sang. L’aspect addictif est traité frontalement et ajoute un niveau de lecture fort à son récit, Blade et son ami Whistler (le très bon Kris Kristofferson) tentant de trouver un remède à son état. Du côté opposé, Stephen Dorff joue Deacon Frost, un vampire qui souhaite renverser l’élite vieillissante et prendre le contrôle de l’humanité. Le film a plutôt bien passé l’épreuve du temps, il se regarde avec plaisir, et il mérite d’être remis en avant au moment où tout le monde voit en Black Panther la première adaptation d’un super-héros black. Blade est réellement celui ayant donné la toute première impulsion, et le roi T’Challa lui doit une certaine reconnaissance 😉 Guillermo Del Toro nous livrera un Blade II un brin prétentieux, puis Goyer réalisera Blade: Trinity qui ne marquera pas les esprits, mais qui est anecdotique puisqu’il marque la toute première incursion de Ryan Reynolds dans une adaptation Marvel, bien avant qu’il incarne l’explosif Deadpool! Et sinon, Goyer ne lâchera pas encore le personnage, puisqu’une série télé verra le jour en 2006, mais seulement pour 12 épisodes…

Les droits du personnage de Blade étant revenu chez Marvel Studios, il serait intéressant de voir une nouvelle transposition du diurnambule! Avec ou sans Wesley? ^^

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