Le dernier Samaritain (Tony Scott, 1991)

En 1991, Tony Scott sort juste de Jours de Tonnerre avec Tom Cruise, et il rejoint l’équipe de L’Arme Fatale pour un nouveau buddy movie en mode polar. Joel Silver est l’un des producteurs les plus emblématiques des années 80 et 90, avec des classiques comme 48 Heures, Commando, L’Arme Fatale, Predator, Piège de Cristal, Demolition Man… Un homme de l’ombre incontournable à cette époque, qui retrouve Bruce Willis avec qui il avait auparavant travaillé sur Piège de Cristal et 58 Minutes pour vivre, ainsi que le scénariste Shane Black, qu’il connaît depuis L’Arme Fatale et L’Arme Fatale 2. Tout ce beau petit monde va nous concocter un film policier qui a un peu vieilli, mais qui s’avère toujours efficace!

On retrouve Bruce Willis dans un rôle qu’il affectionne et qui lui colle vraiment à la peau, celui du vieux briscard fatigué. Joe Hallenbeck est un détective privé en froid avec sa femme, et que sa fille de 13 ans ne respecte plus. Lessivé, il dort dans sa voiture plutôt qu’à la maison, et on sent de grandes similitudes avec le personnage culte de John McClane. Willis est excellent dans la peau de ce détective blasé, même si encore une fois, il n’a pas vraiment d’effort à faire, vu qu’il connaît bien ce style de personnage désabusé. On va lui coller un partenaire malgré lui (le principe du buddy movie) en la personne de Jimmy Dix, ex-star du football américain campé par Damon Wayans. Wayans participait au Saturday Night Live au milieu des années 80, et il est connu pour son rôle de Michael Kyle dans la sitcom Ma Famille d’abord, ou le rôle de Roger Murtaugh dans la série L’Arme Fatale, histoire de boucler la boucle!

Shane Black gère le buddy movie comme il a pu le prouver avec les 4 Arme Fatale, et il s’associe avec Greg Hicks pour mettre sur pied le script de ce Dernier Samaritain. On retrouve sa patte caractéristique avec quelques séquences bien barges, comme la bagnole dans la piscine, qui renvoie tiens, à son plus récent The Nice Guys. Mais c’est surtout dans ses dialogues qu’il va apporter cette touche 80’s-90’s caractéristique, avec des punchlines du style « J’ai une mauvaise nouvelle et une mauvaise nouvelle. – Commence par la mauvaise. » « Ca me serait utile un associé, ça te plairait? -J’en sais rien, j’y connais rien au métier de détective. – Oh, t’as rien à connaître. Sinon que dans les années 90, on ne cogne pas d’entrée, faut d’abord dire un truc cool, tu vois ce que je veux dire? – Ouais, du genre : Je reviendrai. » Il y a vraiment un aspect nostalgique qui fonctionne avec ce Dernier Samaritain, et si le rythme est moins enlevé que d’autres productions de l’époque, le duo Willis-Wayans permet de maintenir une belle cohésion à l’ensemble.

On reconnaît bien évidemment la patte du petit frère de Ridley Scott, puisque Tony nous gratifie de sa mise en scène aux allures crépusculaires, avec cette tonalité ocre tirant vers le rouge qu’il affectionne. Il faut dire qu’il a bossé à plusieurs reprises avec le même directeur de la photo, Ward Russell, présent sur Top Gun, Le Flic de Beverly Hills 2, Jours de Tonnerre, Revenge-Vengeance et donc ce Dernier Samaritain. Tony Scott n’est pas encore dans les expérimentations visuelles à la True Romance, Man on Fire ou Domino, mais on sent un certain sens esthétique se dégager de l’ensemble, même si le film possède une structure plus classique. On se retrouve dans un policier typique des années 90, avec un certain machisme qui est savamment mis à mal (le flashback de Joe) et des émotions non exprimées mais présentes. La scène où Joe et sa gamine s’engueulent s’avère très prenante, et on se retrouve dans une sorte de drame social assez juste, avec un Bruce Willis très convaincant en père dépassé. Les dialogues tendus avec sa femme fonctionnent également très bien, et Chelsea Field (Prison) est elle aussi très juste.

Le dernier Samaritain va parler de pouvoir, de corruption et d’intégrité, et Joe Hallenbeck va être le grain de sable qui va gripper la machine bien huilée d’individus haut placés, avec les conséquences violentes que cela va avoir. Hallenbeck n’a pas grand-chose à perdre, et va continuer à enquêter coûte que coûte sur l’assassinat d’une strip-teaseuse. C’est une toute jeune Halle Berry qui incarne la malheureuse, dans son 3ème rôle au cinéma! Il y a un élément qui me dérange vraiment dans ce film, c’est que la réaction de Jimmy Dix à la mort de sa copine est totalement irréaliste : il semble complètement s’en foutre, et s’amuse à faire des vannes avec Joe au commissariat comme si rien d’important ne s’était passé. On a bien une petite scène où il va verser une larmichette à un moment, mais ce détachement très prononcé me pose vraiment problème, je le trouve complètement à côté de la plaque.

Mais l’enquête va se poursuivre avec des fusillades et des courses-poursuites bien écrites, et on retrouve une certaine violence là encore caractéristique des 90’s, avec quelques très bons éléments, comme le flingue planqué dans la peluche, ou le coup du « Touches-moi encore je te tue »! Le montage de cette scène est excellent, et Scott instille une tension bien palpable avec un p’tit côté ludique qui fait plaisir! Joe Hallenbeck ne peut pas s’empêcher de faire des vannes avant de flinguer les bad guys, et c’est aussi pour ça qu’on l’apprécie! ^^ Le dernier Samaritain est un pur polar 90’s comme on en fait plus, et c’est toujours un plaisir de retrouver Bruce Willis dans ce registre!

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