Les Inflitrés (Martin Scorsese, 2006)

Je ne suis pas franchement un fan de Martin Scorsese, son Shutter Island m’a ennuyé, j’ai zappé rapidement son Gangs of New York, et il faudrait que je revois Taxi Driver. J’avais trouvé sympa Les Affranchis sinon. Bref, tout ça pour dire que j’ai été sacrément bluffé dimanche soir devant ma télé, ne sachant pas trop quoi regarder, en tombant sur Les Infiltrés. Je n’avais pas accroché au film hong-kongais original, Infernal Affairs (Andrew LauAlan Mak, 2002), et je ne voyais pas l’intérêt d’en faire un remake. Mais Martin Scorsese s’est totalement approprié le récit initial pour en faire une sorte de classique dynamité par une approche très peu conventionnelle.

On a en gros le récit de 2 infiltrés, l’un truand devenu agent de police, et l’autre qui est un flic engagé par un parrain local. Un récit d’un classicisme absolu, mais que Scorsese va mener avec un sens de la dramaturgie impressionnant et un rythme effréné durant 2h30. C’est simple, il n’y a pas un seul temps mort dans ce film, et on navigue entre les divers personnages à la manière d’un roman de James Ellroy (en moins bordélique quand même!).

Et en guise de personnages, le casting est assez démentiel pour donner vie à ce quartier irlandais de Boston. Jack Nicholson se fait très plaisir dans le rôle psychotique de Frank Costello, qui règne d’une main de fer sur les environs et qui est de plus en plus border-line (un euphémisme pour Nicholson!). En plaçant Colin Sullivan (Matt Damon) au sein de la police de Boston, il va avoir un allié de choix chez ses ennemis. Dans le même temps, Billy, un jeune flic (Leonardo DiCaprio), va infiltrer le gang de Costello. De chaque côté de la loi, on va avoir un indic qui va saboter le groupe dans lequel il travaille. Leonardo Dicaprio est comme d’habitude impressionnant dans le rôle tourmenté et à vif de Billy, et Matt Damon est étonnant dans ce contre-emploi de bad guy. Le trio d’acteurs mène le film avec brio, et il est secondé par des rôles annexes tout aussi solides. Mark Wahlberg est génial dans le rôle de Dignam, un flic gueulard et vulgaire qui s’en prend à presque tout le monde. Martin Sheen joue le flic chargé de mettre en place l’opération d’infiltration, et cet acteur légendaire (le Capitaine Willard dans Apocalypse now, c’est lui!) est toujours aussi bon. Ray Winstone campe un très bon French, un des hommes de main bien violent de Costello. Rajoutez à cela Alec Baldwin en flic, et Vera Farmiga pour la caution féminine de toute beauté, et vous obtenez un superbe casting qui s’est totalement impliqué dans cette œuvre.

Le plus impressionnant dans ce film est la maîtrise totale du rythme dont faire preuve Scorsese, qui nous balance d’entrée de jeu dans un tourbillon de violence et d’affaires louches, et qui ne faiblit jamais! Scorsese exploite le très bon scénario de William Moynahan (repris de celui d’Alan Mak et Felix Chong sur Infernal Affairs) avec une aisance et une décontraction qui font de ces Infiltrés un classique instantané du polar américain! On sent constamment l’amour du genre et les références aux policiers classiques des années 70, 80 et 90, mais Scorsese va plus loin que le simple hommage, et crée des personnages forts de flics et de bad guys.

La tension permanente qui habite ce film passe d’un personnage à l’autre, et on suit cette enquête palpitante et stressante avec beaucoup d’attention. Entre les scènes de violence, les moments d’humour et les instants d’émotion, Les Inflitrés est un très bon polar! Martin Scorsese aime les histoires de mafieux, et ces Infiltrés n’ont rien à envier aux films qu’il faisait il y a 35 ans!

 

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