Après son excellent Man of Tai Chi, Keanu Reeves est bien décidé à prouver qu’il compte toujours dans le cinéma d’action! Ce John Wick pourrait être affilié au sympathique Shoot’em up qui voyait Clive Owen dézinguer des dizaines de bad guys en toute impunité à un rythme effréné et sans trop de risque pour sa vie. John Wick n’a rien à envier au mystérieux bouffeur de carottes interprété par Owen, et le film aligne les séquences de gunfights et de baston avec un sens chronométré du divertissement.
S’il ne faut certes pas s’attendre à un scénario ultra-fouillé, l’entame du film a de quoi surprendre par son caractère émotionnel assumé et subtil. On entre sans fioritures dans l’existence de ce personnage esseulé, qui va très rapidement devoir faire preuve de violence après deux funestes événements. On sent une approche simpliste dans l’élaboration du récit, mais une vraie volonté d’offrir une soif de vengeance crédible, et l’aspect émotif fonctionne vraiment pour permettre de comprendre pourquoi cet homme mystérieux décide de reprendre les armes. Quand on s’en prend à John Wick, les conséquences sont redoutables…
Keanu Reeves se fait plaisir dans le rôle-titre, qui lui permet une fois encore de faire la preuve de ses talents de combattant. Il faut dire que les chorégraphies sont plutôt sympas, et la violence banalisée s’avère par moments très radicale. On est dans un film bourrin qui va droit à l’essentiel, et qui fonctionne à l’adrénaline pure! L’esprit est relativement proche d’un comics, avec le héros invincible affrontant une armée et parvenant toujours à s’en sortir. Mais le background très triste du héros justifie cette explosion de violence, et contrairement à Shoot’em up, l’esprit est bien plus sombre.
David Leitch et Chad Stahelski sont deux cascadeurs chevronnés qui passent derrière la caméra pour la première fois, et il faut bien admettre que leur expérience première paye, car John Wick s’avère être un action movie de qualité. On est davantage dans le domaine de l’efficacité que celui du réalisme, mais les deux réals font de leur John Wick une figure iconique bien badass, plongé dans une quête vengeresse qui va le voir décimer toute une horde de mafieux russes! Leitch et Stahelski jouent avec les codes du genre, et font de leur film un divertissement calibré et enjoué.
Le casting est plutôt savoureux, puisque outre Keanu Reeves, on retrouve Michael Nyqvist, qui interpétait Mikael Blomkvist dans Millénium, le Film – les Hommes qui n’aimaient pas les Femmes (la version suédoise de 2009). Il joue ici le parrain russe avec un plaisir évident; Willem Dafoe joue aussi un tueur, et ça fait toujours plaisir de le retrouver; Adrianne Palicki est définitivement une femme d’action, elle qui joue également Mockingbird dans la saison en cours d’Agents of S.H.I.E.L.D.; on aperçoit aussi Bridget Moynahan, le sympathique John Leguizamo, et l’excellent Ian McShane (Hot Rod!) est aussi de la partie! Pour un premier film, c’est plutôt agréable…
Leitch et Stahelski s’amusent avec l’aspect graphique de leur film, et nous offrent une succession de séquences violentes et fun, pourtant toujours assez sombres. Il y a le poids omniprésent de la mort qui entoure le personnage de John Wick, et ce qui aurait pu être traité avec beaucoup d’humour est en fait traité avec une sorte de second degré empreint de tristesse, un mélange plutôt étonnant. John Wick est une oeuvre réussie dans son genre, et même s’il n’est pas inoubliable, il est assez généreux pour marquer le coup!