Monkey Man (Dev Patel, 2024)

L’acteur anglais Dev Patel a été révélé dans le Slumdog Millionaire de Danny Boyle, et on se souvient encore de lui dans l’émouvant Lion. On a aussi pu le croiser dans le très bon The Road Within où il gérait ses TOC comme il pouvait ^^ On savait qu’il était un très bon acteur, on découvre aujourd’hui d’autres facettes de son talent, puisqu’il a co-écrit et mis en scène ce Monkey Man qui est son premier long métrage. Et pour un coup d’essai, on est sacrément surpris par la solidité et la qualité de l’ensemble, avec ce récit d’une vengeance longuement mûrie qui va enfin pouvoir s’exprimer !

Le Monkey Man du titre fait référence à Hanumān, un dieu issu de la religion hindouiste, dont la référence va être bien plus forte que la simple apparence physique. Au-delà du masque du dieu-singe, Dev Patel va baigner son film dans la culture indienne avec ses croyances et ses rites, pour donner une aura mystique originale et dense. Dev Patel inscrit également son film dans l’histoire sanglante de son pays d’origine, en évoquant les émeutes communautaires, qui ponctuent tragiquement la vie des musulmans indiens depuis les années 1950 et la partition du pays. L’approche de l’acteur-réalisateur est donc très sérieuse, et va conférer à ce récit vengeur une belle trame réaliste.

De nombreuses critiques comparent le film avec un certain John Wick, et ça tombe bien, Patel lui-même reconnaît directement la filiation lors d’une scène ! ^^ Le personnage incarné par Keanu Reeves avait aussi de quoi être bien énervé, et c’est intéressant de voir les parallèles entre les 2 héros et leurs films respectifs. Mais celui de Dev Patel s’inscrit dans un cadre plus intimiste et plus désespéré, en iconisant moins son personnage et en recherchant davantage de réalisme que de prouesses graphiques. Mais cela ne veut pas dire que ce Monkey Man délaisse sa partie picturale, car Dev Patel fait preuve d’une aisance cinématographique très étonnante, surtout pour un premier long métrage ! On sent évidemment l’influence de John Wick, mais  également celle du travail de Gareth Evans sur ses séminaux The Raid et The Raid 2, qui resteront des monuments difficilement atteignables !

Avant que l’action se mette à exploser, la mise en place s’avère nerveuse et racée, et on sent le film monter en puissance peu à peu. Lors des séquences plus calmes précédant la tempête, Dev Patel filme avec un sentiment d’urgence sous-jacent, imprimant un rythme soutenu et tendu à son film. Et quand c’est le moment de tout lâcher… Et bien il faut admettre que Dev s’inscrit dans une mouvance johnwickienne qui fait plaisir à voir et qui imprime durablement la rétine ! Il se permet d’ajouter des détails très originaux lors de certains combats, et on ressent d’une manière bien puissante les impacts des coups portés! On savait que Patel était un acteur talentueux, et on lui découvre encore une certaine intensité que l’on n’avait pas forcément vue chez lui, et il excelle dans ce rôle vengeur le portant aux portes de la folie et de la mort ! L’intensité dans son regard, dans la façon dont il façonne son corps, dans la puissance avec laquelle il déverse sa rage, font de ce personnage anonyme une sorte de Baba Yaga version indienne qui ne déplairait pas à notre cher John W. !

Comme dans The Raid (ou dans Dredd !), le personnage va devoir physiquement gravir les étages d’un bâtiment afin de se venger de celui qui tire les ficelles, et cette élévation prend un sens presque religieux avec les différents éléments disséminés le long du métrage. Dans ce genre de films d’action, on a également des phases classiques à respecter, avec une première tentative, une chute, et un retour du héros après une phase initiatique. Cette trame classique va être très intelligemment utilisée par Dev Patel, qui va prendre le temps de traiter chacune des étapes en la replaçant dans le contexte historique difficile de son pays, et les réminiscences du passé vont être primordiales dans la motivation du héros. Le lien très fort avec son passé va s’avérer très touchant, et va contribuer à la fois au réalisme du récit, mais aussi à la justification de tout ce déferlement de violence.

Dev Patel va user de plusieurs techniques visuelles pour mettre en lumière les chorégraphies de ses combats, et on va assister à des séquences très généreuses se permettant de belles originalités. La poursuite habituelle en voiture va être remplacée de manière drôle et efficace ! ^^ Et les combats au corps-à-corps réussissent à être très impactants, grâce notamment à un très beau travail photographique de l’Israélien Sharone Meir, qui a notamment travaillé sur La Dernière Maison sur la Gauche, Mean Creek ou encore Whiplash. Le film bénéficie également d’une très belle musicalité, Dev Patel accompagnant ses séquences au rythme d’une bande-son se mêlant parfaitement à l’action. La séquence de l’entraînement est à ce titre bien originale et captivante, et les sons créés par Jed Kurzel enveloppent efficacement ce récit vengeur !

Monkey Man est une très belle découverte, et mérite son statut de film d’action désespéré et percutant ! Avec un Dev Patel impérial dans un rôle très physique, qui a réussi à gérer le travail d’écriture et la mise en scène avec une très belle puissance !

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