Coralie Fargeat, le féminisme dans le sang

The Substance » : Coralie Fargeat, la réalisatrice française qui affole Hollywood - Le Parisien

A notre époque, on a de nombreux termes qui sont tellement galvaudés qu’ils finissent par ne plus sembler vouloir dire grand-chose, ce qui a pour conséquence d’appauvrir la réalité crue qu’ils devraient englober. Quand on pense au féminisme, les premiers noms qui viennent en tête sont Sandrine Rousseau et Adèle Haenel, ce qui donne quand même un regard sacrément réducteur sur la dimension que recouvre ce terme. A force de revendiquer constamment ce féminisme qui en devient une extension de soi politique et sociale, on en oublierait sa propre personnalité au passage… Alors que l’ère du #metoo a été un élément résolument salvateur dans le monde de l’art, il a lui aussi malheureusement été dévoyé par la suite… C’est là que la cinéaste Coralie Fargeat apporte un regard très personnel et qui est une véritable bouffée d’air frais en traitant de la place de la femme dans la société de manière très frontale, tout en choisissant de ne pas plonger dans ce piège de la revendication outrancière.

Revenge (2017) – The Goods: Film Reviews

Toute l’intelligence de son procédé est de parvenir à faire ressortir des sentiments ambivalents et à jouer sur toutes les facettes féminines, en passant de la victime à la prédatrice, avec toutes les strates intermédiaires permettant de passer de l’une à l’autre. C’est tout le propos de Revenge, son premier long datant de 2017, qui offre une perpsective intéressante à son clinquant et hypnotique The Substance (2024). Revenge revêt les atours d’un rape & revenge archétypal, avec cette femme confrontée à 3 hommes bien déterminés à l’achever dans cette immensité désertique. Tout commence de manière très colorée avec une Jen qui semble totalement maîtriser la situation, et une Coralie Fargeat filmant la sensualité féminine de manière très suggestive. L’attraction de ces hommes envers cette jeune femme est instinctive et inévitable, et l’actrice italienne Matilda Lutz campe à la perfection cette femme fatale, dont le double se retrouve inexorablement dans The Substance avec la personnification de Margaret Qualley dans le rôle de Sue.

KAROO | the substance

Les 2 femmes partagent cette maîtrise de leurs corps parfait et surtout cette connaissance profonde des sensations qu’elles provoquent, leur conférant une certaine puissance face à la figure masculine. Mais là où Sue braquait tout les regards sur elle tandis que les hommes se détournaient peu à peu d’Elisabeth (Demi Moore) dans cette satire hallucinée sur le vieillissement dans le système hollywoodien, Revenge va cristalliser ce pouvoir féminin en lui conférant une certaine forme de malédiction. Dans The Substance, la jeunesse filant entre les doigts d’Elisabeth va l’obliger à se confronter à son double au charme envoûtant, Sue, qui va littéralement la remplacer dans le coeur des fans. Dans The Revenge, la beauté et l’attractivité de Jen vont faire monter les pires pulsions masculines, avec notamment un homme qui pense qu’elle lui doit quelque chose juste parce qu’il en a envie. C’est en ce sens que ce film s’avère intelligent dans sa manière de traiter le féminisme et le masculinisme, car il va droit à l’essentiel sans perdre son temps à faire de thèse ennuyeuse sur le sujet. Coralie Fargeat s’intéresse à des faits qui représentent ce qu’une femme peut vivre de pire dans la société, et elle transcende cela pour ne pas simplement en faire quelque chose de didactique, mais pour traiter le sujet de la manière la plus cinglante possible.

Movie Review - Revenge (2017)

Revenge regorge de morceaux de bravoure et de plans très audacieux, mais il est plombé par le jeu très amateur pour rester poli de ses 3 acteurs masculins, alors que Matilda Lutz est clairement au-dessus avec son  interprétation de Jen. Avec 3 acteurs talentueux, le film aurait nettement gagné en puissance, mais il reste un exercice de style intéressant à découvrir pour ceux qui auraient succombé au vénéneux The Substance. On y sent une rage renvoyant au Oeil pour Oeil de Meir Zarchi et une esthétique de la femme badass renvoyant à la Rose McGowan de Planète Terreur. Coralie Fargeat filme son actrice avec le regard aiguisé qu’aurait un homme à admirer ses courbes, et on sent à quel point elle joue avec l’esthétique de la femme-objet tout en faisant ressortir le pouvoir que sa plastique exerce sur la gent masculine. Le procédé est similaire à celui qu’elle établira pour filmer Sue dans The Substance, avec cette fois-ci la démultiplication de ce pouvoir à travers les caméras et les télévisions.

Critique : Revenge, de Coralie Fargeat - Critikat

Là où The Substance possède une maîtrise totale de sa narration et de sa mise en scène, Revenge apparaît comme un brouillon certes, mais pas dénué d’intérêt. Les expérimentations chromatiques chères à Fargeat s’avèrent excellentes, avec notamment ces plans à travers les vitres colorées qui renvoient à l’époque du giallo, ce qui se sent également dans la composition de certains plans spécifiques, comme ceux permettant d’avoir une vue sur l’intérieur et l’extérieur de la maison. The Substance offrait une vision très clinquante et artificielle de l’existence d’Elisabeth, dans laquelle vient s’inviter quelque chose de diabolique et retors. L’aspect body horror de The Substance est incroyablement précis et s’avère très dérangeant, avec notamment ces séquences où on fait sortir quelque chose d’un corps avec tout ce que cela englobe d’intimiste. Dans Revenge, on a droit à plusieurs séquences de ce type, et celle du pied est salement gore à ce niveau-là… Très souvent dans le body horror, ces entrées/sorties de corps étrangers renvoient directement à une sexualité dérangeante ou déviante, et Coralie Fargeat n’a pas peur d’explorer ces thématiques de manière très frontale.

The Substance" de Coralie Fargeat, ou le point culminant d'un art de la déchirure - CHAOS

D’ailleurs, c’est très rare de voir un mec filmé totalement à poil, et l’acteur Kevin Janssens permet à ce film de renverser les rôles habituels puisqu’il s’y balade à plusieurs reprises dans le plus simple appareil 3 pièces. Le sexe est depuis la nuit des temps une source de pouvoir ou de soumission, et le traitement que Coralie Fargeat en fait dans ses 2 films s’avère très intéressant. Le dédoublement entre Elisabeth et Sue en mode doppelgänger dans The Substance nous raconte l’idéalisation d’une jeunesse sexualisée par rapport à une figure féminine tombant dans l’oubli avec l’âge avançant, tandis que Revenge narre le combat d’une femme dont la beauté irrésistible a causé sa perte, et comment elle va se transformer afin de retrouver sa dignité et se venger. Dans les 2 cas, on a 3 femmes dont l’existence est corrélée au statu que leur confère leur beauté, 3 instantanés des rôles qu’on leur attribue en fonction de leur âge, et Coralie Fargeat se fait un plaisir de venir dynamiter cet état de fait à grand renfort d’hémoglobine et de tripes. Son cinéma ne laisse clairement pas indifférent, et sous ces atours de série B totalement décomplexé, il est une bouffée d’oxygène dans la manière de proclamer le féminisme de manière intelligente!

Matilda Lutz Archives - Benzine Magazine

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Azrael (E.L. Katz, 2024)

Critique du film Azrael - AlloCiné

E.L. Katz a commencé sa carrière de cinéaste en 2013 avec le sympathique Cheap Thrills, et il a alterné entre le ciné et la télévision au gré d’anthologies horrifiques (The ABCs of Death 2) ou d’adaptations (Scream, Swamp Thing), et on l’a également vu passer du côté de Channel Zero ou de The Haunting of Bly Manor. On sent un attrait certain pour le bis et avec Azrael, il passe à un niveau supérieur, et je pense que l’arrivée du scénariste Simon Barrett n’est pas étrangère à cette montée en puissance.

Azrael - Film - SensCritique

Simon Barrett, c’est le scénariste de la meilleure période d’Adam Wingard, à savoir You’re Next et The Guest, mais aussi de la pire avec Blair Witch ^^ Pour E.L. Katz, il rédige un script jusqu’auboutiste qui va emporter le spectateur dans les ténèbres, et l’alchimie entre Barrett et Katz fait des merveilles puisque ce film que l’on aurait pu penser anecdotique au milieu de la masse des films fantastiques sortant actuellement, se détache aisément grâce à une approche brute et sans concession qui surprend très agréablement.

Official Trailer

Il faut dire qu’avec Samara Weaving en tête d’affiche, on est prêt à aller jusqu’en enfer tant l’actrice a l’habitude d’être à fond dans chacun de ses projets. Avec The Baby-Sitter, Wedding Nightmare et The Baby-Sitter : Killer Queen, elle prouve qu’elle est bien autre chose qu’une scream queen et qu’elle a un maximum d’énergie à revendre dans le domaine de la série B. Azrael ne fait pas exception, avec une Samara Weaving enclenchant le mode survival avec une détermination impressionnante, qui fait de ce film une oeuvre bien supérieure à la moyenne.

Azrael: Trailer 1

Le début peut paraître un peu trop classique en allant piocher dans cette veine déjà éculée à la Sans un Bruit et autre Bird Box, mais Azrael va très rapidement nous faire comprendre qu’il ne faut pas se fier aux apparences, et ce par le biais d’une mise en scène bien plus appuyée qu’à l’accoutumée qui prend soin de magnifier l’écrin naturel dans lequel se déroule l’action. On va sensiblement adhérer de plus en plus à ce récit dont le point de départ n’est certes pas original, mais qui est traité avec une sincérité et un  sérieux permettant de faire monter la tension durablement, et de mettre en place de vrais enjeux narratifs. La gestion de la première rencontre dans les bois est excellente, avec un mélange de croyances et de terreur très bien coordonnées, et la photographie de l’ensemble du film permet de plonger totalement dans ce récit sombre et tortueux.

Azrael' - Samara Weaving Stuns In A Movie That Doesn't Know What It Wants  To Be [Fright-A-Thon Review]

Avec ce choix spécifique au niveau des dialogues, on se retrouve dans un contexte qui fait qu’on va aller directement à l’essentiel, Azrael se composant de différents chapitres traités le plus frontalement possible, et dans lequel la jeune femme (Azrael donc, AKA Samara Weaving) va lutter pour sa survie dans une lente descente aux enfers. On sent des références à certaines séries contemporaines que je ne dévoilerai pas pour ne pas spoiler, mais E.L. Katz apporte un point de vue très personnel qui fait que l’on n’est pas parasité par ces références, qu’il intègre parfaitement dans son film. Les effets spéciaux visuels et les maquillages sont vraiment bons, et les séquences gores sont salement sanglantes avec là encore des références appuyées (et digérées!) à un certain pan du bis italien des années 60. La menace étant réelle, la lutte pour la survie d’Azrael n’en prend que plus d’intérêt.

Azrael Review | Samara Weaving Silently Fights to Survive the Rapture

Samara Weaving n’a rien à envier à une Anya Taylor-Joy en mode Furiosa, et elle compose un personnage de femme au caractère en acier trempé qui fait plaisir à voir! Les séquences de combats sont traitées avec un réalisme implacable, et la manière dont E.L. Katz enveloppe le tout dans une mise en scène naturaliste apporte un sentiment à la fois étrange et captivant, un peu comme si on mixait Furiosa : une Saga Mad Max et The Revenant! Ca peut paraître présomptueux mais ça ne l’est pas du tout, et c’est grâce à la sincérité et à la vitalité de chacun qu’Azrael parvient à être une oeuvre inattendue en matière de noirceur viscérale, dont le glissement progressif est savamment maîtrisé. Ca fait toujours plaisir de se lancer dans ce genre de film dont on n’a lu ni synopsis ni vu de bande-annonce, et qu’on se retrouve pris au piège de cette tension!

Nouvelle - Azrael : Un nouveau film d'action et d'horreur avec Samara  Weaving se prépare à sortir en salles aux États-Unis

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La Promesse des Ténèbres (Maxime Chattam, 2009)

Amazon.fr - La Promesse des Ténèbres - Maxime Chattam - Livres

Cela faisait un petit moment que je ne m’étais pas replongé dans un roman de Maxime Chattam (4 ans depuis l’excellent L’Illusion), et la boîte à livres à mon boulot s’avère plutôt sympa ^^ Je suis donc tombé sur La Promesse des Ténèbres, qui va raconter l’enquête d’un journaliste, oeuvrant habituellement sur des sujets plus légers, notamment pour le National Geographic, et qui va cette fois-ci se retrouver embarqué dans un récit très sombre. C’est par le biais de son ami Pierre que Brady va aller interroger une jeune femme travaillant dans l’industrie du porno, et cette rencontre va être le point de départ d’une descente dans les tréfonds de l’âme humaine…

Maxime Chattam : son roman « Le Signal » adapté en série, voici avec quels  acteurs

Le récit se déroule dans la ville tentaculaire de New York, et il ne va pas se concentrer sur le sommet de l’iceberg du porno, avec son côté clinquant et ses stars, mais sur l’aspect underground de cette industrie, celui qui va chercher ses actrices dans les endroits moins reluisants et où les violences physiques et psychologiques sont bien plus présentes. En se focalisant sur l’histoire de la jeune Rubis, Brady va s’immiscer dans un monde dont il ne connait pas les codes et dont il ne soupçonnait pas l’intensité des dérives. A ses côtés, on va plonger dans une New York très loin des strass et des paillettes, pour côtoyer la fange des rues sordides et rencontrer la lie de l’humanité…

Parallèlement à l’enquête de Brady, on va également s’intéresser au travail de sa femme, Annabel, qui officie pour la police de New York, et qui s’occupe de cas de suicides de jeunes femmes. Maxime Chattam parvient très rapidement à créer un climat glauque en entremêlant ses intrigues, mais il ne tombe pas dans le voyeurisme et on se retrouve totalement happé par ce roman, qui cherche à explorer les failles humaines et les questionnements que chacun peut avoir sur sa sexualité et son rapport aux autres, par le biais de cette bestialité qui ensauvage la ville. En se confrontant aux âmes dénuées de toute valeur morale qu’il va croiser, Brady va chercher à comprendre son propre fonctionnement, notamment dans sa relation avec Annabel.

Visite de Red Hook, authentique quartier de Brooklyn à New York

Sous le couvert de cette enquête sur fond de porno, Chattam va tenter de comprendre comment l’homme doit gérer ses pulsions pour ne pas faire craquer la couche de vernis social, et comment le cerveau primal doit composer avec les valeurs morales de la société pour aboutir à une sexualité épanouie. Il va se rapprocher dangereusement d’un groupe d’individus qui n’ont aucune de ses barrières morales, et pour qui la jouissance absolue n’a aboslument aucune limite… Brady va dangereusement vaciller dans cette enquête, d’autant plus qu’il tient à ne rien dévoiler à sa femme afin de la protéger. Mais quand l’étau se resserre autour de lui et de son couple, il va devoir aller encore plus loin dans le dédale de l’esprit humain, tout en s’enfonçant dans les tréfonds de la ville…

Visite à pied du métro souterrain de New York

« Manhattan. Une île jadis couverte de marais, de petites collines cernées de canaux et de sentiers indiens. La croûte de bitume, de béton et de verre qui la recouvrait désormais n’avait pas seulement fait disparaître ce territoire sauvage mais aussi son souvenir. La foule qui s’y pressait arpentait Canal Street ou Broadway comme s’il s’agissait d’artères ayant toujours existé comme telles : sûres, lisses et brillantes de guirlandes de Noël. »

« Kermit et Brady descendaient une rue sous les façades lépreuses, les palissades branlantes fermant des terrains à l’abandon en guise de jardins, et des ruines en attente de destruction pour aires de jeux. Le borough s’était vu promettre une rénovation qui tardait à venir. Red Hook consistait en une vaste machine à remonter le temps. Ici, le New York suintant et sauvage des années 70 baignait encore dans son jus. » Au-delà de l’enquête ténébreuse de Brady, Maxime Chattam nous convie à une étrange balade à travers les quartiers les plus glauques de New York, prenant le pouls de ces endroits laissés à l’abandon et de ses habitants délaissés. Loin de Central Park et de la 5ème avenue, on va s’aventurer dans des zones rarement explorées mais qui sont les antichambres du Mal rongeant la Grosse Pomme. En tentant de comprendre comment la psyché humaine peut tomber aussi bas dans la perversité, Chattam va lier cette exploration psychologique aux errements à travers ces endroits désolés dans lesquels la population ne vit pas selon les mêmes codes.

Why We Love Red Hook, Brooklyn: The Salt, the Light, the Emptiness - The New  York Times

La Promesse des Ténèbres met en lumière les dérives d’une industrie dans laquelle les ascendants et les menaces psychologiques sont très courants, et qui découlent naturellement sur des violences physiques. La figure de Leonard Ketter est très représentative de ce type d’individus jouant les producteurs et étant davantage des macs qui vont obliger les femmes qu’il a sous son influence à aller de plus en plus loin lors des tournages, car là où certains hommes se contentent de porno classique, d’autres sont demandeurs de films bien plus hards, avec des actrices qui vont subir des actes de plus en plus difficiles. Et quand le sexe se pare de violence, la limite est très vite franchie pour ces jeunes femmes qui se retrouvent totalement à la merci des désirs inavouables de certains hommes…

La Promesse des Ténèbres n’édulcore pas son propos, et va intelligemment le doubler avec un sujet très étonnant mais que je ne peux pas dévoiler sous risque de spoiler! Mais cette descente aux enfers va également s’intéresser à un pan de l’histoire de New York totalement méconnu et qui mérite d’être découvert! Encore un superbe roman de l’excellent auteur français, allez, j’attaque La Conjuration Primitive maintenant ^^

Le nouveau roman Prime Time de Maxime Chattam est-il inspiré de la vie de  sa femme Faustine Bollaert ? - Cosmopolitan.fr

 

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News : posters Thunderbolts*

Mine de rien, on est bientôt rendu au 30 avril, et on pourra enfin savoir si le film Thunderbolts* de Jake Schreier vaut le coup ou non, avec son côté décalé assumé. En attendant, voilà 6 posters mettant en avant les membres de la team, et pour l’instant, ça a de la gueule!

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Reacher saison 3 (2025)

Reacher Saison 3 - AlloCiné

Après une saison 2 qui était en-dessous des attentes, Reacher revient en très grande force avec une 3ème saison  renouant avec l’esprit percutant des débuts de l’ancien militaire. On se souvient des événements explosifs dans la petite ville tranquille de Margrave, et cette fois-ci, le colosse va enquêter sur les agissements d’un trafiquant d’armes, et quoi de mieux que de venir vivre chez lui avec toute son équipe de tueurs? Reacher se la joue infiltration en intégrant l’équipe de Zachary Beck, ce qui comparé au travail en équipe de la saison 2, est un retour aux sources bienvenu pour le personnage!

Where Is 'Reacher' Season 3 Estate Located? Escarpment House, Toronto

Ce qui ne signifie pas qu’il ne va pas pouvoir compter sur des coéquipiers, mais la dynamique qui fonctionnait dans la saison 1 était justement que les gens qui devaient bosser avec lui ne comprenaient pas le fonctionnement et la nature du bestiau, ce qui donnait lieu à des séquences bien bourrins saupoudrées d’un certain humour. On pourrait le considérer comme un lointain cousin d’un certain Lucas Hood, même si la qualité de Banshee est inatteignable! Mais Alan Ritchson est assez massif et charismatique pour que l’on plonge dans cette nouvelle aventure bien testostéronée, qui ne manquera pas de savamment jouer sur les émotions!

Reacher' season 3 release schedule, cast, plot, trailers and more | Tom's  Guide

Après une saison 1 adaptant le 1er roman de la série consacrée au personnage, qui s’intitule Du Fond de l’Abîme (1997), une saison 2 adaptant le 11ème roman (La Faute à pas de Chance, 2007), cette 3ème saison s’inspire du 7ème roman (Ne Pardonne Jamais, 2003). L’auteur Lee Child est très prolifique, puisqu’en 27 ans, il a écrit 30 romans sur Jack Reacher, le dernier datant (pour le moment) de 2024! Le showrunner Nick Santora tient à rester très fidèle au matériau de base, et il s’entoure de collaborateurs qui connaissent leur métier. Lui-même ayant écrit et produit des épisodes de Prison Break, et le metteur en scène Sam Hill ayant oeuvré sur Les Experts : Miami ou Most Dangerous Game, on sent qu’on est en terrain balisé pour des spécialistes qui ne demandent qu’à s’amuser avec le concept du personnage taiseux qui va tout pulvériser!

Reacher' Season 3: When to Watch the Explosive Finale on Prime Video - CNET

Reacher est à la hauteur de cette ambition certes basique mais tellement jouissive, et le résultat final tient pour beaucoup à une écriture incisive et travaillée, qui ne va pas seulement s’intéresser aux personnages principaux, mais qui sait comment caractériser rapidement des personnages secondaires qui prennent de l’ampleur grâce à cette plume acérée et précise, permettant par là même au récit de gagner en profondeur. Je ne dévoilerai pas les éléments scénaristiques de cette saison, mais on comprend aisément les motivations de Reacher pour arriver au bout de sa mission, en laissant éclater toute sa sauvagerie s’il le faut. Cette série pose des questions fondamentales sur la nécessité ou non de tuer lorsqu’on se retrouve face à des psychopathes sans aucun état d’âme, et dans ce sens, on rejoint une vision que nous balançait à une lointaine époque un certain Jack Bauer. Même si le tout est emballé avec un savoir-faire en terme d’entertainment explosif, ces questions sous-jacentes permettent de ne pas uniquement se contenter d’un spectacle en mode blockbuster.

Reacher Season 3 cast and characters guide on Prime Video

Alan Ritchson campe une nouvelle fois ce monolithe imperturbable, qui va pourtant trouver un adversaire de taille, en la présence de l’acteur Olivier Richters, aux côtés duquel Richtson ressemble à un enfant! Le monstre néerlandais mesure 2,18m et pèse 160 kilos, ce qui en fait l’un des bodybuilders les plus impressionnants de tous les temps! Il incarne le garde du corps Paulie, qui va bien évidemment donner du fil à retordre à Reacher et incarner un boss de fin de niveau dont on attend avec impatience la confrontation! Pour les fans de bonnes séries, vous l’avez déjà aperçu dans la saison 1 de Gangs of London où il causait quelques soucis à ce bon vieux Elliot Carter!

PRIME VIDEO CLIP: “REACHER” SEASON 3 / FEB. 20th -

On retrouve la fidèle Neagley, toujours incarnée par Maria Sten, qui est un personnage vraiment intéressant avec son côté jusqu’auboutiste et la sensation de folie maîtrisée qu’elle dégage. Le personnage renvoie un peu à celui de Lenny dans Legion je trouve, avec un petit air physique avec l’actrice Aubrey Plaza aussi 😉 Reacher va enquêter aux côtés de Susan Duffy, que Sonya Cassidy incarne comme une femme forte et dominante, et on appréciera les retrouvailles avec Anthony Michael Hall, l’acteur qui jouait dans la série Dead Zone. C’est lui qui joue le trafiquant Beck avec une certaine ambivalence dans son jeu qui va permettre de bien développer l’intrigue. Sa relation avec son fils, interprété avec beaucoup de justesse par Johnny Berchtold, va mettre en place des éléments très intéressants dans l’intrigue. Et la relation entre Reacher et ce jeune peu sûr de lui va également apporter une certaine dynamique au show, en offrant de belles séquences de dialogues entre ces  individus très différents tant physiquement que psychologiquement.

Reacher Season 3, Episode 6 Is Explosive In More Ways Than One

Les séquences d’action sont très maîtrisées visuellement et paraissent très impactantes, et quand on voit l’évolution de ce côté-là dans le petit monde des séries, ça fait franchement plaisir. Mais cet impact est intelligemment corrélé avec les avancées scénaristiques et les véritables implications émotionnelles des protagonistes, qu’il s’agisse de protection des plus faibles ou de véritable vengeance, avec tout ce que cela implique en terme d’impulsions. L’émotivité de Reacher va créer des frictions avec Susan Duffy, qui compte bien aller jusqu’au bout de son enquête, tandis que Reacher a un objectif bien à lui qu’il compte également définitivement atteindre. Ce jeu d’échanges de bons procédés fonctionne un certain temps, mais risque bien de ne pas pouvoir durer jusqu’au bout…

Reacher repasse à l'action dans la bande-annonce de la saison 3 |  Premiere.fr

La mise en scène de Sam Hill s’adapte parfaitement à cet actioner prenant place dans un coin paumé, et en ce sens on rejoint donc bien l’impact de la saison 1, avec ici quelques variations bienvenues et un subtil mélange entre pétages de rotules, émotions et humour, ce qui est un exercice bien plus périlleux que l’on croit! Reacher saison 3 est une excellente salve, et si le show continue à ce niveau, on a évidemment hâte de voir quel autre bouquin de Lee Child va avoir droit à son adaptation!

Reacher Season 3 Cast: Every Character & Actor (Photos) - Sonya Cassidy,  Maria Sten & More

 

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