Menace en Eaux Profondes (Hayley Easton Street, 2024)

Pour son premier film, la réalisatrice Hayley Easton Street se la joue The Descent en mode maritime, puisqu’elle convoque 5 femmes pour affronter un requin affamé en plein Océan Atlantique. La claustrophobie en moins, mais la peur des grands espaces en plus, ce film féminin s’avère bien plus intéressant que l’énième film de requins estival obligatoire à l’approche des vacances d’été. Si Menace en Eaux Profondes est son premier long métrage, Hayley Easton Street n’est pas une novice dans le monde du 7ème art, puisqu’elle a longtemps oeuvré en tant qu’artiste digitale sur des oeuvres très connues. Ce terme recouvre de nombreux travaux tels que la 3D, les travaux sur les textures, les effets spéciaux… Elle a notamment commencé sur Harry Potter à l’Ecole des Sorciers en 2001, a logiquement poursuivi avec Harry Potter et la Chambre des Secrets ainsi qu’Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban, mais aussi Alien vs. Predator, Kingdom of Heaven, Doom, ou encore le très bon Ex Machina. Elle a aussi travaillé à la direction artistique de Star Wars : Episode VII – le Réveil de la Force, Les Animaux Fantastiques, Justice League

Prendre le contrepied des blockbusters pour se lancer dans un film de genre en mode intimiste permet certainement de limiter la pression pour un premier film, et le résultat est plutôt convainquant au vu de l’approche très réaliste des personnages. L’intro du film va aller dans une direction que l’on attendait pas, et va mettre en avant l’importance des traumatismes et la manière de les gérer. On est loin des springbreakers écervelés classiques, et franchement, cette approche s’avère intéressante. Avec une réalisatrice et 5 femmes à l’écran, on pourrait craindre un film féministe basique dans l’air du temps, mais il n’en est rien, et chacune des actrices va apporter sa sensibilité à des personnages aux caractères différents. La Britannique Hiftu Quasem incarne le personnage principal, prénommé Meg (très bon choix de prénom pour un film de requin ^^), qui a dû composer avec un sérieux trauma et qui tente de poursuivre son existence en tentant de gérer comme elle peut. Son histoire s’avère touchante et elle oscille entre force et fragilité, pour donner vie à un personnage prenant.

A ses côtés, on a Kayla, incarnée par Natalie Mitson, qui hésite entre céder à la peur et faire face à l’adversité; Nicole Rieko Setsuko incarne une Cam bien volontaire, Lauren Lyle joue une Lizzie tétanisée, et Ellouise Shakespeare-Hart campe une Ruth qui n’est peut-être pas le rôle le plus gratifiant ^^ On sent qu’il y a eu une réelle volonté de créer des situations dans lesquelles les réactions paraissent réalistes, et les tensions entre les filles obéissent au même réalisme. Les personnalités de chacune vont faire que les dissensions vont soit s’exacerber, soit se calmer, mais l’ensemble est géré avec un vrai suspense et on se prend rapidement au jeu, d’autant plus qu’elles doivent réagir très rapidement à la situation qui leur tombe dessus. La scénariste Cat Clarke sait comment maintenir le suspense et comment gérer les variations de tension, et l’aventure humaine que traverse cette bande de copines est tout aussi intéressante que la menace qu’elle affronte.

Menace en Eaux Profondes (un titre bien pourri encore une fois à la traduction, alors que le titre anglais, Something in the Water, est quand même plus classe) va davantage axer son propos sur l’aspect survival que sur les attaques de requins, même si les quelques séquences proposées s’avèrent prenantes. Il faut dire qu’Hayley Easton Street nous gratifie d’un vrai sens de la mise en scène, composant des plans forts nous renvoyant à la peur de l’immensité. L’utilisation de ces plans en plongée montrant la taille ridicule des personnages perdus dans l’eau… Et dans un autre genre, ce plan sur les vagues rougies venant lécher le sable de l’île avec le frisbee abandonné, franchement ça claque! La manière dont la réalisatrice film les attaques de requins est aussi plutôt bien foutue, avec des séquences parfois bien rapides et soudaines, et d’autres dans lesquelles elle laisse surgir la volonté de survie et la rage de ses personnages.

Au niveau qualitatif, on est plus proche d’un très bon Instinct de Survie que d’un surcoté Open Water – en Eaux Profondes (on comprendra toutefois l’intérêt des traducteurs de rapprocher leur titre de ce dernier ^^), et on se prend très vite au jeu de ce film rythmé bénéficiant d’une durée relativement courte (1h22). L’alchimie entre la réalisatrice et son quintet d’actrices fonctionne très bien, et fait de ce film une belle découverte.

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