Les Nouveaux Mutants (Josh Boone, 2020)

Se prendre la même date de sortie que Tenet ne sera que l’ultime rebondissement pour ce film resté dans les Limbes de Magik depuis si longtemps, mais cette fois-ci il sort pour de vrai! Après, on ne sait pas officiellement s’il s’agit de la vision initiale de Josh Boone, même s’il expliquait récemment qu’il n’y avait pas eu de reshoots. A priori, ils étaient prévus, mais ont été annulés suite au rachat de la Fox par Disney. En l’état, ces Nouveaux Mutants correspond donc bien à la vision du réalisateur.

C’était plutôt bien vu d’aller explorer l’univers horrifique des comics Marvel, et orienter une adaptation ciné dans ce sens permettait de donner une bouffée d’air frais après des décennies de transpositions d’encapés. Le fait de s’intéresser à des héros méconnus du grand public laissait davantage de latitude pour cette tentative, et on assiste donc à la recréation des Nouveaux Mutants de Chris Claremont et Bob McLeod. Pour la petite histoire, les Nouveaux Mutants version comics avaient été assemblés par le Professeur Xavier alors que les X-Men étaient censés être morts dans l’espace. Il réunit 5 ados disposant de pouvoirs, afin de les aider à les contrôler et à succéder aux X-Men.

Ici, pas de prof chauve à l’horizon, mais une Dr Reyes bien seule pour s’occuper de sa petite confrérie. C’est Alice Braga qui officie dans le rôle, alors que Rosario Dawson était censée l’incarner au départ. En même temps, elle était déjà bien efficace du côté des Defenders… On entre donc dans une version négative du Manoir X, qui prend ici l’aspect d’un institut immense et bien sombre, et déjà, on peut tiquer sur l’intérêt d’avoir une si grande bâtisse pour si peu de personnages… Une question que Deadpool ne se serait pas gardé de poser évidemment. Ensuite, les lieux ne sont franchement pas accueillants, ce qui est logique pour un film d’horreur, mais dans un lieu censé donner confiance aux jeunes qui y sont enfermés, ça perd un peu en crédibilité, surtout que les gens derrière ces expérimentations semblent avoir du blé… Donc bon, ça aurait été sympa d’appeler Valérie Damidot pour filer 2-3 coups de peinture.

On a donc un côté artificiellement sombre, mais les décors sont réussis, ce qui est déjà pas mal. Par contre, il faut se préparer à passer la quasi-totalité du métrage dans ces lieux, ce qui va nettement limiter l’action. Et le fait de ne pas avoir de véritable super-vilain casse aussi pas mal le délire, même si ce contre quoi se battent les nouveaux héros est dans un certain sens intéressant. Mais comme pour un X-Men : Apocalypse ou un X-Men : Dark Phoenix sans grande ambition au niveau des bad guys (où sans grande ambition dans l’ensemble), il manque cruellement un élément pour apporter une cohésion à l’équipe. Et quand on parle d’équipe, on n’en est bien sûr aux prémisses, puisqu’ils apprennent à peine à se connaître. Mais la caractérisation des personnages n’est pas non plus des plus heureuses…

Dans les comics, la toute première équipe des Nouveaux Mutants était composée de Rocket, Félina, Psyché, Karma et Solar. Ici, on ne les a pas sous leurs noms de code, mais on a Sam Guthrie (Rocket), Rahne Sinclair (Félina), Danielle Moonstar (Psyché, ou plutôt Mirage puisqu’elle prendra ce nom par la suite dans les comics), Roberto Da Costa (Solar), et par contre Karma est absente, remplacée par Illyana Rasputin (Magik). On ne les connaît donc que sous leur nom civil, ce qui accentue encore l’éloignement avec l’univers X que l’on a côtoyé durant 20 ans depuis le premier X-Men. Par contre, Maisie Williams dans le rôle de Rahne Sinclair est très caricaturale, et ce ne sont pas les effets spéciaux de sa transformation qui vont l’aider… Il y a un côté assez cheap avec son personnage… Anya Taylor-Joy joue une ado franchement agaçante avec son côté rebelle à tout prix, et fait d’Illyana Rasputin (la soeur de Colossus) une véritable peste, ce qui ne donne pas envie d’en apprendre davantage sur elle. Et quand elle montre ses pouvoirs, elle reste surtout une grosse prétentieuse… Pour Sam et Roberto, on reste aussi dans des schémas assez stéréotypés, avec leurs angoisses quant à l’utilisation des pouvoirs qui paraissent trop artificiels. Seule Blu Hunt s’en sort un peu mieux avec le perso de Danielle Moonstar, tout en retenue et qui va laisser s’échapper ses peurs via son inconscient.

La thématique des modifications physiologiques adolescentes méritait un traitement plus approfondi, alors que l’apparition de pouvoirs constituait une belle opportunité d’en parler. Le fait de se sentir paria, rejeté, est souvent symptomatique de l’adolescence, et l’acceptation de sa pleine nature est un thème qui ouvre des perspectives, mais qui est ici à peine effleuré, et encore, avec un manque de finesse et d’ambition évidents. Dans le genre pouvoir culpabilisant, je vous invite vivement à mater le sublime et tortueux Thelma de Joachim Trier! C’est tellement plus ambitieux et abouti, et Eilie Harboe est flippante et étincelante. Dans Les Nouveaux Mutants, il y a malheureusement une accumulation de poncifs qui ne permet pas de s’attacher véritablement aux personnages, et on va conserver une certaine distanciation avec eux. La petite amourette apparaît elle aussi assez artificielle et est très dans l’air du temps.

S’il s’agit bien du film que Josh Boone voulait, il y a de quoi être déçu vis-à-vis de sa volonté de faire un vrai film d’horreur dans l’univers X. Parce qu’au final, on se retrouve dans un film d’horreur lambda avec couloirs sombres et apparitions fantomatiques, qui mis à part de sympathiques clones du Slender Man, n’ont pas grand-chose à proposer… Et le film ne fait pas peur du tout non plus, accessoirement. Josh Boone ne parvient pas à faire décoller son intrigue, et on se retrouve dans une configuration presque similaire à celle des 4 Fantastiques (celui de Josh Trank, serait-ce une histoire de prénom?), avec une volonté initiale de freiner sur les pouvoirs et de chercher à creuser davantage l’aspect humain, pour à la fin ne donner vie qu’à une oeuvre désincarnée et sans grand relief. Quand on voit le pouvoir immense de Solar, où la rapidité d’un Rocket en comics, on se dit que les voir l’espace de 5 minutes max chacun, et encore de manière très fugace, ça a de quoi frustrer… Seule Illyana a droit à davantage d’exposition, même si là encore ce n’est pas la folie non plus. Et surtout, c’est le traitement de son fidèle allié qui est certainement le plus triste dans ce film…

Les Nouveaux Mutants est le dernier film de la franchise X-Men, qui s’achève donc au bout de 20 ans. On ne pourra pas dire que les derniers volets auront passionné les foules, et on espère que Marvel prendra le temps nécessaire pour les faire revivre de manière puissante et passionnante. On retiendra donc de cette épopée les premiers X-Men, 2 Deadpool franchement classe et un Logan juste sublime!

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Tenet (Christopher Nolan, 2020)

Christopher Nolan a vraiment une obsession avec le temps, élément primordial revenant dans nombre de ses oeuvres. Ici, il va encore une fois explorer cette thématique en la triturant de façon très originale, et en nous triturant par la même occasion le cerveau de belle manière! Tenet est un film reposant sur un concept étonnant, celui d’un écoulement différent du temps. Vous vous rappelez la complexité d’Avengers : Endgame qui s’amusait déjà avec le concept de temporalité? Eh bien oubliez, car Christopher Nolan va aller dans une direction différente et encore plus casse-tête!

Déjà dans Interstellar, il donnait vie à un concept bien abstrait, celui du paradoxe des jumeaux. Ici, il s’amuse avec d’autres concepts scientifiques, comme par exemple le paradoxe du grand-père. Et il le fait à sa façon bien spécifique, en appliquant une forte tension à ses séquences d’action, tout en s’amusant avec les joutes verbales entre protagonistes lors des passages plus calmes. L’ouverture est réellement impressionnante et renvoie d’une certaine manière à l’intro de The Dark Night : le Chevalier Noir, et on a donc dès le départ un pur morceau de bravoure filmé avec une intensité maximale, Nolan n’ayant pas son pareil pour trouver le bon angle ou le bon mouvement de caméra. Autant à l’aise dans les scènes d’action que dans les scènes de dialogues, il va enchaîner l’ensemble avec une très belle maestria, se permettant un montage elliptique qui va effacer les habituels moments de flottement que l’on peut voir dans un film. Ici, chaque séquence est essentielle, et les 2h30 vont passer sans que l’on s’en rende compte. Une belle façon pour Nolan de nous faire saisir la relativité du temps 😉

Visuellement, le film bénéficie d’effets spéciaux bluffants et on va assister à des séquences jamais vues jusque-là. Mais tout l’attrait de ce film est de parvenir à combiner cette pure folie visuelle avec un véritable suspense, grâce à des personnages très impliqués et intéressants. Avec Tenet, Nolan ne nous oblige pas à choisir entre un blockbuster trop souvent décérébré ou un film d’auteur trop lent, puisqu’il nous offre un blockbuster ultra-cérébral! Il a rédigé lui-même ce scénario complètement dingue, dans lequel on va s’embarquer avec un réel plaisir! Comme le dit Clémence Poésy au début, quand elle explique le concept d’inversion : « N’essayez pas de comprendre. Ressentez. » Eh bien c’est exactement le principe que l’on pourrait appliquer au film dans son ensemble, qui encore une fois va être un ride sensitif de la part de Nolan, au détriment de la compréhension pure. Notre esprit va s’acharner à chercher la logique et les imbrications naturelles, mais il nous balance dans un univers où tous nos repères vont être mis à mal, et où il va falloir se réadapter en faisant confiance à nos sensations. Donc le mieux dans ce genre de situation, c’est de lâcher prise et de profiter du moment, et Christopher Nolan va vraiment très bien jouer sur ce point. Là où son cinéma est la plupart du temps décortiqué à outrance (cette putain de toupie, est-ce qu’elle s’arrête oui ou non??), il pousse le concept tellement loin que les critiques vont s’arracher les cheveux à expliquer la totalité de ce film. Il y a clairement une logique impressionnante, mais le plus important au final, c’est le ressenti face à ce morceau de pellicule grandiose!

Tenet va jouer avec nos sens, notamment avec ceux de l’équilibre et de la vue, en nous embarquant dans des scènes perturbant totalement notre appréhension de la réalité. Et Nolan ne va pas perdre son temps en explications absconses, il va nous balancer dans cette fragmentation de la réalité de manière directe, en nous donnant des éléments de compréhension avec parcimonie. Le jeu va être de tenter de saisir la portée de l’ensemble, tout en se laissant happer par la folie globale du concept! Avec Tenet, Christopher Nolan nous livre une variation de James Bond comme vous n’en avez jamais vu, et avec quelques ajustements, le film pourrait réellement s’inscrire dans la saga des producteurs Broccoli! L’aisance avec laquelle Nolan passe d’une séquence à l’autre est impressionnante, et confère une fluidité assez atypique pour un bloc de 2h30! Avec cet enchaînement et l’absence d’expositions lors de certaines scènes, on arrive dans des morceaux de bravoure sans être prévenus, ce qui s’avère là encore très surprenant! Et des morceaux de bravoure, il y en a pas mal, mais je vous laisserai les découvrir par vous-même! 😉

Le duo John David WashingtonRobert Pattinson fonctionne vraiment bien, en mode buddy movie très classieux et à l’humour subtil. Nolan va jouer sur les conventions du film d’espionnage, notamment celui des beaux costumes à la James Bond, avec un humour british ^^ Les 2 acteurs offrent chacun une très belle densité à leur personnage, et ils sont autant à l’aise dans les situations de dialogues tendues que dans les scènes d’action complètement barges! Et Kenneth Branagh impressionne également par son jeu, avec son personnage de méchant auquel il confère une rage assez flippante. Là encore, il pourrait très bien s’accorder avec l’univers de James Bond.

Tenet est une folie visuelle d’une très belle inventivité, bénéficiant d’une écriture démente, et le tout servi par une interprétation impeccable. Christopher Nolan nous livre encore une fois un film clairement au-dessus, et ce ride s’avère une nouvelle fois totalement immersif! Ne vous fiez pas aux critiques qui vont juste tenter de faire refroidir le truc en le décortiquant, allez-y simplement et laissez-vous embarquer, avec un seul mot d’ordre : ressentez !!!

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Enragé (Derrick Borte, 2020)

Un thriller en mode road trip avec Russell Crowe dans le rôle du bad guy? Ca avait de quoi attiser l’attention, surtout après avoir vu qu’il y avait une interdiction aux moins de 12 ans, et la petite note préventive sur Allociné : « La tension extrême et la répétition des scènes de violence sont de nature à perturber certains spectateurs. » On se disait que le propos très moderne sur l’incivisme et l’agressivité au volant allait bénéficier d’un traitement bien radical et frontal.

Niveau violence, il est vrai que certaines scènes vont plus loin que le tout-venant hollywoodien, mais ça reste très ponctuel, et on peut quand même se demander où est la « tension extrême »… Le film n’en est pas dénué, mais il y a tellement d’éléments qui la desservent… On a une intro pas trop mal qui démontre à quel point le personnage de Russell Crowe n’en a plus rien à foutre de rien, et qui va le placer dans un rôle de boogeyman automobile anonyme (son nom ne sera jamais cité), et on pense bien évidemment au Duel de Spielberg. Mais l’intelligence de Steven tenait au fait de ne quasiment jamais montrer le conducteur de ce camion, conférant la toute-puissance diabolique au véhicule lui-même. L’anonymat total de son personnage (uniquement mentionné comme Le conducteur du camion) est bien plus approprié que pour Enragé, où le nom est le seul élément que l’on ne connaît pas de celui qui est qualifié par le terme générique L’Homme. On connaît les éléments qui l’ont poussé au point de rupture, on voit son visage sans arrêt, ce qui lui fait perdre toute sa force mystérieuse.

Pourtant au début, Derrick Borte s’amuse à mettre son 4X4 en avant en le filmant tel un animal sauvage et dangereux, mais pour la suite, il doit être obligé par contrat de montrer sans arrêt le visage bouffi de Russell Crowe. Et quand on a un homme qui respire comme un boeuf et qui est bourré aux anxiolytiques, ça amoindrit forcément sa portée viscérale et flippante… Et si ce n’était que ça, ça irait, mais le film va se mettre à rapidement enchaîner des incohérences de plus en plus énormes, ainsi que des poncifs qui vont faire vriller le film de thriller à quasi-nanar. En moins drôle malheureusement. Quand on a un individu qui a du mal à mouvoir son corps énorme, on se demande bien comment il a pu piquer le téléphone de sa victime… Et je ne vous spoile pas toutes ses prouesses physiques, parce que vous allez dire que j’abuse. Mais c’est le scénariste Carl Ellsworth qui n’en a rien à foutre du réalisme, et qui fait de son Boeuf (ou de son Homme) un personnage tantôt lourd et costaud, tantôt léger et discret comme une plume, au détriment de toute crédibilité…

Il ne s’agit clairement pas du meilleur rôle de Russell Crowe, qui se contente d’étreindre son volant en soufflant très fort et en poussant des borborygmes durant tout le film, et ce n’est pas sa partenaire Caren Pistorius qui ajoutera davantage de tension, vu qu’elle passe son temps avec les mains crispées sur son volant en lançant des regards apeurés dans le rétroviseur. On a ici la description de la moitié des plans du film, avec de légères variations d’angles de caméra. Et quand arrive une fin aussi bâclée qu’attendue, on se dit qu’on tient là un candidat de choix pour le meilleur téléfilm du lundi après-midi sur TF1. Franchement, je suis déjà tombé sur des téléfilms qui avaient davantage de prestance, et dont les personnages avaient un minimum d’intérêt. Ici, c’est le néant total, Rachel parvenant à être rapidement énervante avec ses réactions, et L’Homme étant un individu bas du front sans relief.

Il y avait pourtant de quoi lancer une intrigue prenante avec ce propos sur l’incivilité et les violences routières, et le plus intéressant dans ce film reste donc le générique de début, qui annonce la couleur avec ce qui semble être des images d’archives de vrais conflits routiers. Là on a une tension, qui ne sera retrouvée qu’à un ou deux moments dans le film. Mais le scénario est tellement peu crédible, avec cet individu qui va prendre l’ascendant sur cette femme en lui ordonnant de faire des choix drastiques à la Saw… D’ailleurs, c’est aussi en instaurant un dialogue entre les deux que le film perd rapidement tout intérêt, puisque l’aspect mystérieux du conducteur de Duel provient justement de l’absence de justification de ses actes, tandis qu’ici, on a un Boeuf qui veut à tout prix avoir ses excuses… Et les dialogues sont tellement insipides d’ailleurs… Bref, il n’y a rien à sauver dans cette daube, et l’ultime plan avec les drapeaux américains renvoie à une certaine tradition de films ratés mais patriotiques.

Ah oui, qu’on ne vienne surtout pas comparer ce film au Chute libre de Joel Schumacher, ce serait un affront à la prestation de Michael Douglas et à la portée sociale bien plus efficace de cet excellent thriller!

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Les news de la semaine : Second Coming

Pas grand-chose à se mettre sous la dent cette semaine, on se contentera donc de 3 affiches pour le film Les Nouveaux Mutants, qui sort enfin ce 26 août !!! Enfin, s’il n’y a pas encore de report dû à l’habituelle malédiction planant sur l’oeuvre de Josh Boone

 

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Le clip de la semaine : Computer Magic – Fuzz

Sous le nom de Computer Magic se cache Danielle Johnson, artiste américaine qui assure la totalité de ses morceaux, de l’écriture à la production, en passant par la composition musicale et le chant! Elle fait dans l’électro bien addictive empruntant pas mal aux 80’s, mais vraiment bien digérée et dans une veine sci-fi assumée. Je vous laisse découvrir ce Fuzz aux accents synthé bien prenants ^^

 

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