Depuis L’Armée des Morts, Zack Snyder développe sa mise en scène très stylisée, mais qui a le don de diviser. Pour Man of Steel, il s’est adapté à l’Homme de Krypton en laissant de côté ses ralentis caractéristiques, et réalise un film formellement magnifique dans lequel Kal-El surprend par la puissance émotive et physique de son personnage. Man of Steel est véritablement impressionnant à tous les niveaux, et Snyder a mis la barre très haut pour le futur du DC Cinematic Universe!
Tout d’abord, le scénario signé David S. Goyer et Christopher Nolan est d’excellente facture, avec des tranches temporelles qui se superposent à merveille et s’intègrent dans la continuité du récit sans heurt. On navigue ainsi entre le monde adulte, le monde de l’enfance et celui de sa naissance de manière très fluide sans pourtant respecter la chronologie, mais chaque plongée dans une autre époque apporte des réponses quant au devenir du personnage. Une écriture très habile de la part de Goyer et Nolan, source d’émotions intenses à travers l’évocation de la vie très particulière de Kal-El.
Henry Cavill EST Superman, le représentant d’une manière réellement subtile avec ce compromis permanent entre sa force physique presque illimitée et ses failles profondes quant à ses origines. Clark/Kal-El est un homme en quête d’identité, apparaissant à un endroit puis s’évaporant lorsqu’il est sur le point de révéler sa vraie nature. Henry Cavill joue avec une vraie sensibilité cet homme déraciné qui erre d’un endroit à l’autre dans une quête personnelle. On sent là l’apport de Christopher Nolan, et cette thématique rend beaucoup mieux ici que dans ses Batman…
Si l’on se rappelle du Général Zod bien rétro des premiers Superman, il faut dire que celui de Michael Shannon lui est largement supérieur. Depuis Take Shelter, il se pose comme un acteur ambitieux et impressionnant, et excelle dans les rôles de bad guy. Toute la folie destructrice du personnage prend son sens avec sa conviction d’agir pour le bien de son monde, et lui donne la force nécessaire à l’accomplissement d’actes violents et cruels. L’opposition des deux personnages principaux revêt des atours dramatiques très forts avec le passif existant entre Zod et le père de Kal-El, ce conflit se poursuivant entre le général et le fils de Jor-El.
Le reste du casting est un must, avec Amy Adams qui joue une Loïs Lane avec beaucoup de conviction, Russell Crowe qui campe Jor-El avec passion, Kevin Costner qui se met dans la peau du père adoptif désireux que son fils ne souffre pas de sa différence (il a un rôle à la Oncle ben dans la saga Spider-Man, avec son côté protecteur), Diane Lane magnifique en mère adoptive, Antje Traue qui joue une bad girl bien déterminée… Aucune fausse note au niveau des personnages et de leur interprétation, chacun apportant sa pierre à l’édifice magistral de Snyder, qui nous donne tout simplement l’une des meilleures adaptation de comics.
En parvenant à lier l’infiniment lointain de Krypton avec une petite ville du Kansas, la démesure de combats dantesques et la sensibilité d’une relation père-fils ou mère-fils, ou encore la puissance incroyable de Kal-El et sa sensibilité face aux éléments comme le soleil, Zack Snyder a mis sur pied un blockbuster aux scènes d’action magistrales, tout en puisant sa force au travers des failles très crédibles des personnages. Man of Steel est une oeuvre remarquable qui replace Superman au sommet, et qui met au défi les prochains réalisateurs qui s’attaqueront à l’univers DC!