E.L. Katz a commencé sa carrière de cinéaste en 2013 avec le sympathique Cheap Thrills, et il a alterné entre le ciné et la télévision au gré d’anthologies horrifiques (The ABCs of Death 2) ou d’adaptations (Scream, Swamp Thing), et on l’a également vu passer du côté de Channel Zero ou de The Haunting of Bly Manor. On sent un attrait certain pour le bis et avec Azrael, il passe à un niveau supérieur, et je pense que l’arrivée du scénariste Simon Barrett n’est pas étrangère à cette montée en puissance.
Simon Barrett, c’est le scénariste de la meilleure période d’Adam Wingard, à savoir You’re Next et The Guest, mais aussi de la pire avec Blair Witch ^^ Pour E.L. Katz, il rédige un script jusqu’auboutiste qui va emporter le spectateur dans les ténèbres, et l’alchimie entre Barrett et Katz fait des merveilles puisque ce film que l’on aurait pu penser anecdotique au milieu de la masse des films fantastiques sortant actuellement, se détache aisément grâce à une approche brute et sans concession qui surprend très agréablement.
Il faut dire qu’avec Samara Weaving en tête d’affiche, on est prêt à aller jusqu’en enfer tant l’actrice a l’habitude d’être à fond dans chacun de ses projets. Avec The Baby-Sitter, Wedding Nightmare et The Baby-Sitter : Killer Queen, elle prouve qu’elle est bien autre chose qu’une scream queen et qu’elle a un maximum d’énergie à revendre dans le domaine de la série B. Azrael ne fait pas exception, avec une Samara Weaving enclenchant le mode survival avec une détermination impressionnante, qui fait de ce film une oeuvre bien supérieure à la moyenne.
Le début peut paraître un peu trop classique en allant piocher dans cette veine déjà éculée à la Sans un Bruit et autre Bird Box, mais Azrael va très rapidement nous faire comprendre qu’il ne faut pas se fier aux apparences, et ce par le biais d’une mise en scène bien plus appuyée qu’à l’accoutumée qui prend soin de magnifier l’écrin naturel dans lequel se déroule l’action. On va sensiblement adhérer de plus en plus à ce récit dont le point de départ n’est certes pas original, mais qui est traité avec une sincérité et un sérieux permettant de faire monter la tension durablement, et de mettre en place de vrais enjeux narratifs. La gestion de la première rencontre dans les bois est excellente, avec un mélange de croyances et de terreur très bien coordonnées, et la photographie de l’ensemble du film permet de plonger totalement dans ce récit sombre et tortueux.
Avec ce choix spécifique au niveau des dialogues, on se retrouve dans un contexte qui fait qu’on va aller directement à l’essentiel, Azrael se composant de différents chapitres traités le plus frontalement possible, et dans lequel la jeune femme (Azrael donc, AKA Samara Weaving) va lutter pour sa survie dans une lente descente aux enfers. On sent des références à certaines séries contemporaines que je ne dévoilerai pas pour ne pas spoiler, mais E.L. Katz apporte un point de vue très personnel qui fait que l’on n’est pas parasité par ces références, qu’il intègre parfaitement dans son film. Les effets spéciaux visuels et les maquillages sont vraiment bons, et les séquences gores sont salement sanglantes avec là encore des références appuyées (et digérées!) à un certain pan du bis italien des années 60. La menace étant réelle, la lutte pour la survie d’Azrael n’en prend que plus d’intérêt.
Samara Weaving n’a rien à envier à une Anya Taylor-Joy en mode Furiosa, et elle compose un personnage de femme au caractère en acier trempé qui fait plaisir à voir! Les séquences de combats sont traitées avec un réalisme implacable, et la manière dont E.L. Katz enveloppe le tout dans une mise en scène naturaliste apporte un sentiment à la fois étrange et captivant, un peu comme si on mixait Furiosa : une Saga Mad Max et The Revenant! Ca peut paraître présomptueux mais ça ne l’est pas du tout, et c’est grâce à la sincérité et à la vitalité de chacun qu’Azrael parvient à être une oeuvre inattendue en matière de noirceur viscérale, dont le glissement progressif est savamment maîtrisé. Ca fait toujours plaisir de se lancer dans ce genre de film dont on n’a lu ni synopsis ni vu de bande-annonce, et qu’on se retrouve pris au piège de cette tension!