AEW : El Hijo del Vikingo

Dans le monde culturel, on n’échappe pas aux distinctions aussi précises et franches que le Bien et le Mal, c’est pour cela que l’on a d’un côté les Trekkies et de l’autres les fans de Star Wars; que l’on est adepte de DC Comics ou de Marvel; ou encore que l’on ne jure que par la WWE ou la WCW. Oups, pardon, cette époque étant révolue, remplacez WCW par AEW. Pour ma part, je fais également le tri dans l’offre trop imposante de la compagnie du diabolique Vince, et je me contente très souvent de l’offre unique d’NXT. Mais c’est sans compter sur un agent infiltré répondant au patronyme de Mat, qui ne manque pas une occasion de me signaler tout match de l’AEW sortant de l’ordinaire. C’est à lui que je dois ma découverte de ce taré de Darby Allin, ou de ce « j’en-ai-rien-à-foutre » génial qu’est MJF!

Et voilà que tranquillement posé dans mon canapé à lire le dernier Mad Movies, je reçois un de ces messages que j’affectionne : « Tu as vu le match Omega vs Vikingo? 😱😱😱 » Il n’en fallait pas plus pour que je lâche l’excellent article sur la saison 3 de Star Trek : Picard et que je me lance le dernier show Dynamite, en cherchant ledit match. Ca tombe bien, ce n’est rien moins que le main event… Avec d’un côté Kenny Omega qui revient chercher sa ceinture après avoir dû la rendre pour cause de blessure, et de l’autre l’actuel champion AAA Mega, qui faisait ses débuts dans l’arène de l’AEW, El Hijo del Vikingo. Un mélange des genres surprenant et détonnant pour ce luchador en mode nordique, qui en un seul match a prouvé qu’il avait les cojones pour révolutionner le game!!!

Agé de 25 ans, Emmanuel Roman Morales nous vient tout droit de la ville de Puebla au Mexique, et entame sa carrière à la Lucha Libre AAA Worldwide en 2017, avant de faire un détour de 2 ans à l’Impact Wrestling (de 2018 à 2020), pour revenir à sa première fédération afin de rafler le titre, qu’il a donc emporté avec lui ce mercredi soir afin de confronter Kenny Omega. Dire que c’était un match de folie, ce serait un euphémisme, tant Vikingo a ébloui la foule par sa vivacité et son dynamisme qui pourraient passer pour de l’inconscience totale !!! Il nous a gratifié de prises que l’on aurait jamais cru possible, et il a pris des risques probablement calculés mais qui ont eu le don de bien faire monter le stress, et les réactions du public ont tout de suite permis de comprendre que l’on assistait pas à un simple match de clôture lors d’une semaine sans grande conviction. Ce match restera sans aucun doute dans les annales, et peut aisément concourir pour le match d’arrivée dans une fédération le plus impressionnant qui soit !!!

El Hijo del Fantasma Vikingo a en une seule soirée offert des promesses juste dingues à un public immédiatement conquis, et il est sans aucun doute promis à un superbe avenir à l’AEW, qui a décroché là un talent inestimable comme il en existe très peu dans une génération. Vikingo possède une aisance incroyable, et c’est réellement frustrant de ne pas avoir de ralentis sur l’ensemble des mouvements qu’il a lancé hier !!! Ce highflyer a marqué bien des esprits en une seule apparition, et ce n’est que le début de l’aventure pour ce luchador qui a les capacités de détrôner un certain Rey Mysterio dans le monde du catch!!!

Je ne vais pas vous mettre de highlights parce que ce match est vraiment à savourer dans son entièreté, et je vous invite vraiment à le chercher afin de découvrir le talent incroyable de ce jeune athlète!!!

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John Wick : Chapitre 4 (Chad Stahelski, 2023)

Chad Stahelski est resté fidèle à John Wick depuis le début, lui qui a co-réalisé John Wick avec David Leitch en 2014, avant de s’occuper en solo de John Wick 2 en 2017 et de John Wick Parabellum en 2019. Au fil de la saga, on se rendait en salle histoire de retrouver ce bon vieux Keanu sans pour autant parvenir à retrouver les sensations et l’adrénaline du premier opus. On passait un bon moment certes, mais on restait nettement en-deça des attentes avec ces blockbusters calibrés mais sans grosse valeur ajoutée. Je souhaitais bien évidemment aller voir ce John Wick : Chapitre 4 en salle, mais j’ai failli me rétracter lorsque j’ai appris la durée péplumesque de ce (très) long métrage, finalisée à 2h49… Il y avait de quoi s’inquiéter en terme de rythme au vu des 2 films précédents, et je craignais que ce cher John ne tienne pas sur la longueur…

Je n’ai aucune idée de ce qui a bien pu se passer pour Stahelski sur ce 4ème épisode, mais il fait preuve d’un regain de créativité impressionnant, et nous concocte au calme un film d’action qui va venir sublimer toute la mythologie mise en place dans les épisodes 2 et 3, afin de mieux la déconstruire avec une aisance et un second degré sous-jacent ainsi qu’un traitement visuel très poussé. Là où je craignais un enchaînement de séquences décousues et des séquences de dialogues étirées au possible, on a au final un immense roller-coaster naviguant entre dialogues ultra-série B vintage mais rendus clinquants par une mise en scène très efficace et des acteurs capables de flirter avec l’élément parodique inhérent au genre, et des putains de séquences d’action sacrément jouissives et maîtrisées comme rarement par Stahelski !!! Si l’épisode 3 allait trop loin dans la surenchère, ici on atteint un dépassement qui est avant tout graphique et sensitif, avec une attention portée tout autant aux séquences dites calmes mais dans lesquelles la tension est toujours bien ciselée, que dans les confrontations armées qui vont puiser dans des décennies de films de série B pour leur rendre hommage tout en les triturant assez pour les moderniser avec classe. John Wick : Chapitre 4 est un très grand film d’action comme on en voit rarement, qui fait preuve d’une décomplexion qui manquait cruellement à la saga, et qui fait de cet épisode 4 un joyau brut à savourer sans modération!

Pour le coup, les 2h49 de métrage s’enfilent comme du petit lait, et l’ensemble est d’une générosité sans faille de la part de tous les participants à ce carnage ^^ Keanu Reeves donne toujours autant de sa personne dans le rôle-titre bien taiseux et mélancolique, et c’est à chaque fois un plaisir de le retrouver. Quel plaisir également de retrouver ce bon vieux Donnie Yen dans un rôle taillé sur mesure pour lui, avec ce mélange d’action et d’humour qu’il manie avec la classe dont il a le secret. Sa prestation martiale est bien évidemment impressionnante comme à l’accoutumée, et la complexité de son personnage, ainsi que ses liens avec John, permettent d’apporter une couche supplémentaire au récit, qui est de prime abord très épuré pour faire dans l’euphémisme. Mais en même temps, c’est en brodant sur un récit aussi simple que l’on parvient parfois à sublimer les séquences d’action, ce qui est clairement le cas ici. Bill Skarsgård est sans conteste l’un des meilleurs atouts de sa génération, capable de jouer le pote le plus sympa ou le boogeyman le plus pervers, et sa prestation distinguée ici renforce l’aura machiavélique de son personnage.

On retrouve également Laurence Fishburne, Hiroyuki Sanada, le regretté Lance Reddick, disparu à l’âge de 60 ans ce 17 mars… Mais aussi Scott Adkins (!), Ian McShane, et ce bon vieux de la vieille Clancy Brown, éternel second rôle qui aura traversé les décennies avec son charisme, lui qu’on a même vu dans le sublime jeu vidéo Detroit : Become Human! Là où les épisodes 2 et 3 passaient de séquence en séquence en semblant obéir à un cahier des charges, il y a ici une nature décomplexée qui fait que l’on va passer d’une scène à l’autre et découvrir les personnages au fur et à mesure avec un rythme très bien dosé, et une fluidité essentielle pour la bonne tenue de ce très long morceau! Chad Stahelski va se permettre des expérimentations à la fois innovantes et franchement belles, et il le fait une énergie et un rythme rendant hommage à la viscéralité de John Wick 1er du nom! On va assister à des séquences ayant dû demander un travail préparatif assez dingue, et qui donnent vraiment envie d’aller chercher les making-of! C’est emballé avec une très belle maestria en n’omettant aucune donnée, tant tout est au cordeau au niveau visuel, photographique, musical ou chorégraphique. La tenue des combats est exemplaire car ils ne font pas dans l’esbrouffe mais s’avèrent finalement bien plus denses que ce que l’on pensait au départ, et les acteurs, figurants et cascadeurs ont réellement donné de leur personne pour que l’ensemble soit aussi bourré de tension et d’énergie!

Là où John Wick apparaît comme le blockbuster séminal, John Wick : Chapitre 4 va plus loin dans l’exploration des sens en invitant le spectateur à un trip parfois bien barré, comme cette séquence quasi-hypnotique que ne renierait pas Gaspar Noé! La conjonction entre la musique, la photographie de toute beauté signée Dan Laustsen, et les décors immersifs, font que l’on plonge tête la première dans cette scène avec un plaisir décuplé, avec toujours en arrière-plan cet humour subtil distillé avec cette tension palpable. L’intro de cette séquence vaut elle aussi largement le visionnage, avec cette sorte de parodie aux scènes de casino des James Bond ^^

Chad Stahelski va exceller dans la variété des combats, et en dire davantage serait spoiler, mais bordel il y a vraiment du très bon dans ce film, grâce notamment à une caméra qui se faufile vraiment partout et qui semble ultra-légère ^^ Sinon on a aussi droit à une séquence avec véhicules assez démentielle, qui là encore fait pas mal dans l’innovation! C’est juste complètement dingue et c’est un plaisir en terme d’action, tant c’est maîtrisé et coordonné à mort!!! Je reviens rapidement sur le directeur de la photo Dan Laustsen, car le travail du Danois est très élaboré et participe activement à la beauté de l’ensemble. On le retrouvait à l’époque sur Le Veilleur de Nuit d’Ole Bornedal (1994), ainsi que sur Le Veilleur de Nuit… d’Ole Bornedal en 1997 ^^ Mais également sur Mimic, Le Pacte des Loups, Silent Hill, Crimson Peak, Nightmare Alley… Des oeuvres marquées stylistiquement par sa patte, car il accompagnait à chaque fois très bien le metteur en scène.

John Wick : Chapitre 4 est une excellente surprise, remettant la saga sur de superbes rails, et travaillant sa richesse avec ses hommages allant puiser dans les films HK de John Woo, mais aussi dans les westerns spaghetti et bien d’autres spécialités old school. John Wick : Chapitre 4 se place comme un excellent film d’action contemporain tout en n’oubliant pas ses prédécesseurs, et il devrait vous en mettre plein la vue sans que vous voyiez le temps filer!!!

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Crazy Bear (Elizabeth Banks, 2023)

On connaît davantage Elizabeth Banks comme actrice, elle que l’on a vu dans Arrête-moi si tu peux, Pur Sang : la Légende Seabiscuit, W., l’improbable Président, Scrubs, Hunger Games, 30 Rocks, que comme réalisatrice, alors qu’elle en est à son 3ème long métrage. Après Pitch Perfect 2 et Charlie’s Angels, elle nous livre un film plutôt étonnant et sur lequel on ne l’attendait pas.

En 1985, un trafiquant de drogue avait largué environ 100 kilos de cocaïne d’un avion, les sacs tombant à proximité d’une ville du Tennessee. Quelques mois plus tard, le cadavre d’un ours est retrouvé, et l’autopsie révèle qu’il avait avalé environ 30 kilos de coke… Il est certainement décédé en moins de 10 minutes après ce festin funeste… Le scénariste Jimmy Warden est parti de ce fait divers pour extrapoler sur ce qui aurait pu arriver si l’ours avait survécu à cette ingestion et s’il avait croisé du monde dans sa forêt… On est donc parti pour un slasher forestier agrémenté de poudreuse, de grosses pattes poilues et griffues, d’humour et de personnages bien décalés!

On doit à Jimmy Warden le scénario du très bon The Baby-Sitter : Killer Queen, dans lequel il démontrait déjà quelques aptitudes dans le maniement d’un certain humour mêlé à du gore! Et quand on lit les noms de Phil Lord et Christopher Miller parmi les multiples producteurs, on se dit que les gars derrière 21 Jump Street et sa suite, La grande Aventure Lego ou encore Spider-Man : New Generation ont un certain sens de l’humour et du rythme également! On part donc sous de bons auspices avec un film qui semble-t-il est bien plus que la simple série Z annoncée…

On plonge d’entrée de jeu dans un parc naturel américain dans les années 80, et on sent une réelle volonté de rendre hommage à cette époque de la part d’Elizabeth Banks. Le choix des costumes, les coupes de cheveux (quelques beaux spécimens de mulets!), l’attention portée aux décors et aux véhicules font que l’on plonge avec plaisir dans ce film à l’atmosphère old school. Pour la petite histoire, Crazy Bear a principalement été tourné en Irlande alors qu’il se passe dans l’état de Géorgie.

Je craignais un film que l’on a envie d’arrêter au bout de 10 minutes, mais le rythme imposé dès le début et l’humour percutant font que l’on adhère très rapidement à ce projet, et qu’on a très envie de savoir comment vont se dérouler les événements. Il faut dire que les acteurs sont très bons, avec des personnages originaux et des lignes de dialogues plutôt drôles, ce qui est tout de même assez rare en ce moment. Keri Russell (Mission : Impossible III, Dark Skies, Free States of Jones) joue une mère célibataire qui va partir à la recherche de sa fille. Elle apporte beaucoup de combativité à son personnage, qui est le plus sérieux du film. Le duo EddieDaveed est franchement drôle, avec des échanges burlesques et parfois quelques touches d’émotion légère. Alden Ehrenreich (Stoker, Solo : a Star Wars Story) est très bon dans le rôle de ce gangster repenti, et O’Shea Jackson Jr. (N.W.A.: Straight Outta Compton, Criminal Squad) est excellent dans celui du bad boy bien déterminé à récupérer les sacs de cocaïne. Leurs dialogues apportent un caractère très absurde à ce film, et les situations dans lesquelles ils se retrouvent sont assez originales ^^ Je ne vais pas spoiler du coup, je vous laisserai découvrir cela par vous-même ^^ Et les 2 gamins sont très bons aussi, nous renvoyant directement aux films de notre enfance en mode Amblin 😉

On a le regretté Ray Liotta dont il s’agit du tout dernier film, et le fait de savoir cela donne une tonalité particulière à son rôle de, une fois n’est pas coutume, gangster-trafiquant. Il aura marqué le 7ème durant des décennies avec son charisme et son jeu, et le voir se parodier ici apporte une touche finale à cette carrière mémorable. Le reste du casting, entre le shérif, la garde-forestière et les autres intervenants, est franchement bon, et les acteurs apportent tous une vraie fraîcheur, qui est corrélée à une écriture inspirée de la part de Jimmy Warden. On se retrouve face à un film très loin d’être prétentieux, dont le seul but est d’offrir un divertissement qui fonctionne en ne prenant pas les spectateurs pour des cons. Et à l’heure d’Ant-Man et la Guêpe : Quantumania et autre Smile, ça fait vraiment du bien d’opter pour une légèreté de ton et une sorte de liberté permettant de s’éloigner du sacro-saint cahier des charges destiné à rentabiliser un maximum les coûts de production. Ce Crazy Bear mérite bien davantage de trouver son public que pas mal de films actuels…

Pour créer le fameux ours, Elizabeth Banks a fait appel au studio WETA, connu pour avoir permis la création des effets d’Avatar, du Seigneur des Anneaux, de King Kong, de La Planète des Singes, rien que ça. Le studio de Peter Jackson a donc créé l’ours du film, qui s’avère très réaliste même si on peut voir sur certains plans qu’il s’agit d »un effet spécial. En tout cas, il possède une personnalité forte et va nous offrir de beaux moments bien slasheresques, tout en générant par moments de belles tensions. Mention spéciale à une certaine course-poursuite carrément hilarante! Ce Crazy Bear n’est certes pas un chef-d’oeuvre, mais il fait vraiment du bien avec sa tonalité décomplexée et son sens de l’atmosphère, parce que mine de rien, on a réellement l »impression de regarder un film 80’s! Elizabeth Banks nous surprend donc avec un film de très belle facture, qui même s’il n’est pas exempt de quelques faiblesses de régime en de rares occasions, est un vrai bel hommage au cinéma horrifique d’antan (et notamment à toute cette branche de films de genre sur les attaques animales), et qu’il prend son sujet au sérieux sans se prendre pourtant trop au sérieux 😉 On a une nouvelle joueuse dans le domaine de l’artisanat horrifique! 😉

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The Last of Us saison 1 (2023)

L’une des séries les plus attendues de 2023 vient de s’achever après 9 épisodes, alors que l’on avait déjà appris il y a quelques semaines qu’une seconde saison verrait le jour. L’aura autour du jeu vidéo a fait monter la hype à un très haut niveau pour cette adaptation, et la tâche a été très délicate pour Neil Druckmann et Craig Mazin afin de transposer les aventures d’Ellie et Joel à l’écran. Il fallait éviter de simplement faire un copier-coller de ce survival apocalyptique, développer des zones parfois inexplorées dans le jeu, tout en recréant des séquences incontournables chères aux gamers. Cela demandait un numéro d’équilibriste des plus ardus, et on va donc découvrir si cette saison 1 tient l’ensemble de ses promesses.

Comme nous ne sommes pas sur une diffusion à la Netflix avec tout le package d’un seul coup, mais que l’on a suivi le parcours de Joel et Ellie sur 9 semaines, cette critique ne se privera pas de spoiler, donc si vous n’avez pas encore regardé l’ensemble des épisodes, passez votre chemin et revenez plus tard ^^ Je ne reviendrai pas sur le fait que The Last of Us 1er du nom est un chef-d’oeuvre absolu selon moi, et que je craignais tout autant que j’attendais avec impatience cette adaptation par HBO. Quand on a un objet vidéoludique aussi parfait cinématographiquement et émotionnellement, il est légitime d’être un tant soi peu craintif quant au résultat final d’une telle transposition. La toute première annonce concernant les showrunners avait alors eu un effet très rassurant, puisque Neil Druckmann est l’un des architectes de la saga vidéoludique (il en est producteur, scénariste et co-réalisateur avec Bruce Straley), et que l’on doit à Craig Mazin l’impressionnante mini-série Chernobyl (dont il était showrunner et scénariste). La réunion de 2 hommes ayant prouvé leur gestion d’un concept de blockbuster de manière très intimiste…

Ce sont davantage les annonces de casting qui ont laissé émerger le doute, avec une Bella Ramsey qui ne semblait pas correspondre du tout au personnage d’Ellie, ni Pedro Pascal à celui de Joel. Il fallait laisser le bénéfice du doute et patienter jusqu’aux premiers épisodes afin de pouvoir se faire une opinion… Ma critique va suivre l’évolution des épisodes, et comme expliqué plus haut, elle ne se gênera pas pour spoiler, donc vous êtes doublement prévenus ^^

J’ai regardé le 1er épisode en 2 fois, ayant éteint ma télé au bout d’une heure… Ce que j’avais vu ne m’avait franchement pas donné envie de poursuivre, et la déception était à la hauteur de mes espérances. J’y avais vu un copier-coller certes bien filmé et bénéficiant de quelques effets spectaculaires, grâce à une production généreuse, mais l’intensité du jeu vidéo était telle que cette introduction n’arrivait clairement pas à la hauteur de son modèle. C’était certes beau mais trop mécanique, sans capacité à générer une réelle empathie et émotion. Le soir même, je me suis quand même regardé les 20 dernières minutes histoire d’au moins finir l’épisode, et la scène de fin m’a laissé percevoir un léger espoir quant à la suite… Mais clairement, ce premier épisode n’était pas à la hauteur…

Après avoir découvert des Joel et Ellie sans grande envergure, le second épisode nous en montre un peu plus sur ce monde post-apocalyptique, avec surtout une scène bien stressante avec des Claqueurs. On se dit alors qu’il peut y avoir un certain potentiel sur la durée, si le développement est à l’avenant. Je n’arrivais toujours pas à accrocher aux personnages principaux, qui selon moi ne représentaient pas les Joel et Ellie du jeu… Et puis arrive l’épisode 3, qui est certainement le plus clivant avec son décrochement de la temporalité et son évocation inattendue d’une romance. Le virage est très surprenant, et cela fonctionne à merveille car on est touché en plein coeur sans avoir été prévenu! L’épisode va narrer l’existence sur plusieurs décennies de 2 hommes qui vont se découvrir et vivre ensemble dans leur coin isolé, et ce récit est tout simplement bouleversant. On est tellement loin du matracage woke habituel, que ça fait du bien de voir un tel niveau d’écriture dans l’élaboration d’une histoire d’amour aussi belle, qui se nourrit de l’ensemble des petits détails disséminés ça et là. Il s’agit sans conteste de l’un des épisodes les plus marquants de cette saison 1, et les prestations de Nick Offerman (qui excellait déjà il y a 3 ans dans Devs!) et Murray Bartlett sont exemplaires!

Les épisodes suivants vont revenir sur Joel et Ellie, en mettant l’accent sur leur relation balbutiante, entre méfiance et légers signes d’affection. Le travail d’écriture est exemplaire, avec des dialogues emplis d’une émotion latente donnant peu à peu chair aux personnages. On commence à sincèrement apprécier cette version de Joel et Ellie, même si elle ne correspond pas totalement à celle des jeux vidéos. Ces épisodes 4, 5 et 6 donnent envie de poursuivre l’aventure, entre introspections captivantes et quelques morceaux de bravoure visuels! On a notamment droit à la séquence de sniper de Joel, qui a dû concentrer une bonne partie du budget en effets spéciaux ^^ C’est sacrément tendu et ça fait plaisir de retrouver l’âme du jeu! Globalement, on a une évocation impressionnante des villes effondrées (ce qui constituait l’un des atouts majeurs du jeu) et des décors somptueux. On a véritablement l’impression de replonger dans le jeu et de s’immerger une nouvelle fois dans ces environnements dangereux et beaux à la fois… La partition musicale est signée par l’Argentin Gustavo Santaolalla, qui était le compositeur principal de l’ensemble de la saga vidéoludique. On retrouve donc avec un très grand plaisir ses sonorités si reconnaissables, avec bien évidemment la guitare tenant une place de choix.

L’un des aspects les plus réussis du jeu et de cette 1ère saison, c’est de ne pas avoir une vision tranchée entre le Bien et le Mal, et de découvrir des personnages évoluant à la frontière au vu des circonstances. Cet aspect est essentiel dans l’avancée de la dramaturgie et dans le développement de personnages forts, puisque les notions de culpabilité et de rédemption sont souvent exposées. Chacun doit vivre avec sa part d’ombres et soit les propager sur ceux qu’ils vont croiser, soit parvenir à les contenir grâce à une certaine luminosité gagnée lors des relations… Il y a une portée philosophique et/ou métaphysique à de nombreux moments, et ça fait un bien fou d’avoir une qualité d’écriture supérieure à la moyenne!

Les 3 derniers épisodes ne vont pas parvenir à maintenir le niveau aussi haut… Avec un Left Behind en passage obligé, on revient une fois encore sur un épisode traitant du passé, en se focalisant cette fois-ci sur l’amitié/amour entre Ellie et Riley. Mais en terme de romance, l’épisode 3 avait déjà donné le meilleur, et on est ici très loin du compte au niveau émotionnel, avec un récit qui copie-colle sans prendre de véritable hauteur par rapport au matériau de base. Le décor du centre commercial est franchement classe, et on ne s’ennuie pas, mais l’ensemble est bien plus convenu que ce que l’on avait pu avoir précédemment. L’épisode avec David et sa communauté s’appesantit lui aussi sur une figure bien moins travaillée que dans le jeu vidéo, et on a l’impression de se retrouver face à un pervers issu de la série Dexter… Même si à chacun de ses épisodes, il y a toutefois assez d’éléments pour que l’on ait encore envie de poursuivre le visionnage… Au détour d’un personnage, d’un dialogue ou d’une situation qui va redonner un peu de vie ou d’émotion, on souhaite donc continuer et découvrir comment tout cela va s’achever…

L’épisode final est presque anecdotique tant il suit le schéma initial sans trop s’en éloigner. Ce n’est pas l’intro qui rappelle une séquence bien faiblarde de Sans un Bruit qui va rehausser le niveau… Arrivé au bout de ces 9 épisodes, le sentiment est étrange, car on a apprécié cette traversée et la nouvelle plongée dans cet univers riche et surprenant, mais on reste aussi sur notre fin par certains aspects… Au niveau des infectés bien sûr, qui ont pas mal brillé par leur peu de temps de présence… Ce qui est bien dommage puisqu’ils ont permis de générer des séquences bien stressantes et que le travail sur les effets spéciaux et les maquillages sont vraiment réussis! C’est donc assez frustrant de ne pas avoir eu davantage d’interactions avec les Claqueurs et autres grosses bestioles, surtout que cette adaptation a fait l’impasse sur plusieurs moments-clés qui présentaient des ennemis bien badass!

Mais la qualité d’écriture est bien présente, on ressent une émotion palpable à de nombreux moments, et la mise en scène répartie entre 7 réalisateurs possède une belle homogénéité et une profondeur rejoignant l’univers du jeu. On se retrouve donc avec une première saison qui s’est découvert avec plaisir, même si on aurait apprécié qu’elle aille encore plus loin. Pedro Pascal et Bella Ramsey sont parvenus à créer une belle alchimie, bien que l’on n’arrive pas à s’ôter de l’esprit qu’il ne s’agit pas des « vrais » Joel et Ellie. Il faut dire que prendre une jeune femme de 19 ans pour jouer une ado de 14 ans, ça fausse déjà pas mal la donne…  On va donc maintenant attendre la saison 2, qui reprendra certainement la trame de The Last of Us Part II, laquelle pourrait bien être divisée pour se voir développée avec une saison supplémentaire.

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Le clip de la semaine : The Last of Us (Short Film 2023)

Alors qu’on est dans l’attente du 9ème et dernier épisode de The Last of Us sur HBO (qui sera diffusé lundi), voici que débarque opportunément un très bon court que l’on doit à un certain Atom, très connu dans le monde des effets spéciaux! Il faut dire qu’avec un brin d’humour, il excelle dans ce domaine et nous offre quelques créatures bien crades et franchement réussies! Il s’octroie le rôle principal de ces à peine 2 minutes largement suffisantes pour apprécier son travail!

 

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