En 2014, les metteurs en scène David Leitch et Chad Stahelski nous livraient un film d’action de toute beauté avec John Wick, qui permettait en plus à Keanu Reeves de se repositionner de manière capitale dans le genre. Après son excellent Man of Tai Chi (qu’il avait également mis en scène), Reeves démontrait d’excellentes aptitudes dans le combat au corps à corps! 3 ans après le premier opus donc, David Leitch s’en est allé vers d’autres horizons (il réalisera Deadpool 2!), et Chad Stahelski reste seul aux commandes de cette séquelle.
John Wick 2 démarre sur les chapeaux de roue, en nous plaçant directement dans l’action. John Wick entend bien récupérer sa voiture… L’intro fait le lien avec la fin du film précédent, et démontre encore une fois à quel point le personnage est invincible, en le définissant à nouveau comme le Croque-Mitaine! On a d’ailleurs droit à une apparition sympathique de Peter Stormare en gangster russe… Mais on sent un certain relâchement par rapport à la perfection du premier film. La mise en scène est moins précise, même si les impacts sont toujours percutants. On est clairement dans ce genre de films d’action où l’on se demande comment les mecs font pour ne pas se tuer vraiment lors du tournage, notamment quand ils chutent dans les escaliers! Il y a un aspect très asiatique dans la manière de travailler ces scènes, qui s’avèrent très réalistes!
Le problème, c’est qu’on a l’impression de revivre le même schéma qu’il y a 3 ans. Un bad guy s’en prend à un bien de John, qui va vouloir se venger. Et une nouvelle armada de tueurs sanguinaires va se retrouver face à un John Wick déterminé… On a des scènes de bagnoles, on a des combats rapprochés qui sont très bien chorégraphiés, mais qui ne changent pas fondamentalement par rapport au 1er film. On a des affrontements armés très violents, là encore efficaces, mais pas innovants par rapport à John Wick 1er du nom. Cette suite fait le job et constitue un film efficace, mais on a perdu l’élément de surprise qui faisait toute l’originalité du 1er, et Chad Stahelski recycle toutes les données présentes il y a 3 ans. Le résultat est un bon film, avec quelques belles trouvailles par-ci par-là, mais on ne retrouve pas la puissance de l’original.
John Wick fait partie de cette vague de films d’action que l’on pourrait qualifier de post-moderne, et qui selon moi a vu le jour avec l’excellent La Mémoire dans la Peau de Doug Liman en 2002. Là où les blockbusters hollywoodiens nous bombardent de montages hyper cut, Liman laissait tourner sa caméra pour que l’on puisse apprécier les chorégraphies des combats. Dans la même catégorie, on peut donc classer John Hyams avec ses sublimes Universal Soldier: Régénération (2009) et Universal Sodlier: le Jour du Jugement (2012), ainsi que Gareth Evans, le metteur en scène gallois des incroyables films indonésiens The Raid (2011) et The Raid 2: Berandal (2014). Et on peut ajouter Pete Travis et son excellent Dredd (2012), ainsi que Keanu Reeves avec son Man of Tai Chi (2013). Sans oublier bien évidemment Tim Miller avec son Deadpool (2016). Tous ces metteurs en scène ont en commun une approche innovante de l’action, et parviennent à insuffler un rythme impressionnant à leurs films.
Chad Stahelski nous livre donc un actioner efficace, auréolé de quelques moments bien jouissifs (l’opposition entre Keanu Reeves et Common dans le métro est franchement classe), mais qui n’atteint pas le niveau juste génial du premier opus. On sent aussi une certaine volonté de bien se placer avec l’ajout d’acteurs de renom, ce qui est certes sympathique, mais qui n’apporte pas grand-chose à l’histoire… C’est toujours un plaisir de croiser Peter Stormare, Ian McShane, Franco Nero, David Patrick Kelly, Laurence Fishburne, et bien sûr John Leguizamo, que des vraies gueules de ciné… Maintenant il y a un aspect légèrement artificiel à l’ajout de tout ce beau petit monde…
John Wick était une surprise totale et une bombe en terme de mise en scène et de film d’action. John Wick 2 est une suite qui utilise la même recette avec pour résultat un film réussi et dans lequel on ne s’ennuie pas. On sent toute la volonté de Stahelski de mettre sur pied une séquelle qui fonctionne, mais il se pourrait bien que David Leitch soit le metteur en scène le plus talentueux des deux finalement… Ce qui est de très bon augure pour Deadpool 2!!!