Depuis son premier film co-réalisé avec James Cameron en 2005, Aliens of the Deep, Steven Quale n’aura été responsable que d’un Destination finale 5 de petite envergure en 2011, jusqu’à aujourd’hui et ce Black Storm mal-aimé dont on se plaît à souligner les faiblesses tout en négligeant ses vraies qualités. Partout, je lis des critiques négatives ou au mieux moyennes, mais le trailer m’avait suffisamment interpellé pour que je tente quand même l’aventure. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçu par ce 3ème effort de Steven Quale!
L’expérience est juste excellente, et Black Storm ne prétend pas être autre chose que ce qu’il est: un divertissement qui décoiffe! C’est simple, les films de tempêtes étant extrêmement rares (Twister, En pleine Tempête), le terrain est propice aux expérimentations, et Steven Quale va se faire plaisir en nous offrant une immersion totale et unique en plein dans l’oeil du cyclone! Son Black Storm est véritablement innovant et grandiose au niveau de ses effets visuels, et on est littéralement happé par ce récit certes basique mais ô combien captivant!
Le film se fait constamment démonter à cause de la simplicité de ses personnages, mais je trouve qu’il ne pâtit pas de cet état au final. On découvre des personnages classiques (le lycéen sympa mais timide, la jolie étudiante, le père veuf et à cheval sur les principes, le chasseur de tornades gueulard, etc…) qui ne sont certes pas très fouillés, ce qui ne va pas empêcher une certaine émotion d’émerger lors de plusieurs séquences. On va assister à la lutte face aux éléments d’une poignée d’individus lambdas, qui vont devoir s’entraider et rassembler leur courage pour surmonter un événement hors du commun qui les marquera à vie. Alors OK, on n’a pas les personnages les plus creusés qui soient, mais ils ont assez de réalisme pour qu’on les suive avec attachement et crainte.
Et de toute façon, que ce soit le boss des chasseurs de tornades, la climatologue ou le proviseur adjoint, aucun n’est le personnage principal, puisque c’est la tempête elle-même qui crève l’écran et qui monopolise toute l’attention! J’ai rarement vu des scènes de désastre aussi intenses, et seule la séquence d’ouverture de The Impossible est encore plus forte. Mais des scènes de tornades aussi impressionnantes, je n’en ai jamais vues! L’immersion est totale dans cet environnement chaotique qui va bénéficier d’un point de vue réellement intense de la part de Steven Quale. Il se plaît à mêler mise en scène classique et found footage, ce qui peut paraître par moments anecdotique, mais qui au final sert plutôt bien son propos. La multiplication des points de vue permet de voir l’action sous plusieurs angles, et ce qu’il filme est juste démentiel…
Les effets visuels sont parfaits, et je ne spoilerai pas les diverses étapes que vont devoir traverser les protagonistes du film. Mais l’expérience sensorielle est réellement intense, Steven Quale jouant habilement sur les images mais aussi sur le son effrayant que peut générer une tempête. Nous sommes les spectateurs privilégiés du chaos, plongés au coeur même de la catastrophe qui se pare d’un réalisme jamais atteint. La force destructrice de cette tempête est palpable, et on parvient à effleurer ce que peuvent ressentir les victimes d’un tel phénomène. Il y a des scènes jamais vues, comme cet aéroport traversé par la tempête qui dévaste tout sur son passage, et qui soulève des dizaines d’appareils qui virevoltent comme des fétus de paille!
Sarah Wayne Callies, échappée de The walking Dead, et précédemment de Prison Break, se retrouve prise dans la tourmente avec une équipe de chasseurs de tornades. Elle tente tant bien que mal de faire entendre sa voix face à un boss autoritaire et déterminé à ne pas laisser passer sa chance de filmer cette tempête. John Swetnam a rédigé un script qui apporte quelques touches d’humour dans un film plutôt tendu, et l’ajout de quelques personnages timbrés est plutôt bien amené.
Black Storm est une série B qui ne va pas être inventive dans sa narration, mais qui va proposer une visualisation démentielle de son sujet, et qui va marquer les esprits par son approche réaliste qui en scotchera plus d’un! Alors les détracteurs vous diront certainement que c’est light au niveau des personnages, mais qu’est-ce que c’est bon au niveau des effets spéciaux et de l’émotion qui se dégage grâce à cette visualisation si particulière et inventive du coeur de la tempête!!! Black Storm est une des vraies bonnes grosses surprises de cette année, et vaut certainement de nombreux autres films plus « creusés » et qui s’avèrent au final beaucoup moins palpitants! Et la petite référence à Twister est très fugitive et subtile!