Twisters (Lee Isaac Chung, 2024)

En 1996, Helen Hunt et Bill Paxton filaient chasser la tornade dans Twister, film catastrophe emblématique issu de la non moins emblématique société de production Amblin, co-créée par Steven Spielberg, Kathleen Kennedy et Frank Marshall en 1981. 3 noms indissociables des blockbusters 80’s et 90’s, tout comme celui  du metteur en scène néerlandais Jan De Bont, qui mettait en scène le premier Twister après avoir été révélé en 1994 par l’excellent Speed. De nos jours, les suites, remakes et reboots sont légion, et voir un Twisters débarquer 28 ans après le film originel n’a en soi rien de surprenant. Mais pour les puristes qui souhaitent définir s’il s’agit bien d’une suite, ou d’un remake, ou d’un reboot, bon courage à eux ! ^^ Pour ma part, je pencherai plutôt pour un reboot, qui cherche à réactualiser à notre ère moderne l’histoire du film de 1996.

Le nom de Lee Isaac Chung m’était totalement inconnu, ses 5 précédents films étant resté relativement confidentiels, et seule sa participation à un épisode de The Mandalorian en 2023 a pu le diriger vers le domaine du blockbuster. Mais il faut lui reconnaître un certain sens du rythme et un certain souffle épique dans l’élaboration de sa grosse machinerie, qui va s’avérer relativement plaisante et maîtrisée. Au niveau de l’élaboration du script, on a eu des étapes assez étranges, avec notamment un projet initial porté par l’actrice Helen Hunt, qui souhaitait co-écrire et co-réaliser le film, et pas avec n’importe qui, puisqu’elle voulait bosser sur ce projet avec Daveed Diggs et Rafael Casal. Daveed Diggs n’est nul autre que la pierre angulaire de l’excellent groupe de hip-hop expérimental Clipping, dont vous pouvez voir quelques clips par ici (et qui nous ont gratifié d’un excellent concert à Strasbourg en septembre 2023 ^^), et Rafael Casal est lui aussi un artiste protéiforme touchant à la musique, à l’acting, à la réal…

Ce projet étant abandonné, c’est Joseph Kosinski, l’excellent réal de Tron : l’Héritage, Oblivion et Top Gun : Maverick, qui semble sur les rails pour diriger ce nouveau film, mais ce sera le scénario de Mark L. Smith qui sera finalement choisi, lui qui a notamment rédigés les scripts de The Hole, The Revenant ou encore Overlord. Il reste toutefois une trace du passage de Kosinski, puisqu’il est crédité en tant que co-scénariste, ayant développé une partie de l’histoire. Au niveau casting, on comprend la logique avec Top Gun : Maverick, puisqu’on retrouve Glen Powell qui apparaissait dans le film de Kosinski. C’est avec ce film qu’il a accédé au succès, et il promène depuis sa nonchalance comique dans des oeuvres comme Tout sauf Toi et Twisters. Dans le rôle principal, on retrouve l’actrice Daisy Edgar-Jones, connue pour le film Là où chantent les Ecrevisses. Leur duo dans Twisters s’avère plutôt convaincant et on ressent une vraie alchimie entre les personnages, avec un mélange d’humour et d’émotions qui fonctionne très bien.

On va donc suivre une nouvelle génération de chasseurs de tornades, qui sillonnent l’Oklahoma avec des objectifs bien différents. La société Storm Par cherche à analyser en profondeur le fonctionnement d’une tempête grâce à des technologies de pointe, afin d’essayer de les enrayer. D’un autre côté, on a Tyler Owens (Glenn Powell), un Youtubeur bien déjanté qui cherche le grand frisson en s’approchant au plus près de ces monstruosités. Traiter ce sujet par le biais des médias alternatifs est obligatoire de nos jours, et cette vision apporte son lot de contradictions sur ce nouveau type de journalisme. L’approche très scientifique et celle plus barrée vont forcément se percuter à plusieurs reprises, et cette course effrénée entre les 2 entités va faire partie intégrante de l’histoire. Kate Carter (Daisy Edgar-Jones) va être approchée par un ancien collègue afin d’intégrer le projet mené par Storm Par, et elle va se retrouver dans un premier temps en duel avec Tyler Owens et ses chiens fous.

Un film Twister au cinéma, c’est la promesse de ressortir bien ébouriffé de l’aventure, et il faut reconnaître que Lee Isaac Chung a pu s’appuyer sur des moyens modernes pour donner corps à un film franchement prenant et bluffant de réalisme. Je n’ai aucun souvenir du premier que je n’ai pas revu depuis l’époque, mais ce Twisters réussit à jouer avec les sensations fortes d’une très belle manière. La première séquence met très rapidement le spectateur dans le bain, et on est estomaqué par la violence que peut engendrer la nature, et au-delà de l’aspect visuel très réussi, c’est aussi au niveau sonore que le film fonctionne très bien, avec cette force destructrice qui vient également saturer nos oreilles! Lee Isaac Chung prend vraiment soin de rendre la totalité de ses séquences catastrophes très réalistes, et on se retrouve vraiment pris au piège avec les protagonistes, alors que tout s’envole autour d’eux. Là où on pourrait simplement s’attendre à un blockbuster bien jouissif, le scénariste Mark L. Smith va apposer un point de vue bien plus grave en parallèle, en montrant les répercussions des passages de ces monstres sur les villes traversées, et par conséquent sur les habitants. Au-delà du film catastrophe à grand spectacle, il vient interroger sur les notions d’humanité et de partage après qu’une telle tempête ait tout ravagé. Cet aspect va permettre d’apporter un éclairage nouveau sur certains personnages, et va contribuer à aller au-delà du simple divertissement.

La qualité des effets visuels fait que l’on plonge avec plaisir et stress dans cette aventure, et le travail de Dan Mindel a la photographie contribue largement à nous laisser la tête dans la tempête. On va donc suivre avec un grand plaisir Kate Carter qui tente de trouver une solution pour dompter les tempêtes, tandis que Tyler Owens semble juste vouloir les chevaucher. Leur duo fonctionne vraiment bien, et va se retrouver happé dans cette aventure décoiffante qui devrait vous faire le même effet 😉 Avec le très bon Black Storm sorti il y a 10 ans, il constitue une continuation bénéfique au film catastrophe !

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