Rambo (Ted Kotcheff, 1982)

Comme Hot Rod, Rambo fait partie de mes classiques cinématographiques. Comme je l’ai revu récemment, j’avais envie d’en écrire une critique, mais je suis retombé sur un très vieil article que je lui avais consacré le 20 septembre 2007 (un peu comme pour Hot Rod!)! Ca se passait sur Airmole Blog, bien avant Talking Wade, et ça fait un petit quelque chose de relire ça! Du coup, j’ai republié cet article dans son intégralité, histoire de faire fonctionner la nostalgie! 😉

Après la version traumatisante de Francis Coppola et avant les visions d’Oliver StoneSylvester Stallone et Ted Kotcheff apportent leur contribution à l’évocation du Vietnam avec ce film racontant la lutte d’un vétéran de guerre face aux autorités. Auréolé par le succès de la saga Rocky, Sylvester Stallone revêt le personnage de ce soldat abandonné en lui apportant une humanité brute et mutique. La dimension tragique du « héros » ajoutée à la vision crépusculaire d’une petite bourgade jusqu’alors paisible achève de faire de Rambo un modèle du film d’action estampillé 80’s.

Dès l’ouverture, la dimension naturelle dans laquelle s’insère le personnage est présentée avec toute la beauté d’un Scope tirant magnifiquement parti des tonalités vert-brun dominantes. John Rambo marche au bord d’une route avec une épaisse forêt se découpant derrière lui. La caméra le suit et, après un insert sur son visage fatigué, le reprend de dos alors qu’il descend une pente jusqu’à une habitation modeste, située au bord d’un grand lac s’étendant en arrière-plan. L’atmosphère pourrait presque paraître idyllique, si le superbe travail du chef-opérateur Andrew Laszlo n’émettait ces tonalités sombres faisant obstacle à une totale quiétude. Sans un mot, John Rambo, dont on ne connaît pas encore le nom, est caractérisé comme un baroudeur qui se fond avec aisance dans ces immensités naturelles. Il semble se laisser porter au gré du vent, mais sa destination va nous faire comprendre qu’il n’en est rien. Derrière la beauté glaçante de ces paysages (le film a été tourné au Canada, en Colombie britannique), John cherche à retrouver un ancien compagnon d’armes. Toute son existence est liée à la guerre qu’il a connue, et l’annonce de la mort de son ami lui sape encore une fois cette notion d’humanité à laquelle il aspire. Privé de moyens de communication, bloqué dans un mutisme dont il essaye de sortir sans trop y croire, Rambo se retrouve encore une fois seul, rongé par ses actes et ses démons. Il ne manque qu’un détonateur pour faire exploser toute cette souffrance contenue, et ce sera le prétentieux shériff Will Teasle qui va mettre en branle le mécanisme destructeur.

Campé par un Brian Dennehy exemplaire dans ce rôle de flic bourru et brutal, le shérif Teasle est la parfaite représentation d’une Amérique qui campe sur ses positions idéalistes, et la confrontation avec l’incarnation de la face dévastée du pays va forcément être destructrice. La scène qui voit le conflit se mettre en place est symbolique de ces points de vue antagonistes: le pont situé en-dehors de la ville apparaît comme la frontière entre la civilisation et la nature, et surtout entre la quête d’humanité du héros et son instinct sauvage. Deux faces d’un même être en lutte intérieure, qui se voit refuser le statut même d’être humain par un shérif arrogant et suffisant qui ne veut en aucun cas troubler la quiétude de sa petite ville. Après avoir déposé John de l’autre côté du pont, le shérif s’en retourne satisfait. Mais John a besoin de renouer avec cette parcelle d’humanité qui persiste au fond de lui, et il rebrousse chemin, acte à la fois provocateur et désespéré. Toute l’hypocrisie d’une Amérique qui se voile la face est contenue dans cette scène, et va aller bien plus loin lors de l’arrestation de Rambo. Lorsqu’il va être confronté à ses geôliers, les horreurs de sa captivité au Vietnam vont violemment ressurgir et l’amener à réagir avec rage. John parvient à s’échapper, et la traque commence…

L’intelligence de la mise en scène va alors nous plonger dans un survival étouffant, ponctué de moments de sauvagerie intenses, Rambo se laissant envahir par l’environnement naturel et les pulsions héritées de son expérience au Vietnam. La mise en scène de Ted Kotcheff place toujours les protagonistes dans l’immensité qui les entoure, en l’occurrence la forêt et les montagnes majestueuses dans lesquelles les lois s’appliquant à la civilisation n‘ont plus cours. Cette disposition des personnages évoque le style de Carpenter, auteur qui prend lui aussi très à coeur de toujours faire apparaître les protagonistes comme des éléments faisant partie d’une nature supérieure. Comme une sorte d’excuse pour leurs actes, étant donné qu’ils sont soumis à leurS faiblesses d’êtres humains.

Mais Rambo devient paradoxalement plus fort en pleine nature, et les flics lancés à ses trousses vont douloureusement en faire les frais. Il se retrouve replongé en plein Vietnam, revivant le cauchemar qu’il a connu là-bas, incapable de s’en détacher et pris dans un engrenage psychique irréversible. Il est un furoncle sur la face lisse de l’Oncle Sam, l’élément qui dénature la glorieuse bannière étoilée, mais qui en est peut-être aussi le fils le plus fidèle. Le shérif Teasle lui dit au début:  « Avec ce drapeau sur votre veste, vous allez finir par vous attirer des ennuis. » Mais Teasle possède le même drapeau sur son uniforme, comme s’il ne voulait pas reconnaître que Rambo est son semblable. Mais à force de vouloir occulter la face sombre de ce pays, elle éclate en emportant tout sur son passage.

La relation entre le Colonel Trautmann (Richard Crenna parfait ) et Rambo est aussi emblématique de ce que l’Amérique lui a fait. Brisé, abandonné par ses semblables, Rambo est en pleine phase régressive. Il passe du mutisme à l’état sauvage, et seul Trautmann est capable de l’en faire sortir; mais c’est juste pour se rendre compte qu’il est comme un enfant, en proie à une angoisse constante, assailli par des pulsions primaires qu’il ne parvient pas à réprimer, et surtout en manque total de repères, tant psychologiques qu’affectifs. Il fait simplement ce qu’il sait faire le mieux; il reproduit simplement les gestes que l’Oncle Sam lui a enseigné. Et la figure paternelle de Trautmann se teinte également d’une culpabilité rentrée qui lui fait endosser partiellement les actes de Rambo. Faute de réhabilitation et de respect, la machine de guerre qu’il a créée tourne à vide et déverse son flot de souffrance avec son propre système de communication.

Au-delà du film d’action sans concession, Rambo est une charge sévère contre l’hypocrisie d’un gouvernement dépassé, et le propos est traité avec suffisamment d’intelligence et de subtilité pour s’accrocher à l’esprit durablement. Rambo est un très grand film d’action, doublé d’une tragédie humaine dévastatrice. Une date dans l’histoire du cinéma, à laquelle Sylvester Stallone semble déterminé à répondre 15 ans après (avec John Rambo!)…

 

 

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Les news de la semaine: Tante May – the Movie

La news what the fuck du moment, c’est cette rumeur bien space concernant le Spiderverse; comme s’il ne regorgeait pas déjà de suffisamment de personnages hauts en couleurs, voilà qu’on murmure qu’un personnage certes très important dans la vie de Peter Parker, mais dénué de pouvoirs, pourrait bien avoir droit à son spin-off. Je vous le donne en mille, c’est la célèbre Tante May qui pourrait avoir droit à son long métrage!!! Et il ne s’agira pas de Cocoon 3, mais d’un film centré sur la jeunesse trépidante de May Parker, qui aurait soi-disant été une sorte d’agent secret avant de prendre son neveu sous son aile… Autant dire que l’idée est sacrément naze, mais bon, ça n’est qu’une rumeur, et je tenais à la partager avec vous! 😉

 

Qu’est-ce que la Fox tente de faire avec son reboot The Fantastic Four? On apprend cette semaine que Toby Kebbell jouera bien Docteur Fatalis, mais pas Victor von Fatalis. Quoi??!! En fait, il jouera un certain Victor Domashev, un programmeur informatique un brin anti-social, qui se fait appeler Doom (Fatalis en VO). Des origines totalement revisitées, ce qui devrait déplaire à de nombreux puristes. J’avoue ne pas être très emballé par le côté hype que Josh Trank veut donner au perso… Mais bon, ça peut pas être pire qu’un film sur Tante May…

 

Alors qu’il est annoncé sur le remake de The Raid,  Frank Grillo (que l’on voit vraiment partout en ce moment!) va côtoyer les acteurs principaux de ce hit indonésien, puisqu’il jouera aux côtés d’Iko Uwais et Yayan Ruhian dans Beyond Skyline! Uwais et Ruhian vont gérer l’ensemble des combats et cascades, ce qui devrait donner pas mal de crédit au film. Liam O’donnell, précédemment scénariste et producteur du premier Skyline, officiera en tant que metteur en scène sur cette suite. Bon, reste plus qu’à jeter un œil au premier pour voir si c’est de la bonne SF!

 

La saison 3 de Banshee sera diffusée dès le début de l’année prochaine et en attendant, Cinemax nous dévoile quelques trailers bien arty! Vivement le 9 janvier!

 

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Hot Rod (Akiva Schaffer, 2007)

J’ai revu Hot Rod il y a quelques jours, et j’ai écrit un article que je voulais initialement publier. Mais comme j’en avais rédigé un il y a des années, je suis allé faire un tour sur Salem Center, l’ancêtre de Talking Wade, histoire de remettre la main dessus. Du coup, je me suis replongé dans ma vision de l’époque, et comme l’article était plutôt sympa, j’ai décidé de le republier ici. Ca fait le lien entre le passé et le présent, et ça me permet de ressentir une certaine nostalgie! 😉 Ce qui suit date du 27 juin 2008, et relate la claque que je me suis prise quand j’ai vu ce film pour la toute première fois! 😉

Rod Kimble est un jeune cascadeur un brin décalé qui persévère depuis de nombreuses années dans cette passion dévorante et dangereuse, toujours à la recherche du grand frisson. Lorsqu’il apprend que son beau-père est atteint d’une maladie qui ne lui laisse plus que quelques jours à vivre, Rod décide de tenter le tout pour le tout et de passer à l’étape supérieure afin de réunir les fonds nécessaires à l’opération…
Et là, vous vous dites: oh non, encore un de ces films à message qui grouille de bons sentiments à la guimauve. Héhé… Et bien je vous conseille de jeter tout de suite vos deux rétines sur ce film, car Hot Rod est une pure tuerie qui pulvérise littéralement toute les comédies existantes! Hot Rod est une date dans l’histoire du cinéma, Hot Rod est une légende, Hot Rod est le Graal du film comique (Même si en 2014, une bande de voleurs et tueurs de l’espace a réussi à lui ravir la première place…)!

La première scène est tout simplement hilarante, et place d’emblée le spectateur dans le délire du réalisateur Akiva Schaffer et de la scénariste Pam Brady. Mais le plus incroyable, c’est que le rythme ne baissera jamais durant l’intégralité du film, ce qui est une performance unique en son genre! Le mérite en revient à la scénariste (qui a notamment œuvré sur South Park) dont le script dément est une suite de fulgurances totalement dingues! Aidé par une mise en scène inventive qui joue sur les ellipses et le montage inventif, Hot Rod est en plus interprété par une bande d’acteurs aussi dynamiques que talentueux. La conjonction parfaite de tous les éléments en somme, et ce film est tout simplement LA comédie parfaite, le nouveau mètre-étalon qui met la barre extrêmement haut…

Les scènes d’anthologie se suivent à un rythme infernal, et l’histoire de ce jeune homme qui veut à tout prix réussir pour gagner l’amour de son beau-père est énorme! Dès qu’un moment menace de devenir touchant, il est très vite rattrapé par des gags vraiment inventifs et une approche comique dévastatrice! Qu’il s’agisse de la love-story en puissance, des nerds qui font partie de l’équipe de Rod, des combats homériques avec son beau-père, tout est étudié au millimètre pour que l’impact soit le plus précis possible, et le résultat est inversement proportionnel aux réussites de Rod. Andy Samberg est génial dans le rôle de ce personnage aussi entêté qu’attachant, et tout comme Jorma Taccone qui joue son frère et le réalisateur, ils font partie du gratin du Saturday Night Live.

Un mot encore sur la musique, qui colle à la perfection aux images très Hell’s Angels du film, et qui annonce le retour en grâce du groupe Europe! Le travail sur le son est excellent, et les séquences sont indissociables de cet habillage sonore qui donne une dimension supplémentaire à l’humour qui inonde ce film. Tout simplement énorme…
Hot Rod est une expérience réellement surprenante, qui donne tout son sens à l’expression « mourir de rire »; un conseil, si vous buvez une bière en matant ce film, mettez sur pause…

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Le clip de la semaine: Captain America Winter Soldier – VHS Trailer

ChiefBrodyRules est un fan des films d’action 80’s, et sa version du trailer de Captain America: le Soldat de l’Hiver possède une saveur old school très caractéristique! Et si le film des frangins Russo était sorti dans les années 80, ça aurait donné quoi? La réponse dans cette fausse bande-annonce inventive et nostalgique agrémentée d’extraits de classiques de l’époque!

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Zombeavers (Jordan Rubin, 2014)

Vous aimez les castors? Vous aimez les zombies? Alors vous aimerez Zombeavers! Et si en plus vous aimez les bikinis, tout devrait bien se passer! Pour son tout premier film, Jordan Rubin la joue référentiel et second degré avec cette comédie horrifique mêlant habilement esthétique Z et humour noir. En gros, il parvient sans trop de moyens à nous pondre une pellicule franchement réussie, qui joue avec les poncifs inhérents au genre et qui en devient un joyeux divertissement sanguinolent!

Dès le générique, on se croirait dans une production Troma avec des effets visuels un peu cheap, et on sent l’hommage sous-jacent aux fameuses prods de Lloyd Kaufman (aaaaah, la douceur d’un Atomic College, la saveur d’un Toxic Avenger…) basé non pas sur un scénario béton, mais plutôt sur un attroupement bien bordélique de djeuns un peu timbrés qui vont être confrontés à des événements bien gores. Jordan Rubin maîtrise sa partition, et ce Zombeavers qui m’attirait mais me faisait peur en même temps se trouve être finalement un bon cru dans le genre comédie zombiesque!

Bon, les CGI sont loin d’être du Cameron, mais les peluches castors sont marrantes! Le résultat est très artisanal, ce qui lui donne un aspect old school non négligeable finalement. Jordan Rubin s’amuse avec les situations, et nous offre des moments intenses comme lorsque l’héroïne se retrouve agressée par un zombeaver qui en veut à son entrejambe… Il y a un second degré très prononcé, et l’alliance entre le sexe et le gore est plutôt fun!

L’intro avec les 2 glandeurs est excellente, et la fin avec les 2 mêmes est tout aussi excellente! Rubin manie l’humour avec soin, et donne à son Zombeavers une vraie personnalité. Sans être une référence dans le genre, il se pose comme un film solide et drôle. Les clins d’oeil (d’yeux?) à La Nuit des Morts-Vivants sont savoureux, et les réactions de certains personnages sont parfois absurdes et surprenantes, dans le bon sens du terme! Avec quelques dialogues bien drôles par moments, et des personnages qui vont finalement plus loin que les stéréotypes auxquels on s’attendait au départ!

Zombeavers est un vrai bon film de castors zombies, et comme c’est le seul, ça fait plaisir qu’il soit réussi!

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