Night Swim (Bryce McGuire, 2024)

On commence l’année en douceur, avec un film de genre s’inscrivant dans une veine relativement classique, avec une construction là encore très classique. En effet, Bryce McGuire part du court métrage Night Swim qu’il a mis en scène avec son compère Rod Blackhurst, pour étirer ce récit de 3 min 30 en un long métrage d’1h 38. Ce concept est souvent aperçu dans le cinéma horrifique, comme par exemple avec David F. Sandberg qui utilise son court Lights Out pour en faire le long Dans le Noir. Le résultat était sympathique sans pour autant être dingue, mais cette transition du court au long en se basant sur un récit déjà traité est souvent utilisé par les cinéastes, surtout dans le domaine horrifique.

J’ai regardé Night Swim version courte hier soir, histoire de voir si ça me motiverait à aller en salle découvrir le long. Il ne s’agissait que d’une scène très courte donc, mais filmée avec un certain sens de l’esthétique, et une certaine manière de doser le stress qui faisait que ce petit moment fonctionnait. Rien de dingue, mais c’était propre, un peu tendu, et ça faisait office de bande-annonce pour le long. Du coup ce matin, direction la salle pour me faire mon premier film de 2024! Il faut dire que Wyatt Russell a également fait pencher la balance favorablement, car je trouve cet acteur très bon depuis Black Mirror ou Overlord. Et il était bien détestable dans le rôle de John Walker dans Falcon et le Soldat de l’Hiver ^^ Il joue Ray Waller, un joueur de baseball atteint d’une sclérose en plaques, qui déménage dans une nouvelle maison avec sa famille, et qui va tenter de se remettre sur pied. Le bonus dans cette maison, c’est la jolie piscine qui va lui permettre de parfaire sa rééducation de manière quotidienne. Mais quelque chose de malsain semble rôder au fond de l’eau…

On connaissait les films de maison hantée, on a aujourd’hui une variation sur le thème, avec une piscine hantée! Ca m’a bien évidemment fait penser au court métrage Pool Shark, où un requin s’invite donc dans une piscine. Ce qui est bien dans le principe d’une maison hantée, c’est qu’on peut se balader à travers différentes pièces et faire monter la tension grâce aux passages à travers les portes, etc… Quand l’action se résume simplement autour d’une piscine, c’est un peu plus compliqué de faire monter le stress… Mais Bryce McGuire parvient à sauver son épingle du jeu pendant un moment, en racontant l’histoire de cette famille et en posant des questionnements intéressants sur l’irruption de la maladie au sein de cette famille. L’aspect relationnel et social est bien présenté, même si là encore, on sent qu’il a fallu trouver comment étirer le court métrage d’1 min 30… Si le film fait illusion pendant un temps, c’est parce que les acteurs sont solides et que le script a été rédigé de manière conventionnelle, on se retrouve donc en terrain connu sans perdre ses repères. C’est très souvent le cas avec les films d’horreur, et c’est souvent pour cela aussi qu’on apprécie d’y revenir.

Mais au-delà du talent des acteurs, on sent un certain automatisme sous-jacent, et on a la vision d’un Jason Blum et d’un James Wan produisant des films à tour de bras juste pour occuper constamment la scène. Ce sentiment m’est revenu à plusieurs reprises durant le film, et je pense sincèrement qu’il s’agit de ça. Night Swim est fait de telle manière qu’on le regarde sans déplaisir, comme on va consommer un plat vite fait parce qu’on a juste besoin de se nourrir. Mais il manque quand même une vraie saveur pour en apprécier l’ensemble et pour que le film marque et reste en mémoire. Très souvent, c’est la conclusion de ce genre de film qui va permettre de faire la bascule entre petit film sans prétention ou oeuvre oubliable, et la fin un peu grotesque de celui-ci fait que lorsque le générique arrive, on se dit : « tout ça pour ça… » OK on a des séquences aquatiques plutôt bien filmées, mais on s’attend à tout ce qui va se passer et on va avoir les poncifs habituels, avec les jump scares, les hommages à Ca (de Stephen King hein, pas le film naze), les gens qu’on ne croit pas, etc…

Tous ces moyens mis en oeuvre pour mettre sur pied une fiction manquant d’ambition, et dont le sujet de départ est déjà une belle épine dans le pied, avec ce lieu trop recentré et trop petit pour permettre que la tension se répande efficacement… On a toujours la vieille histoire qu’un personnage va nous raconter, et forcément il s’agit d’un personnage que l’on avait pas encore vu, et chez qui il va falloir se rendre (ce qui est pratique car cela implique un changement de décor, ça fait respirer après toutes ces apnées). Ah oui, ça aussi, quand vous avez un film se déroulant dans l’eau, on a toujours des champions d’apnée qui pourraient battre des records mondiaux! Tout est normal, surtout en période de stress, un gamin va tenir 10 minutes sous l’eau, la mère de famille aussi, etc… C’est beau la crédibilité.

Bref, tout ça pour vous dire que je vous recommande fortement de ne pas aller dans la salle qui projette Night Swim, mais de lui préférer celles de Vermines ^^

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